dimanche 24 janvier 2010

Haïti

Toujours aussi bouleversée par ce qui se passe en Haïti, pays d'origine de trois de mes enfants. Heureuse de voir que la communauté internationale se mobilise enfin. Cet événement dramatique va peut-être permettre de rebâtir vraiment le pays, de lui donner une structure, d'instruire ses habitants, de nourrir et de loger les Haïtiens convenablement. Vous avez remarqué que j'ai mis l'instruction avant même la nourriture? C'est que je crois qu'une fois l'analphabétisme vaincu, ce peuple si débrouillard et attachant ne sera plus jamais le même. La religion y prendra moins de place, les naissances seront moins nombreuses, le reboisement pourra se faire, il y aura espoir. Il y a déjà espoir, à même les décombres.

Avec du recul, je trouve mes trois adoptions immorales. Dans tous les cas, les mères étaient vivantes, dans un cas, père et mère vivaient. Je n'ai donc pas adopté des orphelins mais bien des enfants que leurs parents ne pouvaient pas nourrir! Si l'argent de cette adoption leur avait été remis, un montant considérable pour Haïti, ils auraient peut-être gardé leur enfant. Évidemment, je ne me culpabilise pas pour tout un système. Je n'étais même pas au courant de ce fait quand j'ai adopté et puis mes enfants avaient déjà été abandonnées à l'orphelinat avant que je n'envoie ma demande. Si je ne les avais pas adoptées, d'autres parents l'auraient fait. Je ne suis pas une cause directe de leur abandon. C'est la misère qui est ici en cause. Ma première adoption date d'il y a dix-sept ans. Pas nouveau la grande misère d'Haïti. Mais comment peut-on accepter que des parents soient assez pauvres pour abandonner leur enfant pour lui sauver la vie?

12 commentaires:

Unknown a dit...

Ca me touche beaucoup ce que vous dites et je suis très sensibilisée au problème (il faudrait le mettre au pluriel !) d'Haïti. Ma fille travaille dans une ONG qui est implantée là-bas depuis 1994 et qui met en place des programmes au niveau de l'éducation, la santé, l'hydraulique et le micro-crédit. Avec un bac + 5, elle a choisi de se consacrer à l'humanitaire pour un revenu de 1 200 euros nets par mois, une misère. Mais heureusement qu'il y a des personnes comme elle qui font ce choix... et je l'admire pour ça !

Mamzell_McJ a dit...

moi... ce que je n'ai jamais compris et peut-être quelqu'un pourra un jour me l'expliquer

Comment ça se fait qu'ils n'ont jamais été capables de s'organiser en tant que peuple?

La République Dominicaine tout à côté presqu'aussi pauvre (J'y ai vu beaucoup de misère aussi) s'en sort relativement mieux. Pourquoi pas Haïti. Ils partagent la même île.

Y'a définitivement quelque chose qui m'échappe.

Pur bonheur a dit...

Je vais dans le même sens que Juliette. Moi aussi, pour être aller quelques fois en République Dominicaine, je me suis souvent demandé pourquoi il n'en était pas de même en Haiti? Ils pourraient eux aussi vivre grâce au tourisme. Mais personne ne veut aller prendre ses vacances quand les policiers sont insuffisants et que ça peut être un réel danger d'aller là-bas.

Une femme libre a dit...

Monique,je serais très fière d'avoir un enfant qui consacre sa vie à aider les autres. Les personnes utiles et généreuses sont le plus souvent très heureuses. Elles ne se demandent pas pourquoi elles se lèvent le matin et n'ont pas le temps de se regarder le nombril!

Une femme libre a dit...

Ça s'explique politiquement, géographiquement et historiquement. Je vous mets des liens, Juliette et Pur Bonheur. C'est la même île, mais Haïti avait au départ la terre la moins fertile, et maintenant, comme il n'y a plus d'arbres du côté haïtien (déforestation),la terre s'en va à la mer et les plages sont bien moins belles que celles de la République Dominicaine,donc moins de touristes (en plus du climat politique qui les fait fuir). Les Dominicains exploitent les Haïtiens qui se rendent chez eux et les font travailler en esclaves pour la canne à sucre. Et.... mais lisez les liens et je ne sais pas tout évidemment, je ne suis pas une spécialiste, loin de là! ;o)

Solange a dit...

C'est très intéressant et je souhaite de tout mon coeur que ce grand désastre leur sera profitable.

Mongoose a dit...

Moi j'ai eu de la chance, je me suis mise a parrainer des enfants "en attendant de pouvoir en adopter", et puis j'ai fini par me rendre compte qu'ils etaient bien mieux ou ils etaient que chez moi.

Juliette et Pur Bonheur - Haiti s'est organise en tant que peuple, mais c'etait avant que les Etats Unis viennent leur rendre visite. Comme l'Iraq et beaucoup d'autres...

Une femme libre a dit...

@Solange. Nous l'espérons tous!

@Mongoose. Bienvenue sur mon blogue. Je ne regrette aucunement mes adoptions, vous l'aurez deviné.

C'est sur le côté éthique des adoptions d'enfants de pays pauvres ayant des parents vivants et n'étant donc pas orphelins, par des parents de pays riches,que je m'interroge. Les enfants ont tous droit à une famille aimante et il est impensable de laisser des enfants grandir dans un orphelinat. Mais quand on sait qu'avec un peu d'aide, les parents les auraient gardés...

herbert a dit...

Oh non, Femme libre.
Ne culpabilise pas.
Surtout pas toi.

Où va-t-on alors ?
Je t'embrasse.

Une femme libre a dit...

Mais non, je ne culpabilise pas du tout, Herbert, ne vous inquiétez pas! Je m'interroge tout simplement. Je ne pourrais imaginer ma vie autrement qu'avec mes enfants et je les sais heureuses d'être ici. Ma plus vieille, dont j'ai si peu de nouvelles, m'a envoyé un courriel touchant le lendemain du tremblement de terre "Maman, merci de m'avoir adoptée. Sans toi, je serais peut-être sous les décombres."

Méli a dit...

Ouais, je comprends votre questionnement, j'ai eu ma fille à cause de la politique de l'enfant unique et du fait que culturellement plusieurs parents chinois préfèrent un garçon, alors j'ai eu bien des interrogations éthiques, mais comme les vôtres, ma fille était dans un orphelinat et avait besoin de parents... alors...

J'ai tellement pleuré en voyant le film : les soeurs Madeleine (est-ce bien le titre)... ou on voyait une fille-mère obligée d'abandonner son enfant alors qu'elle ne le voulait pas, ouf que j'avais pleuré...

Une femme libre a dit...

Le cas de la Chine est tout de même différent. Tout aussi désolant mais la raison de l'abondon est politique et culturelle et non pas uniquement économique comme en Haïti.