samedi 8 novembre 2008

St-Henri

Il y a trop de choix possible. C'est étourdissant. Épeurant aussi. Je ne suis pas une femme toujours courageuse. J'ai envie de me terrer, de me cacher, de faire semblant qu'il n'y a aucun choix, que je les ignore, que ma vie peut continuer, pareille, morne, identique. Et pourtant, ce n'est pas moi non plus. Il y a toute cette éclosion, des élans, cette jeunesse qui ne me quitte pas, une soif de vivre inextinguible, cette ouverture, la confiance et le futur qui m'apparaît tellement vaste, grand, immense, sans fin.

"Réalises-tu qu'on en a plus derrière que devant nous?", me dit P alors que nous revenons d'un cours de yoga-Pilates auquel je l'ai accompagnée et que nous nous promenons émerveillées dans les rues de Bonheur d'occasion, oui, nous avons marché sur la rue de la famille Lacasse!

"Euh! Tu parles de quoi là?" mon grand sourire extasié était tombé un peu et ses paroles m'exaspéraient sournoisement. J'avais comme une envie d'écolière de lui donner une jambette, ou de gambader en lui tenant la main et en évitant les lignes du trottoir.

"À notre âge, on a plus d'années de vie derrière nous que devant, tu te rends compte de ça?"

"Non!!" que je lui ai répondu juste au moment où je me rendais compte. Le ciel était gris sur St-Henri.

"Allez, viens, P, je te paie un expresso, ils en font des excellents maintenant dans le quartier." Et je l'ai entraînée en lui prenant le bras et en marchant très vite, trop vite pour elle mais moi c'était mon pas coutumier et je n'avais aucune envie de ralentir.

jeudi 6 novembre 2008

Rage de sucre

Alors que j'avais un régime alimentaire parfait depuis quelques semaines (trop parfait?), je suis tombée dans les chocolats d'Halloween de ma fille, ceux-là que je lui avais pourtant demandé de cacher. Elle s'était contenté de les mettre dans un plat dans sa bibliothèque, bien à la vue entre ses livres. Je me sens misérable. Allez, on efface tout et on recommence. Demain sera un autre jour. Je n'ai pas dû en manger tant que ça ou bien elle en a une telle quantité que quelques barres en moins ne font pas grande différence, car elle ne s'en est pas rendu compte. Pas trop bon pour elle non plus, ces cochonneries, elle s'en repaît et ne mange plus mes soupers. Et c'est ma faute en plus. C'est moi qui avais acheté la majorité de ces chocolats qui me rappellent l'enfance, dans le but de les distribuer évidemment, mais il est passé si peu d'enfants que nous nous sommes retrouvées avec un considérable butin.

Le regard d'Istanbul

"Tu sais, ce qui m'a le plus frappée et ce qui m'a le plus enchantée aussi, ce ne sont pas les édifices, ni les cafés, ni l'exotisme, c'est le regard, bien qu'on peut parler d'exotisme ici, car nous les Québécoises, nous ne connaissons pas ça, le regard des hommes. Ceux-là regardent vraiment, ce n'est jamais déplacé, mais leur regard te dit que tu es une femme, que tu es un objet de désir, que tu existes en tant qu'être sexué et ça fait tellement de bien d'être regardée vraiment. Leur regard est franc, ouvert, présent, caressant. Ils ont le droit de regarder et le font avec fierté et dignité. Jamais un homme québécois ne va oser regarder comme ça, soit il ne te regarde pas, soit il te regarde comme si tu étais un autre homme, il n'y a pas de différence. Ici, tu n'existes pas en tant que femme, là-bas, oui. Nos hommes, on les a émasculés culturellement à force de leur dire qu'il ne fallait surtout pas qu'ils regardent les femmes comme un morceau de viande, on les a amenés à se nier dans leur entièreté mâle, on leur a appris à cesser de voir et de ressentir. J'aimerais vivre en Turquie, vraiment, pas que pour le climat et la douceur du temps, du thé, non, je voudrais y vivre pour le regard des hommes, celui qui me révèle ma féminité et me fait sentir entière et enveloppée. J'en ai plus qu'assez d'être transparente."

L revenait d'un de ses voyages et nous en parlait avec enthousiasme. Nous étions à la sala Rossa hier soir, mes belles amies et moi, pour le spectacle de Raïs, les musiciens et le chanteur en habits,cravates, sagement assis sur leurs chaises droites, sérieux, concentrés, impassibles. Mandoline, banjo, piano, tambourin, violon et la voix de Raïs, riche,aigüe et le hululement d'appréciation des femmes arabes dans la salle et puis certaines se lèvent, en transe, quelques hommes suivent, la chaleur monte et voilà Raïs lui-même qui arrête de chanter, se lève aussi transporté, se jette en bas de la scène et se met à danser avec les dames qui lui montrent leur ventre. Une soirée chaude.

mercredi 5 novembre 2008

Un nouveau jour va se lever

Viens
Un nouveau jour va se lever
Et son regard
Se moquera de l'autorité de César
Car les enfants
Défient les grands
Quand vient le temps

Le temps de l'esclavage
Le temps du long dressage
Le temps de subir est passé
C'est assez
Le temps des sacrifices
Se vend à bénéfice
Le temps de prendre est arrivé

Viens

Un nouveau jour va se lever
Et son soleil
Brillera pour la majorité qui s'éveille
Comme un enfant
Devenu grand
Avec le temps

Viens
Un nouveau jour va se lever
Et son regard
Se moquera de l'autorité de César
Car les enfants
Défient les grands
Quand vient le temps

Le temps des révérences
Le temps du long silence
Le temps de se taire est passé
C'est assez
Le temps des muselières
Se meurt dans la fourrière
Le temps de mordre est arrivé

Viens
Un nouveau jour va se lever
Et son soleil
Brillera pour la majorité qui s'éveille
Comme un enfant
Devenu grand
Avec le temps

Jacques Michel

mardi 4 novembre 2008

Mélodrame

Bon, c'est assez le mélodrame. Pense à autre chose, me dit Voisin. Et c'est ce que je fais. Yoga Iyengar niveau deux ce matin. Des poses debout ardues pendant une heure et demie. Je ne penserai sûrement à rien d'autre qu'à survivre à la difficulté de l'asana, dans l'ici et le maintenant. Et que ça bouge!

lundi 3 novembre 2008

Angoisse

Ce soir, je voudrais aller chercher ma petite fille et la ramener à la maison. Je l'ai appelée à son travail. "Mais pourquoi tu ne me laisses pas tranquille? Pourquoi tu n'arrêtes pas de téléphoner?" Et elle s'est mise à pleurer. "Tu reviens à la maison quand tu veux, n'importe quand, à n'importe quelle heure. Tu m'entends?" "Oui", et elle a raccroché.

dimanche 2 novembre 2008

Ouille

Cet après-midi, on déménageait le lit de Dix-sept ans dans ma Matrix, magnifiques petites voitures qui contiennent autant qu'une minifourgonnette, une fois les bancs baissés. Voisin m'a donc aidée à mettre le lit en pièces détachées dans la voiture et le chum de Dix-Sept ans devait m'aider à l'en sortir. Une fois arrivée chez elle, elle va le chercher et j'attends, j'attends, j'attends encore. Elle finit par sortir de chez elle, l'air furieux et s'empare des morceaux de lit. Enragée, elle déménage le tout avec moi et pas moyen de la raisonner ou de savoir ce qui se passe. Le chum est-il là? et si oui, pourquoi ne sort-il pas? Le lit sera finalement entré rapidement par une Dix-sept ans survoltée, je l'aide de mon mieux mais elle en fait une bonne partie toute seule car elle ne veut pas, mais vraiment pas, que j'entre chez elle.

Au retour, elle a l'air perturbé dans l'auto. Je sais qu'elle ne me dira rien, alors je lui parle du film avec Angelina Jolie qu'elle avait commencé à me raconter et elle retrouve sa bonne humeur. J'envoie Voisin avec elle faire le deuxième voyage pour transporter le matelas car si le chum n'aide pas, ce serait vraiment trop lourd pour elle cette fois et puis Voisin, elle ne va tout de même pas l'empêcher d'entrer, alors c'est plus sécuritaire comme ça. Je lui dis que je ne pourrai pas y aller parce que l'heure a changé et qu'il fera noir à mon retour et que je ne conduis pas quand il fait noir. Et en fait, c'est même la vérité.

Voisin me dira qu'elle est allée chercher le chum pour transporter le matelas, est revenue bredouille en expliquant qu'il dormait et lui a demandé de laisser le matelas dans l'entrée. Son chum allait le rentrer plus tard.

Me taire. Cette enfant est super intelligente. Elle va bien se rendre compte de ce qui arrive. Et qu'arrive-t-il vraiment? Ne pas porter de jugements. Lui faire confiance. Lâcher prise.

Voisin, lui, n'est pas inquiet. "Regarde-la marcher, forte, altière, décidée. Avec son caractère de combattante, quoi qu'elle décide, quoi qu'elle fasse, elle va s'en tirer, cette petite. Si le gars est un gnochon, elle ne va pas rester avec lui. C'est une bulldog, une gagnante. Je ne suis pas si certain que ça qu'elle le garde son petit, mais si elle le garde, elle s'en occupera toute seule s'il le faut."

"Oui, mais elle pourrait avoir une vie douce, facile, étudier tranquillement. Elle n'est pas obligée de travailler. Et puis sortir et avoir du fun comme les autres jeunes de dix-sept ans."

"Exact, mais ce n'est pas ce qu'elle a choisi. Elle aime les défis, elle s'en crée. Laisse aller sinon tu vas te rendre malade."

samedi 1 novembre 2008

Novembre

Le mois le plus gris. Traditionnellement un mois de vague à l'âme, de millepertuis, un mois que je passerais bien sous la couette avec un amoureux.

Pas d'amoureux cette année et pourtant le moral est au beau fixe. Trois de mes quatre enfants ont quitté la maison, un bébé entrera dans la famille, je me sens forte et en santé. Tout est possible.

vendredi 31 octobre 2008

Halloween

Coudons, est-ce normal que seuls des grands de plus de quatorze ans sonnent à ma porte pour l'Halloween? Ma Quatorze ans à moi, elle, est partie à La Ronde avec des amies, soirée spéciale à 15$ pour tous avec le coupon de réduction de l'internet.

Top dogs

Une pièce de théâtre que j'ai vue hier soir. J'ai décidé d'en parler dans mon blogue à chaque fois que je sors pour autre chose que l'exercice et le quotidien. Les sorties pour moi, pour mon plaisir, pour ma culture. Ça va m'encourager à sortir davantage.Je deviens vraiment casanière. La pièce? Excellente! Et ça ne parle pas de chiens, haha!

jeudi 30 octobre 2008

Animalerie

J'ai plein d'amis et d'amies qui sont fous et folles de leurs animaux. C'est tellement fort, émotif et intense que si j'osais leur dire ce que j'en pense vraiment, je perdrais leur amitié à coup sûr. Alors je me la ferme dans la vraie vie, je ne suis tout de même pas assez hypocrite pour leur dire que je les comprends pour vrai, mais je les écoute me dire leurs peines et leurs tourments et je suis même allée consoler amie P aujourd'hui et elle a pleuré dans mes bras. Je suis restée tout à fait silencieuse cependant. Les amies sont là pour ça, écouter et consoler et se taire quand il le faut et ça, je sais faire.

Amie P, qui est une personne adorable qui donne des cours d'anglais à ma fille, qui vient d'Angleterre et qui a une vaste culture, a donc une chienne de huit ans, une épagneule noire assez sympathique je l'avoue bien qu'elle ait un problème de puces que P essaie en vain de traiter depuis des mois. Elle avait une bosse au genou droit, qui grossissait tranquillement. Pas grave, lui dit le vétérinaire de quartier, on va lui enlever ça, petite chirurgie, amenez-moi le chien. C'était hier. Or, la bosse est cancéreuse, rendez-vous d'urgence chez l'oncologue canin (oui, oui, le même jour, quand on dit que certains animaux sont mieux traités que les humains, c'est tout à fait vrai). Diagnotic du grand spécialiste: le seul moyen d'empêcher le cancer de se répandre est l'amputation de la patte. Les chiens se débrouillent très bien sur trois pattes, madame. Coût de l'opération: 3500 dollars. Coût de la consultation de dix minutes avec l'oncologue canin: 220 dollars.

Un chien de huit ans sur trois pattes avec des coûts exorbitants associés, vous et moi, bon, d'accord peut-être pas vous, mais certainement moi, j'aurais pensé à l'euthanasie. Pas mon amie. Et elle n'est pas riche, là, pas du tout. Elle a demandé un délai pour réfléchir et en fait, c'est surtout au moyen de payer une telle somme d'un coup, les vétérinaires ne font pas crédit, qu'elle veut réfléchir. En attendant, elle est affligée par la maladie de sa petite chienne. Vraiment affligée là. Me semble qu'elle a pleuré bien moins que ça quand sa mère est morte.

L'autre cas, c'est mon amie L, une fille extraordinaire, une voyageuse émérite, une fille qui revient de Turquie, toute seule, elle voyage toujours seule dans toutes les contrées du monde, elle a des connaissances générales et musicales époustouflante, une maison décorée avec un goût très sûr, de nombreux locataires dont elle s'occupe evec diligence et doigté. Quand elle part en voyage, elle a un système incroyable de garderie pour ses deux chats. De véritables équipes se relaient pour s'en occuper, il y a même une dame qui vient leur jouer du piano! L n'a pas d'enfant ni de mari et ses chats sont ses enfants et elle leur dit "Bébés, maman est rentrée à la maison" quand elle arrive. En plus, elle est vaguement allergique aux chats et doit prendre des médicaments pour continuer à vivre avec eux. Bon ... passe encore.

Mais voilà que son matou de ..... onze ans! souffre d'insuffisance rénale chronique. Elle doit lui administrer oralement des médicaments deux fois par jour sinon, il crève. Alors, depuis son retour de Turquie, ma chère amie (je la connais depuis 47 ans, on s'est rencontrées en troisième année primaire!) n'a plus de vie sociale. Elle était celle qui organisait des petits soupers de fille au resto, elle habite le plateau et connaît une multitude de restaurants, fini les petits soupers, madame doit rentrer pour soigner son chat. Le chat se débat tellement pour ne pas avaler la fameuse pilule, que sa propriétaire lui a cassé une dent en tentant de la lui introduire de force dans la gorge. Là encore, des frais considérables!

Et puis, il y a Voisin, mais je vous en ai déjà parlé. Voisin n'exagère pas trop au niveau financier, il tond ses chiens lui-même, leur détrarte les dents lui-même aussi et ne leur achète ni bottes ni manteaux. Non, Voisin, lui, c'est au niveau affectif que c'est ridicule (oui, je sais, c'est un jugement, ce texte en est un de défoulement!). Il peut parler de ses chiens pendant des heures, je n'exagère pas, une fois lancé, il est intarissable, ses sorties les plus palpitantes se passent au parc à chiens, parce qu'il peut les admirer avec d'autres et encore en parler avec d'autres gagas. Il ne va pas en vacances pour ne pas les quitter. Et il dort avec, pas au pied du lit là, dans ses bras!

mercredi 29 octobre 2008

CLSC

Nous sommes allées ensemble aujourd'hui. Ça nous a fait du bien. Une bonne écoute tant pour la mère que pour la fille, une super travailleuse sociale expérimentée et à l'écoute et qui dit juste ce qu'il faut quand il faut. C'est comme je pensais, il y a tout plein de services pour les jeunes mères défavorisées (c'est pas moi qui l'ai entrée dans cette catégorie, c'est la travailleuse sociale et Dix-sept ans n'a pas bronché). Elle s'est inscrite partout, va recevoir plein d'aide de nature diverse, médicale, psychosociale, psychologique, programme OLO et aura probablement même accès à une sage-femme. On l'aidera à faire un budget. La travailleuse sociale lui a demandé au début si il y avait un père dans le décor, ma fille a dit oui, mais, compétente comme elle était, elle a bien remarqué qu'il n'y était pas (il dormait) alors elle n'en a plus reparlé de tout l'entretien et ma fille non plus. On est ensuite allées manger ensemble et je me suis laissé aller à la joie de devenir grand-mère (un peu). Arrêt au Renaud-Bray, c'était tout à fait capotant ces magnifiques livres couleur sur la grossesse. Il y avait un super livre avec des photos du foetus en utero à tous les stades de développement. Ma fille a refusé même de le regarder, elle trouvait ça dégoûtant. Mais les livres sur l'alimentation et les soins pendant la grossesse, elle était très intéressée. Elle devra enlever son bijou de nombril. "Pas grave, j'en ai profité plusieurs années. Et je m'en ferai poser un autre après si ça me tente." Et elle trippait sur un super journal de grossesse. Alors un gros almanach de grossesse très complet, le fameux journal convoité et un autre livre très bien fait sur la grossesse au naturel furent les premiers cadeaux à la future mère.

mardi 28 octobre 2008

Consolation

On pourrait croire que c'est parce que j'ai cinquante-cinq ans (non, je n'en reviens pas encore!) et vingt livres, non, quinze, j'en ai perdu cinq, hourra! en trop que je suis seule. Mais quand je lis ces blogues de jeunes célibataires charmants et charmantes, articulé(es), beaux et belles comme des coeurs et qui cherchent un partenaire parfois depuis un bon moment, je me dis que ce n'est pas ça du tout!

lundi 27 octobre 2008

Mais

La vie n'est pas une vie rêvée. Hier, Dix-sept ans était là au brunch familial. Elle était toute fière de montrer à tous le nouveau sac Prada qu'elle s'était acheté! Ne pas porter de jugement.... ne pas porter de jugement... ne pas porter de jugement. Elle n'a pas parlé de sa grossesse. Tout le monde était de bonne humeur. Ensuite, elle est passée à la maison, je lui ai donné des articles de cuisine, elle a fait des sacs avec les nombreux vêtements qui étaient encore dans sa chambre, on a rempli la voiture et je suis allée la conduire chez elle. Elle nous a dit ce qu'elle voulait ou ne voulait pas de ses meubles. Son bureau de travail, elle nous le laisse.... (hum...) Le déménagement est maintenant effectif. Il leur manque une table de cuisine mais pour le reste, ils auraient à peu près tout. Elle ne m'a pas laissé entrer encore mais c'est très bien comme ça.

Si

Si la compagne de mon fils était enceinte, ils nous l'annonceraient lors de ces brunchs familiaux qu'on a souvent le dimanche. Ça se passe dans un restaurant de l'Île-des-Soeurs, nous y sommes connus, nous prenons la grande table en face des fenêtres. Au café, il dirait, tout souriant, à ma mère, "Grand-maman, j'ai une grande nouvelle." Elle le regarderait intriguée, les yeux brillants. "Tu vas encore être arrière-grand-mère." S'ensuivraient des embrassades, des félicitations et un bonheur familial partagé sans mélange.

Ma joie serait totale, sans une ombre d'inquiétude. On parlerait sage-femmes, je lui dirais que je connais une bonne accompagnante à la naissance, elle prendrait les coordonnées, à moins que tout ne soit déjà planifié, la blonde de mon fils étant particulièrement prévoyante. Ils rentreraient dans leur beau chez-soi confortable et moi dans le mien beaucoup moins confortable. Je me sentirais heureuse et je continuerais ma vie sans grand changement. Des nouvelles et des visites de temps en temps. Une fois le bébé là, je le verrais à mon rythme, quand ça me chante et quand ça ne dérange pas les parents. Ils n'auraient aucunement besoin de mon aide, pourraient se payer des gardiens au besoin et en auraient déjà en réserve. Je n'aurais d'inquiétude ni pour cet enfant, choyé émotivement et matériellement, ni pour ses parents, matures et compétents. Devenir grand-mêre serait un grand plaisir.

vendredi 24 octobre 2008

Fais quelque chose

"Fais quelque chose. Plus le temps passe, plus ça va être difficile pour elle d'avorter. Fais quelque chose maman. Je lui ai parlé. Elle n'écoute rien. Pourquoi tu n'es pas allée au clsc avec elle? La travailleuse sociale est une professionnelle. Elle lui aurait fait comprendre le bon sens. Fais quelque chose maman. C'est un cauchemar cette histoire-là. On ne peut pas la laisser gâcher sa vie comme ça. Maman, tu m'écoutes?" C'est mon grand fils de 28 ans au téléphone, paniqué, en souffrance. Je me sentais bien forte ce matin, mais je suis encore facilement ébranlable. Pourquoi donc je ne suis pas allée avec elle au clsc? Je l'ai appelée, j'ai laissé un message. Je vais lui proposer qu'on y aille ensemble dès qu'elle a congé.

Forte

Aujourd'hui, je me sens dure, je me sens forte, je me sens armée, je me sens solide, je me sens décidée. Dix-sept ans sera majeure dans un mois. C'est une adulte, une jeune adulte mais une adulte qui peut faire ses choix que je vais respecter. Elle entre dans le monde des grands, elle saute dedans à pieds joints, je ne peux et ne dois la retenir. Je vais cesser de l'appeler tous les jours, je la dérange, ça paraît. Elle fait appel à moi quand elle a besoin de moi, attendons que ce soit le cas. Hier soir, alors que je l'appelais encore, elle a soupiré, elle était à faire du ménage avec sa super amie qui étudie pour devenir infirmière, celle qui suit sa grossesse dans ses livres, celle qui sera toujours là pour elle et celle qui excelle en ménage aussi!

Dix-sept ans n'est aucunement en détresse, bien au contraire, elle est pleine d'énergie et d'enthousiasme et certaine de sa décision. Elle a une grossesse très facile, prend soin d'elle et a l'air au-dessus de ses affaires et elle l'est probablement. Je vous l'ai dit (euh... peut-être pas?), c'est loin d'être une imbécile ni une pauvre misérable petite fille enceinte malgré elle. Elle parle de cours prénataux, d'aquaforme et de yoga pour femmes enceintes, elle mange bien, se repose, va organiser leur petit logement en fonction d'un bébé. Dix-sept ans est en bonne santé physique et mentale.

Qui suis-je pour juger de sa vie? Car c'est bien ça que je fais, juger qu'il serait plus pertinent qu'elle attende pour avoir des enfants. Et pourquoi donc? Parce que moi j'ai eu mon premier enfant à vingt-sept ans et mon dernier à quarante et un ans? Pas toujours drôle pour Quatorze ans d'avoir une vieille maman. Des situations idéales, il n'y en a pas.

Alors, je fais ma vie, elle fera la sienne, j'aurai un petit-fils ou une petite-fille et ce sera une grande joie, parce qu'un enfant, c'est un cadeau, c'est de l'espoir, c'est de l'amour et c'est doux et chaud et oui, il y a les coliques et les couches mais moi non plus, quand j'ai désiré un enfant, je ne pensais pas couches et colique mais bien petit corps tout chaud au sein et sourires et premiers pas et premiers mots.

Mon rôle actuel, c'est de me la fermer tant qu'on ne me demande rien. La mère et la belle-mère fatigante et envahissante, ce ne sera pas moi, je le jure.

Pour ce qui est des condos neufs qui m'intéressent, mes amis, c'est la jungle. Les Lofts Imperial et le Lowneys, on est allées visiter et revisiter les deux, compétente belle-soeur et moi. Tout se vend tellement vite, on se sent comme dans un rat race. Au Loft imperial, on a bien rigolé avec le jeune vendeur qui nous a confirmé que la moyenne d'âge des acheteurs est de 28 ans, alors je lui ai dit que moi, la mémé du groupe, je leur apporterais du sucre à la crème à la piscine. Il a dit qu'il allait alors tout faire pour que j'y emménage car il y vit présentement et adore le sucre à la crème! Je m'entends toujours bien avec les jeunes, c'est curieux ça.

Mais les prochains condos ne seront terminés qu'au printemps 2010! La grosse mode, c'est d'en acheter maintenant comme un investissement et de les revendre plus tard avec un profit. Je trouve tout ça bien complexe, en plus, acheter sur plan, pas si évident. J'ai encore de la misère à comprendre les plans et des fois je doute de mon intelligence. Ma belle-soeur, elle, excelle et dans les deux visites, c'est elle qui expliquait certains détails des plans aux vendeurs.

Si je veux du neuf neuf jamais habité, il faut donc acheter maintenant sur plan pour plus tard. Je veux du neuf mais tout de suite et préférablement pas sur plan. Là aussi, ill va falloir m'ajuster. je serais ravie d'habiter en plein centre-ville dans l'action.

jeudi 23 octobre 2008

Claudie

Il y a Claudie qui nous fait part de son expérience personnelle de grossesse précoce et je l'en remercie.

État de choc

J'ai beau me dire qu'il n'y a rien là que ma fille soit enceinte et veuille le rester, que ça ne me concerne qu'indirectement, que je devrais vaguer à mes occupations comme si de rien n'était, que la vie continue et est belle, je suis paralysée et ne fous rien du tout, gelée, foudroyée, pétrifiée. Heureusement que belle-soeur vient me chercher bientôt sinon ma journée serait complètement foutue.

La belle-soeur

Celle qui est tellement pragmatique et organisée. Je l'ai mise au courant de la grossesse de sa filleule.

Belle-soeur: "Ouais, va falloir procéder pour ton achat de condo."

Moi: "Tu crois?"

Belle-soeur: "Oui, petit, le condo et ça presse. Deux petites chambres."

On va en visiter un à quatre heures.