dimanche 10 octobre 2010

Le présent

Il y a quinze jours, je revenais de notre voyage dans la Chine du Sud-Ouest, chez les Ouigours et dans les déserts de Gobi et du Taklamakan. Le décalage horaire est fini, je me sens bien ancrée dans ma réalité actuelle et ma réalité actuelle, c'est ce condo pour lequel j'ai fait une offre formelle d'achats hier. Un toit pour ma poulette et mon petit-fils. On va attendre l'acceptation avant de se réjouir. Si mon prix n'est pas accepté, je ne monterai pas plus haut. Ça me stresse un peu, beaucoup même, car je n'arrive pas à dormir. Si ça ne marche pas, je vais l'aider à louer, un an à la fois. Beaucoup moins d'argent impliqué même si les loyers sont chers.

Je ne suis pas tout à fait bien avec la décision, pas encore bien peut-être. J'ai peur que des dépenses imprévues se présentent, un immeuble c'est bien des responsabilités. En fait, quand je voulais donner carrément le condo à ma fille, c'était aussi pour ne pas avoir à les assumer ces responsabilités, les réunions de copropriétaires, les paiements divers à rencontrer etc. C'est certain que si le condo est à elle, elle va se démerder et se sentir totalement impliquée, tandis que là, c'est encore maman qui assume. Problème= appel à maman. Il est encore temps de changer d'idée. Mélangée je suis. Si jamais elle ne s'entend pas avec les copropriétaires, c'est encore à moi qu'on aura recours. Je suis la personne responsable. Et ça, je veux l'éviter de plus en plus. Passé ma vie à être responsable de mes enfants et très responsable, c'est dans ma nature. La retraite, c'est aussi penser à soi, se réaliser, se délester des responsabilités. Il ne me reste qu'une fille à élever, la liberté s'en vient. Bon, elle est là la liberté, dans mon coeur, dans mon âme, dans mes actions aussi. Je suis libre d'acheter ce condo ou pas et je suis libre de l'acheter pour moi ou bien pour elle. Plus j'y pense, plus je vais probablement l'acheter pour elle. Les biens matériels alourdissent la vie. Je suis mélangée, misère!

samedi 9 octobre 2010

Changement de cap

Rien n'arrive pour rien, disait euh... ma mère peut-être? Me rappelle plus. En tout cas, pas moi, mais là, je le dis aujourd'hui. En effet, quand j'ai vendu avec joie, bonheur, profit et satisfaction profonde ma grande maison avec des locataires, je me suis dit que c'en était fini de l'immobilier. Débarrassée des soucis. Petit condo pas de trouble. On voyage. On est libre. La belle vie.

Or, hier, en visitant le condo que je pensais acheter à ma fille, mes instincts de propriétaire sont revenus. J'évaluais la valeur de revente, les améliorations à faire, je comparais avec le prix du marché. Une vraie femme d'affaires. On a ça dans le sang, dans la famille. Moi, je suis une intuitive et ça marche.

Je n'en parle à personne de cette idée d'acheter une propriété à ma fille. Sauf à mon blogue. Je garde ça caché. Je ne veux pas être influencée. Les lectrices de mon blogue me conseillent de l'acheter pour moi ce condo et plus j'y pense, plus je trouve qu'elles ont donc raison. C'est la chose à faire, vraiment. Le condo d'hier est vendu mais rien ne m'empêche de chercher ailleurs. J'ai même du plaisir à faire ça, visiter des condos, comparer. C'est excitant.

vendredi 8 octobre 2010

Réponse à Michèle

Michèle est une jeune femme que j'ai "connue" par internet. Je l'ai déjà rencontrée pour vrai. Elle a de beaux enfants, un beau mari, une belle carrière et est une belle femme. Que du beau, donc! Mais ce que j'apprécie surtout chez elle, c'est son gros bon sens. Elle perçoit ce qui est caché sous les mots et frappe souvent juste dans ses commentaires. Dans mon billet "Jalousie", elle me demande:

Question: Pourquoi acheter un condo à 19 ans? A-t-elle besoin d'un condo pour offrir un environnement convenable à son fils?

Réponse: J'ai bien réfléchi à la question, Michèle et ma réponse est oui. Dix-neuf ans a 19 ans, elle est étudiante, elle n'a pas un rond, bon elle vit sur les fonds d'épargne-études auxquels j'avais eu la bonne idée de souscrire, mais ce n'est pas la richesse, elle a un enfant et surtout, surtout, elle est noire! J'aimerais bien te dire que ce dernier point n'a aucune importance, mais ça en a encore beaucoup. J'aimerais bien te dire que le racisme n'existe pas à Montréal, mais ce serait faux. Alors, jeune, pauvre, avec enfant et noire, elle a et aura énormément de difficulté à se trouver un logement à louer, que je l'endosse ou non.

En plus, elle veut demeurer dans son quartier actuel et ses motivations sont nobles et généreuses à cet égard. Elle désire la stabilité pour son enfant, donc le moins de changement possible et surtout pas de changement de garderie. Le mieux, en garde partagée, c'est que les parents habitent près l'un de l'autre. Son quartier est chic et cher, pas vraiment de logements à bas prix dans son coin. Beaucoup d'obstacles donc.

Tandis que quand on achète, en autant qu'on paie, bingo, le bien est à nous. Je vais visiter un condo avec elle ce matin. Un petit condo modeste, très modeste. Si ça convient, j'achète. Pas pour moi, pour elle. J'ai administré un immeuble à revenus pendant 25 ans, avec brio. Seule. C'est fini pour moi. Je passe à autre chose et ce n'est certainement pas l'immobilier. C'est à cause de la vente de cet immeuble à revenus que je peux maintenant aider une de mes filles, alors tout ce travail de gestion d'immeubles et de locataires m'a rapporté beaucoup.

mardi 5 octobre 2010

Les troubles de l'attachement

J'ai eu d'immenses difficultés à aimer mon enfant qui souffrait de troubles graves de l'attachement. En fait, je rêvais régulièrement qu'elle mourait, un bête accident, j'étais toujours absente, ça arrivait malgré moi. Je rentrais à la maison, la gardienne me disait qu'elle était montée sur le toit, qu'elle en était tombée, morte sur le coup, je pleurais évidemment et facilement, mais tout ce que je ressentais réellement était un immense soulagement. Enfin, ma vie allait retrouver un sens, j'étais libre. Ces rêves me causaient une immense, grandiose, effrayante culpabilité. J'en étais à avoir peur de l'endormissement. Ils revenaient toujours. Parfois, elle s'était noyée dans la piscine du voisin ou étouffée au restaurant ou bien elle avait péri dans un incendie. Je n'étais pas là. C'était le destin. Soir après soir. Bien sûr, j'ai consulté. On consultait déjà en psychiatrie. J'ai pris une psychologue, pour moi, spécialisée en troubles de l'attachement. Elle n'a jamais vu ma fille. Mais elle a tout compris, tout de suite, et m'a apporté une aide inestimable, sans prix (même si ça coûtait une fortune! héhé!). Elle a été ma bouée de sauvetage. J'ai recouvré mon estime personnelle grâce à sa compétence.

Ce qui afflige tant les parents d'enfants en trouble grave de l'attachement, c'est probablement cette ambivalence coupable qui les habite. D'ailleurs, pour déterminer la gravité des troubles d'un enfant, c'est le parent qu'il faut regarder, surtout la mère, ces enfants s'en prenant moins au père, moins menaçant le père, plus absent aussi. Bon, alors regardez cette mère, elle a tant voulu cet enfant, en a rêvé, l'a désiré avec une violence inouïe, est tombée en amour avec avant même de recevoir sa photo, a phantasmé en prendre soin, accueillir ses sourires, murmurer son nom, se faire appeler maman. Cette femme a été évaluée par un ou une professionnelle, qui l'a déclarée apte à adopter, à devenir mère, saine d'esprit donc et compétente, cette future maman. Observez-la un an après l'arrivée de l'enfant. Renfermée, la larme à l'oeil, grossie ou bien amaigrie, insomniaque, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne sort plus du tout ou bien court de spécialiste en spécialiste. Son couple va mal. L'enfant? Si vous les visitez (imposez-vous, les parents n'invitent plus depuis longtemps), il vous apparaîtra charmant, vif, se glissera sur vos genoux, vous prendra par le cou, voudra partir avec vous. La mère sera soit distante, soit contrôlante (à vos yeux), elle vous l'enlèvera des genoux, il fera alors une mine tellement triste que vous aurez envie de le rescaper. Dans la voiture, au retour, vous direz à votre conjoint "On dirait que Véronique ne l'aime pas, son petit Benjamin. Tu as vu comme il voulait s'en venir avec nous? Il a l'air vraiment malheureux. Et il est si adorable!"

Partout, la mère de cet enfant entendra et lira qu'avec de l'amour et du temps, les troubles se résorberont. Mais plus le temps passe, plus cet enfant fait des crises, avec elle, les crises! Avec les autres, il est charmant. Il ne veut pas quitter la garderie quand elle vient le chercher, s'accroche aux éducateurs. Elle doit le leur enlever de force. Valorisant? Pas tellement. Si cette mère n'a que ce seul enfant, comment se sent-elle? Son entourage la laisse tomber, de plus en plus persuadé que cet enfant est maltraité. Pourquoi la rejetterait-il avec autant d'emphase si sa vie avec elle était agréable et aimante?

Mon propre père, auquel ma fille s'accrochait avec l'énergie du désespoir, m'a demandé si je la battais! Quand on en est rendu là, on est pas mal seule dans l'aventure parentale.

Il m'aura fallu ma super psychologue, pour me faire comprendre à moi, que le temps n'arrangerait pas les choses, que ma fille avait un trouble grave de l'attachement, qu'elle ne pouvait pas s'épanouir dans un milieu familial, que l'amour d'une mère l'écrasait, qu'elle avait besoin d'un milieu neutre et très encadrant, qu'en lui procurant un tel milieu, je répondais à ses besoins et, loin de l'abandonner, j'étais présente pour elle, d'une façon qui lui convenait vraiment.

lundi 4 octobre 2010

Jalousie

J'ai vu un condo qui pourrait convenir à Dix-neuf ans. Elle a eu la mauvaise idée d'en parler à Vingt-et-un ans. Celle-ci m'appelle pour que je paie la seconde partie de ses cours de conduite (c'était convenu) et me glisse mot de ce fameux condo qui changerait sa vie si elle pouvait donc en avoir un, elle aussi. Mais voyons, Vingt-et-un ans, je n'ai pas les moyens de vous acheter un condo à vous quatre, que vas-tu penser là, calcule un peu, il faudrait que je sois millionnaire. Si je pense à aider Dix-neuf ans, c'est à cause de Petit-fils qui n'a pas demandé à vivre dans la misère. Mais il s'en fout Petit-fils, c'est un bébé, me répond-elle, il ne se rendra compte de son environnement que dans quelques années.

Je me sens pressurisée de toutes parts. Je n'aime pas du tout cette impression d'être un citron. Téléphone à Dix-neuf ans. S'en fout du condo, Dix-neuf ans. Je vais m'arranger autrement, me dit-elle, pas le temps de te parler, je retourne en classe.

Un autre voyage? Oui, loin, très loin et ça presse.

jeudi 30 septembre 2010

Poids

Il faut apprendre de ses erreurs. Lors de mon voyage en Chine "classique" en avril, j'avais pris dix livres. Cette fois, chez les Ouïgours qui ont une cuisine bien plus savoureuse à mon goût à moi, pas une once. La seule différence? J'ai systématiquement évité le riz, aucun autre changement. Mangé tout le reste sans me priver. Et aussi, je ne prenais de la bière qu'un jour sur deux, alors que c'était à deux repas par jour tous les jours lors du dernier voyage. Petits changements simples et efficaces. Bravo à moi!

Au retour du voyage d'avril, non seulement j'avais pris dix livres mais j'ai continué allégrement à grossir. Et la même chose est en train d'arriver. Aucun pain et fromage en vue pendant trois semaines, pas de vin non plus, (bien qu'on ait déniché une fois ou deux une bouteille de vin chinois excellent!) , alors j'ai tendance à me garrocher un peu trop sur ces produits rares qui m'ont manqué. Surtout hier, tiens, avec ma bonne amie venue souper et qui nous accompagnait au théâtre. Parle parle, jase jase et le délicieux pain à l'ail tout frais y a passé avec le brie qui l'accompagnait sans parler du Pinot noir, ce vin si excellent pour la santé si on ne passe pas à travers la bouteille.


Mais ça ne se passera pas comme ça! Que non! Je suis la maîtresse de ma destinée et de mon corps. Au Weight Watchers ce soir et que ça saute!

mercredi 29 septembre 2010

Loin

Ce que j'aimerais être encore en Chine, loin, protégée des mauvaises nouvelles, sans internet, sans téléphone, loin. La réalité me tombe dessus un peu trop vite. Dix-neuf ans qui pleure, découragée. Son chum (ex-chum) lui apprend ce matin qu'il s'en va un mois en France, elle a plein de travaux scolaires à faire, il lui faut trouver un autre logement, elle ne dort plus, doit courir ce soir pour aller chercher le bébé à la garderie. Pleure. Et je pleure avec elle.

mardi 28 septembre 2010

Le gruau

C'est ce que je me suis fait ce matin. Avec du chanvre, des canneberges, du ginseng (en flocons, frais de Chine!), de la levure bio, du chia, des graines de sésame bio et de la graine de lin moulue bio évidemment. J'exagère? Mais je suis excès, tout en excès, même au niveau de la santé. Je suis certaine que vous voulez savoir si mon voyage m'a fait maigrir. Non, ça ne vous intéresse pas du tout? Je vais l'écrire quand même! C'est chez moi ici, j'y fais ce que je veux. Pas maigri mais pas grossi non plus et pas perdu la forme non plus. Aucun pneu en vue. Classe de yoga hier avec la super nana qui ressemble à une publicité nautilus. Hier, elle nous a fait un petit discours ésotérico-yoga, style "Je le sais bien que vous êtes comme moi et que vous vous demandez si vos ongles sont impeccables quand vous faites des asanas, si le triangle met en évidence vos super-abdos que vous venez de travailler sur les appareils, si vous faites tout à la perfection, si ça va finir bientôt aussi, mais je vous le dis, le yoga est vivre le moment présent, alors prenez conscience que vous vous ferez peut-être frapper par une auto en sortant d'ici, donc, arrêtez de penser tout le temps et laissez votre corps faire le travail sans vous juger." J'ai souri intérieurement, car elle avait probablement raison en imaginant que mes très jeunes consoeurs de yoga, des étudiantes de Mcgill avec des costumes de sport qui doivent coûter aussi cher que leur cours de médecine, se préoccupaient de leur vernis à ongles pendant leur session de yoga! Je suis la seule femme mûre de ces cours maintenant, retour à l'université oblige. Pas grave. Je prends tout et les classes font partie de mon abonnement. Pas gaspilleuse la femme libre.

Mon confrère de cours d'été sur la Chine, celui à qui j'avais offert mon corps et qui l'avait refusé, celui qui a continué à me voir en toute amitié, celui qui rentre tôt à la maison parce qu'il vieillit dit-il (il n'a que soixante-deux ans!), celui qui a une petite bedaine, pas de cheveux et qui aurait bien dû profiter de tout ce que je lui offrais, misère! et que je ne lui offrirai plus, entendons-nous, il ne me tentait même pas tant que ça en plus et plus du tout maintenant, celui-là donc m'a inscrite à des cours des Belles soirées de l'université de Montréal. Ça faisait longtemps que je voulais savoir de quoi ça avait l'air. Intelligence émotionnelle, cours sur la Chine (encore! je vais bien devenir experte!) et série de conférences sur l'histoire de la religion au Québec. Ça risque d'être passionnant!

Le voyage? Le clou de l'expérience devait être la nuit en campement dans le désert de Taklamakan où nous nous rendrions en chameau. Nous étions dix-sept voyageurs. Le guide, prétextant que depuis les changement climatiques, il pouvait pleuvoir même dans le désert (!!!) nous a donné le choix entre une chambre à l'hôtel et la tente dans le sable. Et qu'ont choisi quatorze des voyageurs, avec soulagement et un enthousiasme qu'ils ne pouvaient dissimuler? L'hôtel, bien sûr. On s'est donc retrouvées trois voyageuses, ma fille, une aventurière et moi, avec six chameliers, deux guides et six chameaux en expédition dans le désert. On se sentait princesses pas à peu près. Ce fût extraordinaire, rien de moins. Je suis tombée amoureuse du désert et je ne rêve que d'y retourner. Ce sera fait, comptez sur moi.

lundi 27 septembre 2010

Décalage horaire

Je ne le sens pas encore. En fait, j'ai tellement d'énergie que je n'arrive pas à dormir. Treize heures de vol de la magnifique Shangai à Paris et puis un autre petit vol de sept heures jusqu'à Montréal. Je ne dors pas en avion. Vu plein de films et de nuages, ma petite Seize ans endormie sur mon épaule. Dix-neuf ans était bien à l'aéroport et avec petit-fils en plus, malgré l'heure tardive. Elle a éclaté en sanglots dans mes bras. Du coup, j'ai pensé catastrophe. Ma mère? Mon fils? Mon autre fille? Non, non, ils vont bien, je me suis ennuyée, me dit-elle. Évidemment, j'ai su un peu plus tard dans la voiture que beaucoup de choses s'étaient passées pendant mon absence. Elle se sépare et c'est définitif. Le fait d'avoir trouvé son conjoint avec une autre femme dans leur lit alors qu'elle revenait à la maison récupérer un objet oublié a mis un point final à un couple qui tenait bien mal la route depuis un certain temps. C'est pourtant là-bas qu'elle est allée dormir avec petit-fils qui est encore plus beau, plus fin, plus intelligent et plus adorable (bon, je suis une grand-mère gaga et je m'assume, mais vous le verriez et vous seriez d'accord avec moi, j'en suis certaine!).

Pas dormi pendant des jours donc et incapable de dormir encore. Quand je vais tomber, je vais tomber. Là, je me sens vivante et exaltée. Seize ans est une voyageuse extraordinaire, aimée de tous, intéressée, partante pour toutes les aventures. Nous nous entendons vraiment bien en voyage et nous complétons. Ce matin, retour à l'école même si nous sommes arrivées dans la nuit. Elle dort en avion, elle, heureusement! Devra se lever dans cinq minutes. C'était le contrat passé. On a eu un beau voyage. Je vous en reparlerai ( un peu! ;o)

dimanche 5 septembre 2010

Chine, cinéma

Je fais mon lavage. Dans le but de faire ma valise. J'ai très peu de vêtements. C'est voulu. Dépouillement. Alors archi-simple de faire ma valise. Je lave et hop! dans la valise. Je suis rentrée à minuit hier soir, après le dernier film. Le meilleur jour pour aller au festival des films du monde, c'est lundi. On présente alors les coups de coeur du public. Vous risquez donc moins de voir des films moins bons. J'en ai vu de tous les genres et dans certains cas, je me forçais pour rester jusqu'à la fin, ce qui aurait été contraire à l'éthique du vrai cinéphile. Mais des excellents aussi, j'en ai vu et des à voir absolument. "Blue knight", qui se passe en Mongolie. "Oxygène", dans un hôpital et surtout "The day I was not born", du jeune et charmant réalisateur Florian Cossen, en Argentine. Ces trois-là, allez-les voir lundi. Vous m'en donnerez des nouvelles!

Ma fille dort toujours. Je n'ai pas vérifié sa valise qui est prête depuis longtemps. J'ai un peu peur que ses tenues soient trop sexy pour le monde musulman où nous nous plongerons. Mais oui, il y a des musulmans en Chine et c'est chez eux que nous allons, chez le peuple ouïgour. On nous a demandé d'apporter des foulards, c'est fait. Je suis calme, pas trop enervée encore. C'est bien. Un peu d'exercice, j'ai négligé avec tout ce cinéma et puis ce sera le départ, en douceur. Je penserai à vous, amis lecteurs! À bientôt!

jeudi 2 septembre 2010

L'action

C'est vraiment ce qui me sauve, me motive, me rend allumée et vivante. Bien des projets en vue. Le premier étant de vivre le moment présent. C'est maintenant que ça se passe. Rendre les autres heureux aussi, le bonheur éclabousse. J'ai donc eu une bonne idée de vivre intensément ce festival des films du monde juste avant mon voyage, plus qu'avant, pendant, je manquerai les derniers jours, pas grave, j'en vois tellement de films que mon passeport est grandement rentabilisé. Cent dollars pour tous les films que je veux. C'est rien du tout. Et en plus, j'habite à distance de petite marche des cinémas participants. Ce déménagement au centre-ville a été une autre bonne décision. Fière de moi je suis. En plus du plaisir associé au cinéma, les films m'empêchent d'angoisser sur le voyage. Car, oui, j'angoisse et j'ai badtrippé avant mon dernier départ en Chine. Peurs irraisonnées. Une fois l'avion décollé, envolée l'anxiété. Mais cette fois, en étant tellement occupée, presque survoltée, pas le temps de m'inquiéter. Je songe à bénévoler au retour ou bien à planifier un autre voyage tout de suite. Pas de temps à perdre. Vivre. Aider. Bouger. Action!

mardi 31 août 2010

Films, misère, voyages et cie

Je vois des documentaires. Bouleversants. Criants de vérité. Des catastrophes, des restants de catastrophes, des gens courageux, des visages burinés, l'impression de regarder des images d'un autre siècle et pourtant, ces gens-là existent vraiment, tout de suite, aujourd'hui, avec leur misère, leur travail acharné, leurs traits burinés et le monde qui les a oubliés tout seuls avec les petits bouts de bois qu'ils ramassent dans les décombres, pieds nus, pour se reconstruire une maison de leurs mains nues, sans outils. Leurs corps décharnés avec pour tout repas du riz avarié. Déchirant. J'admire ces cinéastes courageux qui montrent la réalité sans faire de commentaire. Les images parlent.

Les films de fiction sont presque aussi déprimants. Plusieurs. Les deux films québécois vus qui sont dans la course sont noirs. Aussi noirs l'un que l'autre. Une petite lueur d'espoir à la fin, mais vacillante. Des personnages fuckés autant dans un film que dans l'autre. Des qualités artistiques, oui, mais de la longueur, de la lenteur, et finalement peu de profondeur. Si je devais me faire une idée du Québec à partir de ces films, je trouverais que les paysages sont magnifiques comme dans "route 132", que les acteurs jouent fort bien, et c'est le cas également dans "Tromper le silence" de Julie Hivon, mais je concluerais que les Québécois sont de grands blessés émotifs, qui trempent dans le drame et boivent et fument et volent et se mutilent pour soigner leurs grands bobos. Il sacrent, parlent peu et sont solitaires. Les gens de la campagne de "route 132" avec la magnifique Andrée Lachapelle qui est toujours aussi magnifique même si on l'a affublée de vêtements de petite vieille, ceux-là semblent sains. Le Québec rural, il n'y a que ça de vrai? Est-ce le message? Y en-a-t-il un message? Ai-je aimé ces deux films? J'aurais voulu aimer celui de Julie Hivon, il faut encourager les femmes. J'aurais beaucoup voulu aimer. Mais non. Attention, je ne dis pas que ce soient des films dénués de qualités cinématographique, il y a de belles images, fortes même. Mais le propos ne m'a pas touchée. Une femme solitaire qui ne vit que pour son art qui s'est querellée avec son frère lui-même un grand fucké et qui trouve un gars plus fucké encore pour en faire le sujet d'une exposition et indirectement redonner un sens à sa vie, voilà le sujet, le propos. Évidemment, le grand fucké a vécu un drame, on le découvre dans le film. Triste.

Je suis un peu tannée des films tristes, ça paraît? Semblerait que ce soit ceux-là qui gagnent des prix ou à tout le moins qui se retrouvent en compétition, car c'est difficile de trouver des films plus joyeux, sans tomber dans la comédie grosse et grasse comme "Chance" de Abnair Benaim, que je ne recommande pas. Il y a pourtant moyen de faire un film qui se passe en grande partie dans un hôpital et qui met en scène des jeunes qui souffrent de la fibrose kystique, avec sensibilité, réalisme et espoir, comme dans le magnifique "Adem (Oxygène)" qui est certainement mon préféré parmi les 17 films que j'ai vus jusqu'ici.

vendredi 27 août 2010

Partie

Pas en Chine. Au festival des Films du Monde. J'ai le passeport. Cinq films aujourd'hui. Je plane.

mercredi 25 août 2010

Question et réponse

"Trente ans m'a demandé si je regrettais ma décision de garder le bébé avec tout ce que je sais maintenant et je lui ai répondu que ...

On était dans la voiture ce matin de retour du Costco où Dix-neuf ans avait fait provision de couches. Je la conduisais à son collège. Elle avait des jeans déchirés aux genoux. Les avait achetés comme ça. La mode.

J'étais certaine de la suite de sa réponse:

"non, je ne regrette rien et avoir mon bébé est la plus belle chose de ma vie."

Mais ce n'est pas du tout ce qu'elle a dit!

"Je lui ai répondu qu'avoir su ce que je sais maintenant, je me serais fait avorter. C'est ce que je dis à mes amies enceintes qui me demandent conseil. C'est dur, très dur. Je suis prise là-dedans, j'essaie d'en tirer le meilleur et de prendre mes responsabilités. Je sais que ça fait grandir et tout et tout mais ma vie serait bien plus facile si je n'avais pas d'enfant, c'est clair. Il m'a félicitée pour mon honnêteté, il a dit que c'était un signe de maturité."

mardi 24 août 2010

Du temps qu'il fait et de nous et de vous et de la vie qui passe et dont il faut profiter

Tout le monde parle de l'automne. C'est la rentrée scolaire qui fait ça bien plus que le temps qu'il fait. À Montréal, tout est au beau fixe encore. Et pour longtemps peut-être. Septembre est un mois magnifique et chaud depuis plusieurs années.

Mais cette rentrée n'est pas comme les autres pour nous. Elle ressemble à une sortie. Nous partons pour la Chine, pour le désert de Chine, pour des régions plus sauvages et nettement moins peuplées que celles du circuit régulier Shangaï, Xian et Beijing. Nous allons camper dans le désert et faire pipi dans le sable comme les chats. Nous séjournerons aussi dans des régions éprouvées par les coulées de boue, moins drôle. Je n'ai jamais vu de catastrophes naturelles (naturelles, mon oeil, semblerait que celle-ci soit causée par le développement trop rapide!), de zones sinistrées, de gens en détresse. Pas certaine que ça me tente. Pour aider, ça va, pour passer, non. Je me sentirais comme les bateaux de riches touristes qui allaient pique-niquer et nager dans les eaux cristalines d'Haïti pendant que tout à côté les gens vivaient sur la rue, leur maison détruite par le tremblement de terre. On a cependant plaidé que les touristes en question faisaient rouler l'économie et que la dernière chose dont Haïti avait besoin, c'était bien de se faire totalement abandonner par tous. Savez-vous qu'il y a déjà eu un club Med à Haïti, bien fréquenté et couru? Savez-vous que moi je suis allée en voyage de plaisance à Jacmel avec une amie, dans le temps de Duvalier qui était sur tous les murs et qu'on barrait la porte de notre chambre d'hôtel et qu'on la retrouvait toujours grande ouverte la porte, avec jamais rien de volé. Savez-vous qu'une fois, une jeune fille s'était trompé dans la monnaie et qu'elle m'a courue pendant plusieurs rues pour me remettre le peu qu'elle me devait? Savez-vous qu'on allait danser le soir et qu'on rentrait par les rues noires et qu'on se sentait en sécurité? Savez-vous que mon amie avait demandé un philtre d'amour à une guérisseuse et qu'elle l'avait fait boire à l'homme de ses rêves et qu'ils avaient fait l'amour le même soir? Savez-vous que j'adore ce pays au sable noir et que si mes filles ne veulent pas y retourner ce n'est pas faute de leur en avoir parlé avec admiration? Non, vous ne savez pas tout ça, ni que les enfants nous suivaient dans les campagnes en nous montrant du doigt et en criant "Blanc, blanc!"

Mais c'est en Chine que nous serons dans deux semaines, Seize ans et moi et du coup, notre rentrée est un départ. Cette année ne sera pas comme les autres. Seize ans n'est plus légalement obligée d'aller à l'école. Je n'ai plus aucun espoir (il doit m'en rester une petite graine de rien du tout, car c'est avec un zeste de peine que j'écris ça) qu'elle ne finisse son secondaire, ni même qu'elle le commence en fait. Sa vie sera différente. Je vais l'avantager dans mon testament, c'est certain, elle sera toujours au salaire minimum, ce qui n'est pas le cas des trois autres. Je ne crois pas à la justice et à l'égalité pour ce qui est des enfants, je crois au cas par cas et aux besoins particuliers.

Hier, j'avais mes quatre enfants chez moi, très extrêmement rare que ça arrive, Vingt-et-un an n'avait pas vu Trente ans depuis des années. Tout s'est fait spontanément. Ils sont arrivés les uns après les autres et Dix-neuf ans est allée chercher Petit-fils pour compléter le tableau. Bonheur et fierté. Elle semble aller bien Vingt-et-un ans, mais je ne crie jamais victoire avec elle. J'apprécie plutôt le moment qui passe au moment où il passe.

dimanche 22 août 2010

Jeunesse

Des jeunes filles autour de moi, une de quinze, deux de seize. Deux dorment sur les divans, la troisième doit être dans la chambre. J'ai couvert les deux du salon, qui dormaient tout habillées. À l'ordi, des bols avec un fond de lait, la boîte de céréales par terre, tiens, ils ne m'en ont pas laissé de lait pour mon café, le carton est sur le comptoir. Une envie de devenir furieuse et de réveiller ma fille pour qu'elle nettoie. Et puis non, faudrait me crinquer pour demeurer longtemps fâchée.

Des amies d'enfance de Seize ans. Hier, au Commensal, elles se rappellaient des souvenirs de maternelle et de première année. J'en apprends des choses quand je suis avec elles. Je ne dois pas être considérée comme un parent bien menaçant, car elles parlent avec peu de censure. Elles savent pourtant que tout ce que je considère dangereux pour elles sera rapporté à leurs parents. Comme la fois où l'autre seize ans avait parlé de suicide. Ma fille était bouleversée. C'est moi qui ai appelé le père de la petite. Je voudrais qu'on fasse la même chose pour ma fille.

Elles sont vierges toutes les trois. En parlent librement. S'en vantent même. Deux d'entre elles se sont déchirées pour un gars. Grave. Des injures verbales et sur internet. Des clans qui s'étaient formés. De les voir redevenues amies me sidère et me rassure aussi. Rien d'irrémédiable.

Elles voulaient aller au cinéma. Avant, j'aurais peut-être (très probablement) payé pour toutes les trois. Les amies sont de condition modeste. Mais j'ai une nouvelle politique. La même que pour mes autres enfants, même si Seize ans a des problèmes d'apprentissage, à partir de cet âge-là, on paie ses sorties et ses vêtements. Elle vient de travailler deux semaines pour le bureau de mon frère mais n'a pas encore reçu de salaire. Le ciné attendra.

J'ai appris d'autres choses qui m'ont fait de la peine sur le coup lors de ce repas végétarien. Ma fille a été persécutée par le chum d'une fille de sa classe. La fille de sa classe en question est venue chez nous plusieurs fois et elles se prêtent des vêtements et je pensais que tout était correct. Lors de sa dernière visite, elle a utilisé ma fille pour la couvrir et faire croire qu'elle couchait chez nous alors qu'elle couchait chez son chum. Elle n'a que quatorze ans. Le chum en question a demandé à Seize ans de lui prêter un Bixi ( ma fille a une clé) et il l'a plantée là sous la pluie pour aller se promener avec l'amie sur la barre de la bicyclette. Ma fille courait en arrière. C'était la nuit. Ils étaient dans l'est de Montréal dans le coin des feux d'artifice qu'ils devaient aller voir. Finalement, ils ont remis le Bixi en place et reconduit ma fille au métro (fiou!). J'étais sortie et je les croyais toutes les deux à la maison. Je n'ai rien su de cette histoire parce que quand je suis rentrée, ma fille, qui venait d'arriver, était sous la douche. Elle m'avait dit que son amie était rentrée chez elle.

On a alors discuté toutes les quatre de la faculté de dire "non", de s'opposer, de quitter en cas de doutes. Jamais ma fille n'aurait dû sortir un Bixi pour ce garçon. Dire non, dire non. En tout cas, on lui a matraqué ça dans la tête. Elle est trop gentille. Cette fois, elle était attirée par les feux d'artifices et en fait, ils n'y sont jamais allés. C'est bien qu'elle ait parlé de cette histoire, on a pu la supporter, la conseiller, et puis elle s'est vidé le coeur. Bon point. Si je n'avais pas emmené les trois filles au restaurant, je n'aurais rien su de l'histoire.

J'avais su tout de même pour le fait que la jeune avait couché chez son chum au lieu de chez nous, car sa mère a téléphoné pour lui parler le lendemain. Ma fille avait alors dit qu'elle était déjà partie. Comme j'avais entendu la conversation, j'avais convaincu ma fille de dire la vérité à la mère, ce qui avait été fait.

jeudi 19 août 2010

Suite

Je ne lâche pas. La première raison pour laquelle je dois contrôler mon poids et faire de l'exercice est la prévention du diabète qui court dans ma famille. J'allais l'oublier. Maintenant, je ne vois plus l'entraîneur qu'une fois par semaine, alors c'est à moi à me faire un programme les autres jours. J'en suis capable. Aujourd'hui, yoga avec mon super prof guru qui me pousse. C'est musculaire et très cardio aussi en plus du volet spirituel. Une heure trente intense. Le bon côté de faire du yoga le soir, c'est que ça m'empêche de manger. C'est le soir que je ressens la faim, le jour, ça va bien.

Il y en a des hommes dans ma vie. Platoniques. Le monsieur qui veut se marier est toujours dans le décor avec des histoires toujours plus abracadabrantes avec les femmes qu'il rencontre. Vraiment, il y a des femmes (et des hommes) qui sont prêtes à tout pour se matcher. On va aller dîner pour s'en parler.

Je reviens pour la suite.

mercredi 18 août 2010

Manger

Je n'arrive plus à me priver comme avant. Je ressens bien moins de pression aussi. Je n'ai à plaire à personne d'autre qu'à moi-même. L'exercice, je ne lâche pas. J'y trouve de la satisfaction. Mais un beau plat de pâtes aux crevettes avec une salade à la vinaigrette à l'huile d'olive, sans calculer les cuillerées d'huile d'olive (avec WW, on avait droit à deux cuillerées à thé par jour), avec un verre de vin soigneusement choisi et même deux verres, je ne vois plus pourquoi je m'en priverais. C'est un des plaisirs de la vie et en plus, je ne baise même plus. Je sens, je sais, que je ne pourrai pas fonctionner comme ça très longtemps, sous peine de devenir carrément toutoune et ça non plus, je ne le veux pas. En fait, depuis quelques jours, je commence mes journées avec l'intention de me remettre à la diète, de me restraindre, de me contrôler et je finis la journée avec un repas copieux et bien arrosé, en jasant avec ma fille qui revient de son travail. Nous sommes rieuses et détendues. Je ne vais quand même pas la laisser souper seule et je lui cuisine de bons petits plats, parce que j'aime ça et parce que ça lui fait plaisir et ça me fait plaisir aussi. Beaucoup plus difficile la discipline alimentaire quand Fille est là. Je ne veux pas lui transmettre mes bibittes, mes obsessions face au poids, alors je ne lui en parle jamais et je mange. Bon! Si je cherche une coupable pour mes excès, je ne devrais pas la blâmer, la seule coupable, c'est moi. Au retour de Chine, on va s'inscrire aux Weight Watchers, une amie et moi. Toute seule, je n'y arrive pas, c'est clair.

Je ne me pèse pas mais quand les vêtements deviennent serrés, c'est la panique. Et la gêne avec mon entraîneur, qui scrute mon corps de près. Je me demande si toutes les femmes de plus de cinquante ans vivent le même combat, quotidien. Se restraindre et être fière de soi ou bien manger avec plaisir et avoir honte. Il y a quelque chose de malsain là-dedans. Mais les femmes minces de mon âge que je connais font toutes des efforts et des régimes. Les autres grossissent, prennent de la grosse poitrine de matante et n'ont plus de taille. Je ne veux pas ça, je ne veux pas ça, je ne veux pas ça. Vieillir j'accepte (ai-je le choix?), mais grossir, non.

dimanche 15 août 2010

Le mariage

Merci pour vos nombreux messages, que j'apprécie grandement, à mon billet précédent sur l'homme trop beau. On me conseille de ne pas me fermer à l'amour. Soyez assurés que ce n'est absolument pas le cas. L'amour me tomberait dessus que je me marierais cette fois et c'est absolument la première fois de ma vie que je pense à une telle chose. Je deviens pro mariage avec le temps moi qui étais si farouchement contre. Pour mon fils de trente ans, le dilemme est énorme. Il est amoureux depuis quelques années d'une jeune femme adorable, charmante, belle comme un coeur, que nous aimons tous, une Palestinienne comme on les imagine avec la chevelure noire fournie et les yeux d'ébène. La jeune femme, bon, plus si jeune que ça, elle aura bientôt le même âge que mon fils, est de religion musulmane. Elle ne pratique pas, mais ce n'est pas le cas de son père, qu'elle adore et avec lequel elle travaille en plus! Pas question de couper les liens avec sa famille, très importante dans sa vie. Elle a des jeunes frères et soeurs et s'en occupe beaucoup. Pour sa famille, il serait impensable qu'elle soit en couple sans mariage. Ne nous méprenons pas, elle a son propre appartement et ne porte pas le voile et son père ne surveille pas ses allées et venues. Sauf qu'il ignore l'existence de mon fils! Totalement. Trente ans habite Hull car il travaille à Ottawa, mais tous les week-ends, c'est chez son amoureuse qu'il réside, à Montréal. Quand elle va voir sa famille, il ne l'accompagne pas évidemment, il n'existe pas! S'ils se mariaient, il serait accepté, selon elle, même s'il n'est pas musulman. Ce serait si simple s'ils se mariaient! Bon, je ne m'en mêle pas, je sais, je sais, ce n'est pas de mes affaires. Je sais où est ma place.

D'autant plus que Dix-neuf ans ne cesse de me la rappeler! Elle m'a rapporté la voiture le réservoir d'essence presque vide alors que je la lui avais laissée le réservoir plein. J'ai mis en doute sa capacité financière à se promener en voiture, ce qui m'a valu un boudage en règle. Au brunch, elle a mis petit-fils loin de moi (pour se venger?) et s'est plaint de toute tentative de ma part pour m'en occuper. J'ai lâché prise. Je jasais avec ma mère et ma tante mais je trouvais ça plate que Dix-neuf ans soit loin de nous à bouder. Quand j'ai essayé de renouer contact, ma mère m'a dit de la laisser bouder, que c'était son problème et qu'en lui accordant de l'importance, j'encourageais un mauvais comportement. Bref! Un brunch pénible cette fois. Heureusement, j'ai pu emmener Petit-fils se promener dehors avec moi pendant que les autres finissaient leur repas. Tout est magnifique avec lui qui découvre la vie.

Dix-neuf ans nage dans le stress, alors il faut être indulgente. Elle commence ses études au cegep dans deux semaines, elle vit toujours dans un taudis et elle songe sérieusement à se séparer. Elle s'occupe bien de son fils et le père aussi, selon ce que j'en sais. Je suis l'adulte (la plus adulte des deux), restons zen.

Hier soir je suis allée au restaurant chez Jano, à deux pas de chez nous, avec Voisin et son amoureuse. Une belle soirée. Des sourires complices et de l'amour dans l'air. Il a recommencé à créer pour une exposition qu'elle lui organise au mois d'octobre. Elle lui apporte l'amour et la réalisation de soi par l'art. Il est vraiment très heureux, apaisé, et ça paraît. Ils sont venus prendre le thé chez nous ensuite. Une toute petite femme rousse, ronde, rigolotte et sympathique. Elle prend soin de lui et est visiblement amoureuse. Il est gentil avec elle, ça m'a surprise. Elle faisait des erreurs et d'habitude, il se hâte de reprendre celui ou celle qui en fait, avec un petit ton supérieur de celui qui sait tout. Il la reprend aussi, évidemment, mais avec chaleur et gentillesse. Elle fait ressortir le meilleur en lui, c'est évident!

Elle a mon âge et ils se sont rencontrés par réseau contact. Alors, rien n'est impossible, j'en ai la preuve. Mais ai-je envie de m'engager là-dedans? On verra. Pour le moment, le bel Homme qui ne m'envoyait que des mots d'esprit, pas des mots d'amour! ne m'écrit plus et c'est bien correct comme ça.

Je ne suis pas tout à fait à la veille de me marier, je pense! ;o)

Je me sens plutôt bien au moment où je vous écris, chers lecteurs. Je suis allée conduire Dix-neuf ans chez elle et ça a pris un temps fou. On était bloqués par le défilé de la Fierté gaie et bébé a pleuré tout le long. Dix-neuf ans a appelé le papa qui est venu cueillir l'enfant à l'auto, il a mis sa petite tête sur son épaule et plus un son, rassuré qu'il était le petit. Seize ans essaie des vêtements, je l'ai chassée de l'ordi la pauvre, je bois du vin (El miracle planet, un vin biologique que j'adore) et je mange des cachous, pleins de nutriments mais aussi de calories, je sais, je sais. En ce moment-ci, je m'en fous de mon poids. Tannée des régimes, totalement tannée de ces restrictions que je m'impose depuis tant d'années. Demain sera un autre jour évidemment!

Je pourrais appeler ma nouvelle amie, celle qui habite NDG et qui est folle du cinéma, j'ai un message d'elle sur mon répondeur. Je pourrais prendre un long bain avec de la lecture (non, éliminé, trop statique). Je pourrais aller encore au restaurant (à envisager, j'en ai ras le bol des régimes, vous l'ai-je dit? Je me sens comme dans la partie Eat de Eat, pray and love), je pourrais me promener avec un parapluie (on sent l'orage) longtemps, j'adore faire ça. Je pourrais me masturber tranquillement dans ma chambre. Je pourrais continuer à lire et à écrire sur l'ordi. Je pourrais continuer à chercher les villages que je n'ai pas encore trouvés sur la carte de la Chine. Je pourrais aller dans un bar (des années que je n'ai pas fait ça). Je pourrais vendre mon condo, non, pas le vendre, y installer Dix-neuf ans, et partir avec Seize ans faire le tour du monde, bon, une partie, jusqu'à ce qu'on n'ait plus d'argent. Je pourrais tout faire. Je suis libre.

jeudi 12 août 2010

Trop beau

Je vous avais dit que j'étais sur réseau-contact sans y être, sans photo, anonyme, sans payer, voyeuse occasionnelle cachée et silencieuse. Mais depuis une dizaine de jours, il y avait cette correspondance de l'esprit avec cet être dont je ne savais rien sauf qu'il était brillant et que sa brillance s'accordait parfaitement avec la mienne. Il rentrait du travail à dix-huit heures, il ne me l'avait pas écrit, mais j'avais deviné, car c'est à cette heure qu'il répondait à mon message du jour. Et on rigolait. Beaucoup. J'attendais son message de dix-huit heures dix, toujours punché et je lui en pondais un autre encore plus punché le lendemain. Sans rien savoir l'un de l'autre de plus que les informations succinctes de la fiche. Incognito. Vues de l'esprit. Plaisir solitaire partagé.

Et voilà qu'il a eu la mauvaise idée de m'envoyer sa photo. Il est beau. Trop beau. Je n'ai tout simplement plus envie de lui écrire. Il n'y aura pas de message de ma part demain.