lundi 16 mars 2015

La suite

Après m'être inquiétée et avoir travaillé très fort pour ne pas m'inquiéter, après m'être tenue occupée à la planche pour ne pas me laisser le temps de penser, après avoir fait des rêves horribles toutes les nuits, après avoir imaginé sans vouloir imaginer, ma petite fille chérie prisonnière, maltraitée, coupée de tout contact avec l'extérieur, j'ai eu des nouvelles aujourd'hui. 

J'avais appelé ma belle-fille à neuf heures et quart pour l'informer que ma fille qui commence l'école à huit heures et vingt-cinq n'était pas en classe. Elle était au travail ma belle-fille et moi je partais pour mon aquaspinning comme d'habitude. On allait procéder au plan d'urgence en après-midi. Bye! On se rappelle. Mais voilà que dix minutes plus tard notre informatrice me texte que ma fille vient d'arriver à l'école. J'appelle ma bru et on annule tout et ça l'arrange, parce que mon fils, finalement, aura jusqu'au lendemain pour terminer son concours d'embauche. Très bien alors. 

Je sors de la piscine et j'ai un message du téléphone de l'amie de Vingt ans (ma fille n'a toujours pas récupéré son cellulaire qui trône au milieu de la table). Je rappelle. Elle veut savoir quand je suis disponible pour les rencontrer Joblo et elle. Je ne veux rien savoir de son contrôlant de Joblo, est ma réponse. Je suis en colère (tiens, moi qui parlais justement de colère avec Un autre prof, mausus que je suis donc en colère, j'ai pas dormi pendant des jours et des jours, je l'ai cru séquestrée et maltraitée et elle est là au bout du fil à exiger -quand il n'est pas là, sa voix est plus affirmée- une rencontre), je veux la voir elle, je ne veux pas le voir lui, jamais, il te fait du tort, ce gars-là, je ne veux pas le connaître, je ne veux pas entrer en relation avec lui, quand tu le quitteras, je serai là pour toi, moi et plein de ressources, on sera là, mais traiter cette relation malsaine comme si tout était normal, no way, je n'embarque pas là-dedans. 

Et puis, je me radoucis "Mais ton frère, lui, aimerait beaucoup rencontrer Joblo." Fermeture immédiate et ton catastrophé "Non, pas lui, c'est à toi que Joblo veut parler." "Moi,. je suis fermée, Beauté. je ne veux rien savoir de ton chum tortionnaire, mais ton frère, lui, est ouvert. Pourquoi ne pas le rencontrer?" "Il ne le connaît pas, toi, il a déjà une relation avec toi." 

"Tu viens chercher ton téléphone après l'école?" "Je sais pas" 
-Ouais, j'oubliais, tu dois demander la permission à ton cher Joblo qui contrôle tout. 

Alors, je ne sais pas si le cel va continuer à se décharger sur ma table. 

Moi, je me fais aider pour décrocher. Il est temps. 

9 commentaires:

Pur bonheur a dit...

On voit bien, en fait, tu vois bien que malgré tout ce que tu as mis en place en cas de désastre, c'est elle qui décide (via Joblo). Tu fais bien de ne pas vouloir le rencontrer. Non mais sans blague, ça ressemble presque à un transfert de tutelle. Genre, c'est maintenant lui qui s'en occupe et ça va marcher comme il l'entend. Quel petit con prétentieux. (excuses moi, ça sorti tout seul).

Une femme libre a dit...

Elle est venue chercher son cellulaire. Elle était calme. M'a dit encore que je m'inquiétais pour rien, que tout allait bien. Elle a enlevé son manteau d'hiver, l'a posé sur une chaise et a sorti son petit manteau de cuir. Je lui ai dit qu'elle aurait froid. Elle a dit que non et est partie. Je l'ai retenue une minute pour l'embrasser. Elle s'est mollement laissé faire.

Éphémère a dit...

Je suis plus ou moins d'accord à ne pas le rencontrer. Je ne sais pas. Je comprends mais en même temps, n'est-ce pas toujours mieux d'avoir son ennemi à l'oeil ? De plus, cela ne renforcerait-il pas la confiance que votre fille a en vous ? Le fait que vous refusiez de le voir, doit la blesser un peu...

Je ne sais pas, je fais peut-être du transfert avec ma situation...

En tout les cas, je pense à vous, même si pour le coup, ça ne change rien à votre mal.

Une femme libre a dit...

Éphémère,
Ta situation (ce que j'en sais par tes écrits) est bien différente. Tu n'es ni contrôlée, ni dépréciée, ni coupée de tes amis et ta famille. Hier, elle lui a téléphoné pour lui demander la permission de souper ici et il n'a pas voulu. "Il m'aime tellement qu'il veut qu'on soit toujours ensemble."

Je l'ai déjà rencontré quatre fois. La dernière, dans un café à sa demande. Il nous a fait changer de café et est arrivé en retard. Tout le temps de la rencontre, il m'a expliqué ce qui ne marchait pas avec ma fille. Je n'ai rien dit (conseil judicieux de SOS violence conjugale) mais même si j'avais voulu parler, il ne vient pas pour écouter, il vient pour expliquer et convaincre. Il a raison, point et il répète ad nauseam ses arguments. Même tactique que les sectes, avec le manque de sommeil inclus (il parle à ma fille toute la nuit mais d'après lui, c'est elle et elle seule qui décide le lendemain de ne pas aller à l'école, il n'a rien à faire là-dedans!)

Ce genre de "rencontre" n'en est pas une rencontre, c'est de l'embrigadement. Comme si je rencontrais le gourou de mon enfant pris dans une secte.

Le rencontrer,le fréquenter, c'est faire comme si cette relation était normale et égalitaire. Elle ne l'est pas.

Je ne le rencontrerai pas également parce que je me respecte et je pense à mon bien-être à moi. Je m'évite une expérience traumatisante, inquiétante et totalement inutile. Si le rencontrer pouvait faire en sorte qu'il change, bien sûr que je le ferais!

Pour changer, il lui faudrait de l'introspection et une solide thérapie. Pour changer, il faudrait qu'il le veuille. Or, il est très bien comme il est. Il a une femme et un enfant à son service en tout temps. Il est le king. Pourquoi modifier une formule qui lui rapporte tant?

Une femme libre a dit...

Et le but de la rencontre projetée (ils viendraient tous les deux) est clair, il me l'a dit lui-même au téléphone (fallait que je lui téléphone pour avoir un contact avec ma fille, elle n'avait pas son cel) il veut m'expliquer en quoi ma fille n'est pas un ange. Hier, je lui ai parlé de ça à ma fille et elle a dit, toute honteuse, qu'elle avait couché avec des gars en 2013 et qu'elle n'en avait pas parlé à Joblo (ce qui est inacceptable car il veut tout savoir, vraiment tout, ses pensées et tout et tout). C'est arrivé pendant qu'ils étaient séparés mais elle est coupable quand même! Et cette fois, elle ne remet pas sa culpabilité en question, tout est de sa faute à elle, il a réussi à la perfection son lavage de cerveau, elle ne pense plus par elle-même, elle répète ce qu'il a mis dans sa tête!

unautreprof a dit...

Je pense aussi qu'il est important d'écouter ton feeling, tu ne veux pas le rencontrer et ça t'appartient ce choix.

La colère est justifiée aussi et elle semble avoir été correctement exprimée.

Une femme libre a dit...

Oui, je n'ai pas attaqué ma fille et j'ai parlé au "je". Et puis, quand elle est venue à la maison, la colère était totalement tombée et je ne ressentais que de l'affection et le désir de la prendre dans mes bras mais je n'en ai eu l'occasion qu'à son départ, car la première chose qu'elle a faite en entrant a été de téléphoner à Joblo!

Éphémère a dit...

Je ne voulais pas insinuer que vous ne faisiez pas la bonne chose. Je suis loin de savoir tout et je ne suis pas dans votre situation. J'essayais plutôt de me mettre dans la peau de votre fille mais en même temps, c'était puérile. Désolée !

Une femme libre a dit...

Éphémère,
Tu sais (et si tu ne sais pas, je te le dis) que je t'aime beaucoup et que ton opinion compte pour moi. N'hésite jamais à venir me dire ce que tu penses,ça me fait toujours plaisir. Et souvent ça me fait réfléchir et expliquer ma position aussi. Merci.