jeudi 1 mai 2008

Le cadre

Je ne vais tout de même pas me plaindre de ne pas travailler alors que vous, vous vous levez tous les matins, tente tente pas, vous vous préparez parfois en maugréant et vous vous dépêchez pour arriver à ce travail que vous aimeriez peut-être quitter, en rêvant à la retraite, à cette période bénie où vous vous lèverez quand vous voudrez et ferez ce qui vous chante.

J'en suis là, heureuse femme. Tout est devant moi, tout est possible, rien n'est exclus. Mais sans discipline, mes amis, on tourne rapidement en rond. Pour dire la vraie vérité, dont je ne suis pas trop fière, j'accomplissais bien plus de choses dans tous les domaines quand j'avais un job. Même ma maison était plus propre (bon, j'avais une femme de ménage, ça aide!). J'avais un cadre et je brodais autour. Maintenant, tout dépend de moi et de moi uniquement.

Je m'étais dit que je me lèverais encore à cinq heures et demi pour aller au yoga matinal de temps en temps. Quand mon réveil a sonné ce matin, je l'ai éteint. Personne ne m'attend sauf moi-même. Je me suis rendormie.

Mes cours de professeure de yoga devraient commencer dans une semaine. Mais hier, je suis allée avec ma fille à la méditation du mercredi soir de l'institut. Une heure de route. Une autre heure pour revenir car le centre n'était pas ouvert, malgré leur publicité, malgré une belle affiche dans la porte qui spécifiait qu'on était le bon soir et la bonne heure. Bien de la misère avec ça, le monde pas fiable. Soyons positif, peut-être un accident, une urgence, autre chose? Nous étions seules devant la porte, Treize ans et moi. J'ai laissé une note dans la boîte aux lettres, j'attends une explication.

Je sers de chauffeure pour mes tantes âgées ces temps-ci. Plus de quatre-vingt ans, on peut dire "âgées" sans vexer personne, je suppose. Bien que je n'utiliserais pas "vieilles" en parlant d'elles, car elles sont tellement dynamiques et vivantes et trippantes aussi et cochonnes tant qu'à y être. Que de blagues grivoises elles peuvent faire quand elles sont ensemble. Bref! Je rigole. Tout sauf déprimant, sortir avec elles.

13 commentaires:

Lud. a dit...

En cette fin de session sabbatique, je comprend tout à fait ce que vous voulez dire. Moi aussi, mon ménage était fait plus régulièrement lorsque j'étudiais... J'étais plus constante dans tout, même dans la promenade de Sushi. Vivement le travail de cet été ainsi que ma première session en enseignement cet automne. L'inactivité n'est pas pour moi, même si je vais me plaindre d'en avoir trop surle dos, rendue là! ;)

Solange a dit...

Bonjour Femme Libre,
Ici Normand, le mari de Solange.
Oh comme je vous comprends! On dirait que la vie "active" (entendre: au travail) nous donne une discipline qu'on a du mal à retrouver une fois débranché. J'ai été retraité de force il y a 4 ans, à 63 ans (IBM a délocalisé mon emploi en Inde... vive la mondialisation), après une carrière de 45 ans en informatique. La liberté? Et pour faire quoi? Plein de projets, mais pas d'obligation de les rendre à terme. On ne déprogramme pas si vite un vieux singe (je parle de moi...) habitué à produire sous la contrainte de résultats, de dates cibles, etc. J'envie et admire la discipline et la régularité d'horloge de ma Solange. Je la prends en exemple et peut-être qu'un jour, avant mes cent ans, je parviendrai à son niveau. En attendant, je continuerai à lire vos billets foisonnants d'énergie et de joie de vivre. Je vous embrasse bien... librement...
Normand

Mathieu a dit...

le cadre est rassurant.

ensuite, il faut se tourner vers soi-même.

si je travaille, le temps passe moins vite, on dirait.

Khalil Gibran à une bonne opinion sur le travail dans son livre "le prophète". Intéressant, mais ça reste une opinion.

bonne journée!

Anonyme a dit...

ça me fait du bien de lire ton post. Mais alors, tu n'imagines même pas. MERCI.

Signé : Une glandeuse qui est bien plus fatiguée depuis qu'elle ne travaille plus et qui culpabilise.

Annette a dit...

Femme libre,

Un de mes sujets d'intérêt, ce sont les caisses de retraite. Parlant un jour à un actuaire, il a indiqué que le taux de mortalité augmente significativement à la retraite, lié à l'événement de la retraite. Cette transition dans la vie est un stress important pour plusieurs. Mon beau père a 70 ans passé et encore un petit commerce qu'il garde ouvert et où il travaille 6 jours sur sept (des heures de fou). Il ne fait pas d'argent, mais il garde un cadre de vie, des contacts avec le public, des liens sociaux. Il dit que cela le garde en santé, et que s'il s'arrêtait, il verrait alors tout ce que ne va plus au niveau de sa santé.

Une femme libre a dit...

Chère Lud, et pourtant, pas une vraie sabbatique pour vous car vous travaillez aussi à la garderie de votre maman, mais je comprends très bien ce désir d'en faire plus et d'être "vraiment" occupée, voire débordée.

Bonsoir Mari de Solange. Le travail, c'est aussi l'identité. Tellement rassurant de dire "je suis professeur" ou "je suis informaticien". On se sent bien et utile, on a une fonction et tout se place. Et puis on peut dire qu'on veut rentrer "à cause qu'on travaille tôt le lendemain" et tout le monde va approuver, compréhensif. Les personnes qui ont le plus haut taux de dépression sont les femmes au foyer. Je me disais que ça n'a aucune importance, le statut social, que seul importait l'être, mais j'avais tort. Aider la société à progresser, se sentir vraiment utile, important, occupé pour vrai, pas juste pour son petit bien-être personnel, c'est essentiel. Bienvenue sur mon blogue mon cher Normand et merci pour les compliments. Le baiser libre, Solange est au courant? ;o)

Je lirai l'opinion de Khalil Gibran sur le travail,Mat. Je connais surtout son délicieux et si véridique poème sur les enfants. "Vos enfants ne sont pas vos enfants..."

Lib, quel plaisir de vous lire ici. Vous me ressemblez beaucoup quand vous portez vos lunettes de natation! (on se ressemble toutes avec ces objets de séduction sur le nez! héhé!justice des ondes). Je comprends fort bien votre déprime surtout avec tous les problèmes bureaucratiques associés au statut de chômeuse. Je me sens coupable aussi, coupable d'avoir une "trop belle vie" et coupable de ne pas en faire assez pour la société. Et quand on aura un job, on se sentira coincées, on pensera que l'on gaspille notre vie, on sera tout le temps fatiguées. Simple la vie, vous dites?

Solange a dit...

Encore moi, Normand.
Juste un petit mot, Femme Libre, pour vous dire que vous êtes la première personne en quatre ans qui comprend EXACTEMENT mes sentiments face à la retraite. Vous avez exprimé, dans votre réponse, l'essence même de mes états d'âme. Je vous relis et me demande si je rêve: on dirait que c'est moi qui ai écrit cela. Merci.

Et... oui, Solange est au courant pour le baiser libre, et elle me fait la baboune... (hi! hi! hi!)
Normand

Une femme libre a dit...

Chére Annette, je comprends votre beau-père et aussi le chum de ma mère qui a soixante-dix-sept ans et travaille toujours. Son seul compromis, c'est de travailler quatre jours au lieu de cinq mais il rentre au boulot à six heures tous les matins. Un homme heureux, occupé, utile. Mon propre père travaillait à temps plein lors de son décès à soixante-douze ans. Il a eu son diagnostic de cancer un vendredi soir en habit cravate car il ne voulait pas manquer la job. Il a travaillé une autre semaine et puis est entré à l'hôpital. Quatre semaines plus tard, il était mort. Il avait organisé lui-même ses funérailles. Trois jours avant sa mort, il réglait encore ses affaires avec son comptable de son lit d'hôpital. C'est ce qu'on appelle aimer travailler, n'est-ce-pas?

Normand, bien heureuse de comprendre si bien vos sentiments face à la retraite. Dans mon cas, quand j'ai arrêté de travailler, c'était dans le but de me lancer dans autre chose. Les circonstances ont fait que ce que j'avais de prévu n'a pas marché. Je vous raconterai pourquoi dans un autre billet.

Je suis fière de parler du travail ou de son absence en ce premier mai, Fête des travailleurs! Et ce n'était même pas planifié.

Mamzell_McJ a dit...

vous avez mon rythme de fin de semaine... difficile de se discipliner. Mais vous savez y'a pire que ça dans la vie :-)

Mathieu a dit...

"Vos enfants ne sont pas vos enfants"

Vous êtes l'arc et ils sont les flèches.

C'est très touchant en effet.

Mathieu a dit...

j'ai pesé sur publier trop vite:

voici un lien pour le prophete en ligne

http://beurgay.free.fr/gibranpro1.htm

bonne lecture!

Véronique a dit...

Moi je suis comme un gaz. Plus je peux prendre mon temps, plus je m'étends et tourne en rond pour finir par faire ce que j'ai à faire. Plus je suis occupée, plus je fais de choses. Et souvent des choses que j'AIME. Je perds le goût de même faire ces choses si je n'ai pas de cadre. Étrange quand même...

Une femme libre a dit...

Merci pour le lien Mathieu.

Véronique, je sais bien que tu es plus vite que ton ombre! Je me rends bien compte que le mieux, en fait, c'est de m'en créer un cadre et c'est ce que je vais faire.