lundi 4 juillet 2016

Dispute

On parle travail. Je parle travail. Elle? Elle ne veut rien savoir. Me dit fermement qu'il n'est plus du tout question qu'elle travaille avec les personnes âgées. La cuisine? Tu le sais que ça ne m'a jamais intéressée. Le ménage? Non plus. Tu vas faire quoi? 

-Retourner aux études. 

-Ben voyons! T'apprends rien (j'ai fini de mettre des gants blancs), t'as pas arrêté de dire que c'était plate, que tu te couchais sur ton bureau et que tu attendais que la journée finisse. Pendant dix-huit mois. 

-Oui, mais j'avais des problèmes avec Joblo, tu le sais. C'est peut-être pour ça. 

-Bon. Soit. Et si tu retournes aux études, c'est dans quel but? Pour accéder à quel travail? 

-Je ne le sais pas. Je ne l'ai jamais su ce que je voulais faire. 

Et là je m'essaie encore à lui parler de sa job de préposée, qu'elle était bonne et fine et aimée et  compétente et capable. Faut pas tout lâcher parce qu'elle a été mise à la porte une fois. 

Ça ne marche pas. Je pogne les nerfs. L'école, elle n'y est même pas inscrite, ça peut prendre des mois avant qu'elle ne le soit. Elle ne va pas passer tout son temps à ne rien faire. Pas chez moi. 

Elle me ressort encore qu'ici, c'est aussi chez elle. La psy m'avait coaché là-dessus. Je lui rappelle son âge. Elle me répond que ce n'est qu'un chiffre. Bon, mais quand même. je n'ai plus d'obligation légale après ses dix-huit ans. Elle est une adulte. 

Me dit qu'elle s'en ira quand elle voudra, que c'est elle qui décide.

-Wow! Je pourrais appeler la police et leur demander de m'aider à te mettre dehors et ils le feraient. 

Pas démontée du tout, elle me répond: "Appelle-les, ça ne me dérange pas."

C'est moi qui suis décontenancée. Je ne m'attendais tellement pas à ce genre de réponse de la part de ma douce fille. 

Elle en rajoute "Je peux les appeler pour toi si tu veux"

Elle a gagné. Je me retire. 

Va falloir changer d'attitude. La confrontation ne mène à rien.

Addendum: Elle a été adoptée et donc abandonnée. Se faire mettre à la porte par sa mère adoptive, ça ne doit pas être trop sécurisant. Elle a 22 ans mais l'apparence et la maturité d'une fille de 14 ans. Faut que je me calme, que je prenne sur moi. Je pensais qu'une psychologue m'aiderait à faire ça. Prendre son temps, respirer. 

15 commentaires:

Une femme libre a dit...

Elle m'a également demandé pourquoi je ne l'ai pas laissée chez Joblo si je ne voulais pas d'elle ici. Cette histoire se complique.

Pur bonheur a dit...

Wow! Je me demande bien ce que tu pourrais faire...

mijo a dit...

Ton fils, tes autres filles, ta mère, une très bonne amie, personne de ton entourage ne pourrait avoir la même discussion avec elle pour voir ce qu'elle répond ? Pas forcément dans l'immédiat car elle pensera que c'est toi qui leur a demandé d'intervenir.
Penses-tu qu'elle fait une crise d'ado de 14 ans qui se braque à tout ce qui vient de l'autorité parentale ?

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur,
Bien franchement, je ne sais pas trop.

Mijo,
Elle ne veut pas travailler. Toutes ses expériences, et elle commence à en avoir beaucoup, se sont soldées par des échecs. Mon fils voulait la voir ce soir mais elle n'est pas disponible.

Elle n'a pas couché ici et ma fille du milieu m'a téléphoné pour me dire que ma plus jeune avait mis sur Facebook qu'elle se cherchait un hébergement!

Michèle a dit...

Je pense plutôt que Femme Libre se fait joyeusement manipuler.

Ta fille connaît tes points sensibles :

1) Son premier abandon
2) Joblo

Une fille de 22 ans qui doit travailler ne se fait pas abandonner. Et quand même tu la maternerais jusqu'à ta mort, elle sera toujours une enfant abandonnée et ensuite adoptée.

Elle est déjà retournée aux études. Elle l'a eu son diplôme. Ce qu'elle veut faire dans la vie ? Travailler, gagner sa vie, comme tout le monde. Naturellement, elle va te "menacer" de devenir masseuse : Applaudis ! Dis-lui que l'important, c'est de travailler.

C'est ridicule de faire des menaces comme appeler la police. Voir que tu vas le faire. Même la mettre à la rue.

C'est son rôle d'aller au centre d'emploi, de rencontrer un agent, qui va l'accompagner, d'éplucher les annonces, de frapper aux portes. Tu n'as plus à lui prendre la main, tu as fait le tour. Ton rôle est d'exiger qu'elle paie ses trucs et une pension. Et de passer le flambeau.








Une femme libre a dit...

Ouin. Et reouin. Elle n'est pas là. Je ne lui donne plus d'argent. C'était idiot de la menacer d'appeler la police, je le sais. Je me suis piégée moi-même. Je me sens mal. Mais j'ai réussi à jeter les biscuits que j'avais achetés hier. Je ne vais quand même pas me rendre malade moi- même parce que j'ai des problèmes avec ma fille.

Tu fais une bonne coach Michèle. Merci.

Gen a dit...

Y'a pas moyen de lui faire rencontre un orienteur? (un vrai, là, pas un gars débordé qui travaille dans une école secondaire!) Mon chum avait rencontré un psycho-orienteur (un psychologue doublé d'un orienteur) à une étape de sa vie où ne savait ben plus où s'enligner. En quelques tests et questions, le gars lui a ouvert la voie vers sa passion (l'informatique).

En jasant avec votre fille, en s'entretenant avec elle, peut-être qu'il serait possible de trouver un emploi qu'elle aimerait faire. Maquilleuse, coiffeuse, styliste, autre truc ayant affaire avec des cosmétiques et des vêtements et auxquels je ne connais rien... :P

Une femme libre a dit...

Merci de te creuser la tête pour trouver des solutions! Tu es comme mon fils ( il a ton âge) qui est reparti dépité ce soir après avoir cherché en vain une façon de solutionner l'impasse.

Les métiers de la beauté ont comme préalable un secondaire 4 en français, mathématiques et anglais. C'est évidemment hors de portée pour ma fille.

Et puis, on ne se parle plus. Elle n'est pas rentrée depuis notre chicane d'hier.

Je me sens d'ailleurs mal. J'aime pas ça la chicane.

Je l'aime ma fille.

Gen a dit...

@Femme libre : Je pensais plutôt à un cours au privé (pas dans la structure scolaire, donc sans pré-requis). Certains offrent même des expériences "élèves d'un jour", alors elle pourrait essayer.

Mais oui, on se casse tous la tête pour elle.

Et je vous comprends de vous sentir mal à cause de la chicane.

Nanou La Terre a dit...

Femme Libre,
comme c'est tellement pas évident... Mais, je suis convaincue qu'une bonne psychologue t'aiderait grandement. Il faut simplement qu'elle soit compétente.

Éphémère a dit...

Ça me fait penser à mon petit frère, qui, une fois encore, a quitté son emploi et une fois encore, vis chez ma mère. Ce n'est pas facile. Je trouve la suggestion de cours privé, comme maquilleuse, par exemple, très bonne.

Je suis certaine qu'elle ne vous en voudra pas longtemps. Elle boude, mais elle va se réconcilier rapidement.

Michèle a dit...

et ? elle est rentrée ?

Une femme libre a dit...

Gen, Éphémère,

J'ai comme abandonné de vouloir absolument trouver une vocation à ma fille. Je suis allée au bout de mes ressources à moi. Elle fera bien ce qu'elle voudra ou pourra. Et s'il s'agit de ne rien faire, elle ira ne rien faire ailleurs. Ou? That's the question. Mais j'ai une semaine de répit. Je la prends avec joie!

Une femme libre a dit...

Nanou,

Il en est des psychologues comme des hommes, c'est la recherche que je trouve épuisante.

Une femme libre a dit...

Michèle,
J'ai écrit un billet.