jeudi 23 février 2012

L'Oratorio de Noël

C'est l'oeuvre de Bach que Noël, un homme malade d'alzheimer, écoute dans son lit d'hôpital dans la pièce du même nom "L'oratorio de Noël" qui joue actuellement au théâtre Jean-Duceppe de la Place des arts. Mise en scène de Serge Denoncourt. J'aime Serge Denoncourt. Le même qui avait dénoncé l'idée de faire jouer Cantat dans la pièce de Wajdi Mouawad et le mème qui s'occupe de jeunes gitans en Europe et les a fait venir en spectacle ici l'été passé. Un grand gars qui n'a pas la langue dans sa poche et plein de talent par-dessus ça. J'ai aimé l'idée des rideaux presque transparents qui font le tour de la scène et qui donnent l'impresion quand on les bouge que c'est le lit qui bouge. J'ai aimé la sobriété, tout se passe au même endroit, ce sont les éclairages et le fameux rideau qui change le décor. Brillant.

L'idée de prendre trois personnes pour représenter chaque personnage de la famille de Noël à des âges différents est vraiment excellente aussi! L'effet de surprise et le dynamisme des déplacements enchantent. Au début. Parce que c'est surexploité. Et de les voir constamment soit entrer ou sortir et d'un bord ou de l'autre et ça n'arrête jamais, ça devient rapidement irritant. Qu'ils s'arrêtent un peu, bon sang, qu'on puisse suivre la pièce!

Mais on se rend compte avant la première moitié qu'il n'y a pas grand chose à dire parce que tout a déjà été dit. Faible le texte de la pièce. Et redondant. Surprenant venant de mon cher Michel Tremblay que j'ai toujours lu avec un grand plaisir, mais l'auteur n'est pas parfait et ce n'est pas un de ses meilleurs textes. On le sait rapidement que ça ne marche pas entre Noël et ses enfants, que sa fille est devenue une grande peintre même s'il a tout fait pour la décourager. Et même là, je n'embarque pas. Soyons réaliste une minute, la plupart des artistes meurent de faim et on va reprocher à un père de mettre sa fille en garde contre une vie de misère? Bon, il lui a dit qu'elle n'avait pas assez de talent pour devenir une grande artiste, c'est vrai que ce n'était pas très gentil mais elle lui en veut encore à mort alors qu'elle a quarante ans et qu'il est sur son lit d'hôpital? Elle lui en veut au point de vouloir le frapper au visage en souhaitant que ça laisse des marques pendant quelques jours? Pitoyable. Je n'ai éprouvé aucune sympathie pour elle.

Le fils maintenant. Il est devenu un chirurgien comme son père. Il en veut à son père également de ne pas l'avoir assez encouragé, de n'avoir pas cru en lui. Qui a payé ses études? Ce n'est pas dit, mais tout laisse croire que c'est papa. Payer, c'est une forme d'encouragement bien concrète. Les hommes de cette génération étaient des hommes de peu de mots. On lui en demande beaucoup à ce père. Toute cette colère éprouvée à son endroit est surfaite.

Sa femme? Bon, il la trompait. Encore un! Pas trop original ce texte. Elle l'a laissé pour un autre qui comble ses besoins. Mais curieusement, elle se retrouve à son chevet tous les jours avec des mandarines, ses fruits préférés, par compassion, nous explique-t-elle.

La maladie d'alzheimer? Noël a beau nous l'expliquer, ce n'est pas le sujet de la pièce. Le thème, c'est la famille, la famille dysfonctionnelle mais d'un milieu aisé. Tremblay est bien mieux à même pour nous décrire une famille de milieu ouvrier dysfonctionnelle du Plateau Mont-Royal. Sa famille dysfonctionnelle d'Outremont, on n'y croit pas.

Raymond Bouchard joue tellement bien, avec tellement de présence (et d'"absences" dues à sa maladie) qu'il sauve presque la pièce à lui tout seul. Un plaisir de le revoir sur les planches.

6 commentaires:

Le factotum a dit...

J'aimerais bien pouvoir voir cette pièce!
Combien de temps est-elle à l'affiche?
Bonne journée!

Une femme libre a dit...

Héhé! Je ne pensais pas que ma mauvaise critique vous aurait encouragé à y aller!

Jusqu'àu 24 mars à Montréal et ensuite en tournée du 28 mars au 19 mai.

Solange a dit...

C'est dommage lui qui a écrit de si belles choses, mais tout le monde à droit à l'erreur.

Une femme libre a dit...

Ce n'est pas un navet, on s'entend Solange. Et c'est mon opinion à moi, je ne suis pas une critique professionnelle! Il y a eu beaucoup d'applaudissements et moi aussi, j'ai applaudi, mais ce n'était pas le texte de la pièce que j'applaudissais mais bien le jeu des comédiens.

Mamzell_McJ a dit...

m'ennuie de vous.

Une femme libre a dit...

Même moi, je m'ennuie de moi. On communique.