vendredi 27 février 2009

Moi

J'écris dans mon blogue et je suis donc celle qui donne à mes lecteurs l'image de qui je suis. Or, Sophie, une gentille commentatrice a l'impression que je pourrais vendre ma maison toute seule. C'est donc que je parais plus hardie que je ne le suis. En amour, je suis plutôt poche, la plupart l'ont compris. Enthousiaste, enflammée, passionnée mais assez poche.

En affaires, je me débrouille assez bien et j'étais encore mieux avant, quand je m'en occupais plus sérieusement. J'ai un certain sens des transactions à faire et de celles à éviter. Je fonctionne par intuition et mon intuition est souvent juste.

Mais, ma vie privée est très privée et, même si je l'aime ma maison, même si je la connais, je ne saurais la vendre toute seule. Par pudeur. Par horreur un peu d'être envahie par des inconnus qui voudraient raser ma cour et mettre du béton sur mes fleurs. Les acheteurs inconnus ne se pressent pas aux portes, entendons-nous, le marché est déjà à la baisse et si j'avais vendu ma maison l'an passé, j'en aurais obtenu un prix supérieur à celui que j'aurai cette année. Donc, désolée Sophie de vous décevoir, votre idée est brillante et j'y ai réfléchi mais je n'ose pas. Trop pour moi.

J'ai donc signé avec un autre agent d'immeubles hier après-midi. Un Italien qui l'aime ma maison et qui trippe sur mon grand jardin et mes boiseries. Une personne qui en a compris tout le potentiel, un homme qui s'adressait avec une grande gentillesse à Quatorze ans en journée pédagogique, un sensible qui a dit que ma maison respirait l'amour et qu'il trouverait des acheteurs qui la rempliraient d'enfants! Et je ne l'ai pas trouvé cucul du tout.

Il me dit de ne plus dépenser un sou, je ne récupérerais pas les investissements. Son évaluation était réaliste. C'est une partenaire d'aquajogging qui me l'avait chaudement recommandé. Elle avait bien raison. On trouve de tout à l'Aquadôme, même un agent d'immeubles.

jeudi 26 février 2009

S'expliquer

Il m'a téléphoné à la suite de mon courriel. Je l'idéalise trop, dit-il. Oui, il a été en couple avec une sexologue, oui, il a été massothérapeute, oui, il a de l'expérience de vie, mais à son âge... "Quoi, tu ne bandes plus?" Je deviens plus hardie, plus directe. Je n'en connais pas, moi, des hommes de soixante-quatre ans. On se parle. On s'explique. C'est bien. Il me désire, dit-il. C'est tout ce qui compte. Je suis rassurée.

Intimidée

Je suis gênée avec cet homme. Pas excessivement. Mais je n'ose pas grand chose. Et ma hardiesse fait partie de mon charme. Il faut accepter d'être différente. Pas le choix. Il me fait vraiment trop d'effet. J'en suis littéralement submergée.

J'analyse trop. Son processus de séduction est rapide,efficace, transparent. Première rencontre, deux sorties culturelles dans la même semaine et puis le souper chez lui dimanche. Si je veux. Mais je sentais qu'il était mieux que je veuille. J'ai voulu. Souper chez lui dimanche donc. On fera l'amour. Si je le veux, a-t-il précisé. Il sait trop bien que je le veux. Et à partir de là, la relation va s'éteindre aussi vite qu'elle est née. Je suis beaucoup trop défaitiste? Non, réaliste, je pense.

Laisser tout tomber maintenant? Bien sûr que non.

Mais l'extase, l'élan et le bonheur total ont diminué. Je suis une excessive, moi. J'aime l'émotion pure, l'excès, le coeur qui bat, le tout est possible, la peur au ventre, l'excitation jusque dans les cheveux. Je carbure à cette adrénaline de la folie des rencontres, des phéromones qui explosent dans ma tête et mon corps. Je ne vieillirai jamais.

La réalité peut être belle, heureusement. Il vaut mieux vivre sa vie les yeux ouverts. Et en tirer le meilleur. Lucidement.

mardi 24 février 2009

L'agent d'immeubles

Il est arrivé avec un peu de retard mais, homme de parole, il avait appelé pour m'en aviser et ça faisait bien mon affaire. Est-on jamais vraiment prête quand il s'agit de subir une inspection de notre lieu de vie?

On a d'abord visité mon logement libre du haut. Il a émis quelques commentaires (judicieux!) et on s'est retrouvés en bas chez moi. J'ai pris son paletot et je l'ai rangé dans la garde-robe. Il a demandé si j'avais des pantoufles, en phentex, ça serait très bien, a-t-il dit. Il avait froid aux pieds. J'ai cherché mais je n'en avais pas. En fait, je savais très bien que je n'en avais pas mais j'ai cherché quand même. Je me sentais soudainement inadéquate parce que je n'avais pas de pantoufles en phentex pour les visiteurs. Des chaussettes chaudes? Oui, mais pas pour les grands pieds d'un homme. Il a finalement accepté d'avoir froid aux pieds! J'ai monté le chauffage.

Je voulais lui faire revisiter la maison mais non, il voulait d'abord et avant tout signer le contrat, the contract, le papier qui officialiserait notre relation. Mais il a au préalable voulu me faire un long discours sur le marché de l'immobilier et sur la crise économique. Or, j'ai lu sur le sujet, j'ai écouté des émissions sur le sujet et j'en ai juste ras-le-bol du sujet. Non, ce n'est pas un bon temps pour vendre mais je vends. Un agent qui essaie de me convaincre de ne pas vendre, c'est le bout du bout ou le boutte du boutte, selon votre niveau de classe. Car de la classe, il n'en avait pas. Des sti tonitruants ponctuaient son analyse du marché. Pas de classe et pas d'écoute non plus. Quand l'interlocutrice soupire, bâille, lève les yeux au plafond, regarde ailleurs, fouille dans ses papiers, il me semble que c'est évident qu'elle n'est pas intéressée. Il émit un "stie" de trop. Avant, plus jeune, je n'aurais rien dit, j'aurais ravalé, peut-être même que je l'aurais signé son contrat. Là, non, ça ne passait plus. Je lui ai dit fermement "Arrêtez!" ce qui eut l'effet escompté de le faire taire.

Je lui ai calmement expliqué que je ne le signerais pas son contrat, parce que je ne puisse imaginer être associée à un homme qui profère des jurons à la pelle. Il s'est immédiatement excusé, a dit ne pas s'en rendre compte. N'a pas insisté pour le contrat et a remballé ses papiers. "Autre chose que vous me reprochez?" "Votre manque d'écoute." On s'est expliqué calmement. Comme des amis, en fait, sans aucune animosité. Il a demandé ma discrétion et m'a remerciée. "C'est la première fois que quelqu'un me le dit pourquoi il ne veut pas signer avec moi. Le plus souvent, je reste dans le vide."

Je lui ai rendu son paletot et on a échangé une poignée de mains. Pas d'amertume. Je lui ai dit qu'il était un bon monsieur et que je n'avais rien contre lui en tant que personne. Un peu plus, et on s'embrassait, il y avait comme une espèce de drôle d'émotion dans l'air. Celle de la vérité?

Avec tout ça, elle n'est pas vendue ma maison. Et l'état du marché est mauvais et dégringole de jour en jour, on vient de me l'expliquer longuement de nouveau!

dimanche 22 février 2009

Activité culturelle

On va voir l'exposition Van Dongen au musée des Beaux-Arts cet après-midi, le mystérieux étranger et moi.

samedi 21 février 2009

Trouble

Une rencontre tellement chargée sexuellement des deux bords que j'ai envie de fuir. Trop c'est comme pas assez. Surtout que je m'étais dit que je partais cette fois sur la base d'affinités réelles, comme la présidente de l'ordre des psychologues, Marie-Rose Charest le recommande dans son dernier livre sur les relations amoureuses. Plus on se ressemble, plus il y a des chances de succès. Dans ce cas-ci, je ne le sais pas si on se ressemble. L'attirance brute est si forte que tout le reste est mis dans l'ombre. C'est réciproque, non seulement je l'ai viscéralement senti comme un coup de poing ou de poignard, comme une emprise impitoyable et sans merci, mais il l'a verbalisé tout comme j'ai verbalisé mon trouble. "On fait quoi? a-t-il demandé. Je ne le sais pas. Ça fait tellement longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Je ne songeais qu'à rentrer chez moi, comme si j'étais en danger. Je ne me sens pas du tout en contrôle. Ça me fait peur et je fuis. J'ai couru jusqu'à la maison et j'ai refermé la porte, soulagée. En sécurité.

mardi 17 février 2009

Attente

Une journée passée à attendre. Je voulais bien m'occuper à autre chose mais j'en étais tout à fait incapable. Ma fille sortait de l'hôpital aujourd'hui et j'étais la chauffeure désignée. J'avais hâte de la voir ma fille. On ne répondait pas à son pavillon à l'hôpital. J'ai appelé le chum, il lui est maintement interdit par Dix-neuf ans de me parler, elle le trouve trop bavard, mais là, je voulais savoir ce qui se passait. "Je lui ai parlé et elle va vous rappeler pour aller la chercher."

J'ai donc attendu. Finalement, elle était là, toute prête quand elle m'a finalement contactée. Belle, ce qu'elle ne croyait pas car elle n'était pas maquillée. Avec ses traits parfaits, elle est bien plus jolie sans maquillage mais de ça, je ne la convaincrai jamais. Elle était calme et tenait ses médicaments dans un petit sac blanc. J'ai écrit le nom des pilules en arrivant devant sa porte. Ce sont bien des médicaments pour traiter le trouble bipolaire, ai-je pu lire en faisant une recherche.

Maintenant qu'elle est chez elle en sécurité, je pourrais devenir productive, mais je me sens étrangement épuisée. Et pourtant, je n'ai rien fait de la journée. Je vais aller courir un peu, pour me réveiller...

Tiens, ma Quatorze ans qui rentre. Vais-je la convaincre de venir courir avec moi?

lundi 16 février 2009

Vulgarité

Les spectateurs au spectacle de Céline sont exécrables. Ils parlent, crient, filment, photographient, se lèvent pendant le spectacle. S'adressent directement à la star pendant qu'elle chante, d'ailleurs, il y a des chansons qu'elle a bien de la misère à chanter à cause des hurlements d'enthousiasme. Ceux d'en avant montent sur leur banc et cachent ceux d'en arrière, mais on s'en fout des autres, hein, ses fans hystériques ont payé deux cent dollars et se croient seuls dans leur salon avec leur idole. Ces grossiers personnages se mettraient à péter et à roter qu'on n'en serait pas surpris. Ils sont à l'aise, ils sont chez eux. Aucune classe.

À travers le chahut, l'artiste reste bien calme et souriante, tout à fait parfaite la Céline. On vient lui porter des cadeaux directement sur la scène, des fleurs, des toutous laids, des dessins d'enfants et elle trouve le moyen de prendre les offrandes et de remercier tout en continuant à chanter, simple et gracieuse.

Véronic Dicaire en première partie. Surprenante de justesse dans ses imitations. Vraiment excellente.

J'ai aimé le spectacle, je n'ai pas aimé le public.

dimanche 15 février 2009

Dating

Je viens de m'inscrire à réseaucontact et j'ai déjà eu un rendez-vous le lendemain, soit vendredi! Un homme très bien sous tous rapports. Une rencontre agréable, un bon film et un bon café. Je n'en demande pas plus.

Je me concentre cette fois sur les hommes de mon âge ou plus vieux que moi. Plus vieux que moi, je n'ai aucune expérience. Je dois appeler un homme qui a dix ans de plus que moi cet après-midi. Ils ont l'air bien au-dessus de leurs affaires passé soixante ans, ayant un immense bassin potentiel de femmes désespérées et prêtes à tous les compromis, à leur disposition. J'ai bien l'impression que je vais rapidement revenir aux plus jeunes...

On s'en va au brunch familial aujourd'hui. Dix-huit ans sera là et mon fils et sa blonde peut-être bien et ma mère, évidemment et ma Quatorze ans. Cette dernière est allée à un souper de la Saint-Valentin chez son "chum" hier. Ils sont tellement gênés en personne ces deux-là qu'ils en font pitié. Au point où la mère du jeune a demandé à ma fille si vraiment elle voulait rester quand je suis allée la reconduire. Holà! Bien sûr qu'elle va rester, ai-je proclamé en me sauvant à toutes jambes. Finalement, elle a bien aimé sa soirée.

J'ai parlé à Dix-neuf ans hier qui a retrouvé toute sa tête et dit finalement que c'est une bonne idée cette semaine supplémentaire à l'hôpital pour la stabiliser. Elle m'appellera lors de sa sortie pour que je la reconduise chez elle.

J'ai des amis qui voudraient peut-être acheter la maison. Ils sont venus en grande pompe prendre des photos et ont amené les beaux-parents. J'attends des nouvelles. Ce serait idéal. Sans la commission de l'agent d'immeubles, le prix serait plus bas et puis on pourrait s'arranger pour la date d'occupation. Si ça ne marche pas, j'appelle l'agent d'immeubles. Le premier, le stable, celui qui ne m'a jamais laissé tomber et qui m'appelle chaque année depuis dix ans! La persévérance paie. Dans tous les domaines d'ailleurs. En amour aussi.

On a gagné des billets pour Céline Dion! On y va ce soir, ma mère, ma nièce, Quatorze ans et moi! Chanceuses, nous? You bet!

samedi 14 février 2009

Presque végétarienne

Je ne mange à peu près pas de viande mais je ne suis pas pour autant une vraie végétarienne. Je mange encore pas mal de produits animaux : poissons, fruits de mer, oeufs, lait et fromage. Bien que le fromage soit devenu très extrêmement rare depuis que je fais le régime Weight Watchers. C'est qu'il y a tout plein de calories dans du bon fromage et que le fromage sans gras, yak, je n'aime pas. J'ai essayé le fromage végétarien à base de soya et j'aime, pas à la folie, mais je gratine avec et c'est très bien.

Cuisiner végétarien est simplissime, facile, accessible. J'adore ce choix que j'ai fait. Je prépare un repas rapidement. La base? Des légumes que je fais revenir dans du Pam à l'huile d'olive (WW oblige!), le plus souvent des légumes congelés provenant du Québec. J'évite les dépenses reliées au transport des aliments et j'encourage nos producteurs. Alors on fait revenir les beaux légumes et il y en a une grande variété, j'ajoute ail et oignons et puis les protéines: tofu ou poisson, ou crevettes ou pétoncles, ou crabe ou légumineuses ou noix. Une petite sauce sans gras (souvent du tamari ou bien du vinaigre balsamique ou bien du cari ou le fameux curcuma que j'ai appris à aimer). Et hop! on verse le mélange sur du riz brun ou des pâtes de blé entier ou du quinoa ou une autre céréale (en petite quantité les féculents, en très petite quantité, une demi-tasse), un verre de vin rouge et le repas est prêt!

Je me sens vraiment bien depuis que j'ai adopté cette alimentation.

jeudi 12 février 2009

Bonheur

On a le devoir d'être heureux et c'est le plus grand service que l'on puisse se rendre à nous ainsi qu'aux affligés ou malades qui nous entourent. Notre bonheur risque de rejaillir sur eux. La vie continue. Je me suis inscrite à Réseau-contact hier. Encore? Oui. Et ça me fait du bien.

Les tractations et hésitations vont bon train pour ce qui est de la maison à vendre et du condo à acheter. De plus en plus de tractations et de moins en moins d'hésitations. On va s'en sortir! Je sens que les lecteurs de mon blogue qui suivent cette saga qui s'éternise depuis des années maintenant (plus d'une année en tout cas!) vont m'applaudir virtuellement quand j'en aurai enfin fini avec ce sujet! héhé!

Je m'en vais à WW. Un bon côté de mes inquiétudes maternelles est que je suis à peu près certaine d'avoir maigri. Allons vérifier! J'ai une amie très chère qui vient dîner avec moi. La vie est belle car j'en ai ainsi décidé.

lundi 9 février 2009

Les bas

L'agente d'immeuble prévue pour une heure aujourd'hui avait oublié notre rendez-vous. Heureusement, je l'ai su d'avance au moment où je tentais de le reporter d'une petite demi-heure, ce fameux rendez-vous oublié, histoire de finir le ménage qui semble sans fin. La peinture a été terminée hier soir et elle a causé le grand dérangement, celui qui ressemble à tous les cossins pêle-mêle dans une pièce, question de libérer celles à peindre. Couleurs très jolies, neutres sans ennui. J'aime. Maison claire, propre, bien plaisant. Pourquoi donc n'ai-je pas pensé à me payer ça avant, une maison fraîche peinte, avant de vouloir quitter ladite maison, je veux dire? Là, j'admire mes murs, le sourire aux lèvres.

Car je souris, oui. Je devrais pourtant être morte d'inquiétude, ma fille passe en cour contre l'hôpital demain. Une petite poulette de cent dix livres, pleine d'énergie et de désir de sortir faire sa vie avec tous les risques de sa périlleuse vie contre deux éminents psychiatres de ce grand hôpital. Deux contre une. Et toute seule la jeune femme, pas de chum, pas de mère, personne. Voyez-vous, si j'y vais, ce serait pour dire au juge que je considère que ce serait une bonne chose de soigner ma fille même contre sa volonté. Je me sens incapable de faire ça car ma fille me demande exactement le contraire, soit de témoigner de sa bonne santé mentale revenue et de sa capacité de se prendre en charge sans danger pour elle et pour les autres. C'est vrai que la psychose semble finie et qu'elle a un raisonnement logique, mais pour combien de temps? Alors, je n'y vais pas. Demain, elle sortira avec des gardes? Dans un fourgon d'hôpital? Je n'en sais rien. Mais elle aura son tout petit manteau de printemps et pas de bas dans ses pieds. Elle se promène comme ça l'hiver, ma fille. Je lui ai bien acheté des vêtements pour l'hôpital mais je n'ai pas pensé à lui acheter des chaussettes. Je croyais qu'elle en avait dans ses pieds et d'autres dans sa petite minuscule valise. Ça ne prend pas de place une paire de chaussettes et puis, je les ai élevées comme ça mes filles, on apporte des petites culottes et puis une paire de bas quand on va coucher ailleurs. Mais Dix-neuf ans ne met pas de bas dans ses souliers même en plein hiver. Ce sont curieusement des petites choses comme ça qui me font de la peine.

Le bonheur est dans l'action selon Encre qui l'a écrit sur le blogue de Pierre. Étant professeure de philosophie, Encre sait de quoi elle parle, alors je m'affaire. On fête l'anniversaire de P ce soir, plus d'une semaine en retard. C'est elle qui donne des cours d'anglais à Quatorze ans. Elle a eu cinquante-sept ans. Toujours belle. Hésite à sortir parce qu'elle n'aime pas laisser son chien seul? Elle va peut-être l'amener. Je ne porte plus de jugement sur des comportements que je ne comprends pas. Je les accepte. C'est plus simple. La vie m'aura au moins appris ça. Et ça vaut pour ma fille aussi. Mon cercle d'acceptation s'élargit tout le temps, on dirait.

mardi 3 février 2009

Ma petite fille

Je viens de la reconduire à l'hôpital psychiatrique. Elle va y passer la nuit. Elle ne dort plus, ne mange plus depuis plusieurs jours. S'est fait des engelures elle ne sait plus trop comment. Dit que ça s'est infecté. Voit des "ombres" et en a peur. C'est tellement tellement positif qu'elle ait décidé de se faire soigner. Je suis soulagée.

vendredi 30 janvier 2009

Silence, on vaccine!

Les vaccins ne sont pas sans danger. Leurs victimes sont rares, très rares, mais réelles. Lina B. Moreco les a rencontrées. Un autre très bon documentaire de cette jeune cinéaste (bof! un bon cinq ans de moins que moi, la jeunesse totale quoi!) talentueuse, qui a le don de s'attaquer à des sujets difficiles: mort, acharnement médical et là, vaccination. Sujet tabou s'il en est. Quand un parent relie la maladie de son enfant à la vaccination, on ne l'écoute pas et on essaie de le faire taire. Il y a des produits toxiques dans les vaccins et certains individus y seraient plus sensibles et développeraient des maladies graves à la suite d'une vaccination. Un film qui fait réfléchir. Une problématique complexe.

jeudi 29 janvier 2009

Lecture défendue

Je tenais déjà un journal quand j'avais dix ans. Je l'ai gardé. Quand on l'ouvre, il y a une tête de mort de dessinée sur la première page avec écrit en rouge au crayon gras "Maman, si tu lis ce journal privé, je n'aimerais pas être à ta place car je te lance un sort et mes sorts marchent." J'écrivais sans fautes déjà à cet âge-là. C'est que je lisais énormément beaucoup et je savais lire depuis l'âge de quatre ans à cause de mon adorable grand-père qui me l'avait appris sur ses genoux le dimanche après-midi. Je me cachais pour lire car ma mère était persuadée que ça nuisait à mes yeux. J'avais déjà des lunettes épaisses et c'était sûrement à cause de toute cette lecture, pensait-elle. Alors, l'été, les livres étaient interdits et je devais obligatoirement aller jouer dehors. J'avais prévu le coup et j'avais heureusement des cachettes. J'en extirpais mes livres comme un fruit défendu et je me trouvais un petit coin d'où je pouvais lire tout en épiant les possibles dénonciateurs qu'étaient mes frères. Parfois, j'entendais crier "Maman, Libre lit un livre!" Merde! Maman se pointait immédiatement, m'arrachait l'objet du délit des mains et m'ordonnait de sauter à la corde ou bien, il y aurait du ménage à faire. La menace ultime et terrible, celle que j'utilise encore avec Quatorze ans quand elle ne veut pas faire ses devoirs. Mon petit frère, lui, téteux, la suivait en lui assurant que lui, il ne lirait jamais. Et il a tenu parole!

mardi 27 janvier 2009

La madame

Pour les enfants qui souffrent de troubles de l'attachement sévères, la famille n'est pas nécessairement le milieu de vie le plus adéquat. Les demandes affectives d'une famille aimante confrontent directement ces enfants dans leurs manques, non seulement cet amour qu'on leur offre, ils ne peuvent pas le rendre, mais il les agresse et les fait réagir. Les familles s'épuisent et l'enfant est déménagé de milieu, parfois à répétition.

Quand j'étais famille d'accueil, dans les cas où toutes les ressources avaient échoué, il y avait la madame. Une femme célibataire dans la quarantaine, qui avait ses méthodes et imposait sa loi. Les intervenants ne discutaient pas sa façon de faire, parce qu'avec elle, c'était à prendre ou à laisser.

Je l'avais connue lors de nos rencontres de famille d'accueil. Une maîtresse femme, corpulente et excentrique à souhaits, souvent habillée en rouge et avec... son petit caniche dans les bras et un gros trousseau de clé à la main. Elle barrait tout, absolument tout quand elle sortait, y compris le frigo et les armoires! Chez elle, il y avait neuf jeunes entre douze et dix-sept ans, deux par chambres. Impeccables les chambres car dans cette maison régnait une discipline de fer et pourtant, les jeunes voulaient habiter là et étaient prêts à de grands efforts pour y rester!

Elle habitait une grande maison avec une piscine. Quand un jeune débarquait chez elle, elle mettait cartes sur table. Je ne t'aime pas parce que je ne te connais pas mais je te respecte. Je suis famille d'accueil parce que c'est mon travail. Ici, tout le monde travaille et c'est moi qui dirige. On est pas une démocratie (tu ne sais pas c'est quoi une démocratie?, ok, je te l'expliquerai après), je suis le boss et vous devez suivre mes règles. Sinon, tu t'en vas, bonhomme et moi j'accueillerai un autre jeune.

Il y avait des corvées, des récompenses méritées, une vie quand même réglée mais le vendredi soir, c'était le party. Danse, friandises, musique au boutte, on s'amusait ferme et toute la nuit si on voulait. Pas d'alcool et pas de drogue mais le party. Et elle participait la madame.

La semaine, tout était réglé au quart de tour. La madame ne faisait ni l'épicerie, ni le lavage, ni la cuisine, ni le ménage. Mon but, nous expliquait-elle dans les réunions de famille d'accueil, c'est de rendre ces jeunes-là autonomes. Ne rien faire à leur place. Les entraîner à la vie en appartement. Quand ils vont sortir de chez moi, ils vont savoir tout faire. Alors, on fonctionnait en équipes de travail et ça allait rondement.

Un jeune qui ne se pliait pas partait. Immédiatement. Les autres, voyant que la madame ne faisait pas de grands discours mais agissait, la respectaient. Il fallait étudier ou travailler si on avait plus de seize ans pour habiter chez elle, mais elle ne se mêlait pas de trop près de la vie scolaire. Si on lui demandait de l'aide, elle en donnait, sinon, elle gérait au plus pressé.

Des jeunes qui n'avaient jamais pu s'intégrer nulle part, elle en a récupéré. Je me rappelle de ses clés, de sa grosse voix, de son petit caniche mais surtout, surtout, de son rire, un grand rire communicatif, un rire de party. Ses fêtes du vendredi soir devaient valoir la peine!

samedi 24 janvier 2009

La faim

Ça ne va pas si bien avec ma perte de poids. Le programme Weight Watchers marche quand on le suit, pas seulement quand on paie et qu'on lit sur le sujet ou qu'on en parle. Il faut faire des efforts, l'animatrice a raison. Je la paie pour qu'elle me dise de faire des efforts. J'ai faim. Au moment où j'écris ces lignes en ce beau samedi soir, j'ai faim. Il ne reste plus de points. Même les points supplémentaires sont sérieusement entamés et on n'est que samedi et la pesée est jeudi. J'ai faim donc. Je pourrais manger la soupe 0 points ou la salade sans vinaigrette mais je n'en ai vraiment aucune envie. Se changer les idées. Penser à autre chose. Se tenir occupée. Si j'avais un partenaire consentant, je ferais l'amour et je suis certaine que cette foutue faim passerait. J'en ai pas alors faut compenser autrement. Un verre de vin? Mais non, là aussi, il y a des points (les points, pour les néophytes Weight Watchers, ce sont des calories). Courir autour du bloc, autre bonne idée mais il fait vraiment vraiment trop froid. Alors je vais lire ma Presse avec de la tisane bien chaude et me tenir à ça. Je suis capable, bazouelle. Pensons à tous ceux qui ont arrêté de fumer. Eux aussi, ils souffrent. Encore mieux, pensons à ceux qui souffrent de la vraie faim, celle dont on peut mourir, celle qui dure depuis des jours. Bon, là ,c'est bien, je me fais honte. On est une société d'enfants gâtés, de privilégiés, de ventres pleins. Je ne vais quand même pas me laisser aller. Non. Je tiens bon. Un peu de yoga peut-être si j'ai le courage. Non, je n'ai pas le courage. Faut pas m'en demander trop quand même sinon je vais craquer. La Presse, la tisane, ça va aller.

Ciné, amie, alcool et répondeur

Le ciné. Amie P qui est la professeure privée d'anglais de Quatorze ans. Amie P qui est devenue l'idole de Quatorze ans. On se rencontre toutes les trois à seize heures. Quatorze ans s'est changée dans les toilettes de son école même si c'est interdit. Prête à prendre tous les risques nécessaires pour ne pas être vue en uniforme scolaire lors d'une sortie, Quatorze ans! Le film est en anglais, cours d'anglais oblige! Mais la prof d'anglais se permet de traduire à l'oreille, ce qui énerve la cinéphile en moi. Vont-elles se taire? Je ne peux réprimer un "chut" d'indignation, suivi d'une vague inquiétude, Amie P a-t-elle été vexée? Je le saurai à la fin du film qui est excellent, pas un chef-d'oeuvre, mais un bon divertissement. Slumdog millionnaire, j'avais déjà lu le livre.

Amie P. nous paie café et thé chaï. C'est pour Quatorze ans le capuccino glacé. Je ne savais pas du tout qu'elle buvait du café! On connaît si peu nos enfants. Et puis, Amie P va à la Régie et Quatorze ans la suit, Quatorze ans l'aime et l'admire et elles sont les meilleures amies du monde. On furète dans les bouteilles de vin, merveilleux monde et Amie P ne s'achètera qu'une seule bouteille pour cette soirée parce que les magasins de la société des alcools ne fournissent plus de sacs, une initiative que j'appuie tout à fait. On devrait en venir là partout. Alors la bouteille doit entrer dans son sac à main et on rit parce que le goulot dépasse. On s'embrasse. Métro. Maison. Au retour, il y a six messages sur le répondeur, messages que j'écoute. Tous pour Quatorze ans. Tous du même garçon. Sur un deux, il dit " Il faudrait qu'on s'embrasse plus!" Il faudrait qu'on s'embrasse plus, non mais.... sur le répondeur! Il devait bien se douter que tout le monde pouvait entendre son souhait. Je souris et j'ai envie de rire. Il faudrait bien qu'on s'embrasse plus, comme un ultimatum plus qu'un souhait. Curieux! Je dis à Quatorze ans d'aller écouter ses messages. On ne connaît pas ses enfants, ou si peu, ou si mal.

mercredi 21 janvier 2009

Histoires de filles

J'ai passé la journée avec Dix-huit ans hier tout en appelant régulièrement Dix-neuf ans qui avait besoin de ma signature pour son passeport. "Elle ne s'est pas levée, c'est pour ça qu'elle ne répond pas au téléphone." m'explique Dix-huit ans, qui en sait pas mal plus que moi sur sa soeur. Elle ajoute que Dix-neuf ans consomme et mange peu, ce qui explique sa maigreur et sa tendance à perdre la carte. Elle ne veut plus ni la voir ni lui parler depuis qu'elle a attaqué physiquement son chum à elle lors d'un excès de vapeurs éthyliques.

Je lui écris des courriels et des fois je l'attrappe sur msn. Elle y a inscrit comme commentaire avec son nick "Tout va pour le mieux. Il ne faut jamais sous-estimer l'adversaire." Elle s'est contenté de rire virtuellement quand je lui ai demandé d'expliciter davantage. Elle ne me contacte pas donc, mais n'hésite pas à le faire quand elle a besoin de moi, comme pour la signature de sa demande de passeport qui semblait urgente. Elle veut donc sortir du pays, mais je n'en saurai pas plus. Un beau cas de lâcher-prise et d'amour inconditionnel.

On est allées magasiner dans un magasin spécialisé en vêtements de maternité, Dix-huit ans et moi. À dix-huit semaines de grossesse, elle commence à avoir un tout petit ventre rond. C'est un vrai racket ces boutiques spécialisées. On y vend des tshirts ordinaires le double du prix parce qu'on les a déclarés "maternité". Le seul achat qui me semblait avoir du sens, ce sont les jeans cute et à la mode qu'elle pourra porter jusqu'à la fin. Je lui en ai acheté une paire. Elle a essayé des soutifs maternité pour les déclarer "archi-laids, pas question que mon chum me voit avec ça" et préférer s'arranger avec ceux qu'elle a déjà.

On a eu la bonne idée d'aller voir l'assermentation d'Obama sur les grands écrans télé du Costco. Magnifique spectacle, on était hypnotisées, pleines d'espoir, collées l'une contre l'autre dans un pur ravissement. Cet homme va changer la face du monde. On l'espère et on y croit.

Elle a décidé de nous faire à souper, délicieuse recette. Dix-huit ans cuisine très bien, c'est là un de ses nombreux talents, et est repartie chargée de sacs de nourriture.