dimanche 26 octobre 2014

Tension

Repas chez mon fils sur la rive-sud. Fille qui arrive en retard pour nous chercher, je déteste être en retard et ne le suis jamais. Mon fils nous attendait à 11h30, c'est à cette heure-là qu'elle se pointe chez nous et on a ma mère à aller chercher en plus. Tension. 

Au repas, Petit-fils refuse l'assiette que mon fils lui présente. Il aime pas. J'interviens. C'est ça qu'on mange. Ma fille me dit de me mêler de mes affaires. Devant lui, oui. C'est moi qui l'élève, dit-elle. Et moi, humiliée et voulant la blesser: "Justement...". Ses yeux lançaient des fusils, elle m'aurait sauté dessus mais comme toute la famille la regardait et que l'atmosphère était à couper au couteau, elle a plutôt faiblement riposté et n'a pas fait la colère attendue. 

Elle assoit son fils à côté d'elle (il était entre ma mère et moi) et entreprend de commander à ma bru et à mon fils une assiette que son fils aimera. 

Je me tais et à ce moment-là, je la déteste. Ça ne durera pas longtemps, comme d'habitude, mais mon émotion du moment n'en est certainement pas une d'amour. 

C'est depuis longtemps, depuis qu'elle est adolescente en fait, que ma relation avec 23 ans en est une d'amour-haine. L'amour triomphe toujours et je suis là pour elle, c'est certain mais on est loin de la relation harmonieuse. 

Ce n'est pas surprenant que Petit-fils soit plus difficile avec moi quand il voit comment sa mère se permet de me traiter. J'ai essayé d'en parler avec elle. Elle n'a aucune réceptivité. Me dit que c'est moi qui me mêle de tout, que c'est elle la mère et que je ne la laisse pas prendre sa place. Peut-être est-ce parce que j'ai Petit-fils souvent? Justement, elle va y voir. Elle me lance ça comme une menace. Je ne me sens pas menacée du tout. Ce n'est plus si agréable d'avoir à coucher et à conduire à l'école un Petit-fils qui aimerait être ailleurs et est plus ou moins aimable avec moi. 

Je m'en vais voir un film et souper avec une amie chère à mon coeur dont c'est l'anniversaire et qui est en grosse peine. Son compagnon des quarante dernières années, l'amour de sa vie, est depuis quelques semaines avec une amie commune du couple. "Elle le voulait, elle l'a eu", me disait-elle tard dans la nuit au téléphone cette semaine. 

17 commentaires:

Michèle a dit...

J'ai été assez rude avec toi la dernière fois, donc je vais m'abstenir de faire mon bulldozer cette fois.

Mais à titre de comparaison, j'ai eu ma première fille à 22 ans.

Et jamais ma mère ou ma belle-mère ne se serait permis d'intervenir auprès de mes enfants comme tu l'as fait. Je suis certaine pourtant qu'elles ont déjà été en désaccord.

Ta mère l'a fait avec toi concernant tes enfants ?

Le "justement" est une attaque pure et dure. J'en aurais braillé une "shot".

Et ni l'une ni l'autre ne font de cas sur mes retards. Elles sont pourtant ponctuelles.

Quand ma mère veut souper à 17h, elle me dit qu'elle m'attend à 15h, donc j'y suis pour 17h :)

unautreprof a dit...

«Elle le voulait, elle l'a eu» Ouf! Ça fait mal à lire.

Éphémère a dit...

Vous savez Une femme libre, je crois que votre fille a besoin de croire qu'elle est une bonne mère et le fait que vous interveniez devant les autres, malgré toutes les bonnes intentions que vous avez, l'humilie. Peut-être pourriez-vous lui parler de ces choses quand vous n'êtes que toutes les deux ? Je ne suis pas mère, je parle un peu à travers mon chapeau, mais je sais que même sans enfant, ce genre d'intervention m'aurait fait sentir ainsi.

Je sais que vous voulez le mieux et que vous pensez peut-être en savoir plus que votre fille, et peut-être est-ce le cas, mais elle doit quand même faire ces erreurs.

S'il vous devient pénible de garder petit-fils c'est dernier temps, prenez un peu vos distances. C'est bien rendre service, mais vous avez toujours le choix !

Une femme libre a dit...

Éphémère et Michèle, le côté petit prince enfant gâté pourri de Petit-fils me tombe royalement sur les nerfs et oui, je trouve que sa mère en est responsable. Et comme je le garde vraiment souvent, soit quatre soirs par semaine à coucher, je suis partie prenante de son éducation. Mais comme tu le dis, Éphémère, je ne suis pas obligée de le garder et je pourrais toujours me retirer. Ma fille serait bien mal prise, du moins je me l'imagine, mais peut-être pas tant que ça non plus.

Ma mère à moi ne gardait jamais mes enfants, Michèle. Même que j'ai déjà été mal prise quand mon fils était bébé, que j'étais monoparentale et que la garderie était pourrie et qu'elle avait refusé quand je lui avais demandé de me dépanner. Elle m'avait dit que papa ne voulait pas et qu'elle était certaine que je saurais me débrouiller et évidemment, elle avait raison! Et mes enfants étaient et sont toujours polis et respectueux avec elle. Pas négotiable.

Ma fille n'a pas braillé pour le "autrement", j'en suis absolument certaine, Michèle. Elle braille facilement mais ce n'est absolument pas le genre de choses qui la fait brailler.

Ma fille buldozer est assez dure à humilier, Éphémère, ne t'inquiète pas trop pour elle! Elle a toujours raison.

C'est certain qu'avant de garder aussi souvent Petit-fils, je me mêlais moins de son éducation. Et puis, il y a aussi que je déteste les enfants rois et que de voir que mon fils et sa femme devaient faire un menu différent pour un enfant capricieux qui de toutes façons n'a même pas mangé ce qu'ils ont préparé exprès pour lui m'a tombé royalement sur les nerfs.

Mais, vous avez raison, je vais prendre mes distances et la laisser l'élever à sa manière.

Une femme libre a dit...

Michèle, tu as été rude avec moi la dernière fois? Je ne trouve pas quand ni à quel sujet.

Elles ne font pas de cas de tes retards devant toi peut-être, ta mère et ta belle-mère, mais quand même, pour une personne ponctuelle, les retards sont durs à prendre. Il y a comme un certain manque de respect là-dedans.

Une femme libre a dit...

Ceci dit, Éphémère et Michèle, j'aime bien les commentaires qui me brassent un peu et me font voir la réalité sous un autre angle. Ça permet d'évoluer et de se remettre en question. Merci.

Ce que je réalise, c'est que j'en ai probablement assez de garder Petit-fils dans le quotidien et pas pour le plaisir et que je ne sais pas trop pour le moment comment m'en sortir.

Une femme libre a dit...

Un autre prof,
Oui, ça fait mal à lire et surtout à vivre. Je reviens d'un film et d'un souper avec cette amie chère à mon coeur et c'est important qu'on soit là pour elle en ce moment particulièrement. Elle va s'en tirer mais là c'est dur.

Pur bonheur a dit...

Je trouve ta réaction normale, vu que tu t'en occupe tellement! Il devait obligatoirement y avoir des flamèches, tu avais le petit et la mère contre toi à ce repas! Tu sais quoi? Tu en fais trop. Elle méritarait une gardienne qui lui ferait du Kraft dinner tous les jours. C'est vrai que la plupart de enfants sont difficiles à table, faut être rusé pour leur faire avaler les bonnes affaires. Mais aussi le faire en évitant les tensions. Si tu es la seule à lui offrir des repas santé, et que chez ta fille il peut manger n'importe quoi, c'est peine perdue...

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur,
J'en fais effectivement moins que j'en faisais. Je le laisse maintenant regarder la télévision (ça m'a valu un enthousiaste "Tu es la meilleure grand-maman au monde") au lieu de faire des activités de bricolage ou des jeux. Pour les repas, je ne m'en fais plus non plus. Je fais un repas qui me convient à moi et j'accepte de bon coeur qu'il ne veuille pas y toucher. Comme c'est très rare qu'il mange ici, pas si grave de sauter un repas. Le matin, je lui offre toujours un bon déjeuner et il refuse toujours systématiquement et je ne m'en fais plus avec ça. Chez sa mère non plus, il ne déjeune pas et elle-même n'a jamais voulu déjeuner ni maintenant ni enfant. Il est en excellente santé selon son pédiatre, a un taux d'énergie élevé et tout va super bien à l'école. No stress.

Solange a dit...

Femme libre tu me fais penser à ta mère, elle c'est son mari et son présent ami qui la bourrasque, toi ce sont tes filles.

Une femme libre a dit...

Bof! pas si pire que ça, Solange, ni pour ma mère ni pour moi. Si je suis "bourrassée" c'est que je me laisse bourrasser et je ne me laisse pas faire tant que ça. Petit-fils s'en vient ce soir. Je vis ça un jour à la fois. Je suis en train de m'organiser assez de voyages pour prendre une belle grande pause!

Pur bonheur a dit...

Je ne sais pas s'il est trop tard pour appliquer cette méthode sur ton petit fils, mais avec les miens j'avais trouvé ce truc. Pour leur donner l'impression que c'était eux qui décidaient ce qu'ils mangeaient, je leur laissait le choix entre deux choses (les deux étaient bonnes pour la santé). Je voyais à leur attitude qu'ils se sentaient en plein pouvoir et je riais dans ma barbe (au sens figuré hein).

Une femme libre a dit...

Chère Barbue,

Tout ce que tu écris est une excellente idée mais je suis juste tannée. Je veux plus rien essayer. C'est pas moi qui l'élève lalalalère. Je suis la grand-mère, lalalalalère. Ayons du plaisir lalalalalou, tourlou!

Une femme libre a dit...

Ça s'est super bien passé ce soir. On a fait le fou et la folle. Une bonne bataille d'oreillers. Défoulement et fou rire. Il dort.

S@hée a dit...

Mon petit grain de sel... En effet, tu n'avais pas à dire devant sa mère que c'était le repas et qu'il n'aurait pas autre chose... c'est elle, la mère. Surtout que tu l'as fait devant ta mère et ton fils, des gens dont tu es fière, alors qu'avec ta fille, c'est conflictuel (même si tu es fière d'elle, elle ne le ressent pas).

Dans le fond, tu as confirmé à ta fille que tu étais meilleure qu'elle, encore une fois. C'est sûr qu'elle va réagir en confrontant.

Je peux comprendre ta réaction, qui répond à tes valeurs et le fait que tu es en charge de l'enfant presque plus souvent que sa mère.

C'est une situation difficile à gérer.

(pour le retard, c'est l'horreur et je comprends, mais bon. Tu connais ta fille, tu ne la changeras pas, mais tu peux changer ta façon de gérer les choses et d'y réagir -- la vie zen. Donc oui, donner une heure plus tôt ou prévoir les repas de midi plus tard. Je sais que c'est impoli, tu le sais aussi, mais que tu le répètes ne changera pas la situation).

TU veux que je commente ? Ben voilà l'avocat du diable ;)

Une femme libre a dit...

Sahée,
Ouin, cette fois, je fais l'unanimité des trois commentaires qui parlent de ma remarque directe à Petit-fils: je n'aurais pas dû m'en mêler.

La vraie vérité, c'est que je n'arrive pas à ressentir la moindre ombre d'une culpabilité naissante. J'ai dit ce que je pensais et sur le sujet nutrition, ma fille et moi pensons différemment. Elle ne se sent pas moins bonne mère pour ça et la preuve qu'elle ne juge pas que je suis meilleure qu'elle (ton interprétation), elle a tout de suite changé son fils de place et a demandé un repas spécial pour lui.

Mon Petit-fils écoute toujours sa mère en premier. L'autorité suprême, c'est elle qui la détient et il n'est pas mélangé là-dessus.

Je tiens compte de vos avis mais j'ai bien de la misère à me fermer la ...... et je ne peux même pas promettre que la prochaine fois, je ne ferai pas la même chose.

Depuis que Petit-fils est entré à l'école et qu'il est sujet à des commentaires élogieux nombreux, ses parents ont une très bonne estime de leurs qualités parentales. Ce n'est pas l'avis contraire de la mère ou belle-mère qui va modifier ça.

Je ne me mêle pas de tout cependant, ne t'inquiète pas. Mais il y a des valeurs de base qui sont essentielles selon moi. Respecter nos hôtes et ne pas se conduire en enfant-roi en fait partie.

Tout comme la lutte au racisme. Il y a toujours une dame très gentille qui dit bonjour à Petit-fils quand nous prenons l'autobus le matin. Il ne répond pas. Je dis à la dame qu'il est timide et je pense que c'est vrai.

Ce matin, je lui parle de politesse. Répondre quand on est salué, c'est de la politesse. Il me dit alors "Moi, je ne parle pas aux Chinois." Oupelaye! Mettons qu'on a eu une belle conversation après ça! Je lui ai fait remarquer qu'il était noir et qu'il arrive que des Noirs soient victimes de racisme. Il a protesté qu'il n'était pas noir! On a donc jasé races, couleurs, discrimination, respect de l'autre. Cette fois, il ne m'a pas dit de me taire parce que ça ne l'intéressait pas. On verra bien s'il salue la dame la prochaine fois, à moins qu'elle ne se soit tannée de saluer sans réponse!

S@hée a dit...

Je suis d'accord avec le savoir-vivre de base et bravo pour ton histoire d'anti-racisme.