samedi 27 août 2016

Quatre jours

Cet après-midi, ça va faire quatre jours qu'elle s'est tuée. Pendaison. C'est tellement violent comme geste. De 10 à 15% des personnes qui souffrent de schizophrénie se suicident. Et la psychiatre de ma fille a dit à son conjoint que l'âge critique est de 27-28 ans, son âge justement. 

Elle a fait ce qui lui semblait le mieux dans les circonstances. N'en pouvait plus des voix. Je suppose. On ne sait pas vraiment exactement. C'est à elle qu'il faudrait demander et elle n'est plus là pour le dire. 

Elle m'a téléphoné juste avant. Pour étudier avec moi. On avait étudié ensemble le mardi précédent. Elle voulait faire ses équivalences de secondaire 5. Avait déjà réussi français et anglais. On travaillait sciences humaines. Je lui ai dit que je lui donnerais mes disponibilités mais qu'on se verrait certainement cette semaine. Elle a ajouté "Oublie pas, mom (elle m'appelait mom), j'ai mon examen le 30." Je lui ai dit qu'elle serait prête! Je ne me rappelle plus si j'ai fini l'appel en disant que je l'aimais. J'étais avec deux de mes amis, ceux avec qui je voyage, on visitait Griffintown. J'ai appelé ce matin pour demander s'ils se souvenaient si je lui avais dit que je l'aimais. Mon amie a dit qu'elle ne s'en souvenait pas mais que vu que je lui disais souvent, probable que j'avais terminé mon appel par ça. 

11 commentaires:

PassionArts et plus... a dit...

Une chose certaine, Une femme libre, elle le savait dans son coeur sans aucun doute, que tu l'aimais beaucoup! Mes pensées sont avec toi!xxx

Une femme libre a dit...

Oui, bien sûr, et on était en très bons termes en plus. On venait de passer deux jours à Québec seulement nous deux et ça s'était bien passé.

Nanou La Terre a dit...

Femme Libre,
sois assurée qu'elle le savait et le sentait très profondément que tu l'aimais. Mais, comme je te comprends aussi de chercher à te rappeler si tu lui avais dit. Tout est cassé, comme ça , si brutalement et, à jamais.
Je sais ce que c'est la perte d'un être cher par suicide et par pendaison, je l'ai vécu... C'est peut-être pour cette raison et parce que tu es mon amie et que c'est ta fille qui est partie ainsi que je me sens tellement avec toi. Le sentiment intérieur est totalement indescriptible. Je te donne ma force, mon courage et tout mon amour en cette si difficile épreuve, mon amie xxx

Pur bonheur a dit...

Les gens de la Curatelle publique m'ont beaucoup soutenu durant la maladie de mon frère et à son décès. C'est vrai qu'il y a beaucoup de suicide du coté des schyzophrènes. Et on pense longtemps aux derniers moments passé avec eux...Ça m'a pris six mois pour me décider à téléphoner ses copains pour avoir une chronologie de sa dernière soirée...si j'en parle si souvent c'est qu'il était comme mon enfant. Le temps apaise le coeur, on finit par accepter même si ça fait mal...Bon courage Femme libre, dis toi qu'elle est enfin libérée...

Gen a dit...

Ah, les derniers mots, on essaie tellement souvent de se les repasser en boucle... Mais nous, on ne savait pas que c'était les derniers. Mais je suis sûre que tu lui as dit que tu l'aimais. Et je pense même qu'elle t'avait appelée exprès pour l'entendre.

(Ah tiens, d'habitude, je te vouvoie... mais je me sens proche de toi avec ce drame, parce que j'ai vécu le suicide de plusieurs amis et je sais à quel point c'est soudain, à quel point on ne comprend pas, on les a vus la veille, ils avaient l'air corrects... On cherche des réponses, alors qu'il faut accepter qu'il n'y en a pas. Je te fais un autre gros câlin virtuel. xxx)

mijo a dit...

Oh Femme Libre,

Si les mots n'ont pas été dit, elle le savait que tu l'aimais.Ta voix quand tu t'adressais à elle au téléphone devait le lui faire sentir.

J'aime beaucoup ce qu'écrit Gen avant moi. Elle exprime très bien ce que j'aimerais dire. Je n'en dis donc pas plus.

Je pense bien à toi.

Une femme libre a dit...

Merci beaucoup à toutes! J'adore vous lire et je commenterai individuellement quand j'aurai plus de temps.

Je m'en vais au salon funéraire finaliser des trucs et donner mes textes pour le journal et les signets. Ensuite, à l'église pour payer le service et tenter de réserver leur salle au sous-sol pour servir un goûter après les funérailles. Je suis occupée. Et en plus, je fais le tri dans ses papiers et vêtements qui m'ont tous été livrés par taxi. Je découvre des aspects de sa vie que j'ignorais. Mais connaît-on vraiment ses enfants?

Zoreilles a dit...

Je pense tellement à toi, que je connais de l'intérieur, grâce à tes mots, sans te connaître vraiment au sens où on l'entend d'habitude, et depuis que je sais la douleur qui t'afflige en ce moment.

Il t'en faut, du courage et de la résilience.

J'ai beaucoup aimé moi aussi, comme Mijo, ce que t'écrit Gen.

Je t'envoie tout ce que je peux d'affection et d'amitié, à défaut de plus et de mieux...

Pur bonheur a dit...

Femme libre, j'espère que tu vas bien, malgré ton énorme perte. Les funérailles ça l'avantage d'avoir tous réunis autour de nous les personnes qu'on aime et qui offre leur support. Je te souhaite bon courage et du réconfort auprès des tiens . xxx

Anonyme a dit...

Femme libre,
Je suis triste avec toi et je te comprends. J'ai perdu ma mère qui souffrait elle aussi de cette terrible maladie donc je te comprends tellement. Ta fille savait que tu l'aimais et n'en a jamais douté.Je pense à toi et je t'envoie toute mon affectionxxxx
Elyse

Une femme libre a dit...

Je suis d'accord avec vous toutes, elle le savait que je l'aimais! ;o)

Pur Bonheur,c'est vrai que les funérailles permettent de se regrouper et de parler (après ou avant!) de la personne disparue. C'est à la fois une épreuve et une consolation. Je verrai. Jamais vécu ça encore les funérailles d'un enfant.

Bon, Gen, j'aime et tout le monde aime ce que tu as écrit! Et oui, tu peux bien te mettre à me tutoyer, depuis le temps...

Zoreilles, du courage et de la résilience, ma fille en avait en masse. J'en parle d'ailleurs dans son éloge funèbre.

C'est certain que tu comprends, Élyse. La maladie mentale a fait partie de ta vie. Tu n'écris plus sur ton blogue?

Zoreilles, on ne s'est jamais vues en vrai et pourtant, j'ai vraiment l'impression qu'on se connaît pour vrai.

Mijo, si elle m'a appelée juste avant son décès, c'était probablement pour entendre ma voix. Ce n'était pas un appel à l'aide, cette fois, elle était vraiment décidée à en finir. C'est mon interprétation actuelle mais seule elle pourrait confirmer.

Nanou, je sais que ton ami de jeunesse s'était suicidé et que ça t'a profondément marquée.

PassionArts et plus, merci pour tes pensées!