mercredi 9 mars 2011

Épuisée

Je me sens vidée, pas en forme. Petit-fils parti, je suis allée à mon bénévolat-lecture. De grands besoins là aussi. Le jeune ne sait pas du tout lire et on est en mars. Et la prof envoie des tonnes de papiers à signer et à vérifier à la mère. Or, elle a bien bien de la misère en français la mère. Ne comprend pas ce dont il s'agit. Là, il fallait nommer trois produits laitiers, et de boulangerie etc. La mère n'avait pas compris. La prof lui écrit cette fois: the answers are wrong, X has to do the homework again. C'est nouveau qu'elle lui écrive en anglais, avant les messages étaient en français. Toujours négatifs. Or, l'anglais n'est pas la langue maternelle de la mère non plus. Elle parle bengali, un peu anglais et un peu français. Pas simple. Elle est très inquiète pour son jeune fils de sept ans qui ne veut plus y aller à cette école maudite où il ne comprend rien. Il a trouvé une solution, tomber malade. Toujours malade, toujours absent, alors il manque l'école et la mère manque le travail. Elle risque de le perdre son travail. Elle travaille en garderie. Elle est charmante et tout à fait sympathique, mais je serais catastrophée que ce soit elle qui apprenne à mon enfant à parler. Misère. Je suis fatiguée. Très fatiguée.

mardi 8 mars 2011

Conversation

Onze heures ce matin. Je venais chercher Petit-fils. J'ai frappé à la fenêtre. La sonnette ne marche pas (depuis... des années!). Le papa est sorti pour attacher dans mon auto l'enfant qui tétait sa suce.

Moi: À quelle heure il fait sa sieste?

Lui, l'air embêté: Euh... ça dépend. Des fois il en fait, des fois pas, ça dépend... c'est rare qu'il en fasse.

Moi: Et le soir, je le couche à quelle heure?

Lui: Quand il est fatigué. Hier, j'ai commencé à sept heures et il s'est endormi passé neuf heures et demi. Je commence de bonne heure sinon, il ne dort pas avant minuit.

Moi: Bon, je vais le coucher à huit heures.

Lui: Il écoute plus les autres que son père. Il est pas mal en révolte là.

Moi: Oui, deux ans, c'est la première adolescence?

Lui: Oui, c'est ça.

Forme

Je suis toujours aussi motivée, davantage en fait depuis le séjour en Floride. Entraîneur ce matin. On pousse. Je collabore davantage, coupe les pauses. Crevée je suis. Bonne fatigue. Je mange bien mais peu. J'ai faim le soir. Accepter d'avoir faim, ce n'est pas la fin du monde! En fait, une grande partie de la population de la planète connaît ça la faim, alors qu'ici, c'est une sensation étrangère et exotique. À apprivoiser!

Je m'en vais chercher Petit-fils, un peu à reculons en fait. Pour rendre service d'ici à ce qu'ils trouvent une garderie. Mauvaise raison, je m'en rends compte. Bon, c'est fait, j'ai dit que j'y allais, on m'attend alors pas question de reculer. Un peu de courage et de détermination. J'en ai en réserve. On va rendre ça bien agréable. Magnifique journée. On va la passer dehors. Et puis on ira à l'heure du conte à la bibliothèque. Tout va bien se passer.

lundi 7 mars 2011

Treizième livre du défi

Le désert de l'amour de François Mauriac, Le livre de poche, Bernard Grasset, 1925, 244 pages

Mauriac a remporté le grand prix du roman de l'académie française pour cette oeuvre. C'est l'histoire de Raymond, un adolescent de bonne famille, qui tombe amoureux de Maria Cross, une femme de mauvaise réputation. On apprend que son père, un généreux docteur toujours prêt à aider son prochain, aime également cette femme. Platoniquement. François Mauriac excelle dans ses descriptions de la vie bourgeoise de l'époque, son époque. C'est dans le tramway que commencera la passion de Raymond pour Maria, de dix ans son aînée. Passion jamais consumée. Quand il la revoit, dix-sept ans plus tard, tout renaît pour lui. Mais elle a maintenant une vie rangée, s'étant mariée à son vieil amant dont la femme est morte.

Est-ce que je recommande? Oui, c'est bien écrit, franchement misogyne par contre, avec des principes moraux tranchés, un livre qui reflète bien l'époque où il a été écrit. J'aime me retrouver dans le passé avec un auteur qui y a vécu. Intéressant et dépaysant.

Douzième livre du défi

Pretend you don't see her de Mary Higgins Clark, Pocket Books, New-York, 1997, 305 pages

Je n'aime pas particulièrement le suspense et les livres de détective. Sauf les Mary Higgins Clark, parce qu'ils sont épurés et suggèrent la violence seulement. La morte du livre ne souffre pas longtemps, elle est tirée proprement, pas de torture, une mort presque naturelle où elle a tout juste le temps de parler à l'agente d'immeubles à qui elle donne un mandat clair. Celle-ci tiendra à le respecter, ce qui la mettra dans le trouble. Comme elle a très bien vu le meurtrier, il faut la cacher jusqu'à ce qu'on le trouve. Alors, la police la fait disparaître dans un autre état avec une identité nouvelle. Elle pourra appeler sa famille une fois par semaine, jamais du même endroit et encadrée par un détective. Ne pas dire où elle est à quiconque, ne pas donner d'indices. Évidemment, elle en donnera, naïve et maladroite (et si sympathique!) comme elle est. Le meurtrier la retrouvera. On a peur pour elle. Rassurez-vous, ça finit bien. Et il y a même une histoire d'amour en prime.

Est-ce que je recommande? Oui, excellente lecture de vacances et bon ouvrage pour pratiquer son anglais. Facile à comprendre.

Ouverture d'esprit

Comme je l'avais prévu, l'ex de Vingt ans n'a pas perdu de temps pour se trouver une nouvelle amoureuse et, comme je l'avais également prévu, ça n'a pas laissé Vingt ans tout à fait indifférente. C'est lui qui a la garde, c'est maintenant clair. Sans passer à la cour, entente réciproque. La preuve? Quand j'ai réclamé de voir Petit-fils dont je m'étais ennuyée, Vingt ans est allée le cueillir chez le papa pour le lui remettre illico dès que je l'ai eu assez vu! Bon...

Il n'a plus vraiment d'horaire, plus de sieste, dort quand il s'endort. Il est surexcité, probable qu'il était fatigué quand je l'ai vu. Le père, qui ne travaille pas, s'en occupe donc tout le temps vu qu'il ne va plus à la garderie. Ils en cherchent une, me dit ma fille. Difficile. La nouvelle blonde du papa a aussi un enfant et est monoparentale. Pas de garderie non plus et elle le confie à qui elle peut vu qu'elle travaille. Les deux enfants sont souvent ensemble. Comme je m'informais s'ils les sortaient, Fille me dit qu'ils les ont amenés glisser et une autre fois patiner. J'imagine Petit-fils de 21 mois avec ses patins loués aux pieds et je rigole.

Il y avait comme quelque chose qui me dérangeait. Je sais quoi. Petit-fils n'est pas élevé comme moi je l'élèverais. Avec moi, il aurait un horaire, de la stabilité, il se ferait lire des livres tous les jours, fréquenterait les musées, irait jouer au parc. Je me rends compte que je m'imagine, moi, comme détenant la vérité en ce qui concerne l'élevage d'enfants et étant un paragon de vertus maternelles ou grandmaternelles. Un peu plus et je deviens la Madame de l'histoire de Grande Dame. Heureusement, je me suis parlé. Hola! Femme libre! Cet enfant n'est pas ton enfant. Il ne manque ni de stimulation, ni d'affection, ni de nourriture. Il est grand pour son âge, solide et son père lui a fait faire par un ami des tresses à l'africaine qui lui vont à ravir. Il dit de nouveaux mots (bon, pas beaucoup, mais je cesse de stresser là-dessus), il fait des constructions savantes avec les chaises et fauteuils et des crises monumentales quand ses stratégies ne marchent pas. Bref, il est normal, turbulent, adorable et très actif.

Des horaires, il en aura toute sa vie.

Ma fille voit à ses affaires à sa manière.

Je ne veux pas devenir une vieille chiâleuse et je ne vais pas en devenir une.

Extrait

J'ai ouvert une page au hasard et j'ai retranscrit à la main. C'était plaisant à faire. Riches les mots de Marie-Claire Blais. J'ai écrit une seule phrase pour vous, pas la meilleure, pas la pire, elles sont toutes belles et savoureuses. Le petit bouquin si inoffensif en apparence, si précieux en contenu a retrouvé sa place dans la tablette floridienne des livres maternels.Voici donc un extrait de Le sourd dans la ville

"Tim rêvait doucement, il oublierait peut-être, pour une heure seulement, l'agonie sans murmures de Tim, le chien, et Florence se demandait si l'agonie des êtres ne commence pas lorsqu'ils ont perdu le désir, lorsque, comme elle, ils n'attendent plus rien, une immensité désertique est là, devant soi, sur laquelle on peut marcher et courir, mais c'est une immensité sans horizon, la sensation d'avancer ou de reculer vers ces montagnes de givre est une sensation neutre, indifférente, et on ne peut plus se cacher ou s'enfuir par quelque brèche, le sol de glace est trop dur et trop fermé, on ne s'enlise que dans sa propre débâcle, mais Florence qui avait longtemps eu l'illusion d'attendre quelque chose découvrait qu'elle n'attendait plus rien, là où elle s'était réfugiée aucun regard familier ne pouvait la rejoindre, mais dans ces profondeurs si ignorantes de la mémoire du vieux Tim, il y avait la mer, un rocher, une femme, une consolation qui venait de loin dépayser le mal qu'il éprouvait à vivre dans le temps présent, mais Florence, elle, se demandait comment elle pourrait encore découvrir cette intensité, cette fièvre de l'attente, elle s'habillerait pour le soir, oui, c'était cela, elle attendrait son mari en fumant une cigarette, avec son livre sur les genoux, ce serait dans un grand hôtel, il n'arriverait pas, ou peut-être serait-il en retard, il aurait pour elle les mêmes attentions, les mêmes gestes, la prendrait par la main, car soudain, c'était cela, le jeu de l'attente, on jouait à ne plus se connaître, les rancunes de la nuit, les mesquines vengeances qu'entraîne avec lui le quotidien, tout cela n'existait plus, on se métamorphosait en la personne qui est l'attendue, et l'autre connaissait tout de ce jeu séduisant, les êtres n'étaient-ils pas avant tout des bêtes souples et cupides, vénérant chez les uns et les autres le charme des gestes, l'invitation au plaisir, cet exercice de nos magies sensuelles nous envoûtait nous-mêmes, il était bon d'attendre quelqu'un d'agréable en un lieu agréable, il serait agréablement vêtu et cela s'appelait le confort de vivre, le goût de vivre, c'était une chose naturelle, une délectation que nous appelions notre attente de chaque jour, pensait Florence, on oubliait seulement que cet artisanat délicieux de nos habitudes, du moins de nos habitudes agréables, n'était pas éternel, qu'un soir ou l'autre, le mari ou le fils ou l'amant ou cette concrète apparition de notre attente ne serait plus là, que le vide serait là, à sa place, quand on était Florence et qu'on s'habillait le soir, c'était en vain, c'était pour rencontrer ce néant tout tranquille qui était là, partout, au pied d'un escalier, derrière une porte, le plus cruel, pensait-elle, c'était peut-être de savoir cela, malgré toute la force de son désir, l'acuité de sa mémoire, de savoir qu'il ne reviendrait plus, ne descendrait plus cet escalier, et que nous n'avions aucun pouvoir sur cette absence, mais il y avait pire, c'était de savoir que cette matière vivante, cette matière sensuellement embrassée et aimée de ceux que nous n'attendions plus, c'était de savoir que cette matière fraternelle qui s'était mêlée à nous venait de disparaître tout en continuant de vivre, l'immensité désertique du silence recouvrait tout ce feu que nous avions tenu si près de notre existence au point d'en être nous-mêmes consumés.

(pages 51-52-53)

Onzième livre du défi

J'avais déjà lu "Une saison dans la vie d'Emmanuel" au secondaire ou au cegep en lecture obligatoire. Je n'avais pas aimé mais n'arrive pas à me rappeler pourquoi. Trop loin. Alors quand j'ai vu un autre bouquin de Marie-Claire Blais dans la bibliothèque de ma mère en Floride, j'ai hésité. Il était petit et facile à emporter à la plage, alors je l'ai choisi et j'ai vraiment bien fait!

Le sourd dans la ville de Marie-Claire Blais, Éditions du Boréal, 1996, 187 pages

Quiconque a l'intention d'écrire devrait lire Marie-Claire Blais. Elle défie toutes les règles. Beaucoup de répétitions dans ses phrases et des phrases extrêmement longues, des pages entières pour une seule page, mais pas interminables, non, des phrases qui se terminent juste au bon moment, juste où et quand il fallait. Un talent. Marie-Claire Blais a et est un talent d'écriture. Naturel. Assumé. On l'imagine solide, fluide, droite, entière. Une oeuvre indiscutable. Même toute jeune, à ses premières armes, elle a gagné des prix. Pas de paragraphes dans ses textes. De la densité, mais qui danse. Une beauté d'écriture. Vraiment. J'ai été charmée. Je veux toute la lire.

Un petit livre donc, mais compact. L'histoire est là mais il ne faut pas s'y arrêter. Ne pas trop essayer de comprendre qui est qui, qui fait quoi, vers quoi tout cela va nous mener. Elle revient en spirale, l'histoire,finement, inexorablement, comme brodée avec de la dentelle solide, affirmée, efficace. C'est l'écriture d'une auteure qui a confiance en elle, achevée, cultivée, présente et confiante en ses personnages, sans complaisance. Le vieux Tim et son vieux chien, Florence la malheureuse, Mike et ses soeurs, la petite et la grande, Judith Lange, Berthe Agneli, madame Langenais et son mari qui a cassé ses lunettes. Et la mère Gloria, qui tient l'auberge et danse dans les clubs, celle qui rêve de voyage avec Mike, un voyage qui lui permettrait d'échapper à la mort.

Est-ce que je recommande? Absolument. Incontournable.

dimanche 6 mars 2011

Dixième livre du défi

Mon premier livre terminé, j'ai fouillé dans la maigre bibliothèque floridienne de ma mère pour trouver quelque chose à lire. J'ai trouvé un gros bouquin défraichi avec la photo d'un adolescent sur la page couverture. À l'abordage!

Kevin le révolté (titre original: Murphy's boy) de Torey Hayden, 1983, Balland, 393 pages

L'auteure est une psychologue de réputation internationale spécialisée dans le traitement de psychopathologie enfantine. C'est l'histoire d'une thérapeute qui a fait ses recherches sur le mutisme enfantin. On lui confie un jeune garçon qui a quinze ans, vit dans un centre spécialisé et n'a pas dit un seul mot depuis quatre ans. Abandonné par sa famille, il est confié à l'état. Ça se passe aux États-Unis. Le jeune se cache sous les tables et a peur de tout et de tous. Elle décide de le voir tous les jours et c'est elle qui se déplace en plus. Un peu irréaliste, je crois. Ça me surprendrait énormément qu'une thérapeute ait le luxe de voir ses patients chaque jour de la semaine! Mais bon, c'est un roman, faisons avec. Je dois dire que j'ai accroché parce que le jeune se met à parler et puis, on en apprend un peu tout au long du roman, par bribes, sur le lourd passé qui l'a amené à cet état quasi-végétatif. Je voulais en savoir davantage, alors je n'ai pas lâché. Et puis, c'était facile à lire. Pas de la grande littérature. Distrayant malgré la lourdeur du sujet. En effet, il avait souffert le jeune. Et la description des sévices subis, même si donnée au compte-gouttes, relevait de l'horreur pure. Je me sentais comme une voyeuse et j'ai voulu lâcher sans y arriver. J'étais prise par ce livre et par la personnalité de la thérapeute aussi, tellement imparfaite, qui faisait des erreurs énormes. Ainsi, il l'agresse sexuellement (des attouchements, mais elle est coincée, a vraiment peur et heureusement réussit à s'en sortir avant que ça n'aille plus loin) et bien, elle décide de n'en parler à personne, de peur de nuire au jeune qui faisait des progrès!

Elle est aussi Grande Soeur pour Charity, une petite Indienne négligée. Cette relation et cette enfant sont vrais et sympathiques. Terrible cette Charity! De bons moments du roman.

Ça finit relativement bien. Le jeune, qui a maintenant dix-sept ans, se retrouve dans un foyer pour jeunes adultes, bien encadré, et il réussit à entrer au collège, ce qui était son plus grand rêve.

Est-ce que je recommande? Euh... oui, si vous avez un côté voyeur. J'en ai un semble-t-il, parce que ce livre qui n'est pas vraiment bien écrit et présente des invraisemblances, m'a accrochée.

Neuvième livre du défi

L'immeuble Yacoubian de Alaa El Aswany, Actes Sud, écrit en 2002, 2006 pour la traduction française, roman traduit de l'arabe (Égypte) par Gilles Gauthier, 327 pages

J'ai eu beaucoup de temps pour lire pendant ces vacances. C'est ce livre, dont on a fait un film que je n'ai pas vu, que j'avais choisi pour l'avion. Je me l'étais procuré à cause de notre voyage prévu en Égypte, car l'action se passe à partir d'un immeuble du Caire. Un livre dense que j'ai beaucoup aimé. Exotique. Des vieux monsieurs qui reluquent des jeunes femmes, des jeunes femmes qui se servent des vieux monsieurs pour survivre et la finale, une jeune femme qui tombe vraiment en amour avec son vieux monsieur. Le roman se termine par leurs noces, avec les femmes qui dansent en ondulant, un foulard autour de la taille. La jeune et belle mariée les accompagne et "Zaki bey la regardait plein d'amour et d'admiration. Il frappait dans ses mains en cadence et, peu à peu, éleva les bras et se mit à danser avec elle parmi les cris d'allégresse et les rires de l'assistance." (p.327)

Mais il n'y a pas que l'amour, il y a aussi la corruption, les magouilles, les classes sociales, l'exploitation, la misère et la débrouillardise. Certains s'en sortent mal, comme ce jeune prolétaire brillant à qui on ferme toutes les portes à cause de l'origine de son père. D'autres s'enrichissent. Les femmes ont la vie plus dure, on s'en doutait bien.

Est-ce que je recommande? Absolument.

samedi 5 mars 2011

Florida

De retour. C'est fou ce qu'on a de temps dans une journée sans ordi ni programme. Incroyable. Bien de réaliser ça. La mer. La mère. La tante aussi. Les repas. La piscine. Marcher sur la plage. Coquillages. Seize ans qui comprend fort bien l'anglais, heureuse surprise. Ma mère et des relents d'enfance, pas toujours facile, mais je le savais. Pas de surprise ici. Elle entend mal et s'entête à ne pas consulter. C'est son corps. Vrai. Mais c'est son entourage qui s'époumone à répéter et crier. La télé à tue-tête. Mais le soleil, archi-présent, violent et salvateur. Le soleil et la mer. Et l'énergie qui vient avec. Chanceuse je suis.

mardi 15 février 2011

Huitième livre du défi

The joy of sex dr. Alex Comfort, (1972). édition de 2008, Crown Publishers, New-York, 288 pages

"The joy of sex" est un classique déjà lu dans ma jeunesse. Je l'avais prêté à un amant malhabile qui en avait bien besoin et qui ne me l'avait jamais rendu. Dans les photos de l'époque, il y avait des couples de toutes les couleurs et des toisons pubiennes fournies. Les photos et dessins de la nouvelle édition présentent le même couple aux corps superbes, jeunes et souriants, blancs, qui illustrent avec classe la sexualité humaine. Très joli à regarder. Mais j'avoue que je préférais la variété des corps et des styles de l'ancienne édition. Ça coûte moins cher de n'avoir qu'un seul couple au lieu de plusieurs, évidemment. On coupe partout, misère! Le titre est adéquat, c'est bien de joie, de plaisir sain, de tendresse aussi dont on parle et qu'on décrit. Un beau livre, vraiment.

Est-ce que je recommande? Bien sûr, évidemment, c'est un classique que vous devriez avoir dans votre bibliothèque ou à tout le moins emprunter à la bibliothèque comme j'ai fait!

lundi 14 février 2011

La Saint-Valentin

J'aime cette fête. Plus c'est kitch et plus j'aime. J'ai décoré avec des coeurs, on mangera des pâtes rouges (teintées à la betterave) en forme de coeur et comme dessert, devinez... un gâteau rouge en coeur à la framboise. Bien sûr, il y a sur la table une belle nappe du dollarama avec des.... ? coeurs! oui, bravo, vous l'avez. Et je me sens heureuse et ludique et j'ai hâte de voir la réaction de ma belle Seize ans, ça et l'annonce que nous partons dans quelques jours en Floride (je viens à l'instant d'acheter les billets) devraient rendre cette St-Valentin enneigée mémorable.

Septième livre du défi

La méthode Dukan, dr. Pierre Dukan, Flammarion Québec pour l'édition canadienne, 2011, 353 pages.

Il n'y a personne de plus illogique qu'une femme qui veut maigrir. Après avoir lu une critique négative de la méthode par la diététicienne Hélène Baribeau du site Passeport santé, je n'ai retenu qu'un seul élément de conclusion de sa critique, soit "En conclusion, je n'ai aucun doute sur l'efficacité du régime Dukan (...)", s'ensuivait une mise en garde sévère sur la durée de cette efficacité (poids repris rapidement, effet yoyo etc) et sur les carences possibles associées à un tel régime. Moi, je me suis arrêtée à la promesse de l'efficacité et j'ai couru acheter le bouquin!

C'est comme un régime protéiné, alors ça marche tout à fait. Très restrictif, viande et pas toutes, oeufs, laitages archi maigres et c'est tout! Pas trop compliqué à suivre et en plus, à cause des corps cétoniques, on n'a pas faim. Après quatre jours, j'avais perdu cinq livres. Et puis le cinquième qui devait être le dernier avant la deuxième partie du régime (protéines+légumes et protéines pures en alternance), j'ai mangé un fruit, une salade avec une cuillerée d'huile d'olive (péché mortel, les huiles sont totalement interdites, sauf... l'huile minérale! Ouache!). Bon, j'ai repris une livre. Et puis, ensuite, les légumes réintroduits, j'ai fini de maigrir, tout en ayant des repas drabes. Les journées sans aucun fruit ni légume (un jour sur deux), je culpabilisais, moi qui ai bien appris ma leçon des légumes anti-cancer indispensables à une bonne santé. Ce qui fait que le régime, je l'ai lâché. Dommage un peu, ça marchait. Mais lisez-la donc la critique de madame Baribeau, éclairée et de gros bon sens. Alors, j'ai un beau livre neuf que je vais aller revendre à l'Échange. Next!

Est-ce que je recommande? Non, non et non.

samedi 12 février 2011

Sixième livre du défi

Le thaumaturge et le comédien, de Paul Laurendeau, Les écrits francs s.a., 2008, Montréal, 360 pages

C'est l'histoire d'une femme violemment battue par un homme. Il est thaumaturge, c'est donc un faiseur de miracles. Cet homme violent peut aussi faire preuve d'une grande douceur et il a réussi par ses pouvoirs à guérir le jeune fils mourant de cette femme qu'il se mettra à battre après la guérison. Celle-ci est mariée à un roi qui est révulsé par sa présence. Noble donc cette femme, cette Dulciane éprise de sa suivante, Rosèle aux cheveux noirs. C'est Rosèle qui raconte et elle raconte bien. Époque, châteaux, courses éperdues, secrets, révolution, tendresse, papiers secrets. Femme diminuée, estropiée, aveuglée. Dix ans passent. Roturiers contre noblesse. Les roturiers gagnent, Dulciane meurt.

Partie deux, temps futurs. Réalisatrice de cinéma. Choix des comédiens. Celui qui jouera le rôle du thaumaturge est particulier.... unique. Mais je ne vais pas vous révéler les secrets de cette histoire, de ce temps futur où la jalousie et la culpabilité ont disparu de la terre, où les roturiers qui sont au pouvoir mangent avec des canifs, où la pire des calamités serait d'avoir du Sang bleu.

Alors, récit prenant, plein d'imagination, atmosphère à la fois crédible et fantaisiste. Beaucoup de pudeur. Délicatesse. Un peu trop de "conne" et "con" et "connard" à mon goût mais ce sont des mots qui m'ont toujours déplu. Je suis entrée facilement dans l'histoire et serais restée plus longtemps encore dans la première partie. Je dois préférer les temps anciens aux modernes! En gros, une oeuvre intéressante et originale. J'ai aimé.

Est-ce que je recommande? Oui!

Drames

Dès que je suis rassurée, un nouveau drame survient avec Vingt ans. Cette fois, c'est le père qui menace de quitter le pays avec l'enfant. Elle prend la menace au sérieux et pleure toutes les larmes de son corps. Je ne sais pas quoi penser. Je crois qu'il s'agit d'une menace vide. Il n'a pas d'argent, pas de passeport. Il est fâché, il sait comment l'atteindre. Autre mauvaise nouvelle, ils ont perdu leur garderie. Plus grave celle-là, vu que l'autre je n'y crois pas. La garderie, c'était la stabilité et l'encadrement pour Petit-fils. Respirer. Ne pas prendre ça sur mon dos. J'y arrive mal, je suis tendue comme une barre, j'ai échappé une assiette au dîner et je me suis pris un doigt dans la porte-miroir. Héhé! Mon corps me trahit. Yoga? Je n'en fais plus. Marche rapide? Cinéma? Lecture? Lecture, ce serait bien, j'en ai fait un défi, ne l'oublions pas. Pour l'instant, j'ai choisi ménage et ma maison s'en vient spic & span!

Mon premier réflexe, c'est de trouver des solutions pour ma fille. Mais ma raison a pris le relai et je me suis tue et j'ai bien fait. Elle est arrivée ici en criant, en hurlant même et comme son fils n'était pas là, je lui ai demandé de se calmer. J'en ai marre de ses hurlements. Elle s'est alors mise à crier plus fort que j'étais insensible et sans coeur, s'est emparé du lit d'enfant et s'est mise à le déménager toute seule en me disant de m'enlever du chemin. Ma fille en furie, je connais tellement. Et elle réussit encore à m'atteindre, à chaque fois. De tels excès me bouleversent et m'épuisent. Je dois travailler sur moi. Finalement, on ne la trouvait plus. Elle s'était enfermée dans une des salles de bain et pleurait, prostrée au sol. C'est alors qu'elle a fini par raconter la chicane avec le père du bébé et ses menaces de partir au loin avec le petit.

vendredi 11 février 2011

Assurances

Dossier du remboursement du voyage par les assurances complet, pensais-je. Je suis allée porter les nombreux documents demandés en personne. Bien m'en prit. "Pourriez-vous vérifier les documents maintenant?" demandai-je. Tout était là mais la copie du chèque ne devait pas venir de l'agence de voyage mais bien de la banque, à mes frais évidemment. Une course de plus.

On dirait que je ne peux rien planifier d'autre tant que ce dossier n'est pas clos et réglé. Remboursez-moi et nous passerons au suivant!

Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne attitude. Ma vie me semble vide tout d'un coup. Ce voyage remplissait pas mal mes pensées. Je serais partie mardi, dans cinq jours.

Se retourner de bord rapidement, c'est faire preuve de souplesse d'esprit. C'est une faculté à cultiver. Mais voyager pour voyager n'a aucun sens. Petite impasse ici. Bien petite. Un iota. une graine. Une poussière.

Bon, je conseillerais quoi à quelqu'un d'autre? Je lui dirais que le changement a toujours du bon, tout dépend ce qu'on en fait. Tout part de nous. On est responsable de sa vie. Quand tout tourne dans tous les sens, il faut arrêter la roue. Prendre une pause. Faire des listes. Bonne idée les listes. Et cocher. Premier item: la banque. J'y cours.

jeudi 10 février 2011

Nouvelle amie

Je m'en suis fait une. Comme ça. Assises l'une à côté de l'autre à une réunion d'information, on s'est mises à jaser et puis à rigoler. Comme des fillettes. Connivence immédiate. Un peu plus et je lui demandais "Veux-tu être mon amie?" On n'a pas eu besoin de le dire. On s'est tout naturellement donné nos numéros de téléphone. Je l'appelle la semaine prochaine. Ça m'a fait penser à la conversation de la soirée précédente avec Seize ans, alors qu'elle me disait la chance qu'elle avait et que nous avions tous dans la famille, d'avoir beaucoup d'amies et de s'en faire facilement. Je fais partie de la gang.

lundi 7 février 2011

S'inquiéter pour rien

Petit-fils va bien. Bien, bien, bien, bien. Il a eu vingt mois. Il ne parle pas beaucoup mais ce n'est pas faute d'essayer. En fait, il parle beaucoup, comme me dit Seize ans, c'est juste qu'on aurait besoin d'un traducteur. Il dit maman et maintenant anmaman (c'est moi ça), encore, et d'autres mots que je ne comprends pas et il chante Frère Jacques avec des paroles inintelligibles mais un air très sûr. Il sera musicien. Ou acrobate. C'est un enfant moteur, court, grimpe, saute. Mange très habilement avec une fourchette (c'est nouveau). Tout est nouveau avec lui d'ailleurs, je ne le vois pas une quinzaine et je suis estomaquée de le retrouver si grandi, si sage, si espiègle. Un petit chou. Très rieur. S'est endormi comme un charme cette fois. Semble sécurisé. La maman, que nous sommes allés cueillir chez elle le lendemain pour le brunch, est patiente et attentive. Peu importe qui répond à ses besoins et à quel rythme, il y a quelqu'un de compétent qui le fait. Je suis rassurée, rassérénée et je retrouve avec plaisir mon rôle de grand-maman gâteau cerise sur le sunday que je n'aurais jamais dû quitter. Ouf!

Pas encore commencé le livre 6. Il est pourtant tentant. Au début, je croyais, à cause de la disposition du texte, que c'était une pièce de théâtre. Non, il s'agit d'un roman, dans un royaume.

La fin de semaine, je lis ... les journaux. C'est un de mes plaisirs auquel je ne veux pas renoncer. Je m'en achète plusieurs que je déguste lentement. Cette fois-ci, avec Petit-fils dans le décor, même pas eu le temps encore! Je lirai mes vieilles nouvelles tranquillement, au retour de chez le dentiste.

vendredi 4 février 2011

Cinquième livre du défi

Raphaël Ader, Regardez dans la fêlure Éditions Léo Scheer, 2010, 146 pages

Vous m'aviez dit d'abandonner les livres qui ne m'intéressaient pas, Daniel Pennac me l'avait dit aussi, mais il aura fallu Christiane Charette pour que j'écoute enfin. J'ai donc laissé en plan le livre qui précède Regardez dans la fêlure et j'ai bien fait. Je me suis dit que vu que j'aimais tant lire les blogues, vu que je me complaisais dans leur simplicité, leur quotidienneté, leur trivialité, leur spontanéité, un livre tiré d'un blogue allait me convenir. J'avais lu avec plaisir la Mère indigne et le chauffeur de taxi aussi quand ils avaient été publiés sur papier. Cette fois, c'est un blogue français qui est édité, celui d'un homme de 36 ans, franchement névrosé, ce qui le rend fort sympathique en partant. Il n'arrive pas à bander avec une femme ou bien s'il bande, il n'arrive pas à jouir et pourtant dans son intimité à lui, il bande à fond. On a droit à sa vie la plus intime, à ses angoisses, ses maux de ventre, sa constipation chronique qui le fait tant souffrir. Parfois, il nous quitte pour aller aux toilettes mais on aura un compte-rendu au retour. Il souffre ouvertement, moralement, sympathiquement. Il est tout sauf ennuyant. Et c'est bien écrit, style blogue, court, percutant, simple, efficace. Il s'analyse constamment, voit un psy, prend des médicaments. Sa famille aimée est dysfonctionnelle, père avec maladie mentale, mère alcoolique, soeur fuckée on ne sait pas trop pourquoi. Peu importe, il les aime malgré sa peur de leur ressembler. Il habite Paris et ne se verrait pas ailleurs.

Est-ce que je recommande? Oui, c'est bien écrit, intéressant même si finalement, il ne se passe rien du tout. "Que raconter quand sa vie est vide,en suspens, quand on attend encore, au seuil de la maturité, qu'elle commence? Tout. La vie elle-même, à bout portant, dans sa misère et sa grandeur irréductible."