vendredi 4 avril 2008

Le grand intellectuel mélomane

Réseaucontact. J'ai cinquante ans. Il y a ce type qui écrit sur le courrier du coeur. Intéressant le courrier du coeur de réseaucontact. Vous devriez jeter un oeil. J'ai rencontré pas mal d'hommes qui y écrivent. Alors l'écrivain en question était bref mais très présent. Et ses conseils étaient souvent adéquats. Humoristiques. Surprenants. J'aime les gens non-conventionnels. J'allais voir sa fiche. Très brève aussi. Un grand type bref donc. Je communique.

Il me répond qu'il est un homme fucké qui n'a pas le tour avec les femmes et que ce serait tout simplement une erreur de le rencontrer. J'ai été intriguée et rencontre il y eût, rapidement. Je suis alors persuadée que tout se passe bien, que je lui plais et qu'il me plaît. La conversation est fluide et agréable. Je le trouve fort intéressant.

Quand je lui écris que j'aimerais le revoir, il me répond que ce n'est pas le cas pour lui, que je ne suis pas son genre de femmes. Bon, une autre aurait décroché tout de suite, mais je devais avoir une confiance en moi béton, car je ne le crois pas!!! Je lui écris exactement ça, que je ne le crois pas et je lui demande pourquoi il croit (à tort!) que je ne suis pas son genre de femme. J'étais habillée en noir, qu'il me répond. On se rencontre à nouveau, à mon initiative vous l'aurez deviné. Cette fois, je suis habillée en rouge feu. Et débute une histoire follement romantique. Monsieur veut me voir tout le temps. Il m'écrit des poèmes, m'emmène au concert et plutôt aux concerts, car la musique est sa passion. On se tient chastement la main. On va ensuite marcher longuement au jardin botanique ou au parc Lafontaine, je deviens une madone sur l'herbe et mon amoureux pose sa tête sur ma jupe. Cliché. Images. Folie. Été. Il m'appelle, veut me voir encore et encore, me raconte sa vie, son enfance dans tous les détails, et il y en a long à raconter, il a cinquante-cinq ans. Je viens à brûler pour lui, pour son corps, je veux dire. La madone, ça fait un temps avec moi. Mais monsieur n'est pas pressé de toute évidence. Je vais suivre son rythme pour une fois. Et il est si romantique, si prévenant, si ... intéressé.

Quand il part en vacances... seul, nous n'avons échangé que des baisers. J'attends son retour avec une certaine impatience.

Il m'a donné rendez-vous au restaurant. Je lui donne rendez-vous chez lui et j'insiste. J'apporterai le repas, monsieur n'étant pas féru en cuisine. C'est ce soir que ça se passe, mon chéri mélomane. On cuisine ensemble, enfin plus ou moins ensemble, je cuisine et il aide un peu. J'ai apporté du vin mais il n'en boit pas. Non, pas un ex-alcoolique, seulement quelqu'un qui n'aime pas le vin. Il n'aime pas manger non plus. J'aurais dû voir certains signes. Bon, alors on mange mon délicieux repas ou plutôt, je mange mon délicieux repas et il le picore un peu, il le trouve trop épicé. Les épices non plus, il n'aime pas. Peu importe, cette fois, il ne m'échappera pas. On parle (il parle!) musique, littérature, politique! Je tente de ramener la conversation vers des sujets plus intimes, personnels, avec un petit succès. Les femmes l'ont toujours déçu. Toujours. Toutes sauf une, et encore... Il a été dépucelé à ... 33 ans! J'écoute tout ça et au lieu de me sauver à toutes jambes, je suis attirée encore. Il y a des mois qu'on se voit, qu'on se courtise, qu'il me tient la main, qu'il me dit m'adorer, qu'il recherche ma présence, me trouve tellement différente. Il est vrai qu'on a peu en commun, il aime sa musique, ses lectures, moi aussi je lis mais on ne lit vraiment pas la même chose, il n'a pas d'amis, parle beaucoup de sa mère décédée, en fait, sa maison est décorée avec des photos de sa mère. C'est curieux mais les gens curieux ne me rebutent pas.

Après le repas auquel il a à peine goûté, après deux verres de vin que j'ai bus toute seule, on passe au salon. Il parle alors de faire une promenade. Pas question! Je l'embrasse, le caresse et entreprends de le déshabiller. Il se laisse faire passivement. On se retrouvera dans son lit, à mon initiative. Je suis folle de passion. Ma passion peut bien aller se rhabiller. De son côté... rien!

Il faut être patiente, voilà tout. S'ensuivront de nombreuses séances de patience. Il est toujours partant pour me voir et aller au concert avec moi. Il me trouve merveilleuse et ne passe pas une journée sans m'écrire, m'appeler ou vouloir me voir. Mais nos sessions intimes sont toujours à mon initiative. Évidemment, je veux en parler. Il tente d'éviter le sujet mais je deviens de plus en plus obsédée par la chose. Je n'en reviens tout simplement pas. Il finit pas m'avouer que ça ne marchait pas plus avec les autres, que pour lui ce n'est pas vraiment important, que l'affection et la tendresse lui suffisent. Je lui parle Viagra et thérapie chez un sexologue et on a notre première dispute.

Nos échanges épistolaires passent alors d'amoureux et romantiques à acerbes. Il me traite d'obsédée sexuelle, je lui recommande de se faire soigner. La fin viendra rapidement, vous vous en doutez.

18 commentaires:

Anonyme a dit...

Curieuse aventure. Sans sexe, sous une forme ou une autre, il n'y a pas de couple. Je me trompe peut-être mais nier la chose me semble inconcevable.

Accent Grave

Solange a dit...

Êtes-vous sûre qu'il n'est pas homosexuel, avec toutes ses photos de sa mère? À moins qu'il ne souffre du complexe d'oedipe.

Grande-Dame a dit...

Bien que l'affection et la tendresse soient très importantes dans le couple, quel couple (oups, lapsus de frappe, j'avais écrit "copule"!) pourrait se passer de sexe de façon définitive?

Les "pauses" de sexe, dans un couple, sont pénibles, même quand elles viennent de nous-même, non?

Lud. a dit...

C'est curieux comme moins l'autre semble s'intéresser plu on brûle de lui transmettre notre propre passion. On est toujours persuadées qu'avec nous, il découvrira un monde, que ça sera différent. D'habitude cela s'avère très positif... mais dans ce cas dont vous faites la description, cela ressemble plutôt à une déception. On compred sa phrase de début, «lui et les femmes...». On sait pourquoi! :D

Mamzell_McJ a dit...

décidement... nous avons vraiment des vies parallèles vous et moi...aujourd'hui j'en reviens tout simplement pas. juste juste pas.

Gooba a dit...

Obsédée après plusieurs mois??!!! Tu es plutôt un modèle de vertu!!! :o)

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

La présence de tout ces portraits de sa mère et cette scène où il se couche sur votre robe, me fait penser qu'il n'a peut-être pas tout à fait dépassé le stade émotionnel de petit-garçon face aux femmes. Celui-ci était peut-être trop "jeune homme" dans sa tête. lolll

Anonyme a dit...

S'il n'était pas si borné: "obsédée sexuelle", tu aurais pu lui montrer plein de truc, le déniaiser et le préparer pour l'enfer mais là, à cinquante-cinq! Trop tard pour l'éduquer!

Abandonne, laisse le aller, tu perdrais ton précieux temps.

Encre a dit...

Intrigant! J'aurais tendance à penser comme Solange, mais je ne suis vraiment pas une référence en matière de psychologie.
J'ai reçu une tag de Cricri et je vous la refile - si vous l'acceptez bien sûr ;) Si ça ne vous inspire pas, j'aurai tout de même essayé ;)

Anonyme a dit...

Évidemment un psychanalyste ferait ses délices de sa relation avec sa mère, de sa peur de la castration, de son transfert sur la musique, etc...
En plus court je dirais que, à moins d'en pincer sérieusement pour lui, laisser tomber. Cela vous demanderait trop d'"investissements" émotionnels, avec possiblement de grosses frustrations au bout de la ligne.

Le sexe sans amour est possible, l'amour sans sexe l'est beaucoup moins.

Il y a sûrement plein d'hommes intéressants qui n'attendent que votre regard...(Je pourrais même être un candidat en liste si les hommes mariés ne vous rebute pas lol ).

Un homme simplement a dit...

Dépucelé à 33 ans!!!!! ouf
Des mois sans faire l'amour, juste tenir la main!!!!....ouf
Des photos de sa mère partout!!!!! ouf
Aucune réaction face à vous nu!!!!!
ouf.
Ça dit tout.

Une femme libre a dit...

@Accent grave. Inconcevable pour moi aussi. Mais curieusement, dans les statistiques, des couples tiennent longtemps malgré cette absence, d'autres éléments compensant semble-t-il. Et puis, les individus ont des intérêts variés face à la sexualité, faux de croire que tout le monde ne saurait s'en passer, malgré la société hypersexualisée et la publicité qui cherche à nous faire croire le contraire.

Solange et Encre. Non, il n'était pas homosexuel.

Grande Dame, il semblerait que certains se passent de sexe facilement et en fait n'y pensent jamais, difficile à comprendre quand c'est une priorité dans notre vie mais ce n'est vraiment pas important pour tout le monde. Il y a une association et des sites internet, assez fréquentés, pour les asexuels, les gens qui ne pratiquent pas le sexe parce qu'ils n'en ont tout simplement pas envie et s'en sentent bien et heureux.

Lud. C'est fou comme phénomène, non?

Juliette. N'est-ce-pas?

Gooba. J'ai la même opinion au sujet de ma vertu! ;o)

Pierre. En effet, c'est un fort beau sujet d'étude psychologique. Fascinant. Et j'aurais plein d'autres détails intéressants à vous raconter.

Marchello. Il aurait fallu qu'il soit consentant. Mais il n'est jamais trop tard pour quoi que ce soit dans la vie si on en a vraiment envie. Il n'en avait pas envie.

Corto. À quels éléments de l'histoire associez-vous la peur de la castration? Ça m'intrigue.

Un homme simplement. Savez-vous, vos exclamations me font réaliser que des fois je ne suis pas si équilibrée que ça, que je tombe directement dans le panneau, que je n'ai pas vraiment de vigilance et même que je manque de bon sens. Dur constat. Heureusement que ce n'est pas toujours le cas. Mais il faut me traiter avec bonté. Et puis, cette histoire date de quatre ans et j'évolue tout le temps. Pour le mieux bien sûr, pour le mieux.

Anonyme a dit...

En lisant des trucs de ce genre, je me trouve completement normal. :-)

Une femme libre a dit...

Héhé! Rassurant, n'est-ce-pas?

Anonyme a dit...

Je parlais de peur de la castration simplement parce que c'est un terme qui revient souvent dans la psychanalyse. Je suis plutôt sceptique face aux délires d'interprétations des psychanalystes, même si je concède que Freud a eu du génie dans certaines de ces observations et dans le développement de ses théories.
Disons que votre mélomane affichait des photos de sa mère, mais le père lui semblait absent, comme pour écarter un rival. Peut-être qu'avoir du désir pour une femme, avoir une érection même, aurait été un aveu du désir envers sa mère, donc de l'inceste, ou alors d'avouer qu'elle peut être remplacer par une autre.

De toute manière il y a évidemment anguille sous roche.

Une femme libre a dit...

Exact pour le père absent. En fait, je ne me rappelle plus trop pour le père, mort, parti? Ses souvenirs d'enfance ne faisaient memtion que de sa sainte mère et de lui car il était aussi fils unique. Il avait des photos de sa mère jeune femme sur ses murs et elle était vraiment belle. Ce monsieur est un cas fort intéressant de psychanalise. Il voyait un psychologue pour travailler sa dépendance affective disait-il. Pas ses problèmes sexuels parce que lui ne considérait pas en avoir des problèmes sexuels. Il prétendait qu'à force de se fréquenter et de s'aimer, tout rentrerait dans l'ordre. Mais comment ai-je pu consciemment entrer dans un tel bourbier? Ouf! comme dirait avec raison Un homme simplement. Heureusement, je m'en suis sortie sans trop de dommage.

Anonyme a dit...

C'est vrai que c'est un peu louche. Tu peux toujours faire un test. Je connais une femme qui réduisait en poudre du viagra et mettait le tout dans le jus d'orange de son mari...Mais bon, s'il le découvre, t'es morte!

Une femme libre a dit...

Épouvantable ce que cette femme a fait là!! C'est comme dans "Horloge biologique", le gars qui met des pilules anticonecptionnelles dans le jus d'orange de sa femme tout en lui disant que lui aussi aimerait donc ça avoir un enfant!