vendredi 1 avril 2011

Manger des animaux

J'ai décidé de devenir végétarienne non-doctrinaire (ça veut dire que je n'en fais pas une religion et que je mangerai ce que vous m'avez préparé sans rouspéter si vous m'invitez) pour ma santé, d'abord et avant tout. Mais là, s'ajoute la préoccupation de ne pas faire souffrir. Les animaux dans nos fermes traditionnelles avaient relativement une belle vie, broutaient l'herbe, se promenaient partout, avaient même un nom, mangeaient à leur faim, pas plus, et avaient les plaisirs animaux de la vie, forniquer, mâcher du foin, s'occuper de leurs petits, vivre, quoi. Au printemps, on tuait Blanquette ou Bilbo, les enfants pleuraient un peu et puis finissaient par les manger.

Maintenant, les animaux d'abattage n'ont plus de vie. On se bouche les yeux. Moi aussi. Mais ça ne peut plus durer. Lu un gros immense album hier à la Grande Bibliothèque, trop gros pour que je le rapporte à la maison, rempli de photos. Pas prises par Greenpeace ou un autre groupe sensationnaliste, là, non, des photos réalistes, récentes, pas truquées. Des milliers de cochons dans de petites cages de confinement, de la merde à perte de vue dans des cuves surréalistes. Les truies sont placées pendant quatre mois dans une espèce de cage à barreaux étroits, debout. C'est comme si vous étiez pris entre deux gros passagers dans un petit avion sans jamais pouvoir vous promener dans l'allée. Quatre mois comme ça sans pouvoir se dégourdir les jambes, pendant toute leur gestation. Les cochons sont intelligents, privés de toute stimulation, la truie devient folle. Elle mange littéralement les barreaux. Avec le peu de dents qui lui restent. On lui a déjà coupé la queue et le bout du museau quand elle était jeune, parce que les jeunes porcs sont gardés tellement à l'étroit qu'ils s'attaquent. Dans un environnement normal, les cochons sont pacifiques et vivent en petite meute heureuse. Dans un environnement industriel, à la grosse lumière des néons 24 heures sur 24, tassés les uns sur les autres, ils perdent leur instinc et leurs repères. Quand la truie met bas, elle voudrait bien s'occuper de ses petits comme elle sait si bien le faire, mais là on l'installe dans une autre cage, couchée sur le côté cette fois, sans pouvoir bouger encore une fois et ses petits n'ont accès qu'à ses mamelles. Pas pour longtemps, au bout de trois semaines, on les lui enlève pour les engraisser plus rapidement. Et la pauvre truie est immédiatement inséminée. Quand elle n'en pourra plus, on la tuera et c'est ce jambon-là qu'on aura dans notre assiette.

Quand on n'y pense pas, c'est bien bon du jambon à l'ananas, mais quand on y pense un peu, ça a un drôle de goût. Je n'en mange plus depuis belle lurette et je disais que j'en mangerais sans rechigner si vous m'invitiez. Je n'en suis plus si certaine.

J'achète encore des oeufs, biologiques, de poules "en parcours libre" comme il est écrit sur la boîte. Et du lait biologique aussi, là, je ne suis pas certaine des conditions de vie des vaches laitières, seulement de leur alimentation. Je vais m'informer. Ces produits sont plus chers. Oui, mais je ne pourrais plus acheter les autres.

Addendum: J'ai trouvé de l'information auprès de la Fédération d'agriculture biologique du Québec. Les conditions de vie de leurs animaux sont de beaucoup supérieures. Accès aux champs, à de l'eau et de la nourriture saine à volonté, pas ou peu (couper les cornes, c'est autorisé sous anesthésie) de mutilations. Les animaux vivent avec leurs congénères et peuvent donc avoir une vie sociale. Bâtiments propres, éclairés, espace suffisant.

23 commentaires:

Travailleuse sociale a dit...

Je fais mon épicerie chez Rachel Berry. Du bio, pas d'hormones. À peine plus cher que chez Métro... mais pour l'environnement, ça vaut la peine.

Une femme libre a dit...

Absolument! Si on s'y mettait...

On peut vraiment faire une différence.

Voter contre Harper (et dans notre cas, ça veut dire voter libéral) et manger bio, ça changerait la société. Un pas à la fois.

Pur bonheur a dit...

Je vous comprend tellement! L'autre jour j'ai vu un émission sur l'abattage des boeufs. Tout était en fonction de ne pas stresser l'animal en prévision d'avoir de la bonne viande tendre! Les animaux débarquaient du camion et étaient dirigés vers des clôtures très étroites, avec 'arrêts', soit pour se faire brocher quelque chose à l'oreille, soit pour se faire marquer au fer rouge, pour finalement recevoir un clou dans le front.
Je ne mange maintenant que du poisson et quelques fois du poulet.
En plus, en visitant un endroit où on élevait le boeuf, j'ai appris qu'on les nourrissait avec de la moulée mélangée au fumier de poule!! Ark!!

Laurence a dit...

Nous sommes végétariens depuis 3 ans...mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. C'est surtout au niveau de l'environnement que notre choix de ne plus manger de viande s'est fait.
On mange cependant du poisson, des oeufs et du fromage.
S'il y a de la viande chez des amis, on en mange...nous ne sommes pas allergiques! ;-D

La Mère Michèle a dit...

Ici = pas de boeuf, pas de porc ni de charcuterie. Le dernier geste qu'il me reste à poser: acheter mon poulet bio et mon fromage mais ça oufff.... Légumineuse, tofu et oeuf, tous bio, font partie du menu.

Pour cette raison (sympathie avec le destin du bétail) et manque de traçabilité et de détermination du risque dans la chaine alimentaire, avec en plus l'accumulation de pesticides et métaux lourds dans la chair et la graisse, nous avons banni les viandes rouges, en particulier le boeuf.

Pierre F. a dit...

Nous achetons notre viande d'une ferme bio (http://www.fermeformido.com). On peut également visiter et constater par soi-même comment ils traitent les bêtes.

Solange a dit...

On se fait tellement emplir, que le bio je n'y crois pas plus qu'il ne faut, mais je ne suis pas une grosse mangeuse de viande.

Une femme libre a dit...

Le poulet aussi a une affreuse vie et le poisson... euh... ses jours sont comptés, Pur Bonheur. Le poulet, j'ai aussi coupé. Le poisson, j'en mange encore, le sauvage qui n'est pas trop en voie d'extinction. Pour les omega3.

La Mère Michèle
Le poulet bio, ça coûte 25 dollars pour un petit poulet. Je me le paie pourtant une ou deux fois par année. Je ne suis donc pas une vraie de vraie végétarienne. En fait, j'aime bien le goût d'un bon poulet rôti et comme j'en mange si rarement, je mange aussi la peau! Cette année, vu que je n'ai pas eu votre excellente idée de la culture de tomates de salon, je deviens partenaire avec une ferme de culture biologique qui viendra me porter un petit panier toutes les semaines dans un point de chute près de chez moi. Super!

Une femme libre a dit...

Pour des informations sur les paniers de légumes biologiques, voir le blogue de Katia(dans mes favoris). C'est à cause d'elle et de sa photo de carottes multicolores que je me suis inscrite.

Une femme libre a dit...

Ça vaut le coût et le coup, Pierre, j'en suis persuadée. Ça ou se passer de viande totalement, encore mieux pour la planète.

C'est vrai qu'on ne peut plus jurer de rien, Solange, mais la certification biologique est très difficile à obtenir, ici au Québec en tout cas, et les normes sont respectées. Déjà de manger moins de viande, c'est excellent.

Une femme libre a dit...

Du fromage aussi, nous en mangeons, madame Croque-Cerise, biologique et du yogourt et du kéfir aussi, bios, de marque Pinehedge Farms,de St-Eugène, vraiment les meilleurs produits sur le marché. Manger moins, peu, ou pas du tout de viande pour la planète, la santé,c'est important. Et le respect des animaux. Je m'en viens plus militante que je ne le croyais. Mais pas fatigante j'espère!

Katia a dit...

C'est toute une prise de conscience quand on voit la vie que mènent ces animaux. Pour ma part, je tente de privilégier les élevages locaux, les petits producteurs qui démontrent leur amour pour leurs bêtes et qui ont à coeur leur condition de vie, mais ce n'est pas toujours possible. J'ai aussi la chance d'avoir des amies qui font de l'élevage personnel et qui peuvent m'élever quelques poulets. Avec les légumes bio l'été, c'est un pas de plus dans la bonne direction. Comme tu dis, un pas à la fois, on va y arriver !

Caro et cie a dit...

Je suis végétarienne par rapport à l'idéologie de base derrière ce mode de vie...

Mais...

Je suis une carnivore dans l'âme, j'ai besoin de viande, je salive quand je n'en ai pas mangé depuis quelques jours...

;-)


L'important, c'est de choisir où on s'approvisionne...

Nanou La Terre a dit...

Femme Libre,

puis-je te suggérer un excellent documentaire: tu trouveras sur Utube: Home(fr). Je sais que tu vas aimer...

Éléonore a dit...

J'ai beaucoup d'admiration pour les gens végétariens.
Si j'étais seule ou si j'avais un cuisinier je sauterais le pas sans remord sauf pour le fromage et quelques fois de la viande ou du poisson.
Mais je vis en couple et en famille et je dois y aller pour tous.
Sauf que je fais ma part de manière douce et discrète, les broccoli prennent de plus en plus de place dans l'assiette, les soupes avec de l'orge et des lentilles se font charmeuses, les légumes exotiques parades en beauté, les légumineuses sont joyeuses, etc. Je gagne du terrain :)))
PS je serais du genre à avoir une poule aussi lol trop drôle lol

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.
De ce thème-là, qui ne prête guère à sourire, on parle beaucoup en France, en ce moment.
Mais je n'irai pas au paradis...
Je voudrais bien savoir si Brigitte Bardot est végétarienne...
Il faudra que je le lui demande...
Bonne journée.
Je t'embrasse.

Céline a dit...

Je suis végétarienne par choix, depuis nombres d'années. Je me sens mieux, et de toute évidence, c'est aussi un beau geste pour l'environnement. Les autres membres de ma famille ne peuvent se passer de viande. Il va sans dire que cela demande un peu d'originalité, et parfois même de préparer un second repas. De toute façon, cela m'a donné la chance d'être plus inventive au point de vue culinaire. Nous n'avez pas idée de ce que l'on peut créer sans viande.

Chantalou a dit...

J'ai justement mangé du jambon ce soir, je l'ai fait cuire lentement et il était si délicieux... Mais là, alors que je découvre ton post, il me semble qu'il aura un goût amer :0( J'ai déjà entendu vaguement parler de cette histoire d'horreur mais il est difficile avec des enfants de trouver de meilleures protéines que dans la viande. Si c'était rien que de moi, je deviendrais peut-être végétarienne... Mais j'avoue qu'un bon steak à l'occasion est si bon ;0)) Chantalou xx

Une femme libre a dit...

Quand on connaît la provenance des animaux et la façon dont ils sont élevés, ça change tout, Katia. Si l'abattage se fait avec le moins de souffrance possible pour l'animal, nous y gagnons également. Je suis certaine, comme le fait remarquer Pur Bonheur, que le stress vécu par l'animal affecte la qualité de la viande.

Une femme libre a dit...

Caro, choisir où on s'approvisionne mais aussi en manger moins de viande, pour la planète. Même les pires carnivores peuvent être modérés ou reconvertis, s'ils le veulent un tout petit peu... ;o)

Nanou, tout un grand film sur youtube, mais c'est excellent! Je suis allée voir un peu,semble très très intéressant. Je le regarderai tranquillement. Merci beaucoup!!

Éléonore, il y a même moyen de convertir une famille récalcitrante au végétarisme sans leur en parler! Après tout, si vous êtes la cuisinière en chef, vous avez tous les pouvoirs. Héhé! Votre manière douce et discrète semble porter fruit. Bravo!

Une femme libre a dit...

Mais oui, Brigitte Bardot est végétarienne, Herbert, elle tente même d'instituer une journée végétarienne par semaine en France.

Une femme libre a dit...

Bienvenue dans mon blogue, Céline. Moi, je ne prépare pas deux repas. Ma fille de vingt ans, réfractaire, se cuisinait ses propres repas! Ma Seize ans, la seule qui habite encore avec moi, ne cuisine pas, alors, elle mange ce que je prépare, pas de concession, je suis la chef, alors c'est moi qui décide. Si j'avais un mari,là, évidemment, faudrait bien que je fasse des concessions. Tiens, ça me console (un tout petit peu) de ne pas en avoir de mari, héhé!

Une femme libre a dit...

Chantalou, pas vrai du tout que les enfants on besoin de viande pour grandir en santé. Ça pourrait même être le contraire. Les pubertés précoces que nous constatons chez des fillettes de sept ou huit ans pourraient être dues à l'excès de protéines des viandes justement. Mais bon... tant de théories. Je le sais bien qu'on fait pour le mieux.