vendredi 18 mars 2011

Mémoire

Je fais un cours sur la mémoire. Fantastique. Dix semaines pour en parler, la conserver, l'améliorer, la pratiquer. Des gens fascinants y sont inscrits avec moi. Cette semaine, on pratique l'attention, comme en yoga. Les connaissances diverses se recoupent, se rejoignent, se complètent. Je progresse beaucoup en musculation. Heureuse. Je lève des barres maintenant. Nouveau. Me semble qu'un homme avec ça et tout serait complet. Ou peut-être pas.

mercredi 16 mars 2011

Faim

J'ai faim. Non, un autre fruit serait de trop et les légumes, je suis saturée. J'ai déjà mangé un jello et bu une tisane. Je tiens bon. "Si c'était facile tout le monde le ferait" (citation tirée du blogue de Une femme en santé, une parole de sa soeur!).

Aujourd'hui

Paperasse pour l'impôt à mettre en ordre, ménage, bénévolat et ce soir, spectacle de danse japonaise en pensant aux habitants de ce magnifique pays qui souffrent. On est tout de même bien chanceux ici, dans notre froidure hivernale en train de devenir un printemps espéré, rêvé, désiré et toujours miraculeux. Peu de catastrophes naturelles (je touche du bois).

Exercice: monter la montagne? Cardio au gym?

Et finir "Les mots pour le dire". Il me reste quelques pages. Quand ça traîne comme ça, c'est que ça ne me passionne pas.

mardi 15 mars 2011

Rire

Yoga hier, entraîneur aujourd'hui et ... autre chose demain. Je me suis remise à l'exercice quotidien, régulier, formateur et je me sens tellement bien. Tellement que je ne me suis pas sentie blessée quand Vingt ans m'a presque raccroché la ligne au nez hier soir. Je l'avais déjà vue le matin même, il faut dire et, comme elle était prisonnière de ma voiture vu que j'allais la reconduire à son collège, je lui avais dit ce que j'avais sur le coeur à propos de son fils chéri qui est mon petit-fils chéri et dont je m'inquiète. J'étais plus ou moins prête à le prendre aujourd'hui, le petit, en fait, ce que j'avais offert, c'était d'aller chercher le père pour les emmener tous les deux à l'heure du conte à la bibliothèque. Et là, hier soir, je me disais qu'il avait bien besoin d'une pause, le pauvre papa-plein-temps, peut-être bien que je pourrais le garder Petit-fils à coucher et le lui ramener à midi le lendemain, histoire de permettre au papa de récupérer un peu, je le sais grand dormeur, ce jeune homme. J'ai peur qu'il ne craque. Et puis, cet affreux appartement dans un sous-sol où petit-fils vit, encore diminué d'espace, parce que le papa incapable de payer le loyer a maintenant un coloc. Mais ma fille a soupiré et laissé entendre clairement que je la (les?) dérangeais, elle était chez le papa pour voir son fils, elle le voit beaucoup le papa, bon, ça ne me regarde pas. Rien ne me regarde. Alors, pourquoi est-ce que je m'inquiète comme ça? Inutile et contre-productif. Attendre qu'on me demande de l'aide. Ça viendra. Ou mon avis. Moins sûr. Et rire. La vie est plus belle quand on la rit.

lundi 14 mars 2011

Rien à dire

Je n'ai pas vraiment de billet à écrire mais je veux quitter le sujet du poids. Je le vis, cessons d'en parler. Je le vis bien d'ailleurs et le fait d'avoir étalé publiquement mon gabarit a comme gelé mon besoin de sucré. Car, c'est bien ça mon problème, ce désir de sucreries diverses qui me prend et auquel j'ai peine à résister. Et bien, là, je résiste. Ça fait deux jours, me direz-vous. Exact, mais je suis bien partie et c'est assez gratifiant avec mon verre de vin et le droit de manger de tout en petite quantité, pour que je dure longtemps, assez longtemps pour le perdre ce fameux dix livres (4.5 kilos, Mijo) au moins!

J'avais changé de billet pour ne plus parler de poids et pourtant, je ne parle que de ça encore!

Je ne peux pas trop parler de mes lectures, étant donné que je n'ai pas ouvert un livre depuis mon retour de Floride, mais je m'y remets ce soir.

Et ma fille et son bébé, je ne veux pas en parler. Je prends une pause.

Rien à dire, donc, rien.

samedi 12 mars 2011

Mon poids

J'ai décidé de l'écrire dans mon blogue. Après tout, il est d'abord et avant tout pour moi ce blogue. C'est pratique de savoir où j'en suis. N'empêche, me semble que j'écris quelque chose de vachement intime, que je me révèle dangereusement. Alors tadam, je mesure 5 pieds sept pouces et ce matin je pesais 170.4 livres. Je me suis acheté un bon pèse-personne au Costco, très précis. Mon poids santé, le haut de mon poids santé serait de 159 livres. J'ai donc onze livres à perdre pour l'atteindre. Depuis des années que j'ai un dix livres de trop et c'est très très stable. Au pire, je prends. Au mieux, je reste fixe. Mais là, je veux le mieux du mieux. Que ça bouge, même si c'est lentement. On va aller vers le bas.

Ma stratégie:

écrire tout ce que je mange,

inclure sept fruits et légumes ou plus dans ma journée,

musculation avec entraîneur deux fois par semaine (mais ça ne fait pas maigrir)

et cardio vingt à trente minutes par jour (nouvel élément).

Yoga de temps en temps ou souvent.

Manger bien, manger peu.

Si je n'arrive à rien toute seule, j'irai aux Weight Watchers. Mais je crois que je vais arriver à maigrir par moi-même. Je le veux. Je veux mon poids santé. L'atteindre et le garder. Et c'est maintenant que ça se passe.

Manger plus de poisson aussi. Je vais en acheter pour ce soir. Poisson trois fois ou plus par semaine.

jeudi 10 mars 2011

Solutions

Quand on cherche, on trouve. Je garde petit-fils trop longtemps un peu (beaucoup?) à contre-coeur parce que ses parents ne trouvent pas de garderie et que je m'inquiète. Comment ça qu'ils ne trouvent pas de garderie???

Je me suis mise à en chercher une et j'ai en trouvé trois avec de la place immédiatement dans leur secteur. J'ai appelé ma fille. Je mets de la pression. Faut que ça bouge. Ça bougera.

Mon homme

J'haïs ça quand une femme présente son conjoint possessivement comme ça. Je détestais déjà le "ma femme", mais au moins, ça faisait partie de la langue française et des usages, pas d'un choix personnel. J'entends "mon homme" et je le vois en laisse, dévoué, servile, effacé ....


Ou bien, au contraire, je vois un bucheron(le mot est bien écrit, je me suis mise à la nouvelle orthographe), un archétype d'homme hyper-masculin mais fruste un peu. Pas un gros cerveau, un gros pénis, des qualités de réparateur dans la maison, mais pas trop dérangeant par ailleurs. "Mon homme, c'est à moi, j'en fais ce que je veux, c'est mon homme à moi."

Et surtout, surtout, moi, j'en ai un, que ça se sache!

Ça m'énerve et je trouve ça vulgaire.

Apprentissage.

La vie est un apprentissage. Constant. Apprendre à fermer la porte, à ne pas transporter les problèmes des autres avec soi. Voir le positif et se concentrer dessus. Contrôler l'esprit quand il divague. Le yoga est fort pour ce genre d'enseignement. J'y retourne ce midi. Et là, je sors pour prendre mon expresso dans un café en lisant le journal. Bon début de journée à mes lectrices et lecteurs!

mercredi 9 mars 2011

Épuisée

Je me sens vidée, pas en forme. Petit-fils parti, je suis allée à mon bénévolat-lecture. De grands besoins là aussi. Le jeune ne sait pas du tout lire et on est en mars. Et la prof envoie des tonnes de papiers à signer et à vérifier à la mère. Or, elle a bien bien de la misère en français la mère. Ne comprend pas ce dont il s'agit. Là, il fallait nommer trois produits laitiers, et de boulangerie etc. La mère n'avait pas compris. La prof lui écrit cette fois: the answers are wrong, X has to do the homework again. C'est nouveau qu'elle lui écrive en anglais, avant les messages étaient en français. Toujours négatifs. Or, l'anglais n'est pas la langue maternelle de la mère non plus. Elle parle bengali, un peu anglais et un peu français. Pas simple. Elle est très inquiète pour son jeune fils de sept ans qui ne veut plus y aller à cette école maudite où il ne comprend rien. Il a trouvé une solution, tomber malade. Toujours malade, toujours absent, alors il manque l'école et la mère manque le travail. Elle risque de le perdre son travail. Elle travaille en garderie. Elle est charmante et tout à fait sympathique, mais je serais catastrophée que ce soit elle qui apprenne à mon enfant à parler. Misère. Je suis fatiguée. Très fatiguée.

mardi 8 mars 2011

Conversation

Onze heures ce matin. Je venais chercher Petit-fils. J'ai frappé à la fenêtre. La sonnette ne marche pas (depuis... des années!). Le papa est sorti pour attacher dans mon auto l'enfant qui tétait sa suce.

Moi: À quelle heure il fait sa sieste?

Lui, l'air embêté: Euh... ça dépend. Des fois il en fait, des fois pas, ça dépend... c'est rare qu'il en fasse.

Moi: Et le soir, je le couche à quelle heure?

Lui: Quand il est fatigué. Hier, j'ai commencé à sept heures et il s'est endormi passé neuf heures et demi. Je commence de bonne heure sinon, il ne dort pas avant minuit.

Moi: Bon, je vais le coucher à huit heures.

Lui: Il écoute plus les autres que son père. Il est pas mal en révolte là.

Moi: Oui, deux ans, c'est la première adolescence?

Lui: Oui, c'est ça.

Forme

Je suis toujours aussi motivée, davantage en fait depuis le séjour en Floride. Entraîneur ce matin. On pousse. Je collabore davantage, coupe les pauses. Crevée je suis. Bonne fatigue. Je mange bien mais peu. J'ai faim le soir. Accepter d'avoir faim, ce n'est pas la fin du monde! En fait, une grande partie de la population de la planète connaît ça la faim, alors qu'ici, c'est une sensation étrangère et exotique. À apprivoiser!

Je m'en vais chercher Petit-fils, un peu à reculons en fait. Pour rendre service d'ici à ce qu'ils trouvent une garderie. Mauvaise raison, je m'en rends compte. Bon, c'est fait, j'ai dit que j'y allais, on m'attend alors pas question de reculer. Un peu de courage et de détermination. J'en ai en réserve. On va rendre ça bien agréable. Magnifique journée. On va la passer dehors. Et puis on ira à l'heure du conte à la bibliothèque. Tout va bien se passer.

lundi 7 mars 2011

Treizième livre du défi

Le désert de l'amour de François Mauriac, Le livre de poche, Bernard Grasset, 1925, 244 pages

Mauriac a remporté le grand prix du roman de l'académie française pour cette oeuvre. C'est l'histoire de Raymond, un adolescent de bonne famille, qui tombe amoureux de Maria Cross, une femme de mauvaise réputation. On apprend que son père, un généreux docteur toujours prêt à aider son prochain, aime également cette femme. Platoniquement. François Mauriac excelle dans ses descriptions de la vie bourgeoise de l'époque, son époque. C'est dans le tramway que commencera la passion de Raymond pour Maria, de dix ans son aînée. Passion jamais consumée. Quand il la revoit, dix-sept ans plus tard, tout renaît pour lui. Mais elle a maintenant une vie rangée, s'étant mariée à son vieil amant dont la femme est morte.

Est-ce que je recommande? Oui, c'est bien écrit, franchement misogyne par contre, avec des principes moraux tranchés, un livre qui reflète bien l'époque où il a été écrit. J'aime me retrouver dans le passé avec un auteur qui y a vécu. Intéressant et dépaysant.

Douzième livre du défi

Pretend you don't see her de Mary Higgins Clark, Pocket Books, New-York, 1997, 305 pages

Je n'aime pas particulièrement le suspense et les livres de détective. Sauf les Mary Higgins Clark, parce qu'ils sont épurés et suggèrent la violence seulement. La morte du livre ne souffre pas longtemps, elle est tirée proprement, pas de torture, une mort presque naturelle où elle a tout juste le temps de parler à l'agente d'immeubles à qui elle donne un mandat clair. Celle-ci tiendra à le respecter, ce qui la mettra dans le trouble. Comme elle a très bien vu le meurtrier, il faut la cacher jusqu'à ce qu'on le trouve. Alors, la police la fait disparaître dans un autre état avec une identité nouvelle. Elle pourra appeler sa famille une fois par semaine, jamais du même endroit et encadrée par un détective. Ne pas dire où elle est à quiconque, ne pas donner d'indices. Évidemment, elle en donnera, naïve et maladroite (et si sympathique!) comme elle est. Le meurtrier la retrouvera. On a peur pour elle. Rassurez-vous, ça finit bien. Et il y a même une histoire d'amour en prime.

Est-ce que je recommande? Oui, excellente lecture de vacances et bon ouvrage pour pratiquer son anglais. Facile à comprendre.

Ouverture d'esprit

Comme je l'avais prévu, l'ex de Vingt ans n'a pas perdu de temps pour se trouver une nouvelle amoureuse et, comme je l'avais également prévu, ça n'a pas laissé Vingt ans tout à fait indifférente. C'est lui qui a la garde, c'est maintenant clair. Sans passer à la cour, entente réciproque. La preuve? Quand j'ai réclamé de voir Petit-fils dont je m'étais ennuyée, Vingt ans est allée le cueillir chez le papa pour le lui remettre illico dès que je l'ai eu assez vu! Bon...

Il n'a plus vraiment d'horaire, plus de sieste, dort quand il s'endort. Il est surexcité, probable qu'il était fatigué quand je l'ai vu. Le père, qui ne travaille pas, s'en occupe donc tout le temps vu qu'il ne va plus à la garderie. Ils en cherchent une, me dit ma fille. Difficile. La nouvelle blonde du papa a aussi un enfant et est monoparentale. Pas de garderie non plus et elle le confie à qui elle peut vu qu'elle travaille. Les deux enfants sont souvent ensemble. Comme je m'informais s'ils les sortaient, Fille me dit qu'ils les ont amenés glisser et une autre fois patiner. J'imagine Petit-fils de 21 mois avec ses patins loués aux pieds et je rigole.

Il y avait comme quelque chose qui me dérangeait. Je sais quoi. Petit-fils n'est pas élevé comme moi je l'élèverais. Avec moi, il aurait un horaire, de la stabilité, il se ferait lire des livres tous les jours, fréquenterait les musées, irait jouer au parc. Je me rends compte que je m'imagine, moi, comme détenant la vérité en ce qui concerne l'élevage d'enfants et étant un paragon de vertus maternelles ou grandmaternelles. Un peu plus et je deviens la Madame de l'histoire de Grande Dame. Heureusement, je me suis parlé. Hola! Femme libre! Cet enfant n'est pas ton enfant. Il ne manque ni de stimulation, ni d'affection, ni de nourriture. Il est grand pour son âge, solide et son père lui a fait faire par un ami des tresses à l'africaine qui lui vont à ravir. Il dit de nouveaux mots (bon, pas beaucoup, mais je cesse de stresser là-dessus), il fait des constructions savantes avec les chaises et fauteuils et des crises monumentales quand ses stratégies ne marchent pas. Bref, il est normal, turbulent, adorable et très actif.

Des horaires, il en aura toute sa vie.

Ma fille voit à ses affaires à sa manière.

Je ne veux pas devenir une vieille chiâleuse et je ne vais pas en devenir une.

Extrait

J'ai ouvert une page au hasard et j'ai retranscrit à la main. C'était plaisant à faire. Riches les mots de Marie-Claire Blais. J'ai écrit une seule phrase pour vous, pas la meilleure, pas la pire, elles sont toutes belles et savoureuses. Le petit bouquin si inoffensif en apparence, si précieux en contenu a retrouvé sa place dans la tablette floridienne des livres maternels.Voici donc un extrait de Le sourd dans la ville

"Tim rêvait doucement, il oublierait peut-être, pour une heure seulement, l'agonie sans murmures de Tim, le chien, et Florence se demandait si l'agonie des êtres ne commence pas lorsqu'ils ont perdu le désir, lorsque, comme elle, ils n'attendent plus rien, une immensité désertique est là, devant soi, sur laquelle on peut marcher et courir, mais c'est une immensité sans horizon, la sensation d'avancer ou de reculer vers ces montagnes de givre est une sensation neutre, indifférente, et on ne peut plus se cacher ou s'enfuir par quelque brèche, le sol de glace est trop dur et trop fermé, on ne s'enlise que dans sa propre débâcle, mais Florence qui avait longtemps eu l'illusion d'attendre quelque chose découvrait qu'elle n'attendait plus rien, là où elle s'était réfugiée aucun regard familier ne pouvait la rejoindre, mais dans ces profondeurs si ignorantes de la mémoire du vieux Tim, il y avait la mer, un rocher, une femme, une consolation qui venait de loin dépayser le mal qu'il éprouvait à vivre dans le temps présent, mais Florence, elle, se demandait comment elle pourrait encore découvrir cette intensité, cette fièvre de l'attente, elle s'habillerait pour le soir, oui, c'était cela, elle attendrait son mari en fumant une cigarette, avec son livre sur les genoux, ce serait dans un grand hôtel, il n'arriverait pas, ou peut-être serait-il en retard, il aurait pour elle les mêmes attentions, les mêmes gestes, la prendrait par la main, car soudain, c'était cela, le jeu de l'attente, on jouait à ne plus se connaître, les rancunes de la nuit, les mesquines vengeances qu'entraîne avec lui le quotidien, tout cela n'existait plus, on se métamorphosait en la personne qui est l'attendue, et l'autre connaissait tout de ce jeu séduisant, les êtres n'étaient-ils pas avant tout des bêtes souples et cupides, vénérant chez les uns et les autres le charme des gestes, l'invitation au plaisir, cet exercice de nos magies sensuelles nous envoûtait nous-mêmes, il était bon d'attendre quelqu'un d'agréable en un lieu agréable, il serait agréablement vêtu et cela s'appelait le confort de vivre, le goût de vivre, c'était une chose naturelle, une délectation que nous appelions notre attente de chaque jour, pensait Florence, on oubliait seulement que cet artisanat délicieux de nos habitudes, du moins de nos habitudes agréables, n'était pas éternel, qu'un soir ou l'autre, le mari ou le fils ou l'amant ou cette concrète apparition de notre attente ne serait plus là, que le vide serait là, à sa place, quand on était Florence et qu'on s'habillait le soir, c'était en vain, c'était pour rencontrer ce néant tout tranquille qui était là, partout, au pied d'un escalier, derrière une porte, le plus cruel, pensait-elle, c'était peut-être de savoir cela, malgré toute la force de son désir, l'acuité de sa mémoire, de savoir qu'il ne reviendrait plus, ne descendrait plus cet escalier, et que nous n'avions aucun pouvoir sur cette absence, mais il y avait pire, c'était de savoir que cette matière vivante, cette matière sensuellement embrassée et aimée de ceux que nous n'attendions plus, c'était de savoir que cette matière fraternelle qui s'était mêlée à nous venait de disparaître tout en continuant de vivre, l'immensité désertique du silence recouvrait tout ce feu que nous avions tenu si près de notre existence au point d'en être nous-mêmes consumés.

(pages 51-52-53)

Onzième livre du défi

J'avais déjà lu "Une saison dans la vie d'Emmanuel" au secondaire ou au cegep en lecture obligatoire. Je n'avais pas aimé mais n'arrive pas à me rappeler pourquoi. Trop loin. Alors quand j'ai vu un autre bouquin de Marie-Claire Blais dans la bibliothèque de ma mère en Floride, j'ai hésité. Il était petit et facile à emporter à la plage, alors je l'ai choisi et j'ai vraiment bien fait!

Le sourd dans la ville de Marie-Claire Blais, Éditions du Boréal, 1996, 187 pages

Quiconque a l'intention d'écrire devrait lire Marie-Claire Blais. Elle défie toutes les règles. Beaucoup de répétitions dans ses phrases et des phrases extrêmement longues, des pages entières pour une seule page, mais pas interminables, non, des phrases qui se terminent juste au bon moment, juste où et quand il fallait. Un talent. Marie-Claire Blais a et est un talent d'écriture. Naturel. Assumé. On l'imagine solide, fluide, droite, entière. Une oeuvre indiscutable. Même toute jeune, à ses premières armes, elle a gagné des prix. Pas de paragraphes dans ses textes. De la densité, mais qui danse. Une beauté d'écriture. Vraiment. J'ai été charmée. Je veux toute la lire.

Un petit livre donc, mais compact. L'histoire est là mais il ne faut pas s'y arrêter. Ne pas trop essayer de comprendre qui est qui, qui fait quoi, vers quoi tout cela va nous mener. Elle revient en spirale, l'histoire,finement, inexorablement, comme brodée avec de la dentelle solide, affirmée, efficace. C'est l'écriture d'une auteure qui a confiance en elle, achevée, cultivée, présente et confiante en ses personnages, sans complaisance. Le vieux Tim et son vieux chien, Florence la malheureuse, Mike et ses soeurs, la petite et la grande, Judith Lange, Berthe Agneli, madame Langenais et son mari qui a cassé ses lunettes. Et la mère Gloria, qui tient l'auberge et danse dans les clubs, celle qui rêve de voyage avec Mike, un voyage qui lui permettrait d'échapper à la mort.

Est-ce que je recommande? Absolument. Incontournable.

dimanche 6 mars 2011

Dixième livre du défi

Mon premier livre terminé, j'ai fouillé dans la maigre bibliothèque floridienne de ma mère pour trouver quelque chose à lire. J'ai trouvé un gros bouquin défraichi avec la photo d'un adolescent sur la page couverture. À l'abordage!

Kevin le révolté (titre original: Murphy's boy) de Torey Hayden, 1983, Balland, 393 pages

L'auteure est une psychologue de réputation internationale spécialisée dans le traitement de psychopathologie enfantine. C'est l'histoire d'une thérapeute qui a fait ses recherches sur le mutisme enfantin. On lui confie un jeune garçon qui a quinze ans, vit dans un centre spécialisé et n'a pas dit un seul mot depuis quatre ans. Abandonné par sa famille, il est confié à l'état. Ça se passe aux États-Unis. Le jeune se cache sous les tables et a peur de tout et de tous. Elle décide de le voir tous les jours et c'est elle qui se déplace en plus. Un peu irréaliste, je crois. Ça me surprendrait énormément qu'une thérapeute ait le luxe de voir ses patients chaque jour de la semaine! Mais bon, c'est un roman, faisons avec. Je dois dire que j'ai accroché parce que le jeune se met à parler et puis, on en apprend un peu tout au long du roman, par bribes, sur le lourd passé qui l'a amené à cet état quasi-végétatif. Je voulais en savoir davantage, alors je n'ai pas lâché. Et puis, c'était facile à lire. Pas de la grande littérature. Distrayant malgré la lourdeur du sujet. En effet, il avait souffert le jeune. Et la description des sévices subis, même si donnée au compte-gouttes, relevait de l'horreur pure. Je me sentais comme une voyeuse et j'ai voulu lâcher sans y arriver. J'étais prise par ce livre et par la personnalité de la thérapeute aussi, tellement imparfaite, qui faisait des erreurs énormes. Ainsi, il l'agresse sexuellement (des attouchements, mais elle est coincée, a vraiment peur et heureusement réussit à s'en sortir avant que ça n'aille plus loin) et bien, elle décide de n'en parler à personne, de peur de nuire au jeune qui faisait des progrès!

Elle est aussi Grande Soeur pour Charity, une petite Indienne négligée. Cette relation et cette enfant sont vrais et sympathiques. Terrible cette Charity! De bons moments du roman.

Ça finit relativement bien. Le jeune, qui a maintenant dix-sept ans, se retrouve dans un foyer pour jeunes adultes, bien encadré, et il réussit à entrer au collège, ce qui était son plus grand rêve.

Est-ce que je recommande? Euh... oui, si vous avez un côté voyeur. J'en ai un semble-t-il, parce que ce livre qui n'est pas vraiment bien écrit et présente des invraisemblances, m'a accrochée.

Neuvième livre du défi

L'immeuble Yacoubian de Alaa El Aswany, Actes Sud, écrit en 2002, 2006 pour la traduction française, roman traduit de l'arabe (Égypte) par Gilles Gauthier, 327 pages

J'ai eu beaucoup de temps pour lire pendant ces vacances. C'est ce livre, dont on a fait un film que je n'ai pas vu, que j'avais choisi pour l'avion. Je me l'étais procuré à cause de notre voyage prévu en Égypte, car l'action se passe à partir d'un immeuble du Caire. Un livre dense que j'ai beaucoup aimé. Exotique. Des vieux monsieurs qui reluquent des jeunes femmes, des jeunes femmes qui se servent des vieux monsieurs pour survivre et la finale, une jeune femme qui tombe vraiment en amour avec son vieux monsieur. Le roman se termine par leurs noces, avec les femmes qui dansent en ondulant, un foulard autour de la taille. La jeune et belle mariée les accompagne et "Zaki bey la regardait plein d'amour et d'admiration. Il frappait dans ses mains en cadence et, peu à peu, éleva les bras et se mit à danser avec elle parmi les cris d'allégresse et les rires de l'assistance." (p.327)

Mais il n'y a pas que l'amour, il y a aussi la corruption, les magouilles, les classes sociales, l'exploitation, la misère et la débrouillardise. Certains s'en sortent mal, comme ce jeune prolétaire brillant à qui on ferme toutes les portes à cause de l'origine de son père. D'autres s'enrichissent. Les femmes ont la vie plus dure, on s'en doutait bien.

Est-ce que je recommande? Absolument.

samedi 5 mars 2011

Florida

De retour. C'est fou ce qu'on a de temps dans une journée sans ordi ni programme. Incroyable. Bien de réaliser ça. La mer. La mère. La tante aussi. Les repas. La piscine. Marcher sur la plage. Coquillages. Seize ans qui comprend fort bien l'anglais, heureuse surprise. Ma mère et des relents d'enfance, pas toujours facile, mais je le savais. Pas de surprise ici. Elle entend mal et s'entête à ne pas consulter. C'est son corps. Vrai. Mais c'est son entourage qui s'époumone à répéter et crier. La télé à tue-tête. Mais le soleil, archi-présent, violent et salvateur. Le soleil et la mer. Et l'énergie qui vient avec. Chanceuse je suis.