samedi 8 juin 2013

L'hôpital

Je trouve admirable de travailler dans un hôpital psychiatrique. Se faire insulter en restant calme, instaurer une routine, mettre des limites, superviser tout en laissant vivre, monitorer les humeurs, les médicaments tout en respectant la liberté du malade, ses décisions parfois mauvaises pour lui mais qui sont les siennes, c'est tout un art. Je pense que j'aimerais ce genre de travail, parce que tu es vraiment utile et tu dois constamment travailler sur toi, sur tes émotions, te contrôler, prendre soin de l'autre. C'est beau, je trouve.

Les malades sont souvent intéressants, leur maladie aussi. Ce cerveau qui déraille, comment le ramener sans briser l'identité de la personne malade? Avant, on rendait les gens zombis, maintenant, c'est quand même bien mieux contrôlé, les médicaments sont plus pointus, leur effet se raffine. Ma fille est très médicamentée actuellement, une injection d'antipsychotique, un stabilisateur de l'humeur et son médicament habituel contre la bipolarité. Elle est au neutre, ne sourit pas facilement mais semble avoir toute sa tête ou presque. Je dis ça parce qu'elle oscille entre son vieux monsieur et le plus jeune chum et ça change d'une minute à l'autre.

Quand j'ai rencontré son infirmier gestionnaire de cas jeudi dernier (première fois que je le voyais), le plan de match était qu'elle s'en aille chez le vieux mardi, avec un contrat signé et par lui et par elle, qui stipulait les modalités de traitement, prise de médicament, pas de drogues etc. sinon, elle revenait à l'hôpital.

Mais là, le jeune qui m'appelle, me dit que c'est avec lui qu'elle veut aller vivre mais là, elle veut partir avec le vieux pour aller chercher ses bottes à 400$, elle couche là et elle repart le lendemain. Ben voyons donc, ça n'a tellement pas d'allure cette histoire-là.

Elle veut ma visite aujourd'hui et l'a demandée. Comme elle n'a droit qu'à une visite par jour, si j'y vais, elle s'évite le vieux monsieur fatigant qui l'assoit sur ses genoux et l'embrasse devant tout le monde. Ils ont même été avertis! (ces informations me viennent du jeune qui lui, les tient de ma fille). Le vieux lui parle de feux d'artifices auxquels il a tellement hâte (traduction:relations sexuelles) alors que ma fille est malade en jaquette d'hôpital!

Pourquoi ma fille s'impose tout ça, un vieux libidineux qui la tripote et ...  ?

Pour l'argent. Un char. Un salon de massage.

Faut que je prenne ça légèrement. Je peux lui parler mais c'est elle qui décide.

8 commentaires:

Nanou La Terre a dit...

Que oui, les médicaments ont beaucoup changé depuis les années 1960. Je me rappelle être allée voir plusieurs fois mon papa à Albert-Prévost. Ça me traumatisait. Il était complètement zombie et n'aurait même pas pu tenir debout...

Ce vieux monsieur, il a quel âge au juste? Triste pour ta fille, mais comme je te comprends, tu n'y peux tellement rien... Ici c'est la même chose avec Fafouin, tellement olé,olé...Bon courage xxx

Pur bonheur a dit...

Vieux dégueulasse, elle devrait lui demander qu'il apporte ses bottes lors de sa prochaine visite...s'cusez c'est plus fort que moi..:-(

Une femme libre a dit...

@Nanou la Terre
Il a 65 ans et ma fille vient d'en avoir 24.

@Pur Bonheur,
Changement de cap. Elle m'a dit lors de la visite qu'elle s'en irait plutôt avec celui de 35 ans. Mais comme elle change d'idée tout le temps, on verra bien ce qui va arriver quand ça arrivera!

Pierre Forest a dit...

J'espère qu'ils feront aussi signer un contrat au plus jeune chum concernant l'usage de drogue. C'est probablement un des éléments les plus importants de ses problèmes, puisqu'ils nuisent à l'efficacité de ses médicaments. Par la suite, les autres comportements dangereux en découlent et s'enchaînent.

Pur bonheur a dit...

Pierre a raison! Dans l'état où elle est, toutes drogues seraient à proscrire si elle veux guérir, ou 'arrêter d'entendre des voix' pour parler son language.

Une femme libre a dit...

Je suppose qu'il y aura un contrat avec le jeune aussi, Pierre et Pur Bonheur! C'est certain que toute drogue interfère avec les médicaments.

Hier, elle était vraiment dans une bonne journée et elle me disait qu'elle voulait même arrêter la cigarette! ;o) Son chum de 35 ans fume, je lui ai dit (il continue à me téléphoner) que ce serait un beau projet de retrouvailles de tenter ensemble d'arrêter de fumer... il n'a pas semblé enthousiaste à cette idée. C'est leur vie, je ne peux pas aller chez eux leur arracher les cigarettes (même si ça me ferait plaisir de détruire toutes les cigarettes-poison de la terre!)

Solange a dit...

Il me semble qu'elle n'est pas prête à sortir de l'hôpital, elle ne peut faire un choix et un repos des hommes qu'elle ne semble pas aimer lui serait salutaire. Voilà ce qui arrive avec la désinstitutionnalisation.

Une femme libre a dit...

Elle ne peut être gardée contre sa volonté si elle ne constitue plus un danger pour elle-même ou pour les autres, Solange,c'est la loi et actuellement, elle n'est plus suicidaire et ils ont même réussi à lui enlever ses voix! Gros succès pour les médicaments.