mercredi 14 mai 2008

Deux cent cinquante dollars

Deux billets de cent et un de cinquante dans une enveloppe. Je me sentais comme la fille qui quitte Ikea en courant en disant à son chum de démarrer rapidement. Mon allusion à une publicité n'est pas gratuite ici car j'ai fait partie hier d'un groupe d'opinion sur des publicités justement. Un beau bureau, des fauteuils confortables, du café, de l'eau, des biscuits que personne n'a mangés et deux heures à se faire présenter des publicités et à dire ce que l'on en pensait, tout à fait librement. Agréable. Et très bien payé je trouve!

mardi 13 mai 2008

Le temps

Je n'en ai plus. Le cours de professeur de yoga qui normalement durerait un an est vraiment intensif et sera complété en trois mois. C'est commencé depuis vendredi dernier. Il y a une femme enceinte qui accouchera pendant le stage et qui y amènera le bébé. Alors, nous apprenons le yoga adapté à la femme enceinte en même temps. Flyé le cours, ésotérique en masse. J'en prends et j'en laisse. Je prends le meilleur évidemment. J'apprends et pas seulement sur le yoga. Riche. Pas facile mais aucune formation de professeur de yoga n'est facile. On travaille sur soi. Confrontant. Je suis tellement contente d'avoir l'âge que j'ai et l'expérience de vie que j'ai pour suivre ce cours. Je suis capable de critique, d'autocritique et de patience aussi, car ça en prend. Beaucoup!

mercredi 7 mai 2008

Le plancher

C'est l'enfer décaper un plancher malencontreusement peinturé à la peinture à l'huile, sans machine, au décapant et à l'huile de bras. Je ne savais pas du tout dans quoi je m'embarquais et Voisin qui est à son travail a pris soin de ne pas m'en avertir. Michèle a raison, j'aurais dû le faire faire le fameux plancher qui m'apparaît comme immense à force de le gratter. J'y travaille depuis le matin et Quatorze Ans m'aide heureusement. Je n'ai pas eu à le lui demander, devant mon air hagard et dopé à son retour de l'école, elle a spontanément décidé de venir à ma rescousse. Chère enfant!

La violence verbale

"Il you don't come here right now, I'll cut your head off!" La victime de cette violence verbale est une toute petite fille de deux ou trois ans qui a eu le malheur de s'éloigner de sa mère au guichet automatique. Il y a un autre client. Je ne dis rien mais je sursaute. La mère est toute jeune et fort jolie, la fillette adorable et habillée comme une princesse. La poussette est une Perego, pas donnés ces bidules-là. "Last chance!", crie la jeune mère. La petite s'approche alors. "Good choice", commente la jeune femme d'un ton tout aussi agressif et menaçant. Elles quittent. La mère pousse la poussette et la petite marche derrière. Aurais-je dû intervenir? Il me semble que oui. La violence verbale, ça fait très mal. Ça marque autant que les coups et puis les coups l'accompagnent souvent de toutes façons. Ne rien dire, c'est comme accepter. Pas trop fière de ma non-intervention. J'aurais pu, il n'y avait pas foule, un autre client, la jeune femme et moi. J'aurais dû dire quelque chose, désapprouver, doucement. Le bien-être des enfants, c'est l'affaire de tous.

mardi 6 mai 2008

La déconvenue aquatique

J'aime apprendre. J'aime réussir. J'aime progresser. J'aime me sentir bonne et compétente. La natation ne m'apporte rien de tout ça pour le moment. Le professeur a fini par me dire, découragé, que la brasse était un style de nage qui ne me convenait pas et qu'on se concentrerait sur les trois autres. J'ai donc pratiqué le crawl et bu beaucoup d'eau. Au moins, là, je sens qu'avec énormément de pratique et d'effort, je pourrais peut-être y arriver ... un jour. Aujourd'hui, j'avais envie d'abandonner. Je ne le ferai pas, voyons donc! Mais j'ai décidé de prendre ça plus mollo, d'introduire du plaisir là où il y en a peu. Alors après deux ou trois longueurs de mon crawl débutant et maladroit, je papote avec les charmantes débutantes qui elles avaient peur de l'eau et dont le prof s'occupe individuellement, ce qui leur laisse du temps libre à clapoter en attendant qu'il revienne. Je clapote et je papote avec elles, et puis je retourne à mes longues longueurs. À la fin du cours, on est allées en eau profonde. Là, je me sentais bien à me maintenir à la surface. Pas difficile ça. Pour couronner le cours, notre sexy professeur nous a demandé si quelqu'un voulait essayer de plonger. Personne. Il a alors fait une démonstration de ses talents de plongeur à sa cour féminine en extase et on a applaudi. Je sentais le jeune coq en lui frémir de jouissance. Il est comme mon fils, ai-je dit à la dame srilankaise qui avait peur de l'eau il y a cinq semaines et qui était là maintenant avec nous dans la partie profonde de la piscine, il aime être admiré. Il est comme tous les hommes, m'a répondu cette femme d'expérience!

L'escalade

Il y a eu ce futur nouveau lit donc. L'ancien est parti. On n'a alors pas pu se cacher que le plancher était affreux. On va le sabler et le vernir. Petit travail minime. Premièrement, il faut vider la pièce. Une pinotte. Pas dans une chambre d'ado, lecteurs sans enfants, pas dans une chambre d'ado! Incroyable tout ce qu'il y avait là-dedans! Alors on vide, on nettoie, des heures de joie. Et puis Voisin arrive, je l'ai engagé pour m'aider à sabler le plancher. Il enlève les corderons, défait les fenêtres pour que je les lave et puis nous voilà au magasin de location. C'est énorme, ces machines à sabler et extrêmement lourd.

Avant de commencer la job, Voisin s'exclame "Tu ne vas tout de même pas lui laisser les murs comme ça. La chambre a vraiment besoin de rafraîchissement!" Ouais, on ne voit pas vraiment les murs sous l'amas de posters, mais il a quand même raison. On refait le plancher et je vais repeindre. Nouvelle tâche.

Sabler un plancher, une peccadille? Quand la machine à sabler ne fait pas sauter les circuits électriques peut-être. Ils sautent tellement que je me tiens à la cave pour rallumer pendant que Voisin fait un tout petit bout, ça saute, je rallume, un autre petit bout et on recommence. À ce rythme ridicule, ça n'avance pas du tout, Voisin gueule des jurons français et puis on décide plutôt de travailler avec l'autre petite machine pour faire les rebords. On doit remettre le tout avant cinq heures et puis moi j'ai mon yoga. Tâche non complétée!

La nuit dernière, Quatorze ans a donc dormi dans ma chambre qui est devenue notre chambre. Elle s'y est installée avec tous ses gugusses indispensables d'adolescente. Est-ce que je me sens envahie? Oui! Temporaire, temporaire, un temporaire qui risque de s'éterniser, car je commence enfin et avec joie et plaisir ma formation de professeure en yoga intégral. Je serai donc occupée de sept heures le matin jusqu'à huit heures le soir.

Le plancher, je vais le faire au décapant à peinture et à la laine d'acier et je sablerai à la main. Bien du plaisir en perspectives! Et puis viendra la peinture. Quand? quand je pourrai. Pendant ce temps, ma chambre devient une chambre familiale. Quatorze ans ne se plaint pas, elle. Heureuse nature. Elle est encore venue au yoga avec moi hier soir et apprécie de plus en plus. La professeure la garde tout à côté d'elle et elle a droit à bien des égards et des soins particuliers.

samedi 3 mai 2008

La fête et le lit

Le dernier anniversaire que je célèbre en grandes pompes en recevant la gang d'amis, c'est celui des douze ans des enfants. Après, il y a encore une réception, mais elle est familiale, le gâteau, le souper spécial, à la maison ou au restaurant selon ce que le ou la fêtée désire, mais pas de gang d'ados qui squattent ma maison. Je ne m'en sens pas coupable. En général. Je me sentirais tellement anxieuse à l'idée d'accueillir quinze ou vingt vrais adolescents chez moi que le très léger tiraillement ressenti alors que Treize ans bientôt Quatorze insiste pour avoir un "vrai" party, vaut bien l'évitement de cette invasion que je crains et redoute. Les autres s'en sont accommodés, ce sera de même pour elle. Et pourtant, je vous l'ai déjà dit... je ne suis plus la même mère que j'étais. Avant, il y avait plusieurs enfants et il fallait penser au bien de tous, maintenant, elle est toute seule et je lui en donne bien plus, c'est vrai.

Elle veut un grand lit comme cadeau d'anniversaire. J'ai vendu son lit d'enfant à Voisin qui en avait justement besoin d'un et nous sommes allées magasiner, ma fille et moi. Chez Brault et Martineau, celui de Lasalle, les vendeurs sont d'une arrogance épouvantable. J'aurais trouvé ce que je cherche que je n'achèterais pas à cause de leur attitude méprisante et condescendante. Surtout le dernier, un jeune, pas si jeune que ça en fait, suffisant. Comme si la job de vendeur de lits chez Brault et Martineau était le nec plus ultra de l'ascension sociale. Il s'est mis à nous toiser et à nous répondre du bout des lèvres en regardant ailleurs et en baîllant quand je lui ai dit comme entrée en matière, de me montrer les lits les moins chers. Son intérêt mercantile est tombé tout à fait. On a quitté et j'ai dit à haute voix en partant qu'on allait chez Sears où les vendeurs sont bien plus aimables. "Maman, ne parle pas si fort. Le monsieur va t'entendre." "Mais c'est bien si le monsieur entend que nous partons parce qu'il donne du mauvais service, Treize ans. Peut-être sera-t-il plus aimable pour les prochains clients." ai-je répété sans baisser le ton.

Chez Sears, là, elle est tombée en amour avec un splendide lit bateau à mille dollars. Sans le matelas. Ouf! Viens, belle chérie, on va aller voir ailleurs. Finalement, à "Dormez-vous?", on avait un bon deal qui sera finalisé sous peu. Je réfléchis toujours quelques jours avant d'acheter.

C'est ce soir le souper familial pour l'anniversaire de Treize ans qui s'appellera Quatorze ans dans quelques jours. Fille aînée a promis d'y être. Y sera-t-elle? Les paris sont ouverts.

vendredi 2 mai 2008

Mes amours

Inexistants. Il y a bien ce fantastique jeune homme dans un lointain pays (l'Ontario, ce n'est pas un autre pays?) qui reviendra bien me revoir un jour peut-être, mais de vrais amours, dans la vraie vie, il n'y en a plus. Je vois souvent Voisin mais notre relation est devenue platonique. Or, mes amis, le principal avantage de ne pas travailler, c'est de pouvoir faire l'amour en plein après-midi. Conclusion: je vais me trouver un emploi. Ou un amoureux. J'hésite entre les deux. Je vais aller râteler la cour en attendant (encore? penserez-vous. Encore! répondrai-je.)

-Que faisiez-vous de votre temps?

-Nuit et jour, à tout venant
Je râtelais , ne vous déplaise

jeudi 1 mai 2008

Le cadre

Je ne vais tout de même pas me plaindre de ne pas travailler alors que vous, vous vous levez tous les matins, tente tente pas, vous vous préparez parfois en maugréant et vous vous dépêchez pour arriver à ce travail que vous aimeriez peut-être quitter, en rêvant à la retraite, à cette période bénie où vous vous lèverez quand vous voudrez et ferez ce qui vous chante.

J'en suis là, heureuse femme. Tout est devant moi, tout est possible, rien n'est exclus. Mais sans discipline, mes amis, on tourne rapidement en rond. Pour dire la vraie vérité, dont je ne suis pas trop fière, j'accomplissais bien plus de choses dans tous les domaines quand j'avais un job. Même ma maison était plus propre (bon, j'avais une femme de ménage, ça aide!). J'avais un cadre et je brodais autour. Maintenant, tout dépend de moi et de moi uniquement.

Je m'étais dit que je me lèverais encore à cinq heures et demi pour aller au yoga matinal de temps en temps. Quand mon réveil a sonné ce matin, je l'ai éteint. Personne ne m'attend sauf moi-même. Je me suis rendormie.

Mes cours de professeure de yoga devraient commencer dans une semaine. Mais hier, je suis allée avec ma fille à la méditation du mercredi soir de l'institut. Une heure de route. Une autre heure pour revenir car le centre n'était pas ouvert, malgré leur publicité, malgré une belle affiche dans la porte qui spécifiait qu'on était le bon soir et la bonne heure. Bien de la misère avec ça, le monde pas fiable. Soyons positif, peut-être un accident, une urgence, autre chose? Nous étions seules devant la porte, Treize ans et moi. J'ai laissé une note dans la boîte aux lettres, j'attends une explication.

Je sers de chauffeure pour mes tantes âgées ces temps-ci. Plus de quatre-vingt ans, on peut dire "âgées" sans vexer personne, je suppose. Bien que je n'utiliserais pas "vieilles" en parlant d'elles, car elles sont tellement dynamiques et vivantes et trippantes aussi et cochonnes tant qu'à y être. Que de blagues grivoises elles peuvent faire quand elles sont ensemble. Bref! Je rigole. Tout sauf déprimant, sortir avec elles.

mercredi 30 avril 2008

La cave

Ma grande est plutôt petite. Elle m'a reçue dans son minuscule appartement dans une cave. Pas dans un sous-sol, dans une cave, sa vue donne directement sous les balcons et c'est nouveau qu'elle en ait une vue, depuis que le banc de neige est fondu seulement. Elle a passé l'hiver sans fenêtre. Tout propre son tout petit appartement. Elle n'a pas de table. Ils mangent assis sur leur divan déchiré. C'est elle qui l'a déchiré lors d'une de ses crises de rage. Bien sûr que j'ai déjà offert de leur en procurer une table. Ils n'ont pas de place, me dit-elle, et puis ils préfèrent sans. Quand je repense à mon premier appartement, je comprends tout à fait. Je me suis donc assise à côté d'elle sur le divan raccommodé au scotch-tape, devant la télé. J'ai demandé si on pouvait allumer la lumière, elle a dit oui. On a parlé un peu d'elle. Elle ne pouvait pas sortir parce qu'elle avait mal à la gorge. Elle était emmitouflée dans sa doudoune sur le divan et me disait qu'elle allait mieux, que les médicaments l'aidaient déjà. J'avais apporté des livres sur la dépression, deux pour elle et un pour son chum, un livre pour ceux qui vivent avec quelqu'un qui fait une dépression. En anglais? Il ne pourra pas le lire, qu'elle me dit. Je lui en ai lu des bouts. Quand elle a compris que le conseil majeur était de faire soigner la personne même malgré elle, de créer une équipe et de l'entourer, de ne pas rester seul isolé avec une personne malade, elle m'a dit de le rapporter, ce que j'ai fait.

On a rempli ensemble son formulaire de demande de passeport. On a abordé très légèrement le thème de la psychologue. Très très légèrement. Et puis, ses yeux se sont fermés. "Tu dors?". "Oui", me répond-elle. Le congé m'était donné. Mais avant que je parte, elle a tenu à me servir du gâteau. Régime ou pas, j'en ai pris. Ma fille qui avait du gâteau dans sa maison et qui m'en servait un morceau ("pas trop gros, grande fille, pas trop gros") dans une jolie assiette, toute fière, c'était un beau spectacle tout de même. Elle m'a même regardée en manger avec les yeux brillants. Si elle en a mangé aussi? Mais non, voyons, elle a des tendances anorexiques, ma toute belle, ma toute délicate enfant. Je suis partie, son chat me suivait, elle l'a pris dans ses bras. "Tu vois assez dans l'escalier?" Noir, cet escalier de cave, totalement noir. Mais oui, ma belle, je vais me débrouiller et je suis touchée que tu te soucies de ma sécurité. On se revoit mardi prochain à la même heure? Si tu vas assez bien, on ira se promener. Elle a plus ou moins répondu. La sortir de sa cave, ce n'est pas une mince affaire. Mais elle m'a semblé beaucoup mieux que la dernière fois que je l'avais vue, il y a une dizaine de jours.

Dans le livre en anglais pour le conjoint, les parents et amis d'un malade mental adulte, le conseil donné aux parents, c'est de voir un psychologue pour eux, pour les soutenir dans cette épreuve. C'est une bonne idée. Leur rôle est délicat en effet. Ne pas prendre en charge l'enfant adulte mais être là pour l'aider à sa demande. Ceci ne s'applique pas si la personne est suicidaire évidemment, dans ce cas, il faut passer aux mesures d'urgence.

mardi 29 avril 2008

Les saucisses au tofu

C'est pas bon, point. Troisième sorte que j'essaie. Essais terminés. Des hotdogs, on n'en mange plus parce que la saucisse au tofu ça ne goûte rien malgré tous les accompagnements et puis on est végétariens, alors finito.

dimanche 27 avril 2008

Treize ans

Pas de Vieux-Montréal hier finalement. Une chicane avec Treize ans. Je lui avais demandé de râteler la cour et de remplir un grand sac orange avec les débris de l'hiver. Pendant ce temps, je m'occupais du lavage et de d'autres tâches domestiques. Quand elle aurait terminé, on partirait. Simple, non? Pour vous et pour moi, mais pas pour elle, ça a l'air.

Elle procrastinait, accablée. Me demandait constamment d'aller l'aider, comme si la tâche était vraiment au-dessus de ses forces. Jeudi, sa prof m'avait appelée pour me dire qu'elle ne progressait pas en cours privés, mais aussi qu'elle était très passive en classe et qu'il fallait constamment lui rappeler de se mettre à la tâche, ce qu'elle faisait sans enthousiasme. Mon amie P, qui a recommencé à lui donner des cours d'anglais, s'est aussi plaint du manque d'enthousiasme et de la passivité de la demoiselle. Et là, je voyais le même phénomène sous mes yeux. Fille qui coupe un petit bout de bois bien lentement, ouvre le sac tout aussi lentement et met son petit bout de bois dedans en soupirant et en me criant de venir l'aider.

Je sors et je lui dis que si elle a la même attitude en classe, normal que les professeurs se plaignent. C'est un tout petit travail que je lui avais donné, un travail qui n'a rien à voir avec ses troubles d'apprentissage et voilà qu'à cause de son attitude, il n'est pas fait encore malgré qu'elle soit dehors depuis une heure. Bref, je la chicane.

Mademoiselle rentre en trombe dans la maison et part par la porte d'en avant. Elle reviendra peu après pour prendre sa carte de métro, son cellulaire et son portefeuille et quitter de nouveau. J'essaie bien un peu de la retenir pour discuter et puis je la laisse faire. Elle m'appelle du métro, me dit qu'elle va s'y promener. Je lui demande à quelle station elle s'en va et lui demande de m'appeler quand elle y sera. Je ne suis pas vraiment inquiète. Tellement pas en fait que je vais faire des courses. Au retour, elle m'a laissé un message disant qu'elle revenait. Son sac l'attendait toujours dans la cour. Je suis restée ferme là-dessus. Elle l'a rempli.

On n'a pas trop discuté de la situation, les circonstances ne s'y prêtant pas. Je ne suis pas certaine de l'attitude à prendre. J'ai énormément d'empathie pour elle, trop peut-être. Je la surprotège, vous croyez?

Ce qui est bien, c'est qu'elle a deux camps de vacances cet été, dans des milieux normaux. Vingt-cinq jours loin de la maison. Ça va nous faire du bien à toutes les deux.

samedi 26 avril 2008

Les dents

Finalement, la mère de la jeune fille m'a demandé de lui prêter de l'argent car les assurances ne paieront pas pour le traitement orthodontique. Elle avait une évaluation en bonne et due forme et un plan de paiement. Sept mille cinq cents dollars. Ces gens-là travaillent fort tous les deux à petit salaire. J'ai donné mille dollars. Elle dit qu'ils vont pouvoir commencer le traitement avec ça et se serrer la ceinture pour le continuer. J'en ai parlé à ma mère qui a spontanément voulu contribuer. On va attendre un peu pour voir ce qu'il en est. La deuxième fille aussi a de mauvaises dents mais ce n'est pas monstrueux comme la première à qui on va enlever six dents en partant! Des dents excédentaires qui ont poussé tout croche en avant par dessus les autres. Déjà ça fait, la différence sera énorme.

Petite journée grise. Treize ans déprime. Elle sait qui s'en vient dans sa classe de l'année prochaine et dans le lot, il y a une fille raciste qui lui a déjà fait bien du tort. Et puis, sa prof m'a téléphoné pour me dire que je payais pour rien car ma fille ne progresse à peu près pas avec les cours privés. La prof semblait découragée. Elles se découragent toutes comme ça, je connais fort bien le phénomène. Elles partent en lion et se sauvent comme des petites souris. La seule qui toffe la run, c'est ma tante de quatre-vingt-six ans qui enseigne toujours le piano à Treize ans avec enthousiasme. Elle a eu la bonne idée finalement de ne pas toucher aux mathématiques, pour garder son enthousiasme probablement!

On va aller se promener dans le Vieux-Montréal après avoir râtelé (encore, pas de fin ce travail) la fameuse cour dont je vais me débarrasser.... bientôt!

Le rejet.

On s'est rencontrés par réseaucontact. Il y avait un perroquet sur sa fiche, sur son épaule peut-être ou sur un perchoir près de lui, une casquette, ce qui laisse souvent présager un homme chauve. Il va se reconnaître s'il lit encore mon blogue. Je lui en avais donné l'adresse quand on a pris définitivement congé.

On se rencontre au Commensal. Rencontre banale, pas percutante, mais agréable. Homme intelligent, plutôt séduisant, mon âge, déprimé, grand mais les épaules arrondies de celui qui n'est pas bien dans sa peau. Discours intelligent, sincérité. On se revoit. Cette fois, pour des raisons imprécises et mystérieuses (mais les raisons du désir sont souvent mystérieuses et imprécises), je flashe sur lui et je commence à me monter des scénarios surtout érotiques. Des scènes de lit. Mon imagination fertile alimente le tout. On se revoit encore. Il a laissé son emploi, en cherche un autre. Un récent séparé pas habitué à vivre seul. On va voir des spectacles dans les maisons de la culture.

Sa proximité me brûle. Une fois, dans un spectacle de jazz, son bras contre le mien, je regarde son profil et ses épaules puissantes en écoutant la musique sensuelle et le désir me submerge. Je ne me rappelle pas trop ce qui a suivi, soit je l'ai touché, soit je me suis rapprochée, ce dont je me rappelle fortement par contre, c'est qu'il a reculé. Honte et douleur. Rejet.

On en a parlé. On avait des billets pour un spectacle de Plume. Je ne voulais plus y aller. Il a eu la grande gentillesse de trouver un autre billet pour que je puisse y aller avec une amie. C'était au Spectrum alors on se plaçait où on voulait. On ne s'est pas vus. Bien. Je l'ai revu un an plus tard pour savoir comment il allait. Il était amoureux d'une Française rencontrée par Meetic. La rencontre a été agréable. Je lui ai donné l'adresse de mon blogue pour qu'il ait des nouvelles de moi s'il en voulait. Et ça a fini là.

vendredi 25 avril 2008

Troisième constat

Je vieillis. Mais oui, moi aussi.

Deuxième constat

Mon blogue est plate depuis que je ne parle plus de sexualité. Ma vie aussi.

Constat

Ras le bol de la maternité.

Annulation

Fille aînée a annulé son rendez-vous chez la psychologue. Devient agressive quand je la questionne. J'aime mieux la voir agressive qu'en larmes. Moins dangereux niveau suicide j'ai l'impression. M'a dit d'arrêter de lui téléphoner et de lui laisser plein de messages (elle ne me répond pas). Heureusement, j'ai du yoga ce soir.

Le décolleté

Photos passeport pour mes filles et moi. Dix-sept ans porte un décolleté que je juge exagéré. Elle est ravissante, on est d'accord, sa fantastique poitrine mérite d'être soulignée, mais là, ma fille, tu ne te montreras pas comme ça sur une photo passeport qui va te suivre cinq ans, sois-en consciente. Cris de protestation, je suis vieux-jeu et je ne connais rien à la mode, son décolleté n'a rien de provoquant (je n'ai pas dit provoquant, j'ai dit indécent Dix-Sept ans) et une véritable bataille verbale familiale a lieu devant le rayon de la photo du Jean-Coutu où nous sommes loin d'être amies en ce moment, Dix-Sept ans et moi.

-Réfléchis, cinq ans, c'est long, imagine-toi avec ce passeport à demi-nue lors d'un de tes voyages dans un pays arabe.

-Je n'irai jamais dans un pays arabe!

-Qu'en sais-tu vraiment? Et si le fantastique emploi que tu vas décrocher t'y envoyait en mission, si tu gagnais un voyage ou bien si tu venais en Égypte avec nous?

-Pas grave, le seul qui va voir mon passeport c'est le douanier.

-Pas vrai, les passeports sont couramment demandés comme document d'identification et puis, tu lui donnes tous les arguments pour te faire chier à ce douanier et il est en situation de pouvoir. Il risque de le vérifier très longtemps ton passeport. Mais tu fais ce que tu veux...

Quand on parle leur langage, elles comprennent. Dix-Sept ans s'est longuement arrêtée au comptoir des cosmétiques (histoire de faire chier un peu elle aussi) mais quand elle s'est présentée pour la photo, elle avait enfilé une veste.

jeudi 24 avril 2008

Le sport par la peur

Pierre F. , constatant la satisfaction que m'apporte l'activité physique, se demande si je suis une sportive dans l'âme et si j'ai toujours été sportive. Héhé! Une sportive dans l'âme, on ne peut être plus loin de la vérité, c'est bien nouveau pour moi cet engouement pour les activités physiques et si je m'y suis mise, c'est la peur qui m'a motivée. La peur de la maladie hé oui!

Avant, j'étais bien trop occupée autrement pour même songer à faire du sport, et puis je n'en avais pas le goût non plus et je n'y connaissais strictement rien. Travail à temps plein, enfants nombreux, fils bio, filles adoptées, enfants d'accueil, réunions d'associations de parents adoptants, des centres jeunesse, rendez-vous multiples chez les spécialistes pour les troubles divers des enfants, une maison à entretenir (j'avais cependant une femme de ménage), des repas à faire et même un cours par session à l'université. Ma grande détente: mon chum. Les hommes ont toujours été étroitement associés au plaisir, c'est pour cela que je les aime tant. Pas de spectacles, pas de ciné, pas de sports, pas de temps et pourtant une période très heureuse de ma vie, on me voit épanouie et souriante sur les photos.

Et puis mon père meurt à 72 ans, cancer du pancréas et complications de son diabète. L'hôpital me téléphone car ils contactent les enfants de diabétiques de type 2 pour une recherche sur l'hérédité et un nouveau médicament. Je décide d'y aller car je juge important de faire ma part pour l'avancement de la médecine. Choc! Je suis pré-diabétique (intolérante au glucose), taux de cholestérol élevé et le reste à l'avenant. Panique! Que puis-je faire pour éviter la maladie qui me guette? Diète et exercice, me dit le doc. Ils ont un médicament à l'étude aussi, je décide de faire partie du protocole de recherches.

Je m'inscris immédiatement à Cardio Plein air, un club de marche et d'exercices en plein air. Pénibles mes premiers cours avec eux! La première année, j'ai détesté cordialement. La deuxième, je me suis mise à aimer ça. Ensuite, il y a eu le yoga, d'abord un petit cours au sous-sol de l'église et puis maintenant une passion. Entre ça, des cours d'aquaforme et d'aquajogging et voilà que je décide enfin cette année d'apprendre à nager. Alors, mon intérêt actuel pour le sport a été motivé par la peur, Pierre F. et je suis bien heureuse d'avoir introduit ce nouveau plaisir dans ma vie. Quant à ma santé, elle en a beaucoup bénéficié. Aux derniers tests, tout était beau et normal. Le poids n'est pas parfait, mais je continue à travailler là-dessus. Je ne peux plus lâcher maintenant!