lundi 1 novembre 2010

L'ado et le train

Seize ans n'a pas d'école aujourd'hui. Elle est partie chez un ancien compagnon de classe, à Vaudreuil. Il lui faudra pour ce faire prendre le train. Au départ, je ne voulais pas. Pour deux raisons. Le garçon, que je connais et qui est déjà venu chez nous, sera seul, sa mère travaille. Et ensuite, cette histoire de train,alors qu'elle a bien de la misère à manipuler de l'argent.

Elle y tenait, elle a insisté, je lui ai dit que j'allais y penser. Ce matin, elle était prête tôt et essayait de comprendre les horaires de train sur internet, ce qui est immensément compliqué pour quelqu'un qui a de graves problèmes d'apprentissage et qui ne saisit pas encore totalement la notion d'heure. C'est difficile dans la vie quotidienne les troubles d'apprentissage, une nuisance. Par exemple, si en l'aidant, on lui montre que le train part à dix heures, tout n'est pas gagné pour autant. Elle n'aura aucune idée à quelle heure il faut partir pour arriver avant dix heures à la gare. Il faut aider mais il faut aussi autonomiser le plus possible. Pas envie qu'elle passe sa vie chez moi, ma petite. Ce ne serait bon ni pour elle ni pour moi.

Le train, donc.

Et le garçon. Misère. Je ne peux pas l'empêcher de vivre ma Seize ans mais depuis que je suis la grand-mère d'un petit conçu alors que sa mère avait dix-sept ans, je suis bien consciente que tout peut arriver. Elle aurait facilement pu me mentir, me dire que la mère était là ou bien me dire qu'elle allait chez une amie, tiens. Elle me dit la vérité et fait preuve d'autonomie. Elle a seize ans, pas douze. Je ne dois pas la surprotéger parce qu'elle a des troubles d'apprentissage. Elle a un cellulaire et m'appellera en cas de besoin. Je lui ai dit mes craintes, elle ne les partage pas, semble sûre d'elle (pas pour prendre le train, oupelaye! mais elle veut essayer, c'est une courageuse, je vous l'ai dit?), me demande de lui faire confiance. C'est un ami, ce garçon, pas un amoureux.

J'ai bien fait. C'est ce que je me répète en sirotant mon café au lait. Avec un certain doute. Je me sentirais tout aussi mal, bien plus, si je l'avais retenue ici de force au nom de la peur. Ma peur.

16 commentaires:

Chemise Rouge a dit...

Sur un seul point et pour faire un parallèle, j'me suis demandé récemment comment se débrouillerait ma fille si elle devait prendre l'autobus municipale pour se rendre à la polyvalente.

Oh, elle n'est pas niaiseuse, uniquement dysphasique mais surtout, vivant à la campagne et ayant toujours bénéficiée du transport en voiture de ses parents, elle n'a pas appris et puisque nous ne prenons jamais le transport en commun, nous ne lui avons pas montré. Ce qui est tout le contraire de la plus vieille de ma soeur qui vit à Montréal et qui très tôt à appris à prendre l'autobus et le métro pour se rendre à l'école.

Votre fille fait un bond en avant par autonomie de vouloir prendre ce train de banlieue, et de foncer. Bravo !

Une femme libre a dit...

Je viens juste de lui parler, Chemise Rouge, elle est bel et bien dans le train! Je suis vraiment fière d'elle.

Le plus on les autonomise, le mieux. C'est vrai que vivant à Montréal et devant très jeune prendre le métro et l'autobus pour se rendre à son école (elle fréquente depuis ses dix ans des écoles spécialisées ou avec classes spéciales loin de la maison), elle a dû s'autonomiser. Pour une enfant dysphasique (ma fille a aussi une dysphasie légère en plus de sa dyslexie et troubles associés), se retrouver géographiquement, (tout comme dans le temps d'ailleurs) est difficile. Tout est plus difficile pour elles en fait. On doit les admirer nos filles, leurs succès sont chèrement gagnés, elles doivent faire preuve de courage et de persévérance, pas le choix!

Valéry a dit...

Et je dirais qu'arriver à faire taire VOS peurs pour leur permettre d'avancer les aide sans doute à s'autonomiser et à apprendre... :-)

Juste moi a dit...

Les peurs ... pas simple d'y faire face. Ma grande qui aura 17 ans dans 2 semaines, qui ne vit aucune difficulté, au contraire, veut appliquer à l'université d'Ottawa pour la session d'automne prochain. En étudiant là, ça lui permet de sauter le CEGEP et de pouvoir suivre ses cours en anglais. Juste d'imaginer que "mon bébé" se retrouvera à quelques centaines de kilomètre de la maison ... Des défis différents, la même peur je crois.

cryzal a dit...

le lâché prise.........

Fc a dit...

Vous avez bien fait... vous faites toujours pour le mieux ;-)

Solange a dit...

J'imagine comment vous deviez vous sentir. Vous avez raison il faut qu'elle apprenne, c'est une rude école.

Chantalou a dit...

Tu as très bien fait de lui faire confiance et de la laisser aller même si ce n'est pas facile! Je trouve que tu as un excellent jugement, ta fille est choyée de t'avoir pour maman! ;0)) Chantalou xx

Nanou La Terre a dit...

Je souris...

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.

Tu sais, de toute façon, lire des horaires de chemin de fer n'est facile pour personne.
En tout cas c'est compliqué pour moi.
Et dans ce billet, je retrouve toujours ton amour VRAI pour 16 ans et la sensibilité qui sy attache.
L'analyse pertinente aussi.
Oui,16 ans a déjà 16 ans.
Bonne journée.
Je t'embrasse.

Petite libellule a dit...

Grâce au ciel, ma plus vieille n'a que cinq ans...!! J'ai encore du temps avant de slaquer le cordon et j'ai bien l'intention d'en profiter! :-))

Une femme libre a dit...

Valery, bien d'accord, mes peurs m'appartiennent, surtout, ne pas les transmettre...

Beaucoup d'avantages à aller étudier en Ontario pour votre fille, Juste moi, et la demande vient d'elle en plus, c'est donc qu'elle se sent prête. Aux États-Unis, presque tous les jeunes quittent la maison pour aller étudier au collège, ici, c'est plus rare. Faites pour le mieux! Maintenant, avec les logiciels où se voit comme skype, la distance paraît moins grande.

Cryzal, je lâche-prise, oui... ;o)

Pas toujours, FC! Cette fois-ci, il semble que oui. Elle est revenue de bien bonne humeur et n'a pas eu de difficulté à payer ni à se trouver. Yé!

Quand ça vient d'elle, c'est qu'elle se sent prête, moins pire que de la jeter en bas du nid, Solange.

Je n'ai aucune raison de ne pas lui faire confiance, Chantalou. Ma mère en aurait eu bien plus quand j'étais jeune, je n'ai pas été une ado facile, moi.

Souriez, belle Nanou!

C'est tout à fait exact que ce n'est pas si facile que ça de lire des horaires de train, Herbert.

Héhé! Un jour à la fois, petite Libellule.

Fc a dit...

demandez-moi si je suis surprise ???

Allez faut faire confiance... elle peut demander votre grande. Vous savez, oui y'a des imbéciles mais y'a encore plein de bon monde qui ne demande qu'à rendre service à leur prochain.

Faites-lui confiance à votre fille ;-)

Une femme libre a dit...

Je ne suis pas surprise non plus, bien que la dernière fois où elle est allée voir une amie en métro et autobus, elle ait pris l'autobus dans le mauvais sens et s'est retrouvée... chez sa soeur! L'autobus y passait et elle avait reconnu la porte. Pas si pire quand même. Le genre d'erreur que j'aurais pu faire d'ailleurs, prendre l'autobus dans le mauvais sens! Je la trouve pas mal bonne.

Joan Durand a dit...

Moi qui n'ai aucun sens de l'orientation et qui ai pris plusieurs fois l'autobus ou le métro à l'envers, je serais morte de peur. Mais bon. Si on ne leur fait pas confiance, comment pourront-ils se faire confiance eux-même?

Une femme libre a dit...

À force d'essais-erreurs, on finit par se retrouver et prendre de l'assurance, Joan. Je n'ai pas le sens de l'orientation non plus et le GPS a changé ma vie quand je conduis!