mercredi 11 juin 2008

La main dans le sac

Depuis quelques temps, je suis toujours à court d'argent. Je vais en rechercher au guichet mais il disparaît aussi vite et j'ai beau ne pas tenir mes comptes serrés, je commençais à m'en inquiéter. J'ai donc décidé de tenir par écrit le résumé de mes dépenses et de toujours savoir combien d'argent j'avais dans mon sac. C'est tout récent car je n'ai commencé ce système qu'hier matin en allant chercher trois cents dollars au guichet.

Ce matin, Quatorze ans part pour l'école et je prends ma douche pour aller conduire Dix-Sept ans à son travail. Et puis, là, dans la douche, j'ai des soupçons. Sans trop réfléchir, je laisse couler l'eau et je sors délicatement de la douche et ouvre la porte de la salle de bain sans bruit. Ma porte de chambre est juste en face, et sur mon lit, Dix-Sept ans est bien occupée à fouiller dans mon portefeuille, dans mon sac, par terre, à la tête du lit. Quand elle m'entend, elle laisse échapper les billets partout et prétend qu'elle n'était venue que faire une sieste dans mon lit. Nier l'évidence! Elle continuera de nier et de crier en s'en allant dans sa chambre. Je la poursuis.

Je veux savoir si ça fait longtemps que ça dure. Je souhaite des remords, des excuses, je suis bouleversée. Je n'aurai droit à rien de ça. Accusée, elle accuse plus fort, c'est son système de défense. Dans la voiture, elle ne prend pas de chance et me dit que je ne l'aime pas, que je ne m'occupe que des autres, qu'elle n'en a pas de famille, elle. Elle aura dix-huit ans bientôt et elle partira et je n'entendrai plus jamais parler d'elle et je serai bien contente, dit-elle, car je pourrai m'occuper des autres, mes préférées. Écoeurée et pas parfaite, je crie plus fort qu'elle quand je peux, que rien n'excuse son geste, que je vais la faire soigner malgré elle et je finis par la laisser à son travail, dans la colère, la peine, le désarroi.

12 commentaires:

Méli a dit...

Ouf... quelle situation pas évidente... Bonne chance !

Grande-Dame a dit...

C'Est triste. Le coupable qui accuse, ça arrive chez nous aussi. L'enfant qui prend bcp de place et qui, contrarié, m'accuse de ne pas l'aimer, d'être le rejet (alors qu'il est le frère préféré de tous et celui qui reçoit le plus d'attention).

J'espère que la journée fera décanter la colère et permettra un meilleur dialogue ce soir.

Anonyme a dit...

Pas évident, je suis d'accord, surtout quand les émotions prennent le pas.

Je te souhaite bon courage !

Mamzell_McJ a dit...

Femme Libre. J'ai volé ma mère beaucoup. J'ai parfois même eu l'impression qu'elle le faisait exprès de laisser tant d'argent dans sa saccoche pour que je ne manque de rien...

Je la volais pour consommer...

Si ça peut vous donner une piste.

J'suis désolée.

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Ouille...pas facile comme situation. Puisqu'elle travaille, elle a des sous, mais elle n'en a visiblement pas assez pour se payer un truc inavouable. Personnellement, plutôt que d'attaquer le geste indéfendable, je pense que j'attaquerais le pourquoi, chercher à savoir ce dont elle a tant besoin de se payer sans en avoir les moyens.

Vous croyez que c'est lié à ses escapades nocturnes?

Anonyme a dit...

Je vous conseillle fortement le livre "Libres enfants de Sumerhill". Bonne chance.

Anonyme a dit...

Je sympathise avec vous et j'éviterai de vous donner un conseil puisque je n'ai jamais vécu cette situation...Mais il y a du vrai dans ce que dit Juliette et Pierre F.

Une femme libre a dit...

Merci de vos commentaires.

Pour l'instant, je laisse les choses décanter et je dédramatise. On a affaire à une fille qui travaille, qui va au cegep, qui a des amis nombreux et ceux que je connais sont équilibrés et responsables, qui est en bonne santé. Elle sort avec ses amis comme tous les dix-sept ans le font, elle boit de l'alcool lors de ces sorties, elle doit bien fumer du pot aussi je suppose mais si vraiment elle consommait solide, je pense que ça paraîtrait en quelque part et qu'elle ne pourrait pas mener sa vie d'étudiante et de travailleuse en même temps, pas à long terme en tout cas.

L'argent est une source de liberté pour elle et elle aime le luxe. Vêtements de luxe, parfums de luxe, déplacements en taxi, sorties de luxe,restaurants nombreux, coiffures, soins de beauté et là, la semaine passée, elle me disait qu'elle avait comme projet d'aller passer une fin de semaine dans un spa, rien de moins! En plus d'un voyage projeté à New-York. Tout cela coûte cher, trop cher et c'est tout probablement à ces dépenses exagérérées que l'argent dérobé sert. On n'en a pas discuté, on est en froid et elle ne me parle pas, est passée à la maison pour se changer hier après le travail et a quitté immédiatement.

Elle sera adulte dans cinq mois. En attendant, je cache mon argent (mieux que ça, je ne garde plus de cash) et mes choses de valeur. Quand on pourra se parler, j'en saurai peut-être davantage.

Pur bonheur a dit...

C'est le comble, qu'elle boude en plus!
Je n'ai jamais volé ma mère mais un de mes frères (qui a des goûts de luxe lui aussi) lui a avoué dernièrement qu'il fouillait dans son sac, adolescent.
Mais bon, une fois adulte il lui faisait de très beaux cadeaux.

herbert a dit...

Bonjour, femme libre
La main dans le sac...
C'est une expression familière, mais lourde de sens.
Votre fille, madame, ne fait que prendre ce qu'elle n'a pas.
Ou qu'elle croit ne pas avoir.
Va-t-on savoir, à cet âge-là...
Le mieux serait d'élucider cette affaire, avant qu'elle ne devienne policière.
Par le dialogue, en feu vif, mais vrai.
Bisous pour toi.

Encre a dit...

C'est en effet incroyable de constater à quel point ils consomment à cet âge, et même avant. Bon courage, femmelibre!

Une femme libre a dit...

Le comble qu'elle boude en effet, Pur Bonheur. On ne réussit toujours pas à se parler vraiment, mais j'exige au moins la politesse et puis je vais aller consulter pour avoir du support.

Le dialogue n'est pas évident du tout, Herbert! Il faut être deux pour dialoguer sinon on parle de monologue.

Pas facile de stopper cette course à la consommation,Encre. Ce n'est vraiment pas moi qui lui ai transmis ce goût du luxe car je suis tout le contraire. Mais à cet âge, on ne veut surtout pas ressembler à sa mère.