lundi 21 septembre 2009

Du positif, du relativement positif et du flou

La grande différence dans ma vie entre cette période-ci l'année passée et maintenant, c'est d'abord et avant tout mon nouvel appartement. Situé dans le quartier des spectacles, ma vie culturelle s'en trouve bonifiée. Je suis abonnée aux musées à deux pas, à deux théâtres, au cinéma du Parc. Je marche maintenant pour aller partout, tant que je peux m'y rendre en moins de deux heures de marche, je marche! Et je peux me rendre étonnamment loin à pied. Je visite encore beaucoup les restaurants mais depuis septembre, j'ai recommencé à cuisiner.

Je suis devenue grand-mère, ce qui apporte finalement peu de changements concrets à ma vie. Je suis toujours heureuse de voir ma fille et mon petit-fils et je les ai vus hier encore. Mais je ne garde pas le petit, l'autre grand-mère qui habite à deux pas, le garde beaucoup. Ma fille prend des cours trois fois par semaine et la jeune grand-mère paternelle (que je n'ai jamais rencontrée) va garder chez le jeune couple et fait leur ménage en plus. Hier, ma fille s'en plaignait, disant qu'elle ne retrouvait plus ses affaires. Je lui ai rabattu le caquet. Quand quelqu'un nous rend ce genre de services gratuitement, on dit merci et on apprécie et on s'accommode avec humilité du fait que nos chandails qui traînaient se retrouvent en boule dans la garde-robe. Si le ménage était fait, la grand-mère n'aurait pas à le faire.

Je m'entends plus ou moins bien avec Dix-huit ans ces temps-ci. Elle est énormément susceptible. Sa cousine, qui a son âge, brunchait avec nous au restaurant hier et parlait de son futur voyage en Europe l'été prochain. Elle commence l'université mais a travaillé tout l'été et travaille encore à temps partiel pour se le payer ce fameux voyage qu'elle planifie déjà. Ma fille boudait. "J'ai jamais voyagé moi. C'est pas juste." Elle a ce défaut majeur d'envier les autres. Si j'achetais un cadeau aux quatre enfants, celui des autres était toujours plus beau que le sien et elle pleurait, je m'en rappelle trop bien. C'est une attitude qui rend malheureuse dans la vie. On ne peut pas changer nos enfants, ni nos amants, ni nos parents, alors il faut l'accepter comme elle est. Cependant, je me permets parfois de le lui dire, qu'elle se rend malheureuse en jalousant les autres au lieu de voir tout ce qu'il y a de beau et de bon chez elle et dans sa vie. Elle est alors fâchée. Mais, si moi, sa mère, je ne le lui dis pas, qui le lui dira?

Mercredi, je la conduirai avec Bébé à l'aquapoussette. Une super activité où les bébés sont dans des poussettes aquatiques pendant que la maman fait de l'exercice. Ce sera leur deuxième cours et ils ont aimé le premier, autant le bébé que la maman. Bien hâte de voir ça. Je ferai des longueurs, même si je nage mal, en les attendant.

Quinze ans aime beaucoup sa nouvelle école. Mais mausus qu'au point de vue académique, elle ne sait rien. Maintenant qu'elle a des devoirs, impossible de ne pas m'en rendre compte. Ça devait être pour ça que l'autre école ne donnait pas de devoirs! ;o)

Quel sera le prochain changement dans ma vie? Tout est possible. C'est merveilleux et épeurant de le réaliser. J'avais donné comme titre à ce billet "Plan d'action". Je le change, car avant d'avoir un plan d'action, il faut savoir quel but je veux atteindre. Et pour le moment, c'est flou.

vendredi 18 septembre 2009

Mort de la Dame des Îles

On ne s'est jamais rencontrées en personne mais elle est dans mon blogroll et nous nous lisions depuis longtemps. Nous nous sommes maintes fois écrit en privé sur nos amours. Elle avait quatre ans de plus que moi et avait été choquée quand j'avais eu le malheur de lui dire qu'elle était en vacances perpétuelles en voyant les magnifiques photos de la mer qu'elle publiait. Or, ce genre de commentaire la fâchait, je l'ai su par la suite. Pas parce qu'on habite un cadre enchanteur qu'on n'en travaille pas moins. Elle avait bien raison!

Dans son avant-dernier billet, elle parle d'un certain José qui lui racontait l'histoire de Isla Mujeres. Si j'ai bien compris les journaux, ce serait cet homme qui l'aurait sauvagement assassinée. Dans la vraie vie, la Dame des Îles s'appelait Renée Wathelet.

J'ai perdu une amie virtuelle, une femme respectée de tous, une battante, une courageuse qui vivait sa vie à plein. Je suis sous le choc. Triste.

Mise à jour 21 septembre: les proches de madame Wathelet assurent qu'elle ne connaissait pas son agresseur et qu'il ne s'agit aucunement du José dont elle parle dans son blogue. Désolée d'avoir contribué à colporter une fausse nouvelle, que j'avais lue dans des journaux mexicains.

jeudi 17 septembre 2009

Ambivalence?

Quand j'accroche à un homme, j'ai bien de la misère à décrocher et celui-là m'accroche. Comme je ne suis pas tombée amoureuse pendant huit ans sans aucune difficulté et que je pouvais remplacer un homme par un autre sans problème, je me dis que j'ai dû changer dernièrement car depuis février dernier, il y a eu monsieur Relation dont je suis tombée éperdument, follement et entièrement amoureuse et ce nouveau monsieur qui m'attire drôlement. Les deux ont soixante-quatre ans et je n'ai jamais fréquenté des hommes plus vieux que moi avant eux.

Ce dernier monsieur joue avec moi avec détachement mais je pense qu'il sait bien ce qu'il fait. Mais peut-être pas non plus. Mardi, au restaurant, alors qu'il me parlait de ceux qui ont des critères physiques bien précis pour leur futur partenaire, ce qu'il trouvait ridicule, il me dit que lui, il n'a pas de critères définis mais des préférences. "Je préfère une femme brune, assez grande mais avec des formes, une femme qui a du charme, une femme qui s'habille en rouge." Il me regardait directement et intensément et j'avais mis une blouse rouge ce jour-là. Je savais qu'il parlait de moi mais je n'ai rien dit. Trouble passager.

Dans la phrase suivante, il me parlait de son rendez-vous de seize heures. Vous y comprenez quelque chose? Les hommes sont des êtres archi-compliqués!

mercredi 16 septembre 2009

Demain sera un autre jour

Et comme demain c'est aujourd'hui, ça va mieux. Je bouge, je sors, j'avance. Vers quoi, je ne sais pas encore, mais j'avance.

mardi 15 septembre 2009

Pathétique

Non mais, assez c'est assez. Je ne vais tout de même pas espérer un peu d'amour, d'attention et de sexe, soyons directe et franche, du premier monsieur à bedaine venu qui se décide à m'appeler et à me sortir de temps en temps. Me semble que je ne suis pas si désespérée que ça, hein! Je suis une femme charmante, souriante, avec de multiples intérêts. C'est quoi ça ce besoin excruciating d'être aimée, appréciée, baisée! Ne puis-je pas me contenter de mon condo, mes amis, mes enfants? Un peu d'orgueil, de dignité, reprends-toi en main Une femme libre. Laisse-le se marier et puis on n'en entend plus parler. Et puis, il y en a d'autres, je ne sais plus où, mais ils sont.... quelque part!

La vérité, la vraie vérité celle dans laquelle il ne faut pas mettre de menteries (voir le blogue de Une Peste), c'est que oui, je suis si désespérée que ça et que quand il va me rappeler prochainement pour me raconter ses rencontres avec ses futures-femmes-à-marier, je vais accourir comme un petit chien. Je vais me maquiller, mettre une blouse rouge parce qu'il a dit que le rouge m'allait bien et je vais être tout heureuse de sa compagnie.

Au neutre.

Il y a des périodes comme ça dans la vie. La patte n'est pas tout à fait remise. Tout le monde qui travaille travaille. Je ne suis inscrite sur aucun site de rencontre, Nanou La Terre va être contente. Moi, qui suis une lève-tôt, je me lève même tard, neuf heures, neuf heures et demi. J'ai une liste longue comme ça de choses à faire, rien qui m'intéresse vraiment, alors je remets ou bien je fais un item bien bien tranquillement. Hier, j'ai bien commencé l'aquaforme dans mon quartier et j'ai aimé, mais le yoga, faudrait que ma cheville désenfle avant d'aller essayer de nouvelles écoles. Je suis donc au ralenti. Je n'aime pas trop ça. C'est à moi de m'activer, c'est ma vie, c'est ma responsabilité. Je baiserais bien avec mon monsieur à bedaine, tiens, ça me ferait du bien et au corps et au moral, mais non, pas trop le genre pour le batifolage. Il veut se marier. Et il y arrivera, c'est certain. Les célibataires intelligents de cet âge sont rares et recherchés. Je m'en vais dîner au restaurant avec lui.

lundi 14 septembre 2009

Ma plus jeune

C'est mon bébé à moi. Elle a changé d'école. Elle est contente de son choix et moi aussi. Dans une classe de DGA-TA de niveau primaire. Non, mais, coudons, va-t-elle en sortir un jour du primaire? Elle y est depuis le début de sa scolarité. Et elle est d'intelligence normale, tout à fait normale! Des années, je laisse aller, d'autres je pousse. Cette année, c'est une année de poussée, dernière chance, elle a quinze ans. Poussée et affrontement. Je fais ça pour son bien. Elle résiste. On fait un peu de matériel de secondaire un tous les soirs. Tous les soirs? Rires. J'exagère, on a commencé hier soir. Si l'école ne le fait pas, ne l'essaie pas, faut bien que quelqu'un essaie de la faire progresser. Sa prof privée d'anglais en fait du secondaire avec elle et elle me dit qu'elle est capable. Bon, en maths, pas trop certaine. Mais en français, je veux qu'on essaie de nouveau. Pas les moyens de lui payer un prof de français privé, alors que j'en paie déjà un en mathématiques et une en anglais et que je suis prof de français de formation. Bien que, j'ai acheté des cahiers de secondaire un et j'ai beaucoup de rattrapage à faire, la terminologie grammaticale s'étant dramatiquement modifiée. Mais si vraiment elle ne veut pas, c'est peine perdue. Sauf que je vais essayer avant de baisser les bras.

Je vais dîner avec le-monsieur-qui-veut-se-marier demain et j'en suis bien contente. Je viens de lui parler.

dimanche 13 septembre 2009

Les jeunes parents

Mon petit-fils de trois mois a une mère de dix-huit ans et un père de vingt! Et en plus, le père, lui, a une maman qui l'a eu jeune. Tout ça pour dire que le petiot a hérité du côté paternel de grands-parents, d'arrière-grands-parents et d'arrière-arrière-grand-parents! Et tout ce monde se dispute le plaisir de profiter du bébé. Aujourd'hui, en allant chercher ma Dix-huit ans, quelle ne fût pas ma surprise et ma déception mal-dissimulée de constater que Bébé ne l'accompagnait pas. "Je peux bien rentrer si ça ne te fait pas plaisir de me voir," de me dire Dix-huit ans. Du coup, le sourire me revient et je la prends dans mes bras.

On s'en va chercher Quinze ans, qui avait couché chez une amie et puis tante R aussi et on se rend au condo de ma mère pour aller bruncher au restaurant. En chemin, j'apprends que Bébé est avec papa, que les arrière-grands parents sont allés les chercher pour aller visiter les arrière-arrière-grands-parents. Inquiète pour le lait du bébé, j'apprends aussi que la jeune mère a arrêté d'allaiter, qu'elle en est "soulagée" et qu'elle ne veut surtout pas de conseils pour continuer. Elle commence des cours demain, trois fois par semaine, c'est l'arrière-grand-mère qui va garder Bébé! Du même souffle, elle me demande un chèque tel que promis pour payer les cours. Obscurs les cours. Reconnus par le ministère de l'éducation, me dit-elle. Cinq cent dollars. Tu as ton carnet de chèques? Bon, c'est vrai que j'avais promis de payer ses études mais j'aurais aimé avoir un certain droit de regard sur la teneur de ces études. N'importe qui peut bien s'ouvrir une école de n'importe quoi. Je devrais faire moins de promesse, voilà la leçon. Je lui ai aussi promis de payer le dentiste et je le fais. La semaine passée, on y est allées ensemble, le bébé sous le bras, chez son pédodentiste et la jeune maman s'est fait nettoyer les dents sous un mobile d'enfants. Elle est attachée à son dentiste d'enfance et ne veut pas la quitter. Ce fût finalement une bonne idée car elle a pu regarder les gencives du bébé et conseiller la mère sur les soins à apporter aux futures dents. J'ai aussi promis de payer des cours pratiques de conduite. Je paie aussi l'aquapoussette. Je pense que je vais un peu me la fermer, tenir les promesses déjà faites mais ne pas en ajouter de nouvelles. Un bébé, ça rend enthousiaste et un peu fou.

Globalement, les jeunes parents se débrouillent bien. Le jeune papa travaille depuis peu comme caissier dans une pharmacie, il s'implique beaucoup auprès de son enfant. Je n'ai pas vu Petit-fils aujourd'hui mais ce n'est que partie remise. Je suppose. Ce bébé a déjà un agenda!

samedi 12 septembre 2009

Balthazar

Il est des blogues faciles d'accès, où on se sent tout de suite chez soi et où on commente abondamment et sans gêne. Il en est d'autres qui nous attirent et nous déroutent aussi. Des blogues qui ouvrent des chemins nouveaux, qui présentent des peintures qu'on est pas certaine d'aimer mais qu'on regarde encore et encore, avec fascination. Et puis, l'auteur écrit bien, tellement bien qu'il n'y a pas grand chose à ajouter. On en sait peu sur sa vie, davantage sur son art et le Mami (musée d'art moderne itinérant).

Il peint des visages émaciés, saugrenus, étranges. Rébarbatifs au premier abord (pour moi, je précise!) plus je les regarde et plus je les aime. Et il écrit de fort jolies choses:

"Jamais je ne pourrais comparer une femme à la mer, la mer à une femme, penser à une femme en regardant la mer, ni aller à la mer pour penser à une femme. Mais une rivière, un fleuve. Qu'est-ce que j'ai bien foutu de mon maillot?"

Il s'agit d'Appels d'air, qui habite pas trop loin de la Seine à ce que j'ai pu comprendre.

vendredi 11 septembre 2009

Les hommes de ma vie

Mon monsieur psychologue scolaire qui cherche à se marier et m'avait dit qu'on pourrait être amis m'a téléphoné et deux fois plutôt qu'une. Je n'avais pas pris son offre d'amitié platonique trop au sérieux mais je vois bien qu'il pense ce qu'il dit et ça me plaît. On devrait se revoir la semaine prochaine, chez lui, probablement pour un petit déjeuner. C'est le fun. Il est cultivé et intéressant, avec un délicieux sens de l'humour.

Et monsieur Relation m'envoie un petit courriel dans lequel il me dit se sentir comme un vieux chausson abandonné dans le fond d'un tiroir. Il n'est pas un vieux chausson mais j'ai besoin de temps, c'est ce que je lui ai répondu.

Hier soir, ménage de paperasse. J'ai gardé tous les bulletins et dessins et cossins d'enfance de mon fils de 29 ans. En lisant ses compositions, je me suis rappelée l'enfant brillant qu'il était et l'amour immense qui nous liait. Un enfant délicieux, calme, réfléchi, premier de classe sans jamais faire d'efforts. Je lui ai fait une boîte, une grosse boîte avec tous ces souvenirs et je la lui remettrai quand on se verra.

Appelé chez ma mère qui était évidemment sortie. Son chum de quatre-vingts ans était là (il a quatre ans de moins qu'elle). Un monsieur que j'adore. On a discuté films du festival des films du monde. Il n'était pas allé en voir mais avait lu toutes les critiques. Très cultivé cet homme et en autodidacte. Et charmant.

Et Voisin, Voisin, me demanderont les lecteurs fidèles? Peu de nouvelles de Voisin qui n'est plus mon voisin pour vrai. On se téléphone de temps en temps. Le gros changement dans sa vie: il a maintenant des contacs avec la mère de son fils. Des contacts civilisés. Il en est tout bouleversé. Après s'être affrontés et détestés passionnément et traînés en cour pendant dix ans, voilà qu'ils ont été capables d'aller chercher ensemble dans la même voiture leur fils de douze ans qui revenait d'un voyage chez sa famille paternelle en France. Le grand gagnant? Le fils évidemment qui fait moins d'anxiété et n'a pas fait de crise d'asthme de l'été!

jeudi 10 septembre 2009

Culpabilité

Je déteste ça quand je regarde l'heure, qu'il est déjà l'après-midi et que je n'ai rien fait d'autre que de me promener d'un site à l'autre à l'ordi. Je ressens alors une affreuse culpabilité. Comme je le sais que c'est idiot et que la culpabilité est mauvaise pour la santé mentale et totalement inutile en plus, à moins que l'on n'ait été l'auteur d'un acte grave comme un meurtre, je me sens aussi coupable de me sentir coupable. Quelqu'un a une cigarette? Je n'ai jamais fumé, mais me semble que ça bouclerait la boucle de la culpabilité intégrale.

mercredi 9 septembre 2009

Forme

Ma cheville me fait encore un peu mal mais je peux marcher pas trop pire. Ne pas trop en faire tant que ça n'a pas désenflé cependant. Donc, pas trop de marche. Pas de yoga non plus, on ne sait jamais quand on s'y retrouvera sur un pied! Je vais malgré tout aller au premier cours de yoga Iyengar niveau 2 demain et je dirai mon handicap temporaire à la super prof super compétente (les profs Iyengar sont le summum de la compétence, huit ans d'études minimum pour enseigner le niveau 1) et elle jugera de ce qu'il faut faire. Je me remets entre ses mains, confiante.

L'idéal dans ma condition, c'est l'eau. Et je suis justement allée m'inscrire à un cours d'aquaforme à la vieille, archi-vieille piscine du quartier. Une piscine qui était un bain public il n'y a pas si longtemps alors que les familles sans baignoire et probablement sans eau courante non plus, allaient s'y laver de temps en temps. Autre époque. Moi qui suis habituée au luxe et à la lumière et au modernisme de l'Aquadome. Il y a certains petits inconvénients à vivre en plein centre-ville. Je commence tout juste à les voir. Il était temps car jusqu'ici, je me croyais au paradis. Ma vision devient plus nuancée et c'est très bien. Hier, donc, en ligne avec tout le Plateau Mont-Royal réuni devant la vétuste piscine, j'attendais mon tour, impatiente. Les gens du Plateau avaient l'air bien résignés, eux. J'ai failli monter une révolte, du moins j'ai essayé un peu. "Je suis en ligne depuis quinze minutes et je n'ai pas avancé, c'est normal?" Peu de réaction, des têtes qui essaient de voir au début de la ligne­. "Non, mais, ils font quoi en avant?" Cinq minutes plus tard. " C'est la première fois que je m'inscris. C'est toujours aussi lent et mal organisé?" Voyant que je n'arriverais jamais à susciter la moindre révolte chez ces troupes habituées depuis longtemps à vivre en troupeau et à s'en accommoder sans joie mais avec résignation, je m'exclame "Mais c'est ridicule! Une demi-heure à attendre et on avance à peine! Je vais faire de la course à pied au lieu de l'aquatique. Je quitte!" Ce que je fis, enveloppée de ma dignité et me rendant compte trop tard que la ridicule ici, c'était moi, qui m'éloignais claudiquant en proclamant vouloir faire de la course à pied.



Heureusement et bien heureusement, j'ai des amies dont une qui l'habite depuis douze ans ce beau quartier surpeuplé et qui me dit devant mes plaintes téléphoniques que le truc, c'est d'aller s'inscrire non pas le plus tôt possible, car il y aura toujours des zélés qui y seront encore plus tôt, mais bien le plus tard possible, quand la plupart des gens sont partis, juste avant la fermeture, quoi. On se fait haïr des filles qui inscrivent pour les cours mais on n'attend pas. Ce que nous fîmes. Les inscriptions finissant à vingt heures trente, nous arrivâmes à vingt heures vingt-cinq. "Trop tard, mesdames, nous fermons.!" de nous dire la jeune inscriptionneuse (c'est joli comme mot je trouve!). "Mais pas du tout," de protester mon amie aguerrie aux moeurs de la grande ville, "nous sommes à l'heure, il n'est pas vingt heures trente et sur votre publicité il est écrit que l'on peut s'inscrire jusqu'à vingt heures trente." Tout est dans le ton de voix ici et on nous fït passer et il n'y eût donc aucune attente. Nous commençons nos cours lundi soir prochain. Yé!

mardi 8 septembre 2009

Solitaire dans la foule

-Mais comment tu fais pour passer toutes tes journées seule au cinéma? me demande mon amie P ce matin.

C'est pas mal plus simple de visiter le festival seule. Liberté totale de choisir le film et de changer d'idée au dernier moment si ça me chante. Facilité à en gober du cinéma sans se demander si mon compagnon est fatigué. Pas besoin de s'arrêter pour manger non plus. J'ai maigri pendant ma semaine cinéma!

Et puis, ce n'est pas vrai que j'ai été seule. Presque toujours, j'ai trouvé des passionnés comme moi leur programme à la main. S'engage alors une discussion spontanée sur les films vus et ceux à voir. Hier, j'ai rencontré un monsieur qui en était à son quarante-deuxième film! Ce qui lui fait une moyenne de six films par jour, tous les jours! Et il s'en allait au festival du film de Toronto. La passion n'a pas de limites.

La fleur

Hier, je suis partie tôt pour le festival. J'avais tout plein de films archi-intéressants à voir car ils réservent les films préférés du public pour les rejouer la dernière journée du festival, qui était hier. Je pouvais enfin poser mon pied blessé au sol, avec précaution mais je claudiquais sérieusement. Ce qui ne m'a pas empêchée de le voir. Un homme inconnu était penché sur une fleur qu'il avait volée dans un jardin. Une fleur humble, rose, simple. Il la tenait dans ses mains et la regardait avec attention, admiratif. Un homme sans âge ou de mon âge tôt le matin qui admire intensément une fleur, j'ai trouvé ça attendrissant. Alors que je m'approchais à sa hauteur, il se redresse brusquement et fait un pas sans m'avoir vue. Comme je suis encore branlante, j'ai dû m'accrocher à lui pour ne pas tomber car il m'avait fait perdre l'équilibre. Et le voilà qui se confond en excuses. "Mais non, voyons, ne vous excusez pas, c'est gentil de m'avoir cueilli une fleur." Vif d'esprit, il me la tend aussitôt. On se fait la bise avec un grand sourire et on se souhaite une bonne journée. Rencontre charmante qui illumine le petit matin. J'ai gardé la fleur.

samedi 5 septembre 2009

Tristounette

Je fais une indigestion de films, ça doit être ça. Je suis seule ce soir et je me sens seule. Rare. Ma cheville m'achalle. Demain, il y a une amie qui vient voir les films avec moi. Ce sera bien, je pense. Je vais aller lire ma Presse avec un verre de vin. Et puis tôt au lit.

Blessée

Moi qui me vante de ma santé resplendissante et de mon énergie débordante, moi qui exultais à la pensée de ma fin de semaine cinématographique, j'aurais bien dû me la fermer. Enthousiaste, je courais d'un cinéma à l'autre hier à la noirceur pour ne rien manquer, il y a des travaux partout et une borne basse en ciment que je n'avais pas vue m'a enfargée. Humiliée, avec des gens autour qui me demandent si ça va, je me relève promptement et me remets en route. Un peu plus loin, je regarde ma cheville déjà enflée, la douleur est tolérable. Je ne suis pas si loin du théàtre Maisonneuve et je décide de ne pas manquer le dernier film de la journée qui y est présenté. Je marche avec une lenteur extrême, je me tiens à deux mains sur les rampes d'escalier, mais m'y voilà, juste à temps, ouf! Comme c'est une immense salle, il y a toujours de la place. Bons films, un petit film argentin absolument charmant et toujours d'actualité sur les relations amoureuses, très applaudi "Un juego absurdo" et puis le "Fisica dell'acqua" de l'Italien Felice Farina, qui a la particularité de raconter une histoire impliquant des adultes mais telle que vue par un enfant de sept ans. Pas un chef-d'oeuvre, mais un film intéressant.

Quand le film se termine à 23 heures quinze, j'ai l'air d'une grande handicapée car ma démarche est encore plus lente et déséquilibrée. Je ne peux mettre de poids sur ma jambe blessée et c'est avec une grande lenteur que je me rends à la maison. Je suis une femme qui marche vite, on me le fait toujours remarquer, je dois ralentir pour me mettre au même pas que mes camarades de marche. C'était même pénible pour moi de me promener avec Monsieur Relation, car il marche très lentement. Je devais me freiner en tout temps. Je lui en avais déjà parlé, j'aurais aimé qu'il hâte le pas juste de temps en temps, que ce ne soit pas moi qui doive constamment ralentir. Pour me sentir mal presque tout de suite. Comment pouvait-on demander à quelqu'un de marcher plus vite? Il faut prendre les gens comme ils sont. Quand même, ce pas si différent, c'en était un indice d'incompatibilité. Je ne voyais rien car je ne voulais rien voir. Mais là, hier, j'étais lente à plein. Ce n'était pas si désagréable car il n'y avait pas de douleur majeure.

Or au réveil ce matin, douleur il y a. Ouch! Me déplacer de la chambre à la cuisine et de la cuisine à l'ordi dans mon salon est une entreprise à laquelle je songe deux fois. La cheville est horriblement enflée. Pas trop compliqué de traiter une entorse, repos, glace, élévation, tylénols. On peut bander la cheville aussi. J'ai déjà mis de la glace, je me demande si en bandant la jambe je ne pourrais pas me risquer à y aller au cinéma, en prenant bien mon temps (de toutes façons, pas le choix, je marche vraiment comme une handicapée), je n'ai pas de béquilles. Ouais, avec des béquilles, je pourrais aller partout. Pas commode des béquilles dans un cinéma. Un simple parapluie dérange. Je m'essaie à sortir dans cet état? Je ne sais pas encore. J'ai déjà manqué le premier film de neuf heures. Je suis seule pour toute la fin de semaine en plus et j'avais donc l'intention d'en profiter. Comment tirer le meilleur parti de cette situation imprévue?

vendredi 4 septembre 2009

La confiance

Il est huit heures ce matin. Je me prépare pour aller voir mon premier film au FFM à neuf heures. Téléphone.

"Maman, je suis dans l'autobus. K a des problèmes, de gros problèmes. Il faut l'aider. Je lui ai dit qu'elle pouvait venir te voir."

"Elle va s'absenter de l'école?"

"Oui."

"Dis-lui de m'appeler."

Et c'est ainsi que je ne vais pas ce matin à mon premier film et que j'attends une adolescente en difficulté. Je suis touchée par cette confiance que ma fille et son amie démontrent à mon endroit et je ferai de mon mieux pour la mériter.

mercredi 2 septembre 2009

Épilogue

Il m'avait donné rendez-vous dans un bar branché, tellement branché qu'il n'y avait aucune place de libre et que j'ai du l'attendre à la porte. Pas longtemps car il est un homme ponctuel.

On a marché pour se retrouver à la terrasse d'un bar-restaurant bcbg. On s'est assis sur les fauteils en face de la fontaine et il s'est mis à me parler longuement, son verre de vin à la main. Il ne me regardait pas, il fixait la fontaine et moi je le regardais parler. Il en avait contre ceux (aucun rapport avec moi, disait-il, et pourtant c'est bien de moi qu'il parlait!) qui ne veulent pas s'engager, ceux qui ne veulent pas prendre soin de leur conjoint malade, ceux qui demandent des garanties de santé. Quand sa soeur a eu un cancer, il ne s'est pas posé trente-six mille questions, il a pris l'avion et il est allé s'en occuper, ça va de soi. Dans un couple aussi, on prend soin de l'autre, on ne peut pas n'avoir que le meilleur et rejeter le pire.

Je le regardais parler, j'observais sa bedaine d'homme qui ne fait pas d'exercice et qui boit trop de vin, et je me disais que c'était finalement très bien que nous n'allions pas baiser. J'imaginais concrètement ce corps trop lourd sur moi et j'étais plutôt soulagée qu'il n'y ait eu qu'un baiser entre nous. C'est ce qu'il me disait justement dans son long monologue, qu'il était préférable que notre désir mutuel ne se matérialise pas, car nous avions une image trop différente du couple. Nous pourrions évidemment jouir du temps présent, mais pour aller où? Dans quel but?

Comme j'étais d'accord, il n'y a pas eu de discussion. On est quand même allés manger ensemble et ça a été agréable. On se reverrra probablement, en amis. Ou peut-être pas non plus. Carpe diem.

lundi 31 août 2009

Les soeurs

Quinze ans m'achale depuis le début de l'été pour aller chez Vingt ans, pour qu'elle lui fasse les cheveux et aussi et surtout parce qu'elle s'en ennuie. Et je comprends. Mais je n'ai jamais pu entrer chez Vingt ans, je ne connais pas du tout son nouveau chum, sauf pour lui avoir parlé au téléphone lorsqu'elle était à l'hôpital, je ne sais pas qui d'autre elle fréquente. Je sais qu'il y a beaucoup d'argent illicite qui roule et puis il y a son problème de santé mentale. Confusion.

Mais des soeurs sont des soeurs et il serait cruel de les séparer. Alors ce matin, je suis allée conduire Quinze ans devant l'appartement de Vingt ans, celle-ci est descendue la chercher et moi, je suis allée au festival des Films du Monde toute la journée. Quinze ans vient de revenir, dans une voiture, un "taxi" marginal et Vingt ans l'a accompagnée, m'a embrassée et est repartie illico. Je lui ai glissé des billets dans la main, bien qu'elle ne manque pas d'argent, pauvre poulette. Elle avait l'air triste, elle s'était chicanée avec son chum, on ne sait pas pourquoi. Il était là, caché dans une pièce toute la journée, Quinze ans ne l'a donc pas vu. Il a été adopté lui aussi.

Elle est contente de sa journée alors j'ai bien fait de la laisser y aller. Quand j'ai pris Vingt ans dans mes bras, elle m'a serrée fort. Tellement fragile et forte à la fois cette enfant-là.