dimanche 20 avril 2008

Hier

Écrire. Aligner les mots. Parler de sa vie. Si ... ordinaire. Et puis aller râteler les feuilles. On fait ça à l'automne? Pas moi, ça a l'air. Voisin redevient un ami voisin. Plus rien d'autre. Et ça s'est fait tout seul. Plus aucune allusion coquine. On va promener les chiens pendant des heures au canal Lachine. Soleil. Les gens sont fous des chiens. Voisin est comme un héros avec ses bêtes de race. Les femmes lui parlent, les enfants courent après, les hommes l'ignorent. Ses chiens sont petits et attirent davantage les femmes et les enfants. Moi, je marche en avant, parce que je marche plus vite que lui et parce que le sentier réservé aux piétons est étroit. Les bicyclettes prennent beaucoup de place, au canal Lachine. Je marche, je regarde l'eau encore glacée, je reviens sur mes pas. Au retour, je tente de me détendre. Voisin conduit horriblement mal mais je ne veux pas prendre ma voiture, car ses chiens.... ouache! On passe devant la bibliothéque et on s'y arrête. Je trouve un bouquin sur le yoga .... des chiens!!! J'en avais entendu parler en fait mais là je l'avais dans les mains. Ça a fait ma journée. Le soir, je suis allée voir un mauvais film qui m'a amusée. Un film cucul qui détend et vide la tête. Forgetting Sarah Marshall. Prévisible mais parfois drôle. Je ne vous le recommande pas.

vendredi 18 avril 2008

La prison

La vie de couple est parfois une prison, me disent certains des intéressants commentaires du billet précédent sur le bénévolat. En effet! Mais la vie aussi peut être une prison et on n'a pas vraiment besoin d'un autre pour s'emprisonner soi-même.

Tout est question de point de vue. On peut probablement se sentir libre dans un couple aussi. J'ai souvent été surprise en entendant une amie me dire qu'elle doit en parler à son mari avant d'accepter mon invitation à sortir. Le mari n'est pas invité là! C'est elle que je voulais. Or, elle ne peut pas me dire de but en blanc comme moi je le pourrais, si elle vient ou pas. Ça m'embêterait profondément. Je me sentirais brimée. Et pourtant , c'est probablement tout à fait correct et un signe de respect pour l'autre peut-être? Vraiment, je ne sais pas. Je n'ai jamais vécu de couple comme ça. Si j'acceptais une invitation, je mettais tout simplement mon amoureux au courant de la chose et j'y allais. Je n'ai jamais pensé demander la permission. Ça explique peut-être pourquoi je ne vis pas en couple d'ailleurs!

Je ne peux pas croire que tous les gens en couple se sentent en prison. Il y aurait alors un fort pourcentage de la population qui souffrirait de masochisme. Des couples heureux et épanouis, j'en connais peu. Existent-ils? En plus, j'ai déjà entendu une de mes amies clamer l'amour extraordinaire et la complicité indicible de son couple tout en sachant que non seulement le mari avait des aventures extraconjugales mais aussi qu'il s'était essayé avec moi (mais non, ça n'a pas marché, voyons! J'ai des principes solides, vous ne le saviez pas?)

Je ne sais pas trop où je veux en venir avec ce billet qui tourne en rond et me met vaguement mal à l'aise. Ma vision est probablement biaisée. J'ai eu une relation stable et aimante pendant dix-sept ans avec un amoureux que je voyais plusieurs fois par semaine et avec lequel je prenais avec joie toutes mes vacances et pourtant nous avons toujours utilisé le condom. Par mesure de contraception mais aussi pour ne pas m'inquiéter d'attrapper des maladies. Or, mon ami m'était tout probablement fidèle. Mais jamais je ne le lui aurais demandé ni n'aurais osé exiger la fidélité. Lui non plus d'ailleurs et c'est dans la plus totale liberté que je lui étais fidèle, en sachant que ce n'était pas une obligation. Un choix librement consenti mais pas une obligation.

Entre-t-on en couple comme on entre en religion? En laissant son passé derrière (les gens demandent "un passé réglé"), ses intérêts personnels, ses passe-temps, ses soirées de célibataire (pourquoi appelle-t-on ainsi les soirées de fête, de folie et de plaisir?)? Dites-moi, existe-t-il des couples heureux?


mercredi 16 avril 2008

Le bénévolat

L'histoire suivante est assez authentique mais j'ai changé des faits pour que les personnes impliquées ne soient pas reconnues. Quand j'ai adopté mes filles, je me suis fait des amies du milieu de l'adoption. L'une d'elle adoptait des enfants plus âgés, dont personne ne voulait et faisait beaucoup de bénévolat dans des colloques pour parents adoptants et dans une agence d'adoption tout en travaillant à temps plein. D'une grande sagesse, bien informée, elle était connue et respectée. On donnait souvent son numéro de téléphone à des parents en détresse et elle savait écouter, réconforter et conseiller. Elle trouvait toujours le temps. Pour assister aux nombreux événements dans lesquels elle exerçait son bénévolat, il lui fallait assez souvent faire garder ses enfants quand elle ne pouvait pas les emmener et nous mettions tous et toutes la main à la pâte, sachant qu'elle était seule pour assumer la marmaille.

Et voilà que la chanceuse tombe en amour. Un homme tout ce qu'il y a de bien et qui a des enfants lui aussi. Ils achètent une immense maison et emménagent ensemble. Au début, notre amie est heureuse et souriante. Et puis, elle se désiste de l'organisation d'un colloque. Au dernier moment en plus, ce qui était un peu embêtant. Par la suite, quand on appelle, on a maintenant affaire au répondeur donc on cesse de lui envoyer des parents en détresse. Elle finira par abandonner aussi son poste bénévole au sein de l'agence d'adoption. Or, ce poste la remplissait de joie. C'est elle qui avait le bonheur d'appeler les parents pour leur proposer un enfant. Elle n'a plus le temps. Et bientôt, elle ne retournera même plus les appels. Nous, les amies et admiratrices, sommes surprises, comment se fait-il que cette femme qui réussissait à mener de front bénévolat, travail et éducation de trois enfants pas si faciles toute seule se retrouve maintenant avec moins de temps quand elle a de l'aide?

On apprendra par la bande que le nouvel ami n'aimait pas trop ces activités accaparantes et qu'il la pressait d'être plus souvent à la maison et plus disponible à la famille. Elle a fini par céder. Maintenant, quand on réussit à la voir (rarement), elle semble éteinte et ses enfants, qui allaient relativement bien, ont de nouveaux problèmes tous les jours.

Bien sûr, je n'ai pas la version du monsieur. Ce que je retiens, c'est que la vie de couple est difficile, très difficile.

mardi 15 avril 2008

Le professeur

Il nous a dans sa poche. Nous désirons toutes lui plaire. Nous nous pâmons pour des félicitations de sa part, nous exultons pour un de ses sourires. Nous faisons encore une longueur et une autre de plus encore, alors que nous manquons défaillir sous l'effort, quand nous savons qu'il nous regarde. Nous avons toutes plus de quarante ans et il nous appelle "girls" et personne n'oserait le reprendre. C'est que ce jeune professeur voit la femme en nous et un homme qui aime vraiment les femmes, telles qu'elles sont, c'est rare et ça, nous savons le reconnaître et l'apprécier.

lundi 14 avril 2008

La cousine

J'ai plusieurs cousines. Celle dont je vais vous parler est la plus jolie. Une de ces beautés classiques et naturelles, avec des cheveux noirs droits et longs, des grands yeux en amandes et une dentition éclatante. Le mari est tout aussi beau et les enfants, euh... ce sont des enfants, une petite fille qui parle comme un livre et qui a quatre ans au moment des événements que je vais vous raconter et un petit bébé fille de quelques mois. La jolie cousine qui travaille comme commis de bureau est donc en congé de maternité et c'est samedi. Le jeune couple vient d'acheter une maison à Laval et l'a décorée avec goût, car en plus d'être jolie, la cousine a aussi du goût.

Le mari qui est actuaire fait une maîtrise à l'université et il doit donc étudier. Pas de problème, la jolie cousine va à un party d'anniversaire chez une amie de garderie de sa fille de quatre ans dont la mère est aussi son amie à elle. Elle amènera le bébé qui est un adorable bébé qui sourit tout le temps. Un baiser au mari et la maman et les deux marmots sont en route. Arrivée chez les amis, Cousine constate qu'elle a oublié le cadeau d'anniversaire de la petite Fêtée qui demande justement, pas aussi impeccablement élevée que sa fille à elle "Il est où mon cadeau?" Merde!

-Mélanie, il y a un pépin, j'ai oublié le cadeau à la maison. Je reviens avec.

L'amie offre de garder aussi le bébé souriant et Cousine part à la maison toute seule dans sa voiture. Il fait super beau, c'est le printemps et Cousine met du Led Zeppelin et ouvre les fenêtres de la voiture, ses longs cheveux flottent au vent.

Elle a laissé le beau cadeau artistiquement enveloppé sur l'étagère sous l'escalier du sous-sol. Papier rose, rubans roses, bête quand même de l'avoir oublié!

Elle débarre la porte avec sa clé pour ne pas déranger mari qui étudie, lui crie qu'elle est là, il ne répond pas. Occupons-nous d'abord du cadeau, elle allume la lumière du sous-sol et descend rapidement. Une vision d'horreur s'offre à elle. Mari est pendu. Elle a une réaction réflexe, monte les escaliers quatre à quatre, prend les ciseaux de la cuisine, descend aussi vite, coupe la corde, mari tombe avec un bruit sourd et elle appelle le 9-1-1. Elle a peur du corps de son mari et attend les secours à la porte de la maison. Ils arrivent rapidement. Manoeuvres de réanimation. Il vit, madame, il respire. L'hôpital. Elle monte dans l'ambulance, appelle les amis, il y a eu un accident, je vais à l'hôpital avec mon mari, j'enverrai quelqu'un chercher les enfants. Appelle ses parents, explique encore, ils iront chercher les petits. Son mari fait des petits bruits. Elle se tient le plus loin possible de lui. Stupeur.

Il a survécu. Légume. Il est dans un centre pour personnes handicapées. Dans un cas de suicide, réussi ou non, les assurances ne paient pas. Cousine a dû vendre sa maison, incapable de payer l'hypothèque avec son petit salaire. Elle va visiter le mari tous les dimanches avec les enfants. Depuis des années. Il ne les reconnaît pas. Elle le fait manger à la cuillère et les enfants demandent constamment quand ils vont partir. Les visites se font de plus en plus courtes. Son plus grand regret, c'est d'avoir coupé la corde.

vendredi 11 avril 2008

L'intensité

Ce qui différencie ma pratique personnelle de ce cours intensif du matin que je suis depuis hier ou du cours de professeure de yoga que je suivais, c'est l'intensité. Quand je travaille par moi-même, j'y vais tranquillement à mon rythme, je prends souvent un livre pour vérifier la posture ou bien en apprendre une nouvelle. J'étudie les noms en sanskrit. Parfois je dessine les asanas. C'était recommandé dans le cours de prof. Pour bien sentir l'alignement et les lignes d'énergie Je mets la minuterie et j'explore pendant une heure. C'est souvent (de plus en plus) agréable. Je ne suis jamais épuisée. Après la séance, je fais un très court shavasana, parce que je sais que c'est important pour intégrer les postures, mais je pourrais très bien fonctionner sans en faire.

Quand je fais du yoga rigoureux avec un professeur qui nous pousse, souvent je souhaiterais que ça arrête. C'est ardu et douloureux. J'ai tellement hâte qu'elle dise de redescendre la jambe qui est en l'air depuis une éternité me semble-t-il. On fait les enchaînements parfois rapidement, je suis essoufflée, je persiste, je continue, je suis en nage. C'est long. J'ai hâte que ça ralentisse. Mais je suis. Il y a la professeure et aussi l'énergie du groupe. Et quand enfin on s'étend pour shavasana, je ressens une détente profonde, ma respiration a changé, tous mes muscles ont travaillé. Et même si je me suis levée à cinq heures et demi, j'ai autant d'énergie (bien plus!!) que si je m'étais levée à neuf heures.

Je pense cependant qu'avec le temps, ma pratique personnelle va évoluer. Je n'aurai pas toujours besoin de consulter les livres et je vais probablement apprendre à me pousser moi-même de temps en temps!

Je pense que les deux sont importants, ma pratique personnelle mais aussi les cours avancés en groupe. Dans ma pratique personnelle, j'apprends beaucoup, j'intègre. Dans les cours avec professeure, pas tous les cours, je parle des cours rigoureux avec une professeure compétente et qui nous pousse, je me dépasse et je suis bien reconnaissante à la professeure tortionnaire pour ça!

jeudi 10 avril 2008

De la maternité à l'âge mûr

Je ramollis avec Treize ans. Je n'ai pas élevé les autres avec la même latitude. Pourquoi donc? Ses problèmes d'apprentissage? Oui, en partie. Mais aussi mon âge tout simplement. J'en ai trois autres à l'âge adulte ou à peu près. Et il y a tant de choses que je considère maintenant sans importance dans l'éducation d'un enfant. À part les vraies valeurs. Tout le reste est accessoire.

mercredi 9 avril 2008

Le regret

Je sais bien qu'il ne faut jamais rien regretter, qu'il faut aller de l'avant et blablabla. Et pourtant, il me semble que j'ai fait une erreur en abandonnant mon cours de professeure de yoga. C'était dur, affreusement difficile, j'étais vraiment la doyenne du groupe, je souffrais souvent, mais que j'étais donc en forme dans ce temps-là, qui m'apparaît lointain sans l'être vraiment. Toute seule, je n'arrive vraiment pas à recréer une telle intensité et j'ai l'impression de me laisser aller et c'est un peu le cas aussi. La discipline se relâche et pas rien qu'un peu. Tant que je n'aurai pas trouvé un autre projet aussi motivant, je m'en voudrai d'avoir lâché. J'avais des raisons de le faire mais elles m'apparaissent futiles et bêtes aujourd'hui.

mardi 8 avril 2008

Un nouveau défi

J'ai décidé d'apprendre à nager. Un peu à reculons. Je me suis appris moi-même à me déplacer dans l'eau mais je n'ai aucune technique. Je me présente donc à la piscine ce matin. Six femmes dont quatre immigrantes. J'ai pu pratiquer mon espagnol et je me suis rapidement fait une amie. Arrive le prof . Un adorable jeune homme dynamique, chaleureux et compétent. Une des dames, la plus jeune, n'a jamais mis le gros orteil dans une piscine et a peur de l'eau, les trois autres dont je fais partie, nagent tant que bien que mal à leur manière et ne connaissent aucun style, les deux dernières nagent très bien et auraient dû s'inscrire à un autre cours qu'un cours de débutant, mais pas si grave, le prof est débrouillard. J'ai adoré! Et je suis très motivée à apprendre et à pratiquer. Ce sera facile car Voisin aime aller à la piscine, c'est plus motivant d'aller s'entraîner à deux. J'aurais dû écouter avant mon amie Lud qui me suggérait de varier mes activités. C'est fait! On a appris à se propulser à partir du bord de la piscine, les mains jointes en avant, à remonter à la surface et à respirer. On a fait des longueurs en tenant une planche devant nous. On a commencé à faire des bulles et à sortir la tête sur le côté pour respirer. La semaine prochaine, on commence le crawl. Excitant!

L'érotisme

Je passe de l'optimisme à l'érotisme, à la demande de Corto. J'y vois d'ailleurs un lien, des moments d'érotisme provoquant souvent de l'optimisme avec un déferlement d'adrénaline qui intensifie le moment présent, le sang qui coule dans les veines et la réalisation du plaisir de vivre. Et le sentiment d'être jeune. Voilà. L'érotisme c'est la jeunesse. La pulsion érotique est pulsion de vie, d'ailleurs Dolce Vita nous confiait trouver une charge érotique accrue à faire l'amour en ayant en même temps la possibilité de faire un enfant.

L'érotisme c'est le désir, chez les deux sexes, je pense. Ça se passe dans la tête, essentiellement dans la tête. Le trouble. Ça me rend maladroite. Devant un homme qui me trouble, je peux perdre mes moyens ou devenir éloquente. Mais c'est le même trouble. Zone de marées. Je regarde les mains. Important les mains. Un homme peut me faire chavirer par ses mains.

Un homme viril est érotique pour moi. Du poil. De la profondeur. De l'évocation. Un homme qui me décrit ce que nous ferons, ce qu'il me fera, ce que je lui ferai me fait fondre. Et rougir. La parole donc est érotique. Les écrits aussi.

Quand nous en sommes rendus à l'odeur, donc au rapprochement, c'est le comble de l'érotisme. Plus que la vue. Me lover dans ses bras et le sentir juste là, dans le creux du cou. Extase. Ça pourrait s'arrêter là, je serais satisfaite. Il y a tout un passé dans ces odeurs et l'odeur du cuir me comble et m'excite, cadeau d'un premier amoureux d'adolescence.

L'érotisme est toujours incarné pour moi. Il est déclenché par une vraie personne, pas nécessairement disponible ou accessible mais réelle. Je sais très bien alimenter mes fantasmes mais me tourne naturellement vers ceux qui sont réalisables. Même une seule fois. En fait, quoi de plus érotique que de faire enfin l'amour avec un être désiré intensivement, douloureusement et en sachant que ce sera la seule et unique et mémorable fois? Quelle intensité alors, quelle incarnation totale dans le moment présent!

Il m'arrive de penser à sublimer tout ça et j'ai bien l'impression qu'il faudra y passer éventuellement. Arrivera un moment où je ne trouverai plus de partenaire. Je m'adapterai. Mais les journées où j'ai de telles pensées sont teintées de pessimisme. Et rares, heureusement.

samedi 5 avril 2008

L'optimisme

C'est le contraire du pessimisme. C'est le verre à moitié plein. C'est la croyance que les choses vont s'améliorer avec le temps. C'est le sourire gratuit. C'est se taire parce que se plaindre alimenterait le négativisme. C'est courir en pensant que son coeur en bénéficie. C'est continuer jour après jour. C'est imaginer ses enfants heureux. C'est manger un gâteau en étant persuadée qu'on ne va pas grossir. C'est écrire ses mémoires en se croyant éternelle. C'est avoir le coeur qui bat en rencontrant un homme. C'est acheter un rouge à lèvres. C'est écrire ce billet pour Encre qui s'inquiéte. C'est s'imaginer que la peinture va se faire toute seule à force de la visualiser sur les murs. Bon, d'accord, ça, c'est plus du rêve et de la paresse que de l'optimisme, j'avoue!

Le grand frère

Treize ans est sortie au cinéma avec son grand frère de vingt-sept ans. Elle était toute prête à huit heures ce matin! Il est son héros. Je suis bien contente que mon fils entretienne une si belle relation avec ses soeurs. Un grand frère aimant, c'est précieux et encore plus pour des fillettes qui n'ont pas de père.

La psychanalyse

J'ai déjà vu une psychologue. Deux psychologues en fait. La première, c'est celle qui s'occupait de l'aide aux employés de mon ministère. J'enseignais depuis vingt ans, j'avais l'impression d'avoir fait le tour et c'est pour une aide à la réorientation que je l'avais consultée. Mon employeur nous octroyait cinq séances gratuites et confidentielles. Finalement, je ne me suis pas réorientée mais j'ai adopté trois enfants l'une après l'autre. Elle avait trouvé que mon souhait de maternité était légitime et que j'étais saine d'esprit et apte à le réaliser. Elle m'a donc aidée à me mettre en action. Merci psy!

La deuxième a été consultée à grands frais alors qu'une de mes filles adoptées avait des difficultés majeures. J'avais dû la placer en centre d'accueil pour sa sécurité. Elle avait douze ans. La psychologue consultée était spécialisée en troubles de l'attachement et je me suis sentie profondément comprise, enfin! Tout ce que je lui racontais sur ma fille, elle le savait déjà. Elle pouvait terminer mes phrases, elle pouvait prédire la prochaine action de ma fille. J'ai reçu son appui inconditionnel et dévoué pour m'opposer à certaines décisions des centres jeunesse. Elle a même offert de venir aux réunions avec moi. Ça n'a pas été nécessaire. Son soutien m'a tellement renforcée et déculpabilisée que j'ai pu tenir tête à des travailleuses sociales qui s'étaient mises à plusieurs pour m'imposer leur vision. J'ai pu soutenir leur mépris alors que je refusais le retour de ma fille dans sa famille, certaine que je faisais ce qui était pour son bien et le nôtre. Merci et encore merci psy!

Actuellement, ce qui me serait utile, ce serait probablement un orienteur. Parce que je ne sais plus trop vers quoi me tourner. Pas que je manque de choix et de posssibilités, au contraire, il y en a trop.

Notre dernière idée à Treize ans et moi: un voyage en Égypte cet été, trois semaines avec le Club Aventure. On cogite et je calcule. Et puis il y a Dix-sept ans évidemment. Vais-je la laisser si longtemps? Et puis la maison et les locataires et le grand terrain. C'est pour ça que je voulais vendre, pour ne plus être l'esclave de la maison. Un psy orienteur m'aiderait probablement à démêler tout ça.

J'ai comme l'impression que ce projet va demeurer un projet jamais réalisé. Et je m'en veux pour ça. Je me sens mauvaise mère. Les amies de ma fille voyagent toutes, selon elle. Suis-je en train de me faire manipuler? Je suis facilement manipulable quand ça vient de Treize ans. Je trouve déjà sa vie si difficile à cause de ses problèmes d'apprentissage, j'admire son courage et sa ténacité et j'aimerais adoucir les difficultés. C'est celle de mes enfants qui apprécie le plus les voyages et l'Égypte particulièrement l'a toujours passionnée.

vendredi 4 avril 2008

Le grand intellectuel mélomane

Réseaucontact. J'ai cinquante ans. Il y a ce type qui écrit sur le courrier du coeur. Intéressant le courrier du coeur de réseaucontact. Vous devriez jeter un oeil. J'ai rencontré pas mal d'hommes qui y écrivent. Alors l'écrivain en question était bref mais très présent. Et ses conseils étaient souvent adéquats. Humoristiques. Surprenants. J'aime les gens non-conventionnels. J'allais voir sa fiche. Très brève aussi. Un grand type bref donc. Je communique.

Il me répond qu'il est un homme fucké qui n'a pas le tour avec les femmes et que ce serait tout simplement une erreur de le rencontrer. J'ai été intriguée et rencontre il y eût, rapidement. Je suis alors persuadée que tout se passe bien, que je lui plais et qu'il me plaît. La conversation est fluide et agréable. Je le trouve fort intéressant.

Quand je lui écris que j'aimerais le revoir, il me répond que ce n'est pas le cas pour lui, que je ne suis pas son genre de femmes. Bon, une autre aurait décroché tout de suite, mais je devais avoir une confiance en moi béton, car je ne le crois pas!!! Je lui écris exactement ça, que je ne le crois pas et je lui demande pourquoi il croit (à tort!) que je ne suis pas son genre de femme. J'étais habillée en noir, qu'il me répond. On se rencontre à nouveau, à mon initiative vous l'aurez deviné. Cette fois, je suis habillée en rouge feu. Et débute une histoire follement romantique. Monsieur veut me voir tout le temps. Il m'écrit des poèmes, m'emmène au concert et plutôt aux concerts, car la musique est sa passion. On se tient chastement la main. On va ensuite marcher longuement au jardin botanique ou au parc Lafontaine, je deviens une madone sur l'herbe et mon amoureux pose sa tête sur ma jupe. Cliché. Images. Folie. Été. Il m'appelle, veut me voir encore et encore, me raconte sa vie, son enfance dans tous les détails, et il y en a long à raconter, il a cinquante-cinq ans. Je viens à brûler pour lui, pour son corps, je veux dire. La madone, ça fait un temps avec moi. Mais monsieur n'est pas pressé de toute évidence. Je vais suivre son rythme pour une fois. Et il est si romantique, si prévenant, si ... intéressé.

Quand il part en vacances... seul, nous n'avons échangé que des baisers. J'attends son retour avec une certaine impatience.

Il m'a donné rendez-vous au restaurant. Je lui donne rendez-vous chez lui et j'insiste. J'apporterai le repas, monsieur n'étant pas féru en cuisine. C'est ce soir que ça se passe, mon chéri mélomane. On cuisine ensemble, enfin plus ou moins ensemble, je cuisine et il aide un peu. J'ai apporté du vin mais il n'en boit pas. Non, pas un ex-alcoolique, seulement quelqu'un qui n'aime pas le vin. Il n'aime pas manger non plus. J'aurais dû voir certains signes. Bon, alors on mange mon délicieux repas ou plutôt, je mange mon délicieux repas et il le picore un peu, il le trouve trop épicé. Les épices non plus, il n'aime pas. Peu importe, cette fois, il ne m'échappera pas. On parle (il parle!) musique, littérature, politique! Je tente de ramener la conversation vers des sujets plus intimes, personnels, avec un petit succès. Les femmes l'ont toujours déçu. Toujours. Toutes sauf une, et encore... Il a été dépucelé à ... 33 ans! J'écoute tout ça et au lieu de me sauver à toutes jambes, je suis attirée encore. Il y a des mois qu'on se voit, qu'on se courtise, qu'il me tient la main, qu'il me dit m'adorer, qu'il recherche ma présence, me trouve tellement différente. Il est vrai qu'on a peu en commun, il aime sa musique, ses lectures, moi aussi je lis mais on ne lit vraiment pas la même chose, il n'a pas d'amis, parle beaucoup de sa mère décédée, en fait, sa maison est décorée avec des photos de sa mère. C'est curieux mais les gens curieux ne me rebutent pas.

Après le repas auquel il a à peine goûté, après deux verres de vin que j'ai bus toute seule, on passe au salon. Il parle alors de faire une promenade. Pas question! Je l'embrasse, le caresse et entreprends de le déshabiller. Il se laisse faire passivement. On se retrouvera dans son lit, à mon initiative. Je suis folle de passion. Ma passion peut bien aller se rhabiller. De son côté... rien!

Il faut être patiente, voilà tout. S'ensuivront de nombreuses séances de patience. Il est toujours partant pour me voir et aller au concert avec moi. Il me trouve merveilleuse et ne passe pas une journée sans m'écrire, m'appeler ou vouloir me voir. Mais nos sessions intimes sont toujours à mon initiative. Évidemment, je veux en parler. Il tente d'éviter le sujet mais je deviens de plus en plus obsédée par la chose. Je n'en reviens tout simplement pas. Il finit pas m'avouer que ça ne marchait pas plus avec les autres, que pour lui ce n'est pas vraiment important, que l'affection et la tendresse lui suffisent. Je lui parle Viagra et thérapie chez un sexologue et on a notre première dispute.

Nos échanges épistolaires passent alors d'amoureux et romantiques à acerbes. Il me traite d'obsédée sexuelle, je lui recommande de se faire soigner. La fin viendra rapidement, vous vous en doutez.

jeudi 3 avril 2008

Bof!

Je crois que ma déprime d'aujourd'hui d'origine inconnue en a une origine connue. Il y a bien sûr ma grande fille qui a sonné à ma porte tard un soir, ruisselante de larmes. Ma grande fille qui ne pleure jamais qui me sanglotait dans les bras. Je l'ai repoussée pour l'observer. Rien de cassé en apparence du moins. Et puis je l'ai reprise dans mes bras. Tellement rare qu'elle se laisse faire. Son corps est tellement frêle. "Manges-tu?" "Oui", qu'elle me répond à travers son torrent de larmes. Et c'est un bébé, une toute petite fille qui se laisse bercer. Histoire d'argent. Tout son argent. Celui qui était placé pour son avenir, pour ses études. Celui qu'elle a retiré une fois majeure. Elle pouvait, c'était à elle. Flambé le douze mille dollars. Par le chum. Mais le chum la fait vivre depuis longtemps et comme ils ont la philosophie " ce qui est à toi est à moi"... Ils voulaient s'ouvrir un restaurant. Elle s'accrochait à ce rêve. Elle veut que je lui prête de l'argent.

Je suis moins affectée qu'avant par les difficultés de la vie de ma fille aînée. J'ai appris à m'en protéger. Pour ne pas sombrer avec elle. En fait, elle va mal mais tellement mieux que ce que les spécialistes prédisaient. Drogue, prostitution et suicide. Rien de tout cela n'est arrivé.

Il y a aussi l'échec de mes projets de professeure de yoga. J'ai quitté un cours de professeure pour m'inscrire à un autre. Or, le deuxième cours devient de plus en plus hypothétique. Pas assez d'inscriptions. Et puis c'est broche-à-foin, je m'en rendais pourtant compte, mais je mettais le manque d'organisation sur le côté ésotérique de l'école. Je me retrouve le bec à l'eau un peu. C'était mon projet de vie principal. Je tourne en rond, fais du yoga le matin ce qui est très bien mais je ne retrouve plus l'intensité de la pratique de l'école, l'adrénaline et le sentiment extatique d'être vivante et de poursuivre un but.

Et puis aujourd'hui, en accompagnant Voisin à l'hôpital, j'ai vu des travailleuses tellement extraordinaires, efficaces, charmantes, pleines d'humour malgré la difficulté de la tâche. Et je me suis sentie vide et inutile en comparaison. Bon, je sais, il n'en tient qu'à moi. Il n'en tient qu'à moi.

Peut-être les hormones aussi? Commodes les hormones pour les femmes. On peut leur mettre bien des choses sur le dos. Facile.

Je vais aller marcher et courir un peu. Je ne peux pas faire de yoga tout de suite, je viens de manger. Bouger, c'est toujours approprié quand ça ne va pas et quand ça va aussi. Ce qu'il y a de magnifique, ce sont ces journées qui allongent. Il fait même encore soleil.

L'hôpital

Je déteste parler de maladie. Ma mère m'a toujours dit que c'était le sujet le plus ennuyant du monde, celui à éviter et qu'à la question "Comment ça va?" il ne devait jamais y avoir aucune autre réponse que "Bien, merci." Or, je vais à l'hôpital ce matin. Mais non, je ne suis pas malade! C'est pour Voisin. Un test d'intestin et il doit être accompagné. Du coup, je me tâte. Il est plus jeune que moi, un peu. Il va bien y avoir quelque chose qui va lâcher chez moi aussi éventuellement. Une vague angoisse m'envahit. L'hôpital, je le savais, ce n'est pas bon pour la santé.

lundi 31 mars 2008

Treize ans

Hier, on a passé un super après-midi ensemble Treize ans et moi à nous balader sur l'avenue Mont-Royal, à entrer dans toutes les boutiques, à profiter du soleil radieux et même à jaser joyeusement! Elle a tellement apprécié que lorsque l'heure de mon cours de yoga est arrivée et que j'ai voulu l'accompagner au métro pour qu'elle rentre à la maison, elle m'a demandé de continuer à se promener un peu. Pourquoi pas? Il faisait tellement beau. D'accord, tu te promènes jusqu'à dix-sept heures trente et tu rentres Treize ans. Marché conclu!

Je suis donc allée au yoga Iyengar, j'ai eu un superbe cours et c'est bien énergisée et joyeuse que je suis revenue chez moi. Il était sept heures et demi. Pas de fille au domicile! Un message sur le répondeur. Treize ans s'était rendue toute seule chez une de ses amies qui habite loin. Métro, autobus, elle avait trouvé le chemin toute seule! Ne pas oublier qu'on a affaire à une grande dyslexique, pour qui lire un plan de métro est toute une entreprise. J'étais à la fois très fière de cette grande preuve d'autonomie et fâchée qu'elle n'ait pas suivi mes directives. Finalement, les parents de l'amie l'ont reconduite à la maison. Et je l'ai donc d'abord félicitée pour la chicaner (pas beaucoup) ensuite. J'étais pas mal plus contente que fâchée. Elle va s'en tirer ma poulette!

La modération

Je modère les commentaires de mon blogue parce que je reçois des commentaires anonymes agressifs. Jamais arrivé avant. Les attaques ont rapport à mon âge. On me traite de vieille adolescente attardée et de bien d'autres choses que je ne répéterai pas. C'est vrai qu'une femme de cinquante ans devrait faire du sucre à la crème et tricoter des pantoufles en fentex en se berçant au clair de lune. Or, le clair de lune m'inspire autre chose encore. Dérangeant pour certaines personnes. C'est leur problème mais je ne vais tout de même pas leur faire le plaisir de publier leurs insultes.

samedi 29 mars 2008

Une journée

Une journée frustrante centrée sur les autres une journée où je n'ai pas eu la sagesse de me faire plaisir une journée trop vite passée dans laquelle je n'ai pas vu les petits bonheurs qui s'y cachaient sans doute trop concentrée sur la tâche sur l'action sur en finir pour passer à autre chose autre chose qui n'est jamais venue et me voilà le soir et il n'y a plus de temps et j'ai cette impression de gâchis léger plate bête.

vendredi 28 mars 2008

Voisin et son fils

J'ai appris à me taire quand Voisin parle de son fils. C'est fort souvent pour se plaindre. Il ne le voit qu'une fin de semaine sur deux et un mois l'été par ordre de cour. Il aurait préféré la garde partagée. Le gamin habite à une heure de route donc n'a pas d'amis chez papa. Il y a deux semaines, il pestait parce que le petit avait un test de classement pour sa future équipe de soccer et qu'il devait donc l'y conduire et handicaper leur fin de semaine ensemble, déjà qu'il le voit si peu souvent. Pas toujours capable de me taire, j'ai simplement dit qu'ils seraient ensemble pour ce test et qu'il aurait le plaisir de le voir jouer. Les yeux qu'il m'a faits! Incapable de parler à la mère après huit années de séparation, Voisin! Et là, hier, à la piscine, il se plaignait encore que la mère voulait changer les fins de semaine, pour sa fête à elle et qu'il en avait marre de toujours céder. Cette fois, j'ai su me taire et j'ai plongé. Bien profond.