vendredi 29 février 2008

Dix-sept ans

Encore elle! Ma rebelle ado fonceuse qui se débrouille si bien dans la vie et qui la vit à cent mille à l'heure sa vie. Voilà qu'elle me réclamait, tenez-vous bien, le paiement de la moitié du loyer de son chum qui ne serait pas son chum selon elle, mais bien un coloc. Je proteste! Fille, tu as une maison ici, une chambre ici, un salon-bureau privés ici, des repas tout prêts ici, tu étudies un peu loin, je te l'accorde, une heure et demi de métro et d'autobus en dehors des heures de pointe, bon j'avoue, c'est du transport ça ma belle mais quand même ça se fait, c'est possible. Alors, pourquoi je paierais pour le loyer de ton chum ou coloc appelle-le comme tu veux alors que j'ai mis mon projet de loft sur la glace afin que tu conserves ta place chez nous?

Furieuse, boudeuse, qu'elle était la petite. Des fois, je trouve tellement qu'elle agit en enfant gâtée et pourtant, chers amis, non, je ne les ai pas gâtées mes filles, je le jure, bon, la petite dernière, peut-être un peu, la plus grande, pas le temps de la gâter, prises dans les problèmes dès son arrivée comme nous l'étions, le fils, oui, lui, je l'ai probablement gâté un peu et son père aussi, le fils unique en garde partagée, situation idéale pour se faire un petit couple mère-enfant ou bien père-enfant et en donner plus qu'il n'en demande et vouloir inconsciemment compenser pour cette famille désunie, mais elle, ma dix-sept ans, non, je ne l'ai pas gâtée.

Je ne l'ai donc pas gâtée en fait. Elle était prise en sandwich entre une enfant qui présentait de graves problèmes de comportement, des troubles de l'attachement et pour laquelle nous étions constamment sur le qui-vive et une petite qui avait de lourds problèmes d'apprentissage et des thérapies chez l'ergothérapeute, l'orthophoniste et plein de spécialistes qui s'ajoutaient au fil des diagnostics qui s'allongeaient au cours des ans. Je travaillais à temps plein, j'avais un chum, je tenais la maison toute seule ou presque, j'ai bien eu une femme de ménage certaines années, mais quand même, on peut dire que j'étais occupée. J'ai même eu des enfants d'accueil qui s'ajoutaient à la grande famille. La seule qui allait bien dans l'enfance, celle qui fonctionnait toute seule, c'est Dix-sept ans. Elle ne faisait pas de trouble, réussissait à l'école, avait des amis, était super autonome. Bref, dans le tourbillon des soins demandés par les autres, elle a été un peu oubliée parce qu'elle allait bien.

Elle va encore bien alors je ne vais pas me taper sur la tête. En tant que parent, j'ai fait mon possible, je n'ai jamais prétendu à la perfection. Mais voilà qu'elle habite officieusement chez son chum ou coloc pendant la semaine. C'est plus près de son cegep. Les parents du jeune habitent la campagne et lui paient un appart à Montréal pour ses études. Mais ils en ont marre de payer pour deux. Légitime. Alors j'ai parlé au jeune homme au téléphone, en privé. Il aime que ma fille soit là, il déteste habiter seul et s'en va d'ailleurs en résidence à l'automne. Il apprécie que ma fille soit là quand il rentre du cegep, ils cuisinent ensemble et il est bien content. Ce sont ses parents qui se plaignent. Il quittera son logement en juin. Il reste donc trois mois. Je ferai un chèque pour la moitié des trois mois de loyer à ses parents. C'est la meilleure solution je pense. Pour l'instant. J'accepte donc officiellement que Dix-Sept habite ailleurs la semaine ce qui est de toutes façons un état de fait. Dans trois mois, on verra ce qui se passe.

14 commentaires:

Anonyme a dit...

Chacun fait comme il (ou elle) l'entend. Il faut respecter ça. En ce qui me concerne, j'étais beaucoup moins compréhensif, mais peut-être l'étais-je trop?

Je dis toujours: aide-toi et le ciel (moi) t'aidera. Si tu bosses le samedi, que tu étudies sérieusement, je t'aiderai. Autrement, pourquoi devrais-je m'astreindre à payer pour ta vie personnelle au détriment de la mienne. Ça ne ferait aucun sens, les jeunes doivent péter l'énergie, bâtir et même aider leurs parents, pas le contraire.

Ça s'est toujours bien passé. Aujourd'hui encore les jeunes sont à l'université, bossent tous les étés, ils sont autonomes et pour souligner leurs efforts, j'aime leur envoyer un peu de fric, leur payer des resto ou des sorties.

Accent Grave

Une femme libre a dit...

Je suis tout comme vous pour l'autonomisation, le travail et la responsabilité. C'est un fait important dans l'histoire que Dix-sept ans ne soit pas encore majeure et que le logement de son chum lui évite des heures de voyagement pour aller au cegep. Je m'attends donc à de bons résultats scolaires! Dix-sept ans travaille déjà quinze heures par semaine au IGA et paie pour ses dépenses personnelles non reliées à l'école. Mais je suis tout de même encore responsable de son entretien car elle est étudiante et mineure. Il serait injuste que ce soit les parents de son ami qui paient pour elle et je ne veux pas l'inciter à travailler davantage ce qui mettrait ses études en péril. La forcer à rester ici? Ça ne marchera pas. Des enfants, ça coûte cher!

Solange a dit...

Dans les circonstances c'est bien la meilleure solution.

Mamzell_McJ a dit...

tu voulais , vous vouliez qu'elle quitte le nid... mais pas à n'importe quel prix :-)

Encre a dit...

Seulement six petites années avant d'en être rendue là avec F1... Ô temps suspends ton vol!

Je ne sais franchement pas ce que je ferais, ce que je ferai lorsqu'on sera au prises avec ce genre de choses. Bonne chance dans vos décisions, Femmelibre!

Une femme libre a dit...

Je suis à la fois ravie de lui avoir donné l'autonomie de me tenir tête et de mener déjà sa vie pas si sottement que ça, mieux que bien des adultes confirmés en fait et la surprise de constater qu'elle a envie de s'y lancer si tôt dans la vie sans avoir besoin que je lui tienne la main. Je sais cependant et elle le sait fort bien aussi qu'en cas de difficulté, je serai là.

Anonyme a dit...

Une bonne chose de réglée. Je pense que vous avez choisi la meilleure option. Cependant, vous faites bien d'y repenser plus tard. Dans troismois, ça sera certainement une autre histoire... Car vous ne pourrez payer l'intégralité de son loyer jusqu'à ce qu'elle termine ses études... (enfin, je crois)

Anonyme a dit...

La mienne va avoir 17 ans très bientôt, et a aussi une vision de la responsabilité parentale très différente de la mienne.

Elle n'est pas contente car je veux avoir deux jours sans enfants pendant la semaine de relâche. Mais mademoiselle voudrait passet toute la semaine chez moi, parce que c'est par ici que ses amies habitent (j'habite à environ 4 km de chez sa mère). Et m'accuse de ne penser qu'à moi, qu'elle n'a pas voulu la séparation, ce genre de choses.

Comme je comprends ce que vous racontez.

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

En fait, ce que les parents de son ami demandent, c'est probablement qu'elle assume sa part de dépenses, liées notamment à la bouffe, parce que le loyer, l'électricité, le téléphone, ils avaient déjà décidé de le payer à leur fils.

Et puis payer pour la bouffe chez vous plutôt que là-bas, ça doit se ressembler en termes de dépenses. Ça me paraît donc raisonnable.

Et puis, je me demande si les parents n'ont pas autre chose en tête...du genre: Notre fils est moins concentré sur ses études quand sa blonde est avec lui à l'appartement. Qui a opté pour la résidence à l'automne...les parents? Ah ben tiens...on ne peut vivre à deux en résidence...

Mon fils étudie au Cegep du Vieux-Montréal et nous habitons la lointaine banlieue de Montréal. Il voyage donc, soir et matin, en autobus et métro, trajet qui varie entre 1h15 et 1h30. Et ça va.
Il utilise ce temps à jaser avec un copain qui voyage avec lui, à écouter des films téléchargés sur un ordinateur portable ou à étudier. Ce n'est pas du temps perdu.

Daniel Paillé a dit...

Il te reste des chèques? et d'autres filles? Moi, j'ai trois garçons!
Nous négocions?
Bize

Une femme libre a dit...

Lud, en effet, si j'ai accepté cet arrangement, c'est parce qu'il s'agit d'une période de trois mois!

Dépoussièré, ma fille est une experte dans la culpabilisation parentale. Tous les arguments sont bons. La vôtre semble avoir le même talent. Parents d'ados, résistons et unissons-nous! ;o)

Pierre F, ma chère enfant sait être tellement exécrable et dure à vivre qu'il y a une part de moi qui est prête à payer pour qu'elle habite ailleurs. Je le sais bien qu'une heure et demi de transport, ce n'est pas la fin du monde et que plein d'étudiants voyagent ça sans rechigner chaque jour! Si ma fille s'en plaint autant, c'est que ça lui donne le prétexte rêvé pour habiter avec son chum! Je n'ai pas parlé aux parents du chum, je devrais peut-être. Ce garçon est beaucoup plus studieux que ma fille. C'est un garçon de la campagne, habitué à travailler sur la ferme et très responsable. Je l'aime beaucoup. C'est vrai qu'en résidence, plus de copine!

Daniel, trois garçons? Emmenez-en des garçons, bien plus faciles à élever que des filles! Du sport, de la bouffe, un peu d'affection, très simple élever des garçons. Tandis que des filles.... la liste de leurs besoins est infinie.

unautreprof a dit...

À chaque fois que je vous lis, je constate votre grande ouverture d'esprit.

C'est inspirant, pour moi qui suis peut-être parfois un peu trop rigide (mes pauvres élèves).

Une femme libre a dit...

Rigide, Un autre prof? Ce n'est pourtant pas du tout ce qui se dégage de vos écrits.

unautreprof a dit...

En fait, non rigide ne convient peut-être pas.
Mais j'ai une tendance à être contrôlante avec un groupe, sûrement parce que j'ai souvent eu des cas lourds de comportement alors j'encadre un peu trop.

Je les laisse prendre leur place mais il y a un temps et une façon pour ça.

Mais je suis aussi à l'écoute, j'essaie d'évoluer alors...;)