mercredi 26 octobre 2011

Enfant, famille et cie

Problèmes domestiques qui reviennent. Fille qui appelle en pleurs hier soir. Ne sait plus s'occuper de son fils, fait des crises son fils, elle en a assez, personne ne comprend donc qu'elle en a assez? Elle n'est pas une bonne mère, tout le monde sait s'en occuper mieux qu'elle, elle n'aime pas ça les petits enfants de cet âge-là, ne sait pas quoi faire avec. Oups! C'est son soir, je vérifie si l'enfant est là. Oui. Elle continue à pleurer, crier, déblatérer. Je lui dis: "Viens me le conduire!" c'est elle qui a mon auto. Non, non, elle va se débrouiller, toute seule comme d'habitude. Et puis elle raccroche. Comme je n'entendais pas du tout l'enfant tout en le sachant là, je m'inquiète d'aplomb. Je rappelle. Elle ne répond pas. Et puis, je me convaincs que c'est de la manipulation. On respire, on se calme. Je fais appeler sa soeur. Demande à parler à ton neveu, Dix-sept ans, s'il-te-plaît. Ça répond. Le petit n'est pas en état de lui parler, lui dit Vingt ans et elle raccroche.

Cette fois, elle a réussi à me faire pas mal paniquer. Me pointer chez elle? Ce n'est pas à côté, le temps que j'arrive, la crise risque d'être résorbée et puis, la connaissant, elle ne m'ouvrira pas la porte. On se calme, on respire. Je lui ai offert de m'en occuper, je ne peux pas faire plus. Il ne pleurait pas, mais traumatisant une mère qui pleure comme ça et il comprend bien plus qu'on ne le pense.

Elle finit par rappeler. Pas calmée. Vociférante encore. Je demande:"Il est où le petit? Il fait quoi? Il est couché?"
"Je m'en fous. Qu'il fasse ce qu'il veut", répond-elle. Là, je capote. Et puis, j'entends une voix masculine. Le père est là, ouf! Il s'en occupe, reouf! Elle l'a appelé, c'est tout de même bien. Mais il ne veut pas l'emmener chez lui, me dit-elle. Je le comprends, le pauvre. S'il commence ça, elle va encore l'abandonner son enfant.

Il fait des crises, il a 28 mois. Elle fait des crises aussi, elle a vingt ans. Deux enfants.

Moi, je m'en vais au Vietnam.

Il n'a pas la petite enfance que je lui aurais souhaitée, mon petit-fils.

Je vais essayer de parler à ma fille aujourd'hui. Difficile. Elle travaille. Et pour lui dire quoi? Tout ce que je peux dire semblera moralisateur. Lui offrir de le prendre pour la fin de semaine qui est sa fin de semaine à elle? Je ne sais pas. Je ne suis pas certaine que ce soit la solution. J'envisage mais je réfléchis. Ne rien faire de précipité qui peut envenimer la situation. En pensant aider, on peut nuire.

Et puis, je suis loin d'être parfaite. Bien loin. Je ne suis pas si bonne que ça pour gérer ses crises. Non. L'élevage d'enfants, je l'ai fait quand c'était le temps. Je l'avais choisi et j'y ai mis beaucoup de coeur et d'énergie. On dirait qu'il ne m'en reste plus d'énergie pour un enfant en crises qui durent et durent et se déclenchent pour un oui mais surtout pour un non.  Ils devraient consulter. Oui, je leur ai dit. Ils savent.

Elle ne m'a toujours pas remboursé le trois mille dollars de garderie que j'avais payé. Évidemment, je ne lui en parle plus.

Addendum: Je lui ai parlé. La crise du petit serait dûe au fait que le père était là, ce qui dérangeait sa routine. Elle ne l'avait pas appelé à la rescousse, il était déjà chez elle pour discuter au sujet de l'enfant. Et le petit a fait une crise interminable et elle a perdu le contrôle. Je pense cependant qu'elle ne se serait pas laissé aller à ce point si elle avait été seule avec l'enfant. Elle l'aime son enfant et j'aime croire qu'elle s'en occupe correctement la plupart du temps.

22 commentaires:

Unknown a dit...

Très dur de trouver la bonne façon d'être, la juste mesure, le réel besoin pour l'enfant et la mère, qui reste votre enfant... Je vous trouve très bonne et très pertinente dans vos réflexion, prudente mais impliquée dans vos actions... Consulter, oui, bien sûr qu'ils devraient...
Mais je comprends les réticences de votre fille. J'ai (il y a bien des années) utilisé la ligne anonyme "ÉDUCATION-COUP-DE-FIL (en copié-collé: ...est un service anonyme et gratuit de consultation professionnelle par téléphone qui a pour mission de contribuer, dans une optique de prévention et de soutien, au mieux-être des familles, en aidant à comprendre et à solutionner les difficultés liées à l'éducation et aux relations entre parents et enfants dans la vie quotidienne.Sans frais: 1-866-329-4223)

J'ai appelé et reçu d'excellents conseils et une oreille attentive lorsque mon deuxième nous claquait des crises terribles à répétition et que nous nous sentions dépassés par son caractère et la fatigue (j'avais mon 3ième bébé-naissant...) Franchement, juste le fait de pouvoir parler anonymement, sans avoir la crainte d'être jugés ou pire, que l'enfant nous soit enlevé parce que ses crises régulières paraissaient bien mal pour les voisins si proches... (D'ailleurs la police est venue vérifier mes enfants à cette période, car le voisin avait fait une plainte, ce qui m'avait énormément choqué et apeuré j'avoue...) Je ne dis pas que ça règle tout miraculeusement, mais il est possible pour votre fille d'y trouver des trucs éducatifs bien utiles, du soutien, une oreille plus détachée que la vôtre...
Pour ce qui est de lui proposer de prendre le petit une fin de semaine, comme bon vous semble, c'est vous qui ressentez les tenants et implications du geste. Moi je lui proposerait bien sûr, avant votre voyage, pour lui laisser un temps et vous en donner de bien doux...

Prenez soin de vous!

France

Une femme libre a dit...

@FB

Non, il n'y a rien de bien doux à s'occuper d'un petit qui hurle. Rien que d'y penser et les poils me hérissent. Je ne vais pas le proposer.

Si elle le demande, c'est différent.

De toutes façons, je les vois en fin de semaine, on va bruncher avec ma mère dimanche.

Je vais lui envoyer un courriel avec le nom de l'organisme Éducation-coup-de-fil par contre. Excellente idée. Un gros merci pour la référence.

Un gros merci pour votre commentaire également. Qui a dit que c'était facile et gratifiant d'élever des enfants? Quand on est pris dedans, on ne se rend pas compte à quel point c'est gros, immense...

Michèle a dit...

Pas évident toute cette histoire. Vous avez bien réagi. Il faudrait certes que votre fille aille chercher de l'aide. Tout le monde la vit cette crise du 28 mois (2 ans, terrible two) On se questionne toutes, on se remet toutes en question, on pogne toutes les nerfs, on est toutes à boutte un jour ou l'autre....Elle est aussi normal d'avoir ses "passes" plus difficiles. Mais moi quand ça m'arrivait, je ne mettais pas ma mère au courant. Pour l'épargner et parce que ce qu'on ne sait pas ça ne fait pas mal...

Je lui disais après coup, quand la "crise" était passée. Mais c'est peut-être sa façon à elle de dealer avec ses états d'âme: appeler sa maman.

Le factotum a dit...

Ne pas oublier qu'on est grand-parent!
On est là pour gâter les petits-enfants pas pour les élever.
Les conseils sont de bon aloi!
Mais on ne doit jamais subir les crises de ces petits...

Une femme libre a dit...

Michèle, je la pense déprimée pour vrai. Bien que je n'en sois pas certaine. Je n'ai pas facebook parce que j'aurais trop d'informations que je ne veux pas savoir, héhé! Mais hier, j'ai demandé accès au facebook de Dix-sept ans et je suis allée voir celui de Vingt ans. Bars, restaurants, photos aguichantes avec un grand sourire avec ses amies tout aussi décolletées. Bon, entendons-nous bien, on peut tout à fait être décolletée et souriante et être en pleine dépression. Mettons simplement que ça détonnait avec la face de carême et la larme à l'oeil qu'elle avait ce matin en venant me porter ma voiture. Je me demande si elle a mis de l'essence dans la voiture. La semaine passée, pas du tout. Bon, allons voir avant de nous plaindre...

Une femme libre a dit...

Moi non plus, en difficulté, je n'appelais pas ma maman, Michèle. Elle n'avait pas trop trop approuvé mes adoptions multiples en solo et trouvait que je m'en mettais trop sur le dos, j'aurais été bien malvenue de me plaindre! ;o)

Mais coudons, peut-être bien qu'on perd la mémoire et qu'on ne se rappelle plus que des beaux moments comme le dit Pierre,mais je ne me souviens pas de crises aussi longues et intenses de la part de mes enfants à moi. Bien sûr, ma plus vieille en faisait et des horribles et elle avait brisé tous les petits carreaux de mes belles portes françaises, mais c'était bien plus tard et personne ne trouvait ça normal et elle était suivie en psychiatrie.

Une femme libre a dit...

Le factotum, c'est ce que je pense aussi. Parfois, il faut laisser la situation se détériorer suffisamment pour que l'aide devienne requise et indispensable. À faire du patchage, on retarde les grands remèdes. Je lui ai donné et par écrit et par téléphone les informations pour Éducation-coup-de-fil, elle aurait pu appeler hier soir, c'était ouvert le mercredi et jeudi soirs, mais elle ne l'a pas fait.

Elle n'a pas de carte d'assurance-maladie depuis des mois et des mois. Ne l'avait pas renouvelée. À perdu les papiers pour le faire. Je lui ai envoyé les informations plus d'une fois. Je ne peux pas faire le renouvellement pour elle. Il faut qu'elle prenne une photo. Ça, par contre, ça ressemble à de la dépression, ne plus pouvoir s'organiser. Elle travaille à temps plein, ne termine jamais avant dix-sept heures, c'est sûr que ça laisse moins de temps.

Je vais l'aider. Je ne sais pas trop comment. Attendre des demandes? On se voir dimanche pour le brunch et avant probablement, car elle va me redemander la voiture pour aller chercher le petit.

Une femme libre a dit...

Je l'aime ma fille, de tout mon coeur, mais il y a une part de moi qui se sent manipulée. Je lui en veux de ne pas m'avoir remis le 3000 dollars prêté de bonne foi pour la garderie et qu'elle m'avait juré de remettre dès qu'elle aurait la subvention. Elle l'a eue la subvention, c'est pas mal clair et l'argent a tout probablement été dépensé. Je lui en veux pour ça, oui, je me sens flouée.

Joëlle Lemire a dit...

Croire très fort en nos enfants : c'est à travers nos yeux qu'ils se perçoivent.

Il y a cette citation, que je lis et relis souvent ces derniers jours:

"Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous."
L'Etre et le Néant
Jean-Paul Sarte

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.

Quel remue-ménage...

Mais ton voyage est proche et tu cherches l'amour...
Alors la vie est belle aussi...

Bonne journée.
Je t'embrasse.

Pur bonheur a dit...

Va falloir apprendre à être plus ferme. Quand elle a reçue l'argent de la subvention, lui avez vous demandé clairement ou bien vous avez simplement souhaité silencieusement qu'elle se rappelle qu'elle vous devait cette somme? Avec elle, je pense qu'il faut mettre les points sur les I , sinon voyez le résultat. Elle a gardé l'argent et elle recommencera d'ici peu pour une autre raison.
Vous êtes une bonne pâte, elle le sait.

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur, je lui demandais semaine après semaine si elle avait reçu la subvention. Elle a fini par faire une colère. Après, je lui envoyais un courriel par jour avec sa dette dessus. Elle m'a remis mille dollars. Il reste une dette de trois mille dollars. Elle semble en grosse dépression. Non, je n'en ai pas reparlé dernièrement. Soit elle a la larme à l'oeil, soit elle panique. Je pense que l'argent a été dépensé. Je vais avoir l'oeil pour les cadeaux de Noël en argent que ma mère lui fait toujours, pour les intercepter au plus vite. Sinon... ben coudons, c'est ça qui est ça. Mon petit-fils n'a pas été mis à la porte de la garderie, c'est ce que je voulais d'abord et avant tout. Il en a bien besoin de sa garderie, cet enfant-là.

Une femme libre a dit...

Je ne vais pas l'effacer cette dette. Pas cette fois. Ça prendra le temps que ça prendra.

Une femme libre a dit...

Joëlle Lemire, croire très fort en nos enfants, oui, évidemment. Mais ne pas les laisser nous exploiter ce qui ne leur rendrait pas service. J'ai comme de l'inquiétude, au cas où elle serait véritablement déprimée et de la rancoeur parce que je ne me sens pas respectée dans cette histoire. Pas beau la rancoeur, pas un bon sentiment. Je ne sais pas très bien quoi faire avec ça.

Une femme libre a dit...

Herbert, la vie n'est pas si belle que ça (aujourd'hui, demain sera un autre jour!). Je ne sais pas comment la rejoindre cette fille. Elle me fuit. Possiblement à cause de cette histoire d'argent. Je n'en suis pas certaine. Probable.

Ne pas me laisser atteindre. Résister. Mince, pas si facile mon affaire. Bon, de l'exercice, ma solution-miracle aux problèmes.

Anonyme a dit...

Moi je pense qu'elle essaie de vous manipuler Femme Libre... Et que vous avez la bonne attitude... Aider oui... Se faire abuser non... :-o

Petit-Fils s'en sortira ne vous en faites pas!!! ;-) Je ne trouve rien d'anormal à ses crises j'en ai eu deux sur six comme ça... :-)

Valéry

Joëlle Lemire a dit...

Je me rapelle mes parents qui m'ont sorti souvent du merdier à cet âge (entre 18 et 21 ans surtout!) et passer l'éponge ensuite. Je me sentirai redevante toute ma vie de m'avoir pardonné toutes mes conneries.

Nanou La Terre a dit...

Coucou!
Très beau le nouveau look de ton blogue!
Pour le reste, je trouve que tu travaille bien et fort, toujours, bravo... Je parle du lâcher-prise et du dosage émotif, évidemment xxx

Pierre F. a dit...

J'ai comme un sentiment de déjà-vu. C'était pas une situation de crise similaire quand vous vous prépariez à partir pour la Chine?

Une femme libre a dit...

Pierre F., une situation de déjà-vu... ouain, voulez-vous dire que je me répète?? ;o) Ben, oui, je me répète! J'aimerais bien classer ce dossier une fois pour toutes, que tout aille bien pour ma fille et son fils et que la vie reprenne son cours tranquille....

Avoir un enfant trop jeune, c'est se mettre dans le trouble et la misère, voilà mes conclusions actuelles. Il y a un mouvement (bien petit) pour que les jeunes aient des enfants jeunes... une femme a écrit dans les journaux pour glorifier la grossesse de sa fille de dix-sept ans, clamant que c'est le meilleur âge pour avoir un enfant. Elle a un blogue aussi. En fait, c'est une femme intéressante qui a vécu en Haïti avec ses propres enfants. Mais je trouve ce message de glorification de la grossesse adolescente irresponsable. On ne peut pas les faire avorter de force, alors, faut faire avec. Courir après la misère, ne rien avoir à offrir à son enfant, non, je ne comprends pas.

Une femme libre a dit...

Nanou la Terre, ouais, j'aime le changement je pense, j'ai envie de changer encore, héhé! Pas long, pas cher. Mais j'aime l'aspect épuré de celui-ci. Lâcher-prise et se faire respecter, oui, je travaille fort là-dessus.

Joëlle, je suis arrivée au temps de la fermeté avec celle-là. C'est ce qu'il faut.

Anonyme a dit...

Femme Libre c'est sûr que ce n'est pas facile nécessairement d'avoir des enfants jeunes mais ça ne l'est pas à tout âge... Je pense qu'il n'y a pas d'âge pour être prêt à prendre, ou non, la responsabilité d'un enfant... Certains s'en tirent très bien à 16 ou 17 ans... Et d'autres pas du tout même à 35 ou 40 ans... :-S Donc ce n'est pas nécessairement se mettre dans la merde que de l'avoir jeune il ne faut pas généraliser... J'avais à peine quelques mois de plus que votre fille quand j'ai commencé ma famille et je m'en suis super bien sorti et je ne regrette rien... :-) Tout comme plein de filles autour de moi qui étaient dans l'ancien PP... :-) De là à en faire l'apologie non car c'est vraiment différent d'une personne à l'autre mais bon... :-)

Valéry