mardi 26 juillet 2011

La gifle

Une vieille histoire que je ressors pour Madame Intello.

Mon fils avait sept ans, en garde partagée, une semaine chez maman, une semaine chez papa. Il allait bien, je pense. Et puis, il me raconte, un lundi soir, après l'école "Maman, Suzanne m'a donné une tape en pleine face." Suzanne c'était la conjointe de son père. Il revenait de passer une fin de semaine chez son père. Mon coeur n'a fait qu'un tour. Je me sentais oppressée. Tout s'est bousculé dans ma tête. Le petit n'avait aucune marque, il était rentré la veille et semblait en forme. La Suzanne en question était une bonne personne et en fait, elle s'en occupait beaucoup du Fiston. Elle avait perdu patience? Il l'avait poussée à bout? Surtout, ne pas lui faire perdre d'autorité.

Je me suis penchée vers mon petit garçon "C'est arrivé quand?" "Dimanche" "Écoute, Philippe, les grandes personnes perdent parfois patience. Ça arrive à maman et à papa, ça peut arriver à Suzanne aussi. Je pense que tu dois t'arranger avec elle." Il a paru soulagé, a changé de sujet et est allé jouer. J'ai pensé à en parler à son père et puis je me suis ravisée. Attendons un peu. Je n'ai à aucun moment pensé que mon fils était en danger avec Suzanne.

Trois semaines plus tard, mon ex appelle pour fixer les arrangements de vacances. Il me dit au passage que les choses vont vraiment bien entre Suzanne et Philippe maintenant. Maintenant? Oui, il a eu une passe où il ne voulait pas l'écouter, il lui disait "T'es pas ma mère." Quand j'étais là, je le reprenais et ça allait mais quand elle était seule avec, c'était l'enfer. Et là, leur relation s'est vraiment améliorée ces derniers temps. C'est cool!"

"Oui, c'est cool", ai-je répondu.

Mon fils est adulte maintenant et cette Suzanne est encore une personne très significative dans sa vie. Artiste, elle lui a appris à peindre. Ils passent des soirées à jouer aux cartes. lls s'aiment beaucoup. Leur relation aurait pu prendre une méchante débarque si j'étais intervenue dans cette histoire de gifle. Elle a enrichi son enfance et sa vie. Parce qu'on lui a fait de la place.

14 commentaires:

Le factotum a dit...

D'où l'importance de compter jusqu'à dix avant de réagir...
Et encore une fois les respirations qui viennent à notre rescousse!

Anonyme a dit...

Vous avez vraiment été sage Femme Libre de ne pas sauter trop rapidement aux conclusions et de vous fier plus à votre intuition générale qu'à votre colère bien légitime de maman comme trop de parents le font dans ce genre de circonstances avant même de vérifier les faits... :-) Par expérience, les enfants "maquillent" parfois la vérité à leur avantage quand vient le temps de se donner le beau rôle et d'aller chercher des appuis... J'ai pu avoir l'occasion de m'en rendre compte à quelques reprises avec des histoires des miens avec des profs ou des coachs de hockey par exemple...

Heureusement, j'ai toujours été le genre à rester calme dans ce genre de situation et à m'informer d'abord des faits aux personnes concernées en les abordant de manière détournée avant de sauter aux conclusions hâtives et de les traiter de tous les noms... :-) Bien m'en fut car la plupart du temps, je me serais énervée pour défendre mes chérubins pour rien... ;-) lol Et par le fait même avoir l'air folle car en bout de ligne, la vérité n'avait rien à voir avec la version de mon bébé chéri... ;-) lol

Enfin... Il faut savoir être aux aguets en tant que parent tout en ayant l'honnêteté de reconnaître que nos angéliques chérubins ont parfois des cornes de petit démon qui leur pousse sur la tête... :-) lol Et avoir la sagesse de ne pas réagir trop promptement pour ne pas attaquer inutilement des personnes qui ne le méritent pas au contraire... :-)

Valéry xxxxxxx

Josie a dit...

C'est si beau!

Michèle a dit...

Parfois, 1+1 fait 2 mais peut aussi faire 3 !...

Il faut faire attention parfois..car à tout éviter on peut tour perdre.

Madame Intello a dit...

Nul besoin de vous dire qu'il y a toujours deux côtés à une médaille. De façon naturelle, je tente toujours de regarder les deux avant d'émettre un jugement sur quelqu'un...

Et puis, vous l'avez si bien raconté: l'adulte de votre récit a su apprivoiser l'enfant en s'intéressant à lui. Dans mon cas, la douce de mon Ex préfère se tenir loin de mon grand, qu'elle trouve trop «imprévisible».
Ce n'est pas mon enfant qui me l'a raconté, mais son père, mon Ex, le chum de la douce qui m'a également confirmé l'aversion de cette dernière envers mon aîné.
Mon grand le sent et fait exactement la même chose; en plein début de l'adolescence, il se retire dans son monde. Un fossé s'ouvre entre eux, avec le père au centre.

Je suis là, du côté de mon fils, prête à l'épauler dans sa difficulté à accepter le changement. Il ne me raconte jamais ce qui se passe chez son père, mais je tente de ne jamais parler en mal de cette douce, cherchant même à trouver les points positifs le plus souvent possible. J'aimerais qu'elle accepte et aime mes enfants comme les siens. Aucune jalousie de ma part, car l'important, c'est le bien-être des enfants.

Et ce fossé qui s'élargit sans cesse, est-ce la faute de l'enfant? De l'adulte? Je n'en sais rien et franchement, je ne cherche pas à savoir. Tout ce que je suis en mesure de faire, c'est d'accepter la situation comme une spectatrice.

Avec le plus jeune, la relation avec la douce est plus facile: il est encore à l'âge où la naïveté prédomine. Facile de s'attacher!

Anonyme a dit...

Madame Intello, pour m'être séparée à un moment où mes enfants avaient entre 14 et 2 ans, je peux vous dire qu'il est normal que de créer une relation avec un ado, pour le ou la nouvel-le soit plus difficile... Il ne faut pas s'en surprendre ni essayer de forcer les choses...

Pas facile les familles reconstituées...

Valéry xxxxxxx

herbert a dit...

Ce que tu écris se lit avec beaucoup d'émotion.
Et c'est en même temps une leçon de sagesse.
Ce qui n'est pas contradictoire.
Bonne journée.
Je t'embrasse.

Pierre F. a dit...

Je pense que j'aurais été incapable de réagir comme vous. Votre ex n'employait pas ces méthodes, si je comprends bien. Il "reprenait" votre fils quand ce dernier manquait de respect face à sa nouvelle conjointe, mais je doute qu'il le faisait en le gifflant.

Peut-être a-t-elle perdu patience, c'est vrai que ça peut arriver, mais si elle a gifflé votre fils, là, elle avait vraiment sauté une coche.

J'aurais voulu parler à cette femme, en privé pour qu'elle m'explique de qui s'était produit. Sa réaction m'aurait indiqué si elle se sentait coupable d'avoir agi ainsi ou si elle trouvait normal de giffler un enfant qui refuse d'obéir. En avait-elle parlé à votre ex?

Enfin..¸je vous dis comment j'aurais réagi, mais force est de constater que votre réaction a eu des effets positifs.

Chantalou a dit...

Il est important de voir ce qui s'est réellement paassé avant...Tu as été sage dans ta manière de réagir, Chantalou xx

Une femme libre a dit...

Pierre F., je suis absolument contre les châtiments corporels, mais il m'est arrivé de donner des tapes à mes enfants. Avec culpabilité, absolument. Mais c'est arrivé. Je ne suis pas parfaite. Jamais au visage cependant et c'est l'élément qui m'a le plus dérangé dans le témoignage de mon fils. C'était arrivé le dimanche je ne saia pas à quelle heure mais à son retour chez moi pour le souper, il n'avait aucune marque au visage, rien. Et il a passé toute la soirée de bonne humeur, pas perturbé. C'est le lendemain, après l'école, qu'il m'en a parlé. Que s'est-il vraiment passé? On ne le saura jamais exactement, car l'auteure de la gifle n'a pas été confrontée. Si mon fils avait été plus petit, j'aurais réagi autrement. Mais il s'agissait d'un garçon affirmé, qui s'exprimait très clairement. S'il avait été battu, je l'aurais su! Non seulement son père ne le frappait pas, mais il était plutôt tolérant, tout comme moi d'ailleurs. Les enfants uniques en garde partagée sont souvent gâtés, malheureusement. Ils ont leur parent tout à eux, beaucoup d'attention. Je n'ai pas de peine à croire qu'il ait pu être exécrable avec la femme du père. Qu'elle ait perdu patience, c'est bien dommage, mais en en faisant tout un plat, je lui enlevais toute autorité et c'est bien d'autorité dont on parle ici. Un petit garçon rebelle qui envoie valser sur les roses celle qui n'a pas de statut de parent. En sachant qu'il ne serait pas couvert, il a dû s'adapter, plier un peu. Obéir. Quel vilain mot! On l'emploie peu de nos jours. Mais moi, je ne crois pas à l'égalité de l'enfant et de l'adulte. L'adulte dirige et l'enfant obéit. Sans despotisme, avec justice. Tout le monde s'en porte mieux.

Une femme libre a dit...

Les relations entre un parent et le conjoint de l'autre parent sont délicates. Si j'avais appelé la femme du père pour la confronter, même avec douceur et gentillesse, juste de lui dire que je savais qu'elle avait frappé mon fils lui aurait fait perdre la face. Elle aurait certainement eu une bonne explication, mais les risques étaient grands qu'elle s'éloigne de l'enfant à l'avenir, qu'elle prenne ses distances qu'elle refuse de s'en occuper quand le père était absent, par exemple. Donc impossibilité de développer une relation significative. La confronter, ça aurait été mettre des bâtons dans les roues. Évidemment, si jamais la situation s'était reproduite, j'aurais agi. Mais mon enfant n'était pas en danger, j'en étais persuadée. Il faut écouter sa petite voix, en cas de doute sur la sécurité, on ne prend aucune chance, absolument. Action immédiate.

Une femme libre a dit...

Le factotum, les respirations, oui, toujours... ;o)

Valéry, je ne pense pas que mon fils ait maquillé la vérité cependant. C'est un enfant qui a toujours été franc et il a gardé cette qualité adulte. On peut compter sur lui quand on veut avoir une vraie opinion, une qui peut faire mal mais qui est authentique. Rester calme et s'informer des faits, oui, c'est absolument la meilleure attitude avec des professeurs ou des coachs, tout à fait! Il manque parfois des éléments dans les histoires de nos enfants, c'est bien vrai!

Une femme libre a dit...

Josie, la conclusion a été heureuse et l'est toujours. Je pense que les enfants de familles recomposées ont beaucoup à gagner à tirer parti des adultes qui en prennent soin. Leur horizon s'élargit. Soyons positifs! Évidemment, chaque cas est un cas d'espèce et il y a des beaux-parents qui ne sont pas ravis du package-deal chum et enfsnts et qui élimineraient bien les enfants s'ils le pouvaient. Il y a de tout!

Michèle, ce sont les mathématiques que vous enseignez? Héhé!

Aimer les enfants de l'autre comme les siens, c'est beaucoup demander Madame Intello. L'attachement qu'on a créé depuis le premier jour ne vient pas automatiquement en voyant un grand adolescent à l'âge ingrat. C'est compréhensible. Et humain. Il n'y a pas deux histoires identiques et il est clair que vous voulez le mieux pour vos enfants. Je n'ai pas raconté mon histoire pour vous dire quoi faire, vous le savez bien mieux que moi. Mais pour voir à long terme, peut-être. Quand nos enfants sont jeunes, on a de la misère à se projeter dans l'avenir, à les voir adultes. Quel genre d'adulte voulez-vous que votre enfant devienne? Comment y arriver? En les aidant à surmonter les difficultés ou bien en les en protégeant? Quel est le meilleur chemin? Il y a plein de réponses et pas la même selon l'enfant et la situation.

Une femme libre a dit...

Herbert, merci d'être là.