lundi 5 janvier 2009

Je change de poste

C'est quoi cet apitoiement sur soi de mon billet précédent! Non, mais, je me relis et je me déprime moi-même. Stop! On repart en neuf. C'est la nouvelle année. Je peux faire ce que je veux. J'ai les moyens de faire ce que je veux. Je suis en santé, mon corps fonctionne très bien, c'est quoi ces barrìères que je me mets moi-même. Je recommence. En neuf. Projets. Action. On tourne.

Cul-de-sac

J'étais bien trop jeune pour la prendre cette retraite. Je ne voulais plus enseigner, soit, c'est correct. Je pouvais vivre sans travailler, quelle chance, me suis-je dit! Liberté 55 à quarante-huit ans. J'avais encore plein d'enfants à charge, ils m'ont gobé mon temps et je me suis laissé dévorer parce que je n'avais pas d'autre projet valable. Au moment de l'abandon de mon emploi, je voulais devenir famille d'accueil à plein temps, aménager mes logements pour y accueillir des enfants et donc me débarrasser de mes locataires du même coup. Au même moment, mon adolescente problème a été placée en centre d'accueil! Ça n'aurait pas vraiment dérangé mon dossier de famille d'accueil, m'a dit la travailleuse sociale, j'avais déjà fait mes preuves et le besoin est immense à Montréal. Mais moi, là-dedans, non, je ne me voyais pas d'un côté avoir une enfant placée et de l'autre accueillir des enfants placés. J'ai laissé tomber. Tout.

J'ai bien fini mes études en Petite enfance et Famille, histoire de bien les comprendre, les troubles de l'attachement dont souffrait ma fille. J'ai même travaillé un peu, très peu, dans un centre de la petite enfance et j'ai détesté. Je me suis alors retrouvée dans un espèce de cul-de-sac et j'y suis toujours. Je me suis lancée à corps perdu (c'est le cas de le dire!) dans l'exercice intensif et les cours de yoga et j'en ai retiré une certaine satisfaction et une satisfaction certaine. Devenir professeure de yoga a été un de mes buts, jamais atteint et que je ne suis plus certaine de vouloir atteindre, plutôt certaine de ne plus vouloir l'atteindre, tiens.

C'est pour toutes ces raisons que j'ai intitulé ce billet "Cul-de-sac".

Un cul-de-sac, il ne faut pas rester dedans, il faut s'en sortir et je veux m'en sortir. Reste à savoir comment et par où commencer.

samedi 3 janvier 2009

Fierté

"Ce garçon va devenir quelqu'un de bien." Ce sont les parents du premier bébé de l'année à Montréal qui parlent.

"Il sera un grand Montréalais et un grand Canadien, un citoyen d'exception capable de contribuer à la société."

C'est un discours qu'on entend trop peu souvent. Élever un enfant pour en faire un citoyen d'exception et une contribution à la société, ça dépasse élever un enfant pour qu'il soit heureux. Ça implique des efforts, de la droiture et de la discipline. Du temps aussi. Cette petite personne est importante car elle aura un futur grandiose. C'est tout plein d'espoir. Et je suis persuadée qu'un enfant élevé avec cette grandiosité et cet investissement parental total a beaucoup plus de chance d'être heureux.

On croit en lui, en ses capacités, il deviendra quelqu'un de bien, entend-il de la bouche de ses parents. Comment faire autrement avec une telle foi et un tel encouragement.

vendredi 2 janvier 2009

Bye bye raciste

Le Bye Bye 2008 a été écrit par des gens sans culture, sans connaissances générales, centrés sur eux, leur petit vécu québécois fermé bien dur, anti-immigrants, anti-anglais, anti-noirs, anti tout ce qui déborde de leur petite vie étroite, douillette et nombriliste.

Dans de grands événements comme l'élection d'Obama ils n'ont vu que l'occasion d'étaler toute la panoplie de leurs jokes racistes éculées et de bas étage, supposément pour ridiculiser Denis Lévesque. Du spectacle grandiose de Paul McCartney, Véronique aura cette petite phrase assassine et hypocrite, à la toute fin du Bye Bye "Je ne parle pas français, mais je prends le cachet." Péché mortel pour tout le monde de ne pas parler français ou de voter différemment de Véro et son chum, les Anglais deviennent des ennemis qui ne seront pas accueillis chez nous, nous dit agressivement Jean-François Mercier, leurs bars ferment à quatre heures de l'après-midi et leurs femmes ne baisent pas avant le mariage, ni après. Si quelqu'un du Canada anglais attaquait aussi méchamment des Québécois, on en entendrait parler longtemps. Un discours xénophobe, petit, bas, dont j'ai eu honte. Je paie des taxes pour de telles insanités? Comment se sentaient mes filles en voyant l'imitateur de Denis Lévesque pointer vulgairement son doigt vers la "zigounette" du président des États-Unis? Et mon amie anglophone, elle, comment se sentait-elle?


On dirait que les scripteurs sont déconnectés de la réalité multiculturelle et ouverte qui les entoure. En fait, s'il y avait eu d'autres personnes que des Blancs francophones peu cultivés pour écrire les sketchs, certains d'entre eux ne seraient jamais passés, celui de l'entrevue de Obama, jamais en tout cas et le commentaire absolument disgracieux de Jean-François Mercier sur la plus grande facilité de tirer du noir sur blanc, certainement pas non plus. Il n'y avait rien, vraiment rien de drôle là-dedans, rien qu'un gros malaise devant tant de bêtise.

Il y a eu des bons moments, le numéro sur la listériose était réussi. Les vieux chanteurs qui refont les chansons des jeunes aussi. Céline Dion, numéro éculé mais Véronique Cloutier l'imite bien tout comme elle faisait une Julie Couillard plus vraie que vrai. J'ai aimé que Julie Couillard participe, elle démontre un étonnant sens de l'humour, la dame, et elle va percer dans le show bizz. C'est déjà parti. J'ai aimé qu'on souligne les cinquante années de carrière de Michel Louvain. Beau numéro empreint de respect, trop rare le respect dans ce bye bye, il faut le relever!

En y repensant, même dans le numéro sur Céline Dion, on introduit du racisme en lui faisant dire que son jardinier c'est Mandela. Une obsession?

Comparé à ça, le Tout le monde en parle a été un grand succès. On y a fait se donner l'accolade à Jean et Pauline et ils ont su nous rendre la vie politique plus humaine. Tous les invités étaient excellents, le ton joyeux mais sans vulgarité. Bravo! On m'a dit que l'émission de Jean-René Dufort était très bonne aussi mais je n'ai pas eu l'occasion de la voir.

mercredi 31 décembre 2008

Voisin et l'amour encore

Voisin a eu une vie amoureuse atypique. ll a vécu quinze ans heureux avec sa professeure à la maîtrise à l'université. Elle avait vingt ans de plus que lui. Ils ont voyagé beaucoup, vu plein d'expositions dans le monde entier (les deux sont artistes), acheté une terre aux Îles-de-la-Madeleine et Voisin, qui est très habile de ses mains, y a construit une maison. Ils y passaient tous leurs étés, étant tous deux du domaine de l'éducation.

Et puis, Voisin tombe follement amoureux d'une jeune femme, sa partenaire dans un cours de plongée sous-marine. Tout va très vite, il quitte sa compagne, s'établit avec la nouvelle, lui fait un enfant et divorce bruyamment quand le bébé est encore tout jeune. Une relation passionnée et houleuse dès le début, me dira-t-il. Un divorce destructeur, dans lequel Voisin perd son petit garçon, c'est du moins comme ça qu'il l'a vécu.

Depuis, il a fait des rencontres, mais légères. Il est extrêmement méfiant, se débrouille fort bien seul et n'a pas vraiment besoin de femme dans sa vie. Il a ses chiens, il dort avec, leur parle, les caresse et les aime de tout son coeur.

Je me demandais même s'il avait la capacité de tomber amoureux d'une femme. Et puis, l'année passée, il y eût Dulcinée! Et j'ai vu Voisin vulnérable, rougissant, balbutiant, tendre et absolument et visiblement amoureux. Leur amour ne s'est jamais véritablement matérialisé et il n'en a plus de nouvelles ou si peu, ne travaillant plus au même endroit qu'elle. Mais il y a eu de l'espoir et je l'ai découvert incroyablement romantique.

Alors, Voisin, je le prends comme il est, avec ses qualités et ses défauts. On n'est clairement pas amoureux mais il y a une certaine tendresse entre nous. Je suis absolument et totalement libre de chercher ailleurs, si tel est mon désir.

mardi 30 décembre 2008

Voisin et l'amour

Je le vois régulièrement, on va prendre des marches, je l'accompagne à l'hôpital quand il passe des tests, il me répare les fuites d'eau, il a fait le ménage de ma cave, il a coupé mon jambon de Noël, il a raccompagné ma mère à la voiture pour ne pas qu'elle glisse, on fait l'amour si je veux, il n'a jamais refusé jusqu'ici, si je n'en parle pas, il n'en parle pas, il me raconte ses troubles avec ses locataires, il m'a présenté son ami intime, il me reçoit à la tisane ou au scotch, il me fait de la pissaladière, son fils s'entend bien avec ma plus jeune fille, et pourtant je dis que nous ne sommes pas amoureux et nous ne le sommes pas.

Serais-je de celles qui ont besoin des genoux qui tremblent et du coup au plexus solaire? Serais-je une incorrigible romantique à laquelle il faut faire la cour et la couvrir de fleurs et de compliments? Ai-je besoin d'être demandée en mariage? Non, ce n'est pas ça non plus.

Au début, quand j'ai rencontré Voisin, j'ai fondé certains espoirs sur cette relation. Légers, les espoirs, mais espoirs quand même. Je ne pense pas que l'amour doive être instantané. Le temps, la connaissance de l'autre, la communication ouverte et la bonne volonté peuvent faire leur oeuvre. Pas dans notre cas.

Quand je l'ai rencontré, c'était un homme profondément blessé. Le juge avait statué qu'il n'aurait pas la garde de son fils, ni totale, ni partagée, pas de garde du tout, des droits d'accès minimaux, une fin de semaine sur deux et les vacances et voilà. Il était extrêmement amer, d'une amertume cuisante, oxidante, dérangeante, perturbante. Et moi, j'avais plein de problèmes graves avec ma fille aînée, alors adolescente, oui, la même, celle qui souffre maintenant (selon moi) de maladie mentale non diagnostiquée. On se racontait nos troubles dans son petit salon et en fin de soirée, on baisait.

Je me rappelle qu'on avait décidé de passer un week-end ensemble, à Québec. J'avais mis des espoirs romantiques dans cette fin de semaine qui, je l'espérais secrètement, en serait une d'amoureux. C'était un temps de festival, alors on avait dû se rabattre sur une chambre luxueuse. Il ne voulait pas payer ça, je l'avais offert. J'en avais envie de confort, moi et puis, j'étais si heureuse de faire un petit voyage avec lui. Je ne pourrais pas expliquer clairement ce qui s'est passé, mais dès le lendemain midi, on rentrait à Montréal, froidement, sans se dire un mot dans la voiture. Je m'attendais à trop, j'avais eu le malheur d'exprimer ma déception, il avait été froissé et s'était fermé et quand il se ferme, il se ferme, cet homme-là!

Car c'est une autre de ses caractéristiques: monsieur boude. Et il boude longtemps! Ce n'est absolument jamais lui qui va tenter une réconciliation après une de ses bouderies. Au bout de quatre mois à peu près, je communique avec lui, je m'excuse, des fois, je ne me rappelle plus clairement de quoi je m'excuse mais l'étape de l'excuse ne doit pas être escamotée, et puis, tout revient comme avant mais il ne faut surtout pas reparler de l'épisode qui a causé la bouderie.

lundi 29 décembre 2008

Varia

La personne la plus utile lors de la réception d'hier, qui a été un succès, a été Voisin. Je l'aime et je l'apprécie cet homme. Il a décoré ma maison en cinq minutes, c'était Noël sans arbre de Noël. Allumé et brillant. C'est un artiste. Et puis, il a découpé le jambon, vu à ce que personne ne manque de vin, a pris des photos, a tenu compagnie au chum de ma mère qui l'adore, a servi de chauffeur à amie P. Un amour! Il a même téléphoné à tante R qui ne pouvait venir et s'ennuyait chez elle et lui a fait du charme au téléphone. Sans lui, ça n'aurait pas été pareil.

Mon fils grippé n'a pu venir nous voir. Dix-neuf ans est arrivée tard, on avait déjà fini de manger. Elle est tombée dans le vin et est restée bien tranquille. Aujourd'hui, Dix-huit ans m'a appris qu'elles étaient allées en gang chez des amis de son chum après la soirée et que là Dix-neuf ans était devenue agressive avec les gens là-bas et qu'elle avait même sauté à la gorge du chum de Dix-huit ans qui tentait de la calmer. Finalement, ils auraient réussi à la mettre dans un taxi. Dix-huit ans veut prendre ses distances, elle a eu peur et elle me dit de m'assurer de ne jamais laisser Quatorze ans seule avec sa grande soeur. Je lui avais pourtant parlé de ça justement cette semaine, de prendre soin d'elle et de son bébé, de ne pas porter sa soeur sur son dos et elle m'avait accusée de vouloir abandonner Dix-neuf ans, alors que ce n'est pas du tout de ça dont il s'agit. On ne l'abandonne pas, on l'aime, mais on se protège.

Quatorze ans est partie deux jours chez des amis. Je suis seule. Je me sens fatiguée et vaguement triste, c'est à cause de Dix-neuf ans probablement. L'impuissance. Je vais retourner voir la psy en janvier. Peut-être. C'est peut-être la fatigue tout simplement.

Demain, je vais voir un film qui a gagné des prix et qui m'attire, Le septième ciel. Je vous en donne des nouvelles.

samedi 27 décembre 2008

Les seins et les fesses

Voisin travaille dans un milieu de femmes. Il nous montrait la photo de son groupe hier, lui tout seul d'homme avec une trentaine de femmes. Il nous les décrivait affectueusement, l'une après l'autre, comme s'il s'était agi de son harem. Un bon mot sur chacune, sur leur caractère mais sur leur physique aussi. "Elle est bien gentille et quel beau visage, mais elle n'a ni seins ni fesses, la pauvre, " disait-il d'une de ses collègues, comme si elle souffrait d'une infirmité certaine. Sur la photo, la jeune femme était pourtant ravissante, un peu style mannequin. Elles y ont toutes passé, le copain de Voisin commentant aussi. Même opinion sur le physique des dames. Rassurant.

Weight Watchers

Je suis plus ou moins mon système de points Weight Watchers. Le but pendant les trois semaines du temps des Fêtes, ce n'est pas de perdre du poids, mais bien de ne pas en prendre. C'est déjà bien assez difficile. On n'a pas de rencontres pendant trois semaines et on ne paie pas non plus évidemment. Mais notre coach a fait cet arrangement avec nous: ne pas prendre de poids. Chaque année, je prends dix livres pendant cette période de réjouissances et ensuite, j'en ai jusqu'au printemps pour les reperdre! Cette année, ce sera différent. Le fait de savoir que je suis inscrite à WW, le fait d'écrire sur ma feuille ce que je mange, gérer les excès, et puis me peser aussi, va marcher. Je garde le contrôle tout en m'accordant du bon temps. La plupart des jours, on va faire le tour du lac avec Voisin, mais c'est certain que je fais moins d'exercices qu'en temps normal.

C'est demain que je reçois famille et amis. Repas tout à fait traditionnel cette année, dinde, tourtière et compagnie. Et des petits cadeaux pour tous. La maison sera pleine.

Je ne fais plus de yoga. Pourtant, j'en connais tous les bénéfices. On dirait que mon histoire avec la gourou folle m'a vraiment perturbée. Il faut que je passe par-dessus.

vendredi 26 décembre 2008

L'ami de Voisin

Voisin a un ami intime. C'est le seul. Ils se parlent de leur vie sexuelle dans le moindre détail, c'est même leur sujet de conversation préféré et ça dure depuis trente ans. "Tu lui as donc parlé de moi?" que je demande.

"Toi, pouf! et comment! Il sait tout de toi, et comment tu jouis aussi et .... et ..... et même...."

Ce soir, je suis encore invitée à souper chez Voisin et l'ami en question sera là. J'en suis vaguement gênée. Vaguement troublée aussi. Et amusée.

mardi 23 décembre 2008

Retomber sur ses pattes

C'est toujours ce que je fais. J'en remercie mon père, j'en remercie ma mère, qui m'ont transmis de la confiance en moi à travers une enfance relativement normale. Et j'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui s'en sortent haut la main malgré une enfance pas du tout normale! Je l'ai facile finalement.

La loi du moindre mal

Avoir quelqu'un de proche dans sa famille qui souffre de maladie mentale non-diagnostiquée, c'est une lourde épreuve. Ma fille aînée est venue faire les cheveux de sa soeur hier. On ne l'avait pas vue depuis des mois. Il a fallu lui payer le taxi parce qu'elle est incapable de marcher sur la rue et de prendre le métro et que ma voiture était encore enfouie. Elle est très maigre et souffre probablement d'anorexie en plus du reste. D'alcoolisme aussi. À onze heures du matin, avec rien dans le corps, elle m'a demandé si elle pouvait avoir un verre de vin. Mais ce sont tous des diagnostics à la gomme de noix et que j'imagine peut-être. C'est le néant. Elle m'a montré sa patche contraceptive et nous a expliqué, décontractée, que, sa soeur lui ayant dit être enceinte, elle avait eu l'idée de passer un test elle aussi, qui s'était avéré positif! N'ayant jamais utilisé de contraception pendant des années sans jamais tomber enceinte, elle en avait conclu qu'elle était stérile! Finalement, elle fera une fausse couche alors qu'elle est en attente d'avortement. Ce qui est sorti de bien de tout ça, c'est cette patche qui la protégera des grossesses futures.

Je vous écris tout ça et vous imaginez un être hagard, échevelé, malpropre. Tout le contraire! Ma fille est une ravissante personne, toujours bien mise et qui prend un temps fou (et anormal) pour se maquiller et "s'arranger". Hier, elle ne l'était pas maquillée et nous l'a dit vingt-cinq fois. Ça lui avait pourtant pris deux heures à se préparer. Elle est cultivée, très intelligente, extrêmement habile de ses mains, elle fait des coiffures magnifiques, dessine avec talent, écrit sans fautes, peut monter des meubles sans regarder les plans. C'était notre dépanneuse officielle quand quelque chose ne marchait pas dans la maison. Habile et ingénieuse.

Dans son cas, il faut appliquer la loi du moindre mal. On nous avait prédit une vie de droguée prostituée itinérante. La psychiatre qui nous avait prédit ça! Et la psychologue qui me suivait me préparait à cette éventualité aussi. C'est bien moins pire. Elle ne travaille pas, elle est sur le bien-être social, elle ne sort à peu près pas, mais elle n'est ni droguée ni prostituée ni itinérante. Elle a un chum qui fait peut-être de la petite criminalité, j'en sais pas trop et je ne veux pas en savoir plus, mais rien de trop grave, semble-t-il. Donc, je devrais me réjouir. Elle tourne bien moins mal qu'on ne me l'avait prédit. Sa sécurité de base n'est pas en jeu, pas trop en tout cas.

Hier, les cheveux de sa soeur toute la journée, ça a été trop. Quand je suis sortie acheter à souper, elle avait quitté sans prévenir avant mon retour et Quatorze ans était en larmes. Elle était partie avec un grand couteau de cuisine et notre téléphone. J'ai pu savoir plus tard qu'elle était bien rentrée chez elle ( en taxi) et qu'elle s'était débarrassé du couteau ... quelque part dans la neige. Elle n'avait pas jeté notre téléphone.

Je ne sais pas trop quand je la reverrai. Elle est invitée pour notre fête de Noël qui se passera la fin de semaine prochaine mais, devant son immense déception absolument pas dissimulée que je ne donne pas de cadeaux en argent cette année, il est bien possible qu'elle ne vienne pas.

Elle devrait se faire soigner? Absolument! Essayez donc, vous, de faire soigner un membre adulte de votre famille qui ne le veut pas. Bonne chance!


Dans un tel contexte, la famille souffre souvent plus que la malade. Quatorze ans est malheureuse, les cheveux faits au tiers et elle ne veut pas que je lui touche la tête, même si moi aussi, je sais faire les rallonges. Et puis, Dix-huit ans a appelé en larmes, car Dix-neuf ans lui avait laissé un message alarmant et puis ensuite, elle ferme son téléphone et on ne peut plus la rejoindre. Elle fait souvent ça.

lundi 22 décembre 2008

Noël en famille d'accueil

Ma carrière de famille d'accueil ne s'est pas arrêtée à Lesly. D'autres enfants ont suivi, plus jeunes. Je vais vous parler de deux Noëls, où, n'ayant pas d'enfants placés, mais des enfants déjà adoptés, j'avais donné mon nom pour la liste d'urgence des CCS, qu'on appellerait maintenant le Centre Jeunesse. Le temps des Fêtes est une période de grand stress et les familles en difficulté ont trop souvent de la misère à y faire face. Les besoins de placement d'urgence augmentent dramatiquement.

J'ai fait ça deux ans. Je ne me rappelle plus quelle histoire vient avant l'autre, alors je vais commencer par la moins pire des deux. À bien y penser, elles sont aussi pires l'une que l'autre, mais l'une des deux se termine moins mal. C'est l'histoire d'Olivier. Je mets les vrais noms parce que depuis tout ce temps, ces enfants sont grands.


La veille de Noël, le téléphone sonne "J'ai un petit Jésus pour toi". C'est ma travailleuse sociale, à qui on vient à l'instant de confier le cas d'un bébé de sept semaines, qui attend de le placer pour pouvoir partir pour ses propres vacances de Noël. La mère du bébé fait une psychose, elle est entrée à l'hôpital psychiâtrique accompagnée des policiers après avoir tout cassé chez elle. Le père, pas trop clair son histoire. Il serait séparé de la mère mais c'est pas trop évident. Un alcoolique, semblerait-il. Bref, personne pour s'occuper de ce petit bébé et on ne peut pas le laisser à sa mère qui serait dangereuse pour lui. Je dis oui et une heure plus tard, ça sonne à la porte, en même temps que la pharmacie qui vient me livrer bouteilles, lait et couches, car je n'ai absolument rien pour accueillir un si jeune enfant!

Le placement se révèlera très difficile. En l'examinant un peu, je découvre un bel enfant potelé, bien soigné, les ongles impeccablement coupés. Pas du tout un bébé négligé, ce petit Olivier. Il a reçu de bons soins, c'est clair et ce qui devient encore plus clair, c'est qu'il était allaité. Alors, le pauvre, il est coupé et de sa mère et de son sein et projeté d'un seul coup, comme ça, dans une atmosphère de stress intense (il était là quand sa mère saccageait tout et quand les policiers l'ont arrrêtée), dans un milieu étranger et dans des bras étrangers. Et il ne sait pas du tout prendre le biberon! Il a fini par apprendre, pauvre petit, pas le choix, mais ça n'a été facile ni pour lui, ni pour moi.

Une fois habitué au biberon, cependant, il redevient un beau bébé de bonne humeur, qui nous accompagne partout pendant les fêtes de Noël, endormi dans son petit couffin ou bien dans nos bras. Mes filles et mon fils l'adorent et on prend plein de photos avec ce petit bébé roux et adorable. Une semaine après son arrivée, on me demande de l'amener au Centre Jeunesse pour une visite parentale, la mère a un congé de l'hôpital et le père est là aussi. J'entre par une porte réservée, les parents par une autre, on ne se voit donc pas. Au bout de deux heures, je le ramène à la maison. Quelques temps plus tard, la travailleuse sociale m'appelle de la cour. La père a obtenu la garde provisoire de l'enfant, sous surveillance de la DPJ, il s'en vient chercher le bébé. Une heure après, mon bel Olivier part dans les bras de son papa tout heureux. Je n'en aurai plus jamais de nouvelles. J'ai envoyé des copies des photos prises de lui au Centre Jeunesse pour qu'ils les remettent aux parents.

dimanche 21 décembre 2008

Lesly

Il y a dix-huit ans j'ai vu une annonce dans le journal. On cherchait des familles pour des jeunes réfugiés non-accompagnés. Des mineurs qui arrivaient ici seuls et que la direction de la protection de la jeunesse devait prendre en charge vu qu'ils n'avaient pas dix-huit ans. Ils venaient principalement d'Afrique, étaient adolescents et il s'agissait surtout de garçons. Je téléphone. On me dit qu'ils sont autonomes en général mais qu'il faut les initier à l'utilisation des appareils ménagers. Le besoin est grand et pressant. J'ai une grande maison, au départ, j'y vivais avec mon chum, mon fils et les deux enfants de mon chum. Là, j'y vis seule avec mon fils de dix ans qui est en garde partagée une semaine chez papa, une semaine chez moi. Il y a au moins une chambre de libre. Je travaille à plein temps et plus, ce qui n'est pas un problème avec des adolescents autonomes.

Dès que je me dis intéressée, les choses se précipitent. C'est que les centres jeunesse sont vraiment débordés avec ces jeunes réfugiés qu'ils ne savent plus trop où placer. Pas délinquants les jeunes et tout élevés, et avec une famille en Afrique, ils ont surtout besoin d'un toit et ça presse. Je suis très rapidement rencontrée, acceptée et on me fait immédiatement une proposition qui pourrait rentrer chez moi... le lendemain! Oups!

Il ne s'agit pas d'un jeune Africain mais plutôt d'une jeune fille du Nicaragua de quinze ans. Sa mère réfugiée est ici depuis deux ans et la jeune est arrivée il y a six mois. C'est une de ses professeures qui a appelé la DPJ. La jeune habite d'ailleurs chez elle pour le moment, en dépannage d'urgence. La mère de la jeune fille ne la connaît à peu près pas, car elle a quitté le Nicaragua depuis plusieurs années, la confiant à ses grands-parents, qui eux l'ont confié à un oncle qui lui l'a confiée à un cousin. Elle a ainsi fait le tour de la famille là-bas, dans des conditions misérables et sans aller à l'école. Depuis son arrivée en terre québécoise, elle sert de gardienne et de ménagère pour la famille, manque donc souvent l'école et voilà qu'elle a confié à sa professeure être également abusée par le beau-père, d'où le signalement et la protection d'urgence.

Elle arrive rapidement chez nous et je suis ravie de pouvoir pratiquer mon espagnol. Nous nous entendons comme larron en foire, elle est charmante, facile et me fait mon ménage le samedi quand je travaille sans que je ne le lui demande! Je l'emmène partout chez tous mes amis et ma famille et tout le monde l'adore. Il y a bien des petits pépins, comme un jeune homme pas si jeune que ça qui fait un genre de harcèlement, je lui dis que s'il revient, on appelle la police. Il ne revient plus et elle me dit qu'il la laisse tranquille. Parfois, je l'entends pleurer, c'est toujours quand elle parle à sa mère. Je demande à ce qu'elle ait de l'aide psychologique pour ses problèmes, ça semble bien compliqué.

Dans ce temps-là, je suis toujours à court d'argent. Il m'en manque. Ça commence à m'inquiéter. Je suis du genre à en sortir quand il n'y en a plus, sans trop compter, mais là, il me semble que je passe mon temps à retirer de l'argent. Je décide de tenir un compte plus serré, d'écrire ce que je retire et mes dépenses aussi. Un samedi,après mon travail, je retire trois cents dollars, j'ai une grosse épicerie à faire et des sorties en vue. Je laisse mon sac sur mon bureau de chambre, comme je le fais toujours. Quand je fais mon épicerie, il n'y a plus que quarante dollars dans mon sac à main! Je refais le chemin en regardant soigneusement sur le sol au cas où j'aurais échappé l'argent, deux cent soixante dollars, ça ne disparaît pas comme ça! Je cherche partout et puis là, je vais dans la chambre de Lesly. En ouvrant le troisième livre de sa bibliothèque, je trouve les deux cent soixante dollars à la sixième page. Je fouille ses tiroirs, mes carnets de chèque sont là, mon napperon en dentelle, celui que je cherchais justement, des bibelots pourtant sans valeur sont cachés parmi ses petites culottes. En fait, les objets de ses larcins sont facilement accessibles, à peine cachés. Je trouve plein de petits objets qui m'appartiennent, partout. Quand elle rentre, je la confronte, elle pleure, ne nie pas. J'appelle la travailleuse sociale. Je veux qu'elle parte. Je n'ai plus confiance. En plus, je ne suis pas souvent là, je travaille beaucoup et même le samedi. Je me sens flouée. Une semaine plus tard, on lui trouve une place dans un centre d'accueil.

Le pire, c'est qu'elle avait probablement volé aussi chez mes amis et ma famille. Une amie qui avait une maison de campagne où nous avions passé quelques jours dans le temps des Fêtes m'avait appelée avant que je ne découvre que Lesly me volait pour me dire qu'elle s'était fait dérober des bijoux de prix. Son accueil avait été très chaleureux pour Lesly et elle lui avait fait plein de cadeaux. Je me rappelle fort bien avoir défendu Lesly, très fâchée qu'elle puisse l'accuser. Elle avait immédiatement reculé en disant que oui, évidemment, ça pouvait être n'importe qui et qu'elle avait eu beaucoup de visite. Je n'ai jamais osé lui dire la raison du départ de Lesly, je ne l'ai dit à personne d'ailleurs. J'ai dit que le placement se terminait parce qu'elle retournait dans sa famille.

Citation

L'artiste devient toujours ce qu'il fait.

C'est de Gaétan Bouchard, un peintre-écrivain-raconteur-musicien-chanteur de talent.

samedi 20 décembre 2008

Fixation

Encre m'accuse d'avoir une fixation sur les hommes qui trompent leur femme et c'est vrai. J'en ai une. Il n'y a pas de sécurité en amour et les meilleurs hommes, des bons pères de famille, des personnes au-delà de tout soupçon, j'en ai connu qui tout en aimant leur femme, la trompaient. Parfois sans culpabilité. Sans vouloir la quitter. Mais non, surtout pas la quitter. Mais l'autre, ils ne pouvaient pas s'en passer. Tout simple, non? Est-ce fréquent? Je ne sais pas. Mais il n'y a pas de règle et on ne peut être absolument certaine de la fidélìté d'un conjoint. Ou d'une conjointe. Les femmes s'y mettent aussi. Suis-je désabusée? Peut-être pas. Mais réaliste, oui, je suis réaliste.

Faut-il pour autant qu'une personne en couple vive dans l'angoisse et la méfiance? Non, absolument pas. Mais en sachant que c'est au jour le jour. En faisant des projets communs, évidemment, mais encore mieux si ces projets pourraient se réaliser de toutes façons, quoi qu'il arrive. En se reconquérant chaque jour. En ne prenant pas l'autre pour acquis car il ne l'est pas. Jamais.

Dans la formation d'un couple, il y a la notion de risque, de beau risque. Le monde appartient à ceux qui osent, alors osons, si l'occasion se présente, les yeux bien ouverts.

vendredi 19 décembre 2008

Négativisme

Je pensais avoir attrappé le syndrôme de la page blanche dont dit être atteint Mazsellan, mais non, ce n'est pas ça. En fait, comme je suis déprimée, malade et que je trouve ma vie plate, je me suis demandé si ces détails palpitants pouvaient intéresser quelqu'un. Et puis, je me suis rappelée que c'est d'abord pour moi que j'écris et que si j'ai envie de chiâler dans mon journal personnel public, il n'en tient qu'à moi. Écrire, surtout dans un blogue où on n'est pas payé pour le faire, doit être un plaisir et ça me fait du bien de me plaindre. Ça pourrait même me faire aller plus loin et m'aider à me sortir de mon marasme. Alors ça vaut la peine en soi.

Donc, après un rhume d'homme, voilà que j'ai attrappé la gastro de Quatorze ans, qui elle (Quatorze ans, pas sa gastro), va tout à fait bien et est en train de passer sa dernière journée d'école avant les vacances de Noël habillée en "couleurs". C'est fou comme les enfants qui ont un costume d'école les apprécient ces journées couleurs. Récompense sublime et délectation de l'individualisme vestimentaire qui a si rarement l'occasion de s'exprimer qu'il laisse les jeunes ravis, brièvement ravis. Je suis pro uniformes scolaires, vous l'aurez deviné.

Alors, malade comme ça, pas de grand programme d'activités pour moi et j'ai le temps en masse de jongler et je jongle négativement. Je suis si fermement engluée dans le négativisme qu'il me faudrait une douche à l'eau de Javel pour m'en libérer. C'est certain que quand j'aurai fini de vomir, la vie sera meilleure.

Demain, probablement.

mardi 16 décembre 2008

Une femme libre veut savoir

Chers lecteurs de ce blogue, j'ai besoin de vous pour aider un jeune homme. Je ne l'ai jamais rencontré mais je lisais son blogue quand il en avait un. Il a trente ans, beau bonhomme, en forme, intelligent, universitaire, bon travail, cultivé, sportif et tout et tout. Et surtout, il a une grande ouverture d'esprit, ce qui m'attire chez les gens. Il était en couple mais ça s'est terminé et il se retrouve donc célibataire.

Voilà la question. Cet homme aimerait avoir des enfants, donc il recherche une relation "sérieuse", avec un potentiel pour former une famille. Devrait-il faire part de ce désir d'enfants et de famille dans sa fiche? Est-ce que les femmes vont penser qu'il se cherche une mère-porteuse?

lundi 15 décembre 2008

Temps gris, très gris, trop gris.

Maudit que je suis donc up and down. Et là, c'est le down. Total. Heureusement que je sais que le up suivra. Je me raccroche au futur up quand je suis dans le terrible down. Et je ne suis pas si exhibitionniste que ça, en tout cas pas tout le temps. Je me terrerais dans mon terrier que je ne veux pas émotivement quitter. Ou me terrerai-je alors? Logiquement, je veux et j'espère vendre, on s'entend et le plus tôt est le mieux. C'est le passage qui est pénible. Et mon mausus de désir de perfection qui m'empoisonne parfois la vie, faudrait que la maison soit impeccable, elle a soixante-dix ans cette maison, elle accuse son âge, elle ne peut pas l'être, impeccable comme une neuve. Mais elle a son charme, ses boiseries, son vécu. Des familles ont grandi ici, se sont aimées, déchirées, divorcées? Je vais aller m'acheter du millepertuis. Je pense que j'en aurai besoin pour passer les Fêtes.