mercredi 4 mai 2011

La colère

Vingt ans est colérique. Elle a plein de qualités, je l'ai déjà dit, mais elle a ce défaut, immense et qui a fait que j'ai senti un grand soulagement quand elle a quitté la maison. Un peu de calme. Ses conjoints ont eu à composer avec ce caractère bouillant et imprévisible. Je viens de parler au père de son fils dont elle avait toujours refusé de me donner le numéro de téléphone. Je l'ai eu parce que Petit-fils, que je devais aller chercher à la garderie après mon bénévolat, est resté à la maison aujourd'hui parce qu'il fait un peu de fièvre. Je viens de me chicaner avec Vingt ans. Facile de se fâcher avec elle, on lui fait l'ombre d'un reproche et elle monte sur ses grands chevaux. Menace de ne plus jamais me voir. Et du coup, prise dans sa menace, doit bien me menacer aussi de ne plus voir petit-fils! C'est elle qui ira le chercher, donc! Et elle raccroche. Or, je sais qu'elle ne peut pas. Finalement, je parle au papa de Petit-fils qui comprend facilement la situation. Il le connaît le caractère de ma fille. Et pourtant, il reviendrait avec elle et a encore espoir que ça reprenne. Bon, c'est arrangé. Je vais chercher le petit chez le père (qui habite avec sa mère) comme convenu.

Faudrait qu'elle se fasse aider pour ses pertes de contrôle, ma fille. Faudrait...

Elle était comme ça petite aussi. Elle est arrivée à 22 mois d'Haïti, faible et dénutrie mais avec la vive intelligence qu'on lui connaît. Une survivante. Trois mois après son arrivée, elle faisait des phrases claires. "C'est beau la neige", a-t-elle dit le jour de ses deux ans, je l'ai écrit dans son cahier de suivi. À la garderie aussi, elle était réputée pour sa vivacité et pour ses crises.

Aurais-je pu modifier ce trait de caractère? Je pense qu'il est passé un peu inaperçu parce que sa grande soeur avait des problèmes tellement plus grands que les siens que je ne le voyais pas, son comportement colérique, ou à peine. Elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait, prenait de nombreux cours, voulait tout faire, était enthousiaste. En deuxième année, je l'avais envoyée à l'Académie Michelle-Provost et elle y était comme une fleur. Archi-occupée, avec des cours tous les midis et elle en redemandait. Elle adorait cette école.

28 commentaires:

Travailleuse sociale a dit...

Son caractère explique peut-être aussi ses réussites.

Une femme libre a dit...

Travailleuse sociale! Mais tout à fait, totalement. C'est une battante, une bouillante, la vie n'est pas plate avec elle et elle a plein d'amis et d'amies.

Joan Durand a dit...

Oui et puis le caractère s'adoucit souvent avec l'expérience.

Pierre F. a dit...

Difficile jeu d’équilibriste. Vous lui donnez beaucoup et en retour, vous recevez sa colère et ses menaces. Est-ce typique,pour les enfants ayant un trouble de l'attachement, de tester ainsi systématiquement ceux qui les aiment, pour mesurer la force de cet amour?

Je vous trouve bien courageuse. Ma plus jeune était colérique, toute petite. Peut-être pas autant que votre fille, mais colérique tout de même. Elle claquait souvent la porte de sa chambre si fort, que les gonds en avaient été abîmés. Je me souviens lui avoir dit une fois: "Si tu claques encore ta porte, je vais l'enlever". Elle a ainsi passé 3 mois sans porte de chambre. Par la suite, quand elle partait en colère dans sa chambre et que je lui disait "Ne claques pas la porte", ça marchait.

Pour qu'un comportement change, il faut soit que le changement procure plus de plaisir ou plus de douleur (pas au sens littéral du terme).

La difficulté, comme parent, c'est de bien doser les conséquences et surtout d'être cohérent avec ce qu'on annonce. Enfin, avec tous vos cours en petite enfance, vous en savez sans doute plus que moi sur le sujet, mais bon.

Il y a des comportements de votre grande fille que je n'accepterais pas de la part de mes enfants. Évidemment, votre situation est assez particulière, compte tenu des antécédents de vie de vos filles. C'est surtout ce cycle infernal de menaces si vous ne l'aidez pas financièrement ou si vous refusez de vous occuper de son fils qui me préoccupe. C'est un peu comme si elle avait compris la recette infaillible.

Éléonore a dit...

les personnes colériques sont très manipulatrices, leurs cris, claquages de porte, etc, sont là pour nous faire peur, nous faire fléchir, nous dominer. C'est une forme de violence, dont il est bien difficile de se débarrasser.
Ça met un poids sur les épaules de l'entourage.
Oui on rspire mieux quand elles ne sont pas là...

Chantalou a dit...

Il n'est jamais trop tard pour se faire aider. Comme tu le dis si bien, je crois que ta fille pourrait demander de l'aide pour apprendre à gérer ses accès de colère :0( Il y a des regroupements qui existent pour ces gens colériques. Ou peut-être qu'elle va s'assagir avec l'âge, entout cas, je te le souhaite fort. Chantalou xx

Juste moi a dit...

Me semble que je serais "colérique" aussi en lui répliquant "Ah oui ? Et puis qui va s'occuper de ton gars ou de payer ton loyer après ça ?!?!?"
Mais bon ...

Une femme libre a dit...

Joan Durand,
Je ne sais pas si elle va s'adoucir. Il faudrait qu'elle le veuille un peu. Ses colères lui rapportent trop pour s'en départir. Ça marche son affaire. Mais soyons positive.

Pierre F,
Elle n'a pas de diagnostic de trouble de l'attachement, c'est sa soeur qui en a un. Elle ne teste pas, elle fait des colères pour ne pas être prise en défaut. Dès qu'elle sent qu'on va lui faire des reproches, elle attaque, ce qui a souvent pour effet de déstabiliser l'adversaire. Je connais son pattern par coeur et je lui en parle quand elle est parlable ce qui est excessivement rare. Plus jeune, ses deux soeurs avaient de si grands besoins qu'elle n'en faisait pas trop de colères, on était toujours pris dans des tourbillons avec la plus vieille, celle qui a des troubles graves de l'attachement, alors on vivait en situation d'urgence. Dysfonctionnelle notre famille jusqu'à ce que je place la plus vieille au pensionnat, ce qui a permis aux autres d'exister.

Elle est adulte maintenant et je ne pense pas qu'elle va changer, ce qui ne serait pas dramatique si elle n'avait pas d'enfant. C'est peut-être bien finalement qu'elle ne s'en occupe pas beaucoup. Elle a toujours trouvé des chums facilement et c'est toujours elle qui les laisse.

Une femme libre a dit...

@Les colères, c'est de la violence,Éléonore, absolument!

Chantalou, elle ne va pas demander d'aide parce qu'elle n'en a pas de problème, elle! Ce sont les autres qui en ont...

@Juste moi,
C'est pas mal ce que je lui ai dit et colérique comme elle est, elle a rétorqué qu'elle me rembourserait jusqu'au dernier sou et qu'elle ne me reverrait plus jamais et son fils non plus.

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.
Mais elle a donc du caractère.
Ce n'est pas toi qui vas t'en plaindre...
Bon courage.
Je t'embrasse.

Michèle a dit...

Je suis pris avec un colérique. Il était bébé, et il était en colère.

Très difficile à gérer. En fait, je ne gère pas. J'essaie, et je ne réussis pas souvent, de ne pas me mettre en colère aussi.

Les retours, les discussions post crises, se passent bien.

Mais ça revient.

J'ai peur de ses gestes quand il sera adulte, je lui parle des gestes de colère contre lui-même, contre sa future épouse, ses enfants, il comprend, mais lorsqu'il est calme seulement.

Il n'assume pas, c'est les "autres" qui le mettent en colère, ils n'ont juste à ne pas le provoquer, sachant qu'il est colérique.

Suggestion de lectures ?

Une femme libre a dit...

Michèle,

Ouain...

Faites quelque chose, je ne sais pas quoi, sinon vous allez vous retrouver au même point que moi avec ma fille. Une fois adulte, il est trop tard et on (je) regrette de ne pas être intervenue plus tôt. Il faut dire qu'elle était allergique à toute forme d'aide. Je l'ai déjà emmenée voir une psychologue de force et la psy a refusé de la revoir à cause de son manque de collaboration. Elle l'avait trouvée agressive.

J'aurais dû chercher ailleurs. En comparaison avec les troubles de sa soeur, les siens apparaissaient si mineurs.

Il ne faut rien regretter, mais dans ce cas-ci, oui, je regrette. Son côté colérique va lui nuire et lui nuit déjà dans l'éducation de son enfant. Difficile d'apprendre le self-control à son enfant quand on prend la mouche à rien et qu'on insulte son père à tour de bras (ou bouche plutôt! ;o)

Ses relations interpersonnelles sont teintées de ces excès, cris, larmes, drames. Et pourtant, elle est très recherchée socialement et amoureusement aussi.

Elle ne s'entend déjà plus avec sa coloc. C'est dans l'intimité qu'elle devient hargneuse si on la contredit ou critique, me faisait remarquer le père de son fils hier alors que je déplorais la nouvelle chicane que j'avais eue avec elle et mon inquiétude qu'elle ne soit agressive avec son patron à la première remarque.

Injurier quelqu'un, c'est de la violence. Je n'ai pas su contrer cette violence quand il était temps. Je m'en veux.

Vraiment, s'il a moins de 18 ans, faites-le aider de gré ou de force, rien de moins. Après, c'est trop tard.

Une femme libre a dit...

Herbert,

Oui, je m'en plains.

Une femme libre a dit...

Tiens, Pierre F. qui a enlevé la porte de la chambre de sa fille qui la claquait lors de ses colères. J'aime ce genre d'intervention. Pas de grands discours mais de l'action après avertissement.

Si on n'intervient pas, c'est comme si on acceptait. Il ne faut pas accepter qu'un membre de la famille, qui qu'il soit, domine les autres.

Une femme libre a dit...

Maintenant, elle n'en a pas d'ouverture au changement. Sa façon de réagir lui réussit, pourquoi la modifier? La plupart du temps, elle gagne en attaquant avant d'être attaquée. Ne croyez pas que je n'ai pas essayé de lui parler calmement du problème devant un bon repas en tête à tête au restaurant. Ce qui fait qu'elle refuse systématiquement de venir au restaurant seule avec moi maintenant, héhé!

Une femme libre a dit...

En fait, Michèle, je pense que dans ces cas-là, c'est de la thérapie familiale qu'il faut. Parce que cet enfant fait partie d'un tout et que cette agressivité mal canalisée a quelque chose à voir avec la famille entière (et avec son tempérament évidemment!). En thérapie familiale, on aurait bien vu que cette enfant, parce qu'elle réussissait bien et parce que les autres étaient en grande difficulté, était pas mal oubliée. J'étais trop occupée pour le voir. J'ai des torts, c'est certain. Inutile de se taper sur la tête évidemment, j'ai fait pour le mieux avec les moyens que j'avais, mais il est utile d'analyser un peu ce qui aurait pu être fait différemment, amélioré.

Une femme libre a dit...

En fait, c'est très bien qu'elle ait confié son enfant au père. Je ne vais plus chiâler là-dessus. Il est plus calme, plus stable. Je vais appuyer cette famille et ne plus insister pour que ma fille s'occupe d'une façon assidue de son enfant. Je ne vais plus lui donner d'argent directement à elle mais bien directement à l'enfant, garderie, programme d'épargne-études, vêtements, cours etc.

Une femme libre a dit...

Bon, c'est un journal que je tiens ici, plus qu'un blogue des fois...

Une femme libre a dit...

M'aide à réfléchir et à prendre des décisions d'écrire mes pensées du moment.

Pur bonheur a dit...

Sage décision que d'aider directement ceux qui prennent soin de votre petit fils. Ce sont eux qui ont besoin d'argent pour s'en occuper.

Abige Muscas a dit...

Oui mais attendez, vous n'êtes pas un peu coincée tout de même à payer son loyer, si vous vous êtes portée caution?

Une femme libre a dit...

Le loyer, en effet, si elle ne paie pas, je dois payer. Vous êtes bonne en math, Abige! Je le savais en l'endossant.

Je me sens vaguement coupable de me dissocier de ma fille bien-aimée. Tellement tordues et émotives et totalement fuckées les relations mère-fille. Histoires de culpabilité, de cachette, de rivalité et d'amour, le tout totalement emberlificoté. Rose-Marie Charest a parlé de la relation mère-fille comme de la plus complexe de toutes les relations humaines. Elle n'a pas tort.

Une femme libre a dit...

Le loyer, j'ai endossé pour dix-huit mois, en acceptant de lui en payer trois. Il reste 13 mois.

Une femme libre a dit...

Et la garderie aussi, je vais payer tant qu'ils n'ont pas la subvention. Il adore! S'y rend en gambadant et tombe dans les bras de son éducatrice voilée et en espèce de tchador. On ne lui voit que le visage et les mains. En tout cas, petit-fils va avoir une bonne opinion des femmes voilées car il a créé un lien émotif avec celles qui s'en occupent si bien.

Une femme libre a dit...

C'est certain que si je n'avais pas l'argent, je ne l'aurais pas et ce serait fini. Je ne pourrais pas aider et ma fille n'aurait jamais eu cet appartement, elle serait peut-être bien encore avec le père de petit-fils dans leur taudis et leurs chicanes, tiens, parce qu'elle n'avait tout simplement pas les moyens de partir. Et la garderie, ils n'auraient pas eu les moyens de la payer non plus, à trente-cinq dollars par jour, donc petit-fils serait avec son père toute la journée, sans aucun horaire. Il faut de son mieux c'est certain mais je sais que la garderie est particulièrement utile pour petit-fils. Je sais pertinemment l'importance des jeunes années et je suis fière de pouvoir participer à ce qu'il ne manque de rien.

Nanou La Terre a dit...

Femme Libre,
permets-moi en tout respect pour toi de te dire ce que j'en pense...
20 ans et toi êtes prises dans un cercle infernale qui ne changera jamais à moins que toi, tu ne changes le cour des choses. Vingt ans mène le bal.
Le jour où tu ne paieras plus pour elle mais continueras à la soutenir en tant qu'adulte responsable, son comportement avec toi risque bien de changer. Je sais que ce n'est pas facile et je suis bien placée pour te l'affirmer. N'empêche, c'est la seule et unique voie possible.maturité = responsabilité.

Bon week-end à toi!
Bizous xxx

Une femme libre a dit...

Elle commence un job quarante heures par semaine dès que son cegep est fini, Nanou. Ça va être tout un choc. Je pense qu'elle s'imagine que l'argent pousse sur les arbres. Elle a déjà travaillé dans un prêt-à-manger dans un IGA et c'est à cause de ce job qu'elle a eu son argent de maternité, mais elle n'a jamais dépassé 31 heures par semaine et trouvait que c'était énormément beaucoup. La vraie réalité de la vie la rattrappe, sans grand discours maternel. Je vais continuer à payer la garderie, parce qu'il y a bien des zones d'ombre. J'ai l'impression que le père du bébé est sur l'aide sociale. J'ai demandé à ma fille et elle a répondu qu'elle ne le savait pas. Louche.

Une femme libre a dit...

@Nanou (suite)

Donc, si c'est le cas, je ne pense pas qu'ils aient droit à l'aide financière pour la garderie en plus. Essentiel la garderie pour Petit-fils. Je vais continuer à payer pour lui, pas pour ma fille.

Pour ce qui est du logement, j'ai endossé. Si elle ne paie pas, je vais payer, parce que je paie quand je m'engage. C'est mon nom qui est en jeu. Mais une fois qu'elle va travailler, je pense qu'elle va payer.

Elle a vingt ans et mon fils, je l'ai supporté financièrement jusqu'à 25 ans. Il était aux études et habitait gratuitement dans l'appartement au-dessus de chez moi et je payais les études et les livres avec son père.