mardi 5 janvier 2010

Angoisse maternelle

Pourquoi, quand Quinze ans est je ne sais pas trop où et je ne sais pas trop avec qui et qu'elle ne répond pas à son cellulaire, pourquoi je me fais des scénarios d'épouvante qui me serrent la gorge? Pourquoi je me sens physiquement mal? Elle est certainement la personne la plus précieuse de ma vie. Je voudrais seulement qu'elle soit rentrée et en sécurité tout de suite et maintenant et je ne peux penser à rien d'autre. Aucune logique. Juste l'angoisse.

lundi 4 janvier 2010

Enfant gâté

J'ai finalement vu "J'ai tué ma mère" de Xavier Dolan. Le jeune était en pension avec ma plus vieille, à St-Donat, chez les religieuses, on le connaît donc "personnellement". Il quittait régulièrement le pensionnat pour aller jouer dans des films. Le milieu cinématographique, il connaît depuis longtemps! En tant que vedette, il avait un statut particulier sur les plateaux de tournage et à l'école aussi. On lui passait bien des caprices.

Dans le film, qui a des qualités cinématographiques indéniables et qui mérite ses prix, il déteste sa mère. Or, dans le film toujours, sa mère est une monoparentale qui se lève à tous les matins à cinq heures pour aller gagner la vie du petit chenapan, qui le conduit encore à l'école et fait son lavage et son souper. On croirait qu'il pourrait avoir un minimun de reconnaissance. Pantoute.

Il la traite comme la dernière des dernières. Il n'a jamais été battu, ni négligé. Il a été gâté, c'est lui qui le dit et il le reproche à sa mère! Elle aurait dû savoir mieux.

Les enfants qui ont été maltraités, eux, (je les connais, j'en ai eu en famille d'accueil), recherchent l'amour de leur parent, le quêtent, font des pieds et des mains pour l'obtenir.

Il n'y aurait pas une demi-mesure? Va-t-il réaliser plus tard qu'il se plaignait le ventre plein? Possible. L'adolescence est un âge ingrat. Moi non plus, je n'aimais pas trop ma mère à cet âge-là. La différence, c'est que je n'aurais jamais osé le lui dire! Et ça passe, et on découvre qu'on a eu des parents formidables (ou pas, mais ça, c'est une autre histoire....)

dimanche 3 janvier 2010

Vieux cochon

Évidemment, les ados ne font pas ce que l'on veut et c'est seule que j'affronte ma montagne et on peut vraiment parler d'affrontement avec la neige et le vent! Je prends Mont-Royal en descendant et m'arrête au café-pâtisserie au coin de St-Urbain "Autour d'un pain" où on vend des carambars!, moi qui pensais qu'on n'en trouvait pas à Montréal. Je m'attable avec mon café au lait à la seule table libre, toutes les autres étant fort curieusement occupées par des jeunes femmes solitaires. Plaisir de la chaleur du lieu et du café. Un homme de mon âge reluque à la fenêtre. Il entre. Où va-t-il s'assoir? Il a déjà fait son choix, c'est évident. Il dépose sa serviette sur la table de la plus jolie jeune femme de la place, plongée dans son roman, sans lui demander la permission, rien. Il met son manteau sur la chaise en face d'elle et va se chercher un café. Au retour, il essaie d'engager la conversation, mais la jeune fille soupire et lui tourne le dos ouvertement. Sa chaise est maintenant dos à la table. J'ai le fou-rire (que je cache évidemment!)

Pas découragé, l'homme s'arme de son café et de son manteau et se dirige vers la deuxième jeune fille la plus près (remarquez qu'il doit me contourner pour le faire!). Là encore, il s'assoit et s'installe sans rien demander, la place est libre, il la prend. "Sorry, I'm waiting for a friend" s'exclame la jeune asiatique. Cette fois, il est fâché "I'm waiting for a friend, I'm waiting for a friend...." marmonne-t-il, l'air enragé en reprenant café et manteau. Comme il passe devant moi, je lui offre une place étant donné que j'achève mon café au lait. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, (pense-t-il que je puisse être intéressée à ce grossier personnage?) mais il me répond le plus bêtement possible. "Non merci, je me débrouille très bien." Et je lui réponds avec mon plus beau sourire. "Vous vous débrouillez très bien? Je ne trouve pas moi. " La première jeune fille, celle au livre, se retourne alors vers moi, hilare, et me fait le signe de la victoire. Connection. Je finis ma gorgée et je quitte, laissant le triste sire à ses malversations malsaines.

Forme et culpabilité

Je n'ai pas bougé pendant les vacances. Sans culpabilité. Et j'ai mangé des sucreries et de la tourtière et j'ai été reçue et j'ai reçu aussi et j'ai bu du vin, du bon vin. Sans culpabilité. J'ai pris du poids. Sans culpabilité. Je suis rouillée. Sans culpabilité.

Absolument!

Parce que je sais que toute bonne chose a une fin. Et la fin est aujourd'hui et même hier. Car depuis hier, j'ai recommencé à marcher. Demain, je reprends le yoga. Pas encore décidé à quelle école. J'en essaie une nouvelle? La meilleure des meilleures, c'est Iyengar sur l'avenue Mont-Royal, c'est ce que je dis à tout le monde et je le pense vraiment. Mais c'est .... dur! Sérieux, rigoureux. Pas de rigolade. Je sais que c'est bon pour moi. Un peu de courage. Je vais m'inscrire à un cours par semaine là. Et en illimité à une autre école. Avec de la marche en plus, j'ai promis à une amie de marcher tous les jours, promesse du jour de l'An que nous tiendrons ensemble, elle avec une cassette d'exercices dans son salon, moi dehors dans le froid de l'hiver. Marche et yoga= forme rapidement retrouvée vu que pas vraiment perdue en plus.

Pour ce qui est du poids, ouais! ça c'est toujours plus difficile. Je commence mon Défi sans sucre à la fin du mois, ça devrait vraiment être aidant. Alors, c'est un départ! Aujourd'hui, promenade rapide à la montagne, ma montagne à moi, si près et si belle. Très fréquentée le dimanche la montagne. J'attends que Quinze ans se réveille et on part.

vendredi 1 janvier 2010

En paix

C'est comme ça que je me sens. Et libre. L'année dernière à cette date-ci, j'étais dans le bardas, le doute et l'incertitude, la maison à l'envers, les locataires qui me marchaient sur la tête, les escaliers à déneiger, les peintres à trouver, un des logements d'en haut vide, la maison à vendre. Et me voilà dans mon petit condo douillet et tranquille, sans responsabilités écrasantes de propriétaire. C'est une immense liberté, un souffle de vent frais, une tranquillité appréciée, chérie, savourée.

Tout était possible l'an passé mais je ne le réalisais pas, écrasée que j'étais par mes responsabilités.

Tout est possible maintenant et je le réalise.

Satisfaction.

jeudi 31 décembre 2009

Recevoir

J'aime recevoir dans ma nouvelle demeure. Et pourtant, ma cuisine est mal équipée. Deux ronds seulement, un grand four qui ne marche pas alors j'en ai un petit. Mais rien de dramatique ou d'impossible. Hier, un grand couscous à la mijoteuse, rien de plus simple, tout le monde content, du vin, la conversation qui coule. Voisin était là, resplendissant. Amoureux. La nouvelle femme mariée qu'il a rencontrée dernièrement. Elle n'était évidemment pas avec nous, mais avec son mari. Invalide le mari. Pour Voisin, c'est une situation idéale. Ce n'est pas lui qui dit ça, mais moi qui le pense. Il est vieux garçon et couche avec ses chiens. Une femme au quotidien, ce serait probablement trop pour lui. Mais une femme occasionnelle qu'il peut aimer, car il a besoin de sentiments, Voisin, c'est parfait. C'est un grand romantique. Ça faisait quinze ans que la dame n'avait pas baisé. Le mari n'est pas au courant donc le mensonge fait partie de la relation. Ils viennent de passer deux jours merveilleux ensemble, elle avait dit qu'elle était chez son frère à Québec et le frère était donc dans le coup. Quand le mari appelait, le frère répondait et elle rappelait sur son cellulaire. Je serais vraiment pas douée pour la tromperie, je me mélangerais très rapidement dans mes mensonges, je pense! Mais Voisin est heureux et madame aussi, me dit-il. Et le mari, qu'elle aime toujours et dont elle s'occupe bien, ne souffre pas vu qu'il n'est pas au courant. Le meilleur des mondes? Je ne sais pas. J'ai comme un léger malaise, comme à chaque fois que le mensonge est impliqué. Pieux mensonges, disait ma mère. On ne doit pas tout dire. Là, je suis bien d'accord, on ne doit pas tout dire. Il y a des paroles qui font souffrir, qui créent des blessures ou ouvrent des plaies. Communiquer est un art et se taire en est tout un aussi. Simples les relations humaines? Non!

Hier, tout me semblait idyllique et pourtant, c'est ma fille à moi qui a été blessée. Alors qu'elle était à l'ordi avec le fils de Voisin, je raconte qu'elle n'aime pas trop le cheerleading et bla bla bla. Dans mon autre maison, elle aurait été loin et n'aurait rien entendu, mais dans un petit condo tout est près et elle a l'oreille fine, donc elle m'entend. Je ne croyais vraiment pas révéler des secrets importants de sa vie privée et pourtant, c'est ainsi qu'elle l'a perçu. Quand les gens partent, elle me dit que je ne l'ai pas respectée et que je n'avais pas à parler du cheeleading, qu'à sa professeure d'anglais, qui soupait avec nous, elle lui disait adorer ça et que je lui avais fait perdre la face. Oups! Des excuses furent faites. Pas encore acceptées. Pas simples, les relations humaines. Je l'ai déjà dit? Je le répète!

lundi 28 décembre 2009

Famille

Utile un blogue, très utile. On n'a qu'à se relire un peu et on a un portrait de sa vie. Mes derniers billets ne parlent que de ma famille. Et ce n'est pas fini. Je dois avoir des choses à régler. J'en ai. Je devrais bien le faire pour vrai ce voyage en Chine. Seule. C'est en avril. Confier Quinze ans à sa professeure d'anglais qui viendrait habiter chez nous avec son chien. Faire mes bagages. Dans ma tête du moins. Être déjà partie un peu. Pas si loin le mois d'avril. Agir. Maintenant.

Demain, je reçois, oui, la famille. On ne s'en sort pas. C'est Dix-neuf ans qui a fait le menu. Avec des trucs que je ne connais pas trop, très fancy, comme des baluchons de canard confit. Vais-je la laisser tout organiser? Évidemment que je vais le faire! Je ne lui ai pas payé des cours d'organisatrice d'événements pour rien. Elle m'a envoyé une liste d'épicerie que je remplirai scrupuleusement. Le plan c'est que j'aille la chercher avec Bébé demain matin et qu'elle cuisine pendant que je m'amuse avec mon délicieux petit-fils. Accepté!

dimanche 27 décembre 2009

Épicerie

Vu ma grande fille aujourd'hui, la plus vieille, la plus poquée. Je lui ai fait une grosse épicerie, elle était contente. Je l'ai laissée chez elle avec tous les sacs, elle non plus ne veut pas que j'entre. Je n'ai jamais vu son chum. Il se cache. Il a probablement de bien bonnes raisons de se cacher. Elle a dit "Tu m'as fait une trop belle épicerie, il faut que je t'embrasse." Comme si ça avait rapport. Et ça a rapport pour elle, pas sa faute, troubles graves de l'attachement, les gens sont utilitaires, ils servent ou pas. Aujourd'hui, je servais.

samedi 26 décembre 2009

Cadeau de Noël

La petite amie de ma Quinze ans, celle qui n'a pas de mère, celle qui est dans une classe de problèmes de comportement, celle qui a eu treize ans en septembre, est arrivée hier pour le souper. Défigurée. Un piercing au nez, un à l'arcade sourcilière, un autre à la mâchoire. Gros, gros les nouveaux piercings! C'est le cadeau de Noël de son père. Ne pas juger, ne pas juger, ne pas juger... c'est ma résolution pour la nouvelle année. Merci à la petite et à sa famille de me permettre une pratique intensive de la tolérance.

vendredi 25 décembre 2009

Caractère de cochon

Elle pesait quinze livres à 23 mois quand elle est arrivée d'Haïti. Avait peine à se tenir sur ses petites cannes chancelantes mais avait une voix qui faisait trembler la maison. Reconnue pour ses colères à la garderie, pour ses cris perçants, pour sa vitesse aussi. Une petite vite douée pour tout, une intense. Ado, je ne m'inquiétais même pas si elle rentrait tard. Une pitbull pareille aurait fait peur à bien des gars en rut. Et pourtant, elle en a subi une agression, dont elle ne m'a jamais parlé. Pas dans la rue, dans une chambre où elle s'était volontairement rendue. C'est la police qui m'a appelée et puis une travailleuse sociale du centre jeunesse. Elle a toujours nié et refusé de porter plainte. Refusé toute aide psychologique aussi. La vie continue et laissez-moi tranquille. Elle a gardé ce caractère bouillant, qui lui vaut des succès, elle décide vite et a plein d'idées, mais tant de déboires aussi. En colère, elle ne voit plus clair, dit n'importe quoi et le pire, plus aucune mesure, elle assassine avec ses mots. Elle était comme ça petite et elle a parlé tôt. Elle a tout fait tôt. L'amour aussi.

Violente une fois à l'école, une vraie bataille avec une fille dans les vestiaires, elle avait quatorze ans, elle aurait pu y perdre un oeil à se taillader comme ça avec leurs longs faux ongles, elle avait une longue égratignure au visage de la joue jusqu'au bord de l'oeil. C'était la faute de l'autre qui avait commencé, dira-t-elle. Trois jours de suspension pour les deux combattantes, a décidé de directeur. C'était une mauvaise année. Sa soeur était en fugue et elle en savait plus que tout le monde et gardait le secret.

Quand elle s'est mise à m'agresser verbalement pour une niaiserie il y a quelques jours, je lui ai dit que c'était assez, qu'elle ne pouvait pas faire subir ça à son bébé, qu'il fallait changer maintenant qu'elle était mère. Non seulement ça ne l'a pas arrêtée, mais elle a crié encore plus fort, pris son enfant sous le bras et m'a dit qu'elle ne voulait plus jamais me voir et plein d'autres choses méchantes que je n'écoute pas, parce que je suis habituée à ce qu'elle dise des mots qu'elle ne pense pas, moi je la connais, mais ce n'est pas le cas de tout le monde et son conjoint, je ne suis pas certaine qu'il se ferme à ses mots, je ne suis pas certaine qu'il ne soit pas atteint par ses coups de poignards. Je savais par expérience qu'elle ferait comme si rien ne s'était passé, malgré le message haineux qui m'attendait sur mon répondeur. Je l'ai effacé.

Et voilà qu'elle m'appelle ce matin. Le bébé s'est brûlé hier sur la tourtière, ils sont allés à l'hôpital et que faire pour qu'il ne se mette pas en bouche sa main pleine de polysporin? "Tu lui mets un pansement, ma belle."

Joyeux Noël!

mardi 22 décembre 2009

Vrac

Hommes? Rien. Je suis en pause, une pause sans limites.

Famille? Je les planterais bien tous là pour aller ... en Chine. Dix-neuf ans m'a fait une crise de nerfs et m'a dit que je lui gâchais la vie. Je lui ai répondu qu'elle était parfaitement capable de se la gâcher toute seule. Mauvaise réponse. Elle ne veut plus jamais me voir, me crie-t-elle à pleins poumons sur mon répondeur. Ça tombe bien, moi non plus.

Noël? Ça va bien finir par passer. Non, pas vrai, j'aime bien ça dans le fond.

Yoga? Pas pire, pas pire, j'y vais, je persiste.

Humeur? Pas aussi mauvaise que ce billet ne le laisse supposer.

Ménage? J'en fais. Ce qui est exceptionnel dans cette affirmation, c'est que je n'en fais pas d'habitude et là, je suis sur un sprint incroyable.

Lecture? Dany Laferrière "L'énigme du retour", oui, oui, celui qui a gagné le prix Médicis. Il le mérite son prix. Plus de la poésie qu'un roman. Et c'est comme ça qu'il faut le lire, sans trop chercher à savoir s'il est à Montréal, New-York ou Port-au-Prince, en se laissant charmer par la dentelle des mots, par l'évocation des images. Laferrière dans son bain, dans des cafés, sur la rue, dans ses émotions, dans sa maturité, dans son enfance, dans son père, son père absent, sa valise qu'il n'ouvrira jamais, la valise de la vie de son père. Un texte épuré, empreint d'émotions, que je vous conseille de savourer tranquillement dans votre bain vous aussi ou bien au lit, sous une couette bien chaude après une longue promenade au froid de l'hiver qui nous enveloppe et qui fait aussi partie du vécu de Laferrière, qui passe d'une page à l'autre du frimas à la chaleur antillaise. Riche vécu traduit remarquablement dans un riche ouvrage.

Froid? J'affronte. L'hiver ne m'aura pas.

Sorties? Sylvain Larocque hier au Juste pour rire. Correct, un gars sympathique mais je n'aurais pas payé pour les billets qui m'avaient été offerts. Ne vous fiez pas trop à moi, je n'aime pas tellement l'humour sauf peut-être l'absurde, comme Daniel Lemire et la Petite Vie.

Un joli petit film, Le Grenier au cinéma du Parc, qui a enchanté le fils de mon amie, âgé de sept ans.

Beast, au Club Soda. Excellent mais misère que les spectacles chers (bon, j'avais été invitée mais les billets étaient trente dollars) sont courts maintenant. Un petit groupe sympathique en première partie et puis Beast arrive à neuf heures et à dix heures, bye! bye! le show était fini et pas de rappel. Coudons! Les spectateurs avaient l'air enchantés. Nous aussi mais on se demandait si c'était l'entracte alors que c'était bel et bien terminé.

Je vais aller voir Precious ce soir après le yoga. Et là, je vais dîner avec une amie que j'adore et qui est libre parce que ce sont les vacances. Merci Noël! Elle va me présenter une fille de notre âge qui en a long à me raconter sur les relations amoureuses. Je sens que ça va être passionnant.

jeudi 17 décembre 2009

La conseillère conjugale

Mon amie P étant au bord de la séparation, son chum l'a senti et a décidé de les inscrire en thérapie conjugale auprès de la meilleure thérapeute en ville. Cent dollars pour cinquante minutes. Les trois premières rencontres ont été désastreuses. Ils se sont engueulé comme du poisson pourri pendant tout le temps alloué. Au bout des cinquante minutes, la thérapeute, qui ne pipait mot, ouvrait enfin la bouche pour leur déclarer: "C'est terminé. Merci et à la semaine prochaine, " tout en tendant la main pour réclamer son chèque.

Le conjoint reconduisait P chez elle, (ils n'habitent pas ensemble), le plus souvent en silence et ils ne se voyaient pas avant le soir de la rencontre suivante de thérapie. Après trois semaines et trois cents dollars, voilà que le chum de P se plaint dans la voiture en route vers le bureau de la psy, cette thérapeute qui lui avait été pourtant chaudement recommandée, est carrément nulle. P est du même avis, ils se font avoir! Enfin un point commun, ils déblatéreront ensemble contre cette thérapie inutile jusqu'à l'entrée dans le bureau de la dame. Cette fois, ils font front commun. "Vous ne nous aidez pas!" dit l'homme. "Tout va plus mal entre nous depuis que nous venons vous voir" dit P. La psychologue arbore un grand sourire: "Qu'attendez-vous de moi?" Le cinquante minutes se passera à définir les attentes. La psychologue écoute, encourage mais se mêle bien peu du discours. À la fin, elle leur donne un seul conseil:" Cette semaine, si vous vous adressez l'un à l'autre, vous devrez obligatoirement commencer toutes vos phrases par "I feel... (la thérapie se déroule en anglais).

Le "devoir" a été difficile. C'est tout de même différent de dire à quelqu'un "You are selfish." et " I feel that you are selfish." Ça a l'air pareil mais ce ne l'est pas. Dans un cas, c'est une condemnation sans appel, dans l'autre, on admet que ce n'est que question de perception et l'autre a l'ouverture nécessaire pour s'expliquer. Moins menaçant. Moins destructeur. Ils s'en amusent toute la semaine du "I feel" et arrivent même à rire ensemble, ce qui n'était pas arrivé depuis .... des années!, me dira P.

La cinquième rencontre à été la dernière! Cette fois, la psychologue leur remet cahier et crayon et leur donne des conseils concrets, des numéro un et deux et trois. Des incontournables à mettre en place. Des outils de communication. Et puis deux livres à lire, prescrits. Et bonjour madame et monsieur. C'est votre tour. Je pourrais vous garder un an ici, mais la vraie thérapie est amorcée et c'est à vous de la continuer. Mon amie est ravie de l'approche et son chum aussi et d'importants changements ont déjà eu lieu. Il y a de l'espoir.

mercredi 16 décembre 2009

L'amour et l'argent

C'est souvent un sujet tabou. Il y a cette peur d'être exploité. Il y a les maniaques de l'égalité totale, ceux qui vous réclament le vingt sous qu'ils ont payé de plus que vous! Ne riez pas, j'en ai connu et plus d'un. Je suis assez magnanime en argent et je ferais facilement partie de ceux qui oublient d'en parler. Je te paie ce souper et tu me paieras le suivant et je ne regarde pas à la dépense, je ne vais pas calculer si le souper que je paie est plus cher que celui qu'il m'a payé. En fait, j'ai déjà rencontré quelqu'un sur réseaucontact et ce qui était au départ une rencontre pour un café s'est révélé tellement agréable qu'on a prolongé par une promenade et un musée jusqu'à la fermeture et ensuite, on avait faim et je l'ai invité au restaurant qui me tentait, assez cher. J'ai pris l'addition et il n'a pas protesté, se contentant de me dire que c'était la première fois que ça lui arrivait et qu'il n'allait sûrement pas refuser,bien au contraire, il allait noter cet événement mémorable en rouge dans son agenda! En ajoutant que ce serait son tour la prochaine fois.

Il n'y a jamais eu de prochaine fois. En suis-je amère? Bien sûr que non. Au contraire même. Parce que j'ai fait ce que je voulais faire, comme je voulais le faire, au moment où je voulais le faire. L'argent, c'est aussi ça: la liberté.

mardi 15 décembre 2009

De la peine (deuxième partie)

Si je comprends bien le commentateur et les trois commentatrices du billet précédent, Le Monsieur qui veut se marier avait bien raison de se sauver et vous auriez tous et toutes fait comme lui. Héhé! Et pourtant... si Monsieur se sent si mal et si coupable cinq ans plus tard, c'est tout probablement qu'il le regrette encore amèrement son geste de fuite sans explication. Juste moi a raison ici, il se sauve le monsieur et vient de faire la même chose avec moi aussi, pour d'autres raisons.

Mettons-nous un peu à la place de la femme de l'histoire. Elle est immigrante reçue et a donc passé à travers tout un processus de sélection pas évident du tout. On l'a accueillie parce qu'elle avait une formation supérieure qui lui permettrait de remplir un poste ici pour lequel on manquait de main-d'oeuvre. C'est le Québec qui sélectionne ses immigrants à partir d'une grille de points, on a plus de points si on est francophone, si on est jeune, si on a des enfants et surtout, surtout si on a une formation recherchée au Québec. Elle arrive donc ici pleine d'enthousiasme et ne trouve pas en rentrant l'emploi rêvé, ce qui est plutôt normal et correspond au profil de la majorité des immigrants. Entretemps, elle doit se trouver un logement assez grand pour une famille, ce qui est encore plus difficile quand on est noir, il ne faut pas se le cacher. Elle a aussi tout un travail d'acclimatation à faire. Quitter l'Afrique pour s'en venir au Québec, c'est quand même un choc culturel immense. Elle est ici depuis un an quand elle rencontre Monsieur. Ils tombent en amour. Quand elle est mal prise, elle lui emprunte de l'argent, qu'il lui prête et qu'elle a l'intention de lui rendre. Quand elle pourra. Là, elle ne peut pas, sa situation financière est très serrée. En plus, elle doit faire des voyages dans sa famille car sa mère est très malade et les billets d'avion coûtent la peau des fesses. Heureusement Monsieur est là, elle lui fait confiance et ils vont déménager ensemble. Il habite chez elle pendant son dernier voyage. Au retour, il est disparu. Son courrier a été ouvert. De quel droit? Elle est dévastée. Ne comprend pas ce qui s'est passé. Elle lui téléphone, lui écrit. Pas de réponse. Il a emporté tous ses effets personnels avec lui. Ses fils, qui s'étaient attaché à cet homme charmant, ne savent pas non plus ce qu'il est advenu de Monsieur et sont blessés de son départ inexpliqué.

Évidemment, la vie continue et cette femme, qui est courageuse, et il faut l'être pour immigrer seule avec deux grands ados dans un continent inconnu, se remet au travail. Elle déniche de nouveaux petits contrats, s'inscrit à plein de concours, fait patienter du mieux qu'elle le peut ses créanciers et finalement, réussit avec brio un concours du gouvernement fédéral qui lui permet de décrocher la job de ses rêves, permanente et bien payée. Il faut déménager à Ottawa, ce qui sera fait. Un an plus tard, enfin renflouée, elle enverra un chèque à Monsieur pour couvrir le prix des électros qu'il avait payés. C'est alors qu'il voudra reprendre contact avec elle. Mais l'histoire d'amour a été bel et bien piétinée et ne reprendra jamais.

lundi 14 décembre 2009

De la peine

J'ai fait de la peine au monsieur qui veut se marier. Sans faire exprès. Bien que l'alcool soit peut-être un peu légèrement en cause, mais à peine. C'était notre soirée aux deux bouteilles, mais il avait bu bien plus que moi. Il me parle de cette femme, qu'il avait rencontrée peu de temps avant de prendre sa retraite. Ils tombent rapidement amoureux. Elle est immigrante reçue, scolarisée. Il est question qu'ils vivent ensemble. Ils ont une vie sexuelle intense et épanouie, car même si elle a été "partiellement" excisée (ça se peut?), elle arrive à ressentir la jouissance. Il s'installe chez elle, ou bien ils achètent un condo, pas trop certaine de cette partie de l'histoire, mais ils sont temporairement ensemble et ont comme but que ça devienne permanent. Il vend ses électros et en achète des neufs pour leur appart. Ses enfants à elle, qui sont de jeunes adultes, sont dans le décor, mais ça ne cause pas de problème, il a toujours voulu des enfants et s'entend bien avec eux. Elle lui emprunte régulièrement de l'argent, qu'elle ne lui rend pas. Elle travaille mais pas à temps plein. Des contrats flous. Et voilà qu'elle doit se rendre dans son pays. Elle y restera quelques semaines. Pendant ce temps, il ouvre son courrier, supposément pour payer ses comptes. Il réalise alors qu'elle a des dettes partout et qu'elle est poursuivie par plein de créanciers. Il prend peur et se sauve. Met fin à la relation. Pas officiellement. Il n'est juste plus là quand elle revient au Québec. Disparu le monsieur qui veut se marier. Il la recontactera bien à un moment donné mais leur relation ne sera jamais plus la même. Et là moi, je m'exclame:"Non, mais, pas possible, tu l'as plantée là pour une question d'argent? Alors que vous vous entendiez si bien? Tu en avais de l'argent. Vous auriez pu vous en accommoder, partager, discuter de ses dettes, voir ce qu'il y avait moyen de faire avec. Il y a des hommes, et des femmes aussi, qui font vivre leur partenaire. Je trouve tout ça d'une grande tristesse." Il m'avait alors accusée de le juger mais c'en était resté là et on n'en avait pas reparlé de la soirée. Et voilà qu'hier, après une semaine sans nouvelles, je l'appelle et il me dit que je lui ai fait énormément de peine, qu'il n'est probablement pas encore remis de cette rupture amoureuse et qu'il éprouve encore beaucoup de culpabilité. Je lui demande s'il aime encore cette femme. Il pense que non. Aucun espoir de reprise? Non, me dira-t-il, aucun. Je lui dis que je suis désolée, que je ne voulais pas lui faire de peine, et c'est vrai.

Intense intensive

Je m'étais remise au yoga intensif. Et par intensif, je veux dire intensif. On dirait bien que la demi-mesure, je ne connais pas ça, moi. Donc, un ou deux cours par jour, tous les jours, les plus difficiles évidemment. Le vendredi soir, du Iyengar, avec une charmante professeure du United, charmante parce que souriante, ce qui est plutôt rare chez les profs Iyengar, mais tout aussi exigeante que les autres, malgré le sourire. Une fausse affabilité. Quand on ne peut plus, on peut encore. Et on se prend à espérer que la pose finisse et elle semble sans fin, comme la douleur associée, comme l'étirement extrême, l'écartellemet du corps. Le chien tête baissée, adhomukasvanasana est accueilli avec reconnaissance. Enfin du repos, croyions-nous! Ce l'était pendant le premier cinq minutes, mais le downward dog qui s'éternise, ça devient dur pour le corps aussi. Ouf! Shavasana enfin. Merci! Mais quelle fierté d'être passée à travers!

Le samedi matin donc, le cours tout aussi exigeant, bien qu'un peu différent, me voit arriver dynamique, mais déjà un peu épuisée. Celui-là m'a littéralement tuée. J'ai eu de la misère à marcher jusqu'à chez moi. Et il était convenu depuis longtemps qu'on allait acheter les vêtements pour le spectacle de danse de Quinze ans. Ce qui fut fait. Avec efficacité. On forme donc une bonne équipe des fois. On était fières de nous. Souper au restaurant. "Avez-vous des réservations? Non? Alors c'est cette table." Il nous installe alors à une petite table bancale du fond. On aurait dû sortir à ce moment-là. Le premier réflexe est souvent le bon. Mais on est restées, on a plutôt demandé d'arranger la patte branlante de la table, ce qui fut fait. Le repas a été ordinaire, Quinze ans n'a à peu près rien mangé et on a rapporté le tout dans un doggy bag.

Une fois à la maison, je me suis écroulée. Et j'ai passé tout mon dimanche encabannée, épuisée, vidée. Quinze ans avait invité une amie, tant mieux. J'ai cuisiné pour dix et j'ai mangé .... trop.

Mais cette semaine est une autre semaine. Je devrais bien aller au cours de yoga du midi. Non seulement je devrais, mais je vais. Et il y a celui du soir aussi. Bon, celui-là, on verra.

vendredi 11 décembre 2009

Le stress

Pas le mien, celui de Quinze ans. Il est immense. Et en fait, c'est devenu le mien un peu beaucoup aussi, ce qui ne devrait pas et ce qui n'aide surtout pas. Elle en a énormément à gérer pour une fille dysphasique et dyslexique et tda et compagnie. Même sans handicaps, ce serait beaucoup en même temps. Premièrement, il y a ce spectacle de hip-hop dans une grande salle devant des centaines de spectateurs samedi prochain. Elle est dans une classe avec des adultes, ne l'oublions pas, car c'était la seule qui convenait à son horaire chargé. Elle a eu bien de la misère à comprendre c'était quoi le fameux costume à se procurer. Difficulté à gérer plusieurs informations à la fois (dysphasie). Et cette fois, on ne leur a pas dit qu'elle avait des difficultés, alors c'est "débrouille-toi". Sa vie va être comme ça parfois, souvent peut-être. Elle ne va pas toujours se présenter en disant "Je suis X, dysphasique et dyslexique." D'autant plus que c'est une belle fille aux yeux brillants qui s'exprime bien. Invisibles, ses handicaps.

Et puis, elle va changer de programme à l'école. C'est en préparation. Autre stress énorme. Peur de l'inconnu.

Et le cheerleading qui lui demande tant de temps et qui implique des compétitions dès janvier. Là encore, aucun élève, à part elle, ne vient des classes spéciales. Elle a de la misère à se rappeler des chorégraphies et répète encore encore dans notre salon. Une courageuse, ma fille. Une courageuse anxieuse. On le serait à moins.

Elle ne dort plus, a oublié son sac à lunch, ses clés, perdu son cadenas. S'inquiète, se ronge par en dedans. J'en arrive vraiment à me demander si c'était une bonne idée de la laisser faire tout ça et de l'y encourager. Je souffre avec elle et je doute. Je ne suis pas le roc que je voudrais être. Plus je vieillis, plus je me dis que c'était une folie d'adopter trois enfants toute seule. J'aimerais tant qu'il y ait un père pour prendre la relève de temps en temps. Je ne ressentais pas ça avant. C'est nouveau comme émotion. Je me sens moins à la hauteur et pourtant, il ne me reste qu'une enfant à m'occuper.

mercredi 9 décembre 2009

La meute

Mon amie L, qui habite Outremont, voulait me faire découvrir un coin inexploré du Mont-Royal. Une partie cachée qui n'est pas patrouillée et qui représente la vraie forêt à son état sauvage, le tout, presqu'à côté de chez elle. Ce qui fut dit fut fait!

J'étais émerveillée. On aurait facilement pu se croire dans les bois à des heures de Montréal. Le calme, le luxe, l'odeur boisée, la solitude, le silence. Magnifique. On a bien rencontré quelques promeneurs solitaires avec leur chien. "Tu devrais avoir un chien. C'est magique pour rencontrer." Et c'était vrai, on a parlé à ces promeneurs, comme s'ils étaient de vieux amis, tout en caressant leur chien. L'animal crée un sujet de conversation immédiat et naturel.

On montait donc. Jusqu'au cimetière. Je ne cessais de la remercier pour m'avoir introduite en ces lieux interdits. Au retour, on entend aboyer. Probablement un autre maître qui avait oublié d'attacher sa bête. Mais voilà que pas un chien, mais bien dix... euh... vingt... merde, on ne les compte même plus.... une véritable meute de chiens en liberté se dirigent à la course vers nous. Mon amie et moi, on se colle l'une sur l'autre, le coeur affolé. Loin derrière, heureusement, on entend une voix qui appelle les chiens. Ils ne l'écoutent pas mais au moins, on sait qu'ils ne sont pas seuls. On ne bouge pas, quelques chiens, les plus petits (ce sont les pires) s'attaquent à nos mitaines. On précipite nos mains dans nos poches et on crie au monsieur qui s'en vient tout tranquillement "Appelez vos chiens!" Il marche tranquillement et une fois à notre hauteur, on a envie de l'enguirlander. "Mais qu'est-ce que vous faites ici avec tous ces chiens détachés?" "La même chose que vous, je me promène, j'ai le droit autant que vous, on est sur des terrains privés ici, qui appartiennent au cimetière et à l'université." "D'où ils viennent tous ces chiens?" "J'ai ma compagnie, je les promène pour leurs propriétaires. Et faites attention, il y a d'autres compagnies qui s'en viennent avec leurs chiens et ils en ont bien plus que moi. Vous êtes peureuses pour rien, ce sont de bons chiens de maison, pas de raison d'avoir peur." Et il reprend sa route et nous la nôtre.

Et j'imagine ces riches gens d'Outremont dans leurs ravissantes maisons. On sonne à la porte. La bonne ouvre. "Je viens chercher Médor et Géraldine pour leur promenade." La bonne amène le bouvier bernois et le schauzer géant, tout heureux. Le promeneur les tient en laisse avec vingt autres chiens et hop! à la montagne.

dimanche 6 décembre 2009

L'alcoolisme

Après le musée d'art contemporain, on rentre chez moi pour l'apéro. Je lui suggère un apéro à l'eau Perrier, vu qu'on veut tous les deux maigrir, mais il nous dirige vers une Régie des Alcools, pour y acheter une bouteille de blanc en apéritif et puis une de rouge aussi, pour accompagner notre souper. Devant le premier verre, je lui confie que je veux faire le Défi trente jours sans sucre, bonne idée est son commentaire, je suis contente, il va peut-être embarquer avec moi, et j'aime faire des choses avec lui! 30 jours sans sucre et... sans café! Il rit, "difficile mais pas impossible, un vrai défi!" je lui souris, il est bel homme, avec ses beaux cheveux blancs abondants et bouclés et ses yeux pétillants, "bon, alors, je disais, 30 jours sans sucre sous aucune forme, sans café et ... sans alcool." Là, il a pâli et s'exclame spontanément "Ça, jamais, plutôt mourir."

Wow! C'est pas extrême un peu comme réaction, comme cri du coeur?

Plus tard, au restaurant, devant la bouteille de rouge (celle de blanc a été finie rapidement, j'en ai bu le tiers et lui les deux tiers), on discute alcoolisme. Il n'est pas alcoolique, me dira-t-il, parce qu'il ne boit pas tous les jours, voilà. Un alcoolique se lève le matin avec le goût de boire, pas lui. Il est un buveur social. Et moi, je m'interroge. Et je vais le faire, je pense, ce défi trente jours sans café, ni sucre ni alcool. Ça devrait me faire beaucoup de bien.